Dublin aujourd’hui


Dans ce chapitre blackarr

Dublin à l’écran

Dublin dans les livres

La crise du logement

Une lumière au bout du tunnel

Le spectre du Brexit

La fin du huitième amendement ?


Aujourd’hui, il fait bon vivre à Dublin. Le blues de l’austérité en grande partie dissipé, la capitale irlandaise se consacre une fois de plus à son embellissement, aux divertissements et aux affaires. Cette nouvelle vague de prospérité a apporté, outre des gratte-ciel et des food trucks, son lot de problèmes familiers, dont la crise du logement et la cherté des loyers.

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Dublin à l’écran

Les Commitments (Alan Parker, 1991). Excellente adaptation cinématographique du roman de Roddy Doyle sur un groupe soul à Dublin.

What Richard Did (Lenny Abrahamson, 2012). L’histoire de ce qui arrive quand un jeune privilégié agresse un rival en amour et que celui-ci succombe à ses blessures ; librement inspiré de faits réels survenus en 2000.

Gens de Dublin (John Huston, 1987). Superbe interprétation de l’histoire tirée de l’œuvre du même nom de James Joyce, avec en vedettes Donal McCann et Angelica Huston.

Dublin dans les livres

Gens de Dublin (James Joyce ; 1914). Quinze histoires saisissantes sur des Dublinois et les moments qui ont marqué leur vie. Recommandé même pour qui ne visite pas Dublin.

Dublin 4 (Maeve Binchy ; 1982). Une immersion magistrale dans la banlieue la plus cossue de Dublin.

La Trilogie de Barrytown (Roddy Doyle). The Commitments (1987), The Snapper (1990) et The Van (1991). Les trois œuvres ont été adaptées avec brio au cinéma (avec l’acteur Colm Meaney pour point commun), mais les livres sont encore meilleurs.


La crise du logement

Le marché locatif et immobilier était en crise au milieu de 2017. Selon une étude, le loyer mensuel moyen d’une maison ou d’un deux pièces dans le centre-ville de Dublin était de 1 690 €, une hausse de 16,2% sur l’année ayant précédé mars 2017. Dans le sud de la ville, il était de 1 787 €, et donc plus élevé que la moyenne londonienne.

La plupart des experts mettent en cause la pénurie de logements ; il en faudrait ainsi 9 000 de plus dans la capitale pour simplement répondre à la demande croissante. D’autres facteurs ont contribué à ce qui a désormais rang officiel de crise, notamment l’essor d’Airbnb, l’influence des propriétaires de parcs locatifs sur les prix du marché, et les restrictions pénalisant gravement les nouveaux locataires.

La crise immobilière touche aussi le tourisme, en constante augmentation. Du fait de la pénurie de chambres d’hôtel à Dublin, les prix grimpent et les services de locations privées à court terme comme Airbnb connaissent un immense succès, ce qui vaut aux résidents à l’année d’être négligés par les propriétaires, au profit des touristes et du gain facile qu’ils représentent.

Une lumière au bout du tunnel

En irlandais, luas signifie “vitesse”, ce qui ne manque pas d’ironie, à considérer le temps fou qu’ont duré les travaux d’extension du réseau de trams Luas. Depuis plusieurs années, ouvriers et ingénieurs ont travaillé dur pour relier les lignes rouge et verte existantes, entre O’Connell St et St Stephen’s Green, avec une nouvelle voie qui traverse la Liffey.

Heureusement, les travaux sont enfin terminées et les habitants n’ont plus à se plaindre des rues fermées et des chantiers disgracieux. La nouvelle ligne est une aubaine pour la ville, mais non pour les automobilistes : un projet prévoit de fermer College Green à tous les véhicules, hormis les taxis, ce qu’apprécieront les piétons, inquiets de la pollution en centre-ville, mais ne fera que déplacer les bouchons, puisque les usagers de la route chercheront à traverser le fleuve ailleurs.

Le spectre du Brexit

La relation privilégiée qu’entretient l’Irlande avec la Grande-Bretagne l’a rendue vulnérable aux conséquences du Brexit. Pour la plupart des prévisionnistes du gouvernement et des économistes privés, “plus dur sera le Brexit, plus dure sera la chute”.

Les échanges entre les deux pays seraient durement touchés ; jusqu’à 20% de baisse craignent les experts, ce qui est énorme, étant donné que la Grande-Bretagne est la principale source d’importations de l’Irlande et son troisième plus grand marché d’exportation. L’autre grand sujet de préoccupation concerne la frontière entre la République et le Nord : le retour d’une frontière physique (la seule frontière terrestre du Royaume-Uni avec l’UE) aura un impact considérable sur les échanges entre le Nord et le Sud, et pourrait menacer l’équilibre délicat entre unionistes et nationalistes.

Dublin s’est lancée dans une offensive de charme dans l’espoir d’attirer des milliers d’emplois de la City après le Brexit ; selon une estimation optimiste, le secteur financier pourrait croître de 50% dans la capitale irlandaise au cours des prochaines années, faisant de Dublin un acteur financier européen majeur. Les Dublinois plus fatalistes retiendront surtout qu’une pression encore plus grande sur un marché immobilier déjà saturé en résultera…

La fin du huitième amendement ?

En 2017, la campagne pour l’abrogation du huitième amendement de la Constitution irlandaise, qui interdit l’avortement hors cas les plus extrêmes, s’est intensifiée. En avril, la Citizens’ Assembly (organisme composé de 99 citoyens que le gouvernement convoque pour discuter de questions constitutionnelles) a voté massivement en faveur de l’avortement sans condition. Toutefois, si une majorité de la population est favorable à une réforme de la loi actuelle, les sondages montrent que les deux tiers rejetteraient l’avortement si on leur posait la question.

Le gouvernement a tout de même annoncé qu’un référendum aurait lieu sur le sujet en 2018. En attendant, peut-être verrez-vous quelques Dublinois arborer un sweat-shirt “Repeal” (abrogation) ou, le plus prisé, “Repeal the 8th” (abrogeons le huitième [amendement]) en écriture cursive dans un cœur rouge, œuvre de l’artiste dublinois Maser.

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