Pour tester sa connaissance des textes

Nous vous proposons ci-dessous les résumés d'« Histoire d'une fille de ferme » et du « Père Amable ». Sur leur modèle, nous vous invitons à rédiger les résumés des autres récits de ce recueil. Vos textes feront apparaître la structure narrative des œuvres et respecteront leur tonalité.

« Histoire d'une fille de ferme »

Rose est une fille de ferme que les premières chaleurs d'un après-midi printanier enivrent de langueur. La touffeur1 de l'atmosphère, les âcres odeurs domestiques de la ferme mêlées aux effusions animales et végétales ont raison de ses industrieuses habitudes. Grisée par la voluptueuse effervescence de la nature, par les bourgeonnements des pommiers en fleur, la voilà qui s'assoupit sur une botte de paille, dans le hangar derrière la ferme. Mais elle ne reste pas longtemps à l'écart de cette pulsion organique qui semble animer l'univers tout entier : Jacques, le garçon de ferme, lui fait une cour maladroite et grossière. Quelques rebuffades plus tard, une vague promesse de mariage extorquée, l'idylle naît et la partition amoureuse du couple peut commencer, ajoutant sa voix au grand concert des unions et des accouplements. Enceinte très rapidement, Rose exhorte Jacques à l'épouser, mais ce dernier prend la poudre d'escampette. Commence alors pour la jeune femme terrorisée une existence de clandestinité misérable. Dissimulant farouchement sa grossesse aux yeux de tous, elle se rend auprès de sa mère mourante et accouche, le lendemain de son arrivée, d'un nourrisson souffreteux prématuré qu'elle confie à des voisins. Devenue orpheline et mère presque en même temps, elle retourne à la ferme de maître Vallin, sans cesse obsédée par la pensée de son enfant, laissé au pays. Elle ne trompe la douleur de l'absence qu'en s'absorbant fébrilement dans les labeurs de sa tâche. Soucieuse de l'avenir de sa progéniture, elle cherche à se rendre indispensable à son patron ; travailleuse exemplaire, elle devient entièrement dévouée à l'économie de la ferme. Son zèle et son exemplaire parcimonie la signalent à maître Vallin, qui, en propriétaire matois, a tôt fait de jauger que son profit est de s'attacher définitivement une pareille intendante. Après de gauches hésitations, il la demande donc en mariage, mais celle-ci refuse obstinément l'offre sans donner d'explication. La culpabilité de son statut de fille mère la ronge jusqu'à la folie. Le fermier, incrédule, réitère sa proposition, sans plus de succès. C'est alors qu'une nuit, il s'invite sans façon dans le lit de son employée et la prend de force. Les bans pour le mariage sont publiés peu de temps après. La vie conjugale dont Rose a l'impression de souiller la dignité ne la rend pas plus heureuse. Ses visites épisodiques à son fils, deux fois par an, ne la comblent jamais. Six ans s'écoulent néanmoins, au terme desquels elle commence à goûter, sinon le bonheur, du moins une paix relative dans l'existence. Mais Vallin est rongé par un chagrin tenace qui le rend irritable et brutal : il n'a pas de descendance, et il en fait tacitement le reproche à sa femme. Toutes les recettes de fécondité sont épuisées, en vain. Le couple reste désespérément stérile. Le ressentiment du mâle cède bientôt la place à la violence physique. Les coups pleuvent, jusqu'à la crise ultime, celle qui mène à l'aveu. Pour riposter aux supplices qu'elle endure, et au risque d'être chassée de la ferme, Rose crache à la face de son tortionnaire l'existence du fils qu'elle a eu avec Jacques, six ans auparavant. La réaction de Vallin est sans précédent : loin de s'offusquer et de donner raison à la loi du secret qui a cruellement réglé chacun des pas de Rose depuis des années, il se réjouit et envisage l'adoption du rejeton, en se tapant sur le ventre de contentement.

« Le Père Amable »

Césaire Houlbrèque aime Céleste Levesque. Le fait que cette dernière est déjà fille mère, engrossée par un valet de ferme du nom de Victor Lecoq, n'entame en rien la franche et charnelle affection du cultivateur pour cette gaillarde normande, travailleuse et économe. Mais le père de Césaire s'oppose farouchement à leur union. Seules les homélies2 du curé auront raison, en apparence, de l'obstination du vieux sourd. Le mariage a donc lieu, malgré la désapprobation bougonne du père et la cohabitation s'ensuit, dans une hostilité contenue, entre les membres de la maisonnée recomposée. Les saisons s'écoulent, silencieusement, mais Césaire est emporté par une fluxion de poitrine. Le vieux père, après avoir versé les dernières larmes de son existence, se retranche un peu plus dans un froid mutisme qui lui sert de deuil. De son côté, Céleste ne tarde pas à éprouver la nécessité d'un compagnon pour maintenir en état la ferme. Et, lorsque le père Amable revient de la fête du village, un dimanche soir, après avoir goûté les maigres contentements des divertissements de foire – une fine ou deux, et la contemplation des jeux de loterie –, il trouve attablé chez lui, en face de sa bru, Victor Lecoq en personne, devant une pleine assiette de pommes de terre. Mais sa stupéfaction stoïque ne dure qu'un temps : après avoir partagé l'intimité du souper de ce nouveau ménage installé sous son toit, il se lève et prend la porte. On ne le retrouvera que quelques heures plus tard, les pieds ballants, pendu au pommier dans la cour de ferme, par le moyen d'un licol d'écurie.