Histoire


Dans ce chapitre blackarr

Premiers peuplements et routes celtiques

L’introduction du christianisme

Les Vikings

Strongbow et les Normands

Les Tudors et la domination protestante

L’époque georgienne et l’âge d’or de Dublin

Le déclin de Dublin et l’essor du catholicisme

Une nation à la soupe populaire

L’épanouissement de la fierté nationale

La lutte pour l’indépendance

L’insurrection de Pâques

La guerre d’Indépendance

La guerre civile

La république d’Irlande

Vers la modernisation

Du Tigre celtique…

… à la pénurie de crédit


Il y a encore deux décennies, si vous aviez demandé à un Dublinois lambda ce qui faisait l’histoire complexe de sa ville, sa réponse se serait probablement articulée autour des 800 ans de l’occupation anglaise (ou britannique). Certes, celle-ci eut une influence majeure sur la capitale irlandaise, mais son histoire riche en invasions, en rébellions et en transformations, entre incursions vikings et période georgienne, est loin de s’y limiter.

Premiers peuplements et routes celtiques

Les agriculteurs de l’âge de la pierre qui arrivèrent en Irlande entre 10 000 et 8 000 av. J.-C. donnèrent au pays son socle de peuplement et jetèrent les bases agraires de son économie. À l’âge du bronze, ils découvrirent et travaillèrent les métaux (présentés au National Museum), et perfectionnèrent leurs techniques agricoles tout en élevant du bétail.

Aux alentours de 500 av. J.-C, les Celtes, ces guerriers de l’âge de fer venus d’Europe orientale, investirent l’île, qu’ils divisèrent en provinces et en de multiples chefferies. Les routes reliant ces provinces convergeaient vers un gué sur la Liffey appelé Átha Cliath (“gué des haies”) – mentionné par Ptolémée en 140 sous le nom d’Eblana Civitas – et la ville qui s’y développa au IXe siècle donna à Dublin son nom irlandais : Baile Átha Cliath (“ville du gué des haies”).

Affermissant, au fil des siècles, leur emprise sur l’île, les Celtes établirent un code juridique sophistiqué (dit “lois de Brehon”), lequel resta en vigueur jusqu’au milieu du Moyen Âge, mais se trouva, en dépit d’une survivance semi-officieuse jusqu’à l’ère Tudor, mis au ban par les Normands, puis par les Anglais.

L’introduction du christianisme

Saint Patrick fonda l’Évêché de Dublin vers le milieu du Ve siècle et évangélisa les actuels Wicklow et Malahide, avant de baptiser, suivant la légende, Loegaire, le haut roi d’Irlande, avec de l’eau tirée d’un puits voisin de l’actuelle cathédrale qui lui est consacrée. D’un point de vue plus prosaïque, ses moines et lui auraient appuyé leur travail de conversion sur un brillant syncrétisme (mêlant enseignement chrétien et traditions druidiques et païennes), connu sous le nom de christianisme celtique (ou insulaire).


SAINT PATRICK

Saint patron de l’Irlande, fêté le 17 mars, Patrick (389-461) n’était pas Irlandais, mais originaire d’une région du sud-est de l’Écosse, où était parlé le gallois à l’époque de sa naissance, alors que la Grande-Bretagne était sous occupation romaine. À 16 ans, Patrick fut enlevé et réduit en esclavage par des pirates irlandais, qui l’emmenèrent dans leur île. C’est là qu’il trouva la foi. Il réussit à s’enfuir et à retourner en Angleterre, où il fit le serment de consacrer sa vie à convertir les Irlandais au christianisme. Une fois ordonné, il fut sacré évêque d’Irlande et repartit dans l’île.

En trente ans, la majeure partie des habitants de l’île avait été baptisée et le pays était divisé en diocèses et paroisses. Il fonda également des monastères dans toute l’Irlande, bases de l’érudition irlandaise pendant de nombreux siècles.


En regard de nouveaux centres majeurs de cet âge d’or, comme Clonmacnoise, dans le comté d’Offaly, et Glendalough, dans celui de Wicklow, où les érudits chrétiens irlandais excellaient en latin, en grec et en théologie, Dublin n’était encore qu’une bourgade rurale ignorée. Les monastères étaient alors de hauts lieux d’enseignement. De magnifiques livres enluminés comme le Book of Kells (conservé aujourd’hui à Trinity College), des bijoux ornés et les nombreuses croix en pierre sculptée qui émaillent l’île, datent de cette époque.

Le christianisme d’Irlande, relativement émancipé de celui de Rome, en particulier dans les régions où étaient en usage les règles monastiques et les canons pénitentiels, accordait une grande importance à la confession privée devant un prêtre suivie d’une pénitence, dont l’esprit s’est perpétué jusqu’à nos jours.

Les Vikings

Après plusieurs incursions dans la région, les Vikings établirent un premier port d’hivernage (ou longphort en irlandais) sur les rives de la Liffey en 837, et s’y établirent de manière plus pérenne en 841. Chassés par une armée de Gaëls aux alentours de 902, les Vikings revinrent en 917 à la tête d’une immense flotte, établirent une forteresse au bord de l’étang noir de Wood Quay (juste derrière la future Christ Church Cathedral) et s’y cantonnèrent, reprenant leur pillage des campagnes. Ils définirent la taille des parcelles et les limites de leur ville de Dyflinn (nom dérivé de dubh linn, “étang noir” en irlandais), qui devint d’emblée un important centre de commerce.

En 1014, des clans irlandais s’allièrent, sous l’égide du roi Brian Ború, pour défaire les Vikings (ainsi que les clans gaëls rivaux). Leur victoire à Clontarf brisa à jamais l’emprise scandinave sur la côte est. Des Vikings ne s’en intégrèrent pas moins, par la suite, à la population dublinoise.

Strongbow et les Normands

La vague suivante d’envahisseurs arriva en 1169, lorsqu’une troupe de chevaliers cambro-normands dirigée par Richard de Clare, dit “Strongbow”, prit Wexford, après avoir débarqué, deux ans plus tôt, à la demande de Dermot MacMurrough, roi déchu du Leinster désireux de récupérer son trône. En remerciement, MacMurrough fit de Strongbow son héritier et lui donna la main de sa fille Aoife. Strongbow et ses chevaliers s’emparèrent ensuite de Dublin en 1170 et décidèrent d’en faire leur nouvelle capitale.

Le roi Henri II d’Angleterre, inquiet de voir s’installer une puissance rivale en Irlande, organisa sa propre force d’invasion, laquelle débarqua sur l’île en 1171, avec la bénédiction du pape Adrien IV, qui désirait que le monarque anglais impose la ligne romaine aux moines rebelles d’Irlande.

Les Normands prêtèrent allégeance au trône d’Angleterre et entreprirent de reconstruire et de fortifier leur nouvelle capitale. En 1172 commença l’édification de la Christ Church Cathedral, et vingt ans plus tard celle de la St Patrick’s Cathedral, à quelques centaines de mètres au sud.

En 1204, le roi Jean, fils d’Henri II, fit construire le château de Dublin pour “la sécurité de notre trésor… et la défense de la ville”. Capitale de la “colonie” anglaise d’Irlande, Dublin se développa. Le commerce s’organisa et des guildes, réservées aux “Anglais de nom et de sang”, se formèrent.

Au cours des siècles suivants, misères et tragédies semblèrent se succéder à mesure que grandissait Dublin. En 1317, la pire famine d’Irlande au Moyen Âge fit des milliers de victimes et réduisit certains au cannibalisme. En 1348, la peste noire ravagea le pays ; la résurgence dévastatrice de la maladie au cours du siècle suivant témoigne des rudes conditions de vie dans le Dublin médiéval.

Au XVe siècle, les Anglais étendirent leur influence au-delà du “Pale” (région de Dublin) en apportant tout leur soutien aux lords irlandais les plus puissants. L’atmosphère se fit nettement moins tendue lorsque les occupants anglo-normands se mirent à adopter la culture irlandaise à l’instar des précédents envahisseurs.

Les Tudors et la domination protestante

L’Irlande, en raison notamment du pouvoir plus ou moins absolu qu’y exerçaient les lords anglo-normands, constituait un défi particulier pour Henri VIII (règne 1509-1547), qui croyait en un pouvoir monarchique fort. Il décréta le pouvoir royal absolu sur l’Irlande, ce que les lords irlandais n’allaient pas accepter sans résistance.

En 1534, Thomas Fitzgerald “le Soyeux”, le plus puissant des Anglo-normands du Leinster, rompit son allégeance au roi, lequel entra dans une colère noire : moins d’une année après, Fitzgerald était envoyé à la Tour de Londres (où il fut mis à mort en 1537) et toutes ses terres confisquées. Henri VIII ordonna que toutes les terres irlandaises soient cédées à la Couronne anglaise et, trois ans plus tard, après sa rupture avec Rome, il supprima les monastères, et l’Église anglicane nouvellement constituée se vit attribuer toutes les terres de l’Église catholique. Dublin fut déclarée ville anglicane et des reliques comme le Bacall Íosa (bâton de Jésus) furent détruites.

Élisabeth Ire (règne 1558-1603) montra, au long de son règne, la même intransigeance que son père à l’endroit de l’Irlande. Les Irlandais de l’Ulster, la région la plus hostile à la reine, combattirent les Anglais avec ténacité sous le commandement de Hugh O’Neill, comte de Tyrone, mais ils furent vaincus en 1603.

Cette défaite marqua la fin de l’Irlande gaélique et la poursuite de la colonisation anglaise au moyen d’un système de grandes propriétés agricoles. Les riches terres confisquées de l’Ulster furent ainsi attribuées aux fidèles protestants d’Angleterre et d’Écosse, ce qui sema les germes de la division qui empoisonne encore la province aujourd’hui. Contrairement à leurs prédécesseurs, ces nouveaux colons se tinrent complètement à l’écart des Irlandais de souche, privés du droit de vote, sans terre et réduits à la misère.

Dans le même temps, Dublin prospéra comme rempart de la domination anglaise et bastion du protestantisme. Un gouffre se creusa entre la ville “anglaise” et la campagne “irlandaise”, où les troubles étaient incessants et le ressentiment croissant. Sorti vainqueur de la guerre civile anglaise (1641-1651), Oliver Cromwell se rendit en Irlande pour réaffirmer personnellement le contrôle anglais sur l’île. Ses troupes furent intransigeantes envers la rébellion le long de la côte est. Dublin, protestante, fut épargnée (mais la St Patrick’s Cathedral fut utilisée comme écurie, et l’on y logea des chevaux anglais).

L’époque georgienne et l’âge d’or de Dublin

Après la restauration de 1660 et le sacre de Charles II (règne 1660-1685), Dublin s’engagea dans un siècle de développement sans précédent, tandis que le reste de l’Irlande était à genoux. En 1690, les Irlandais prirent les armes pour le roi catholique d’Angleterre, Jacques II (règne 1685-1688), récemment détrôné, mais furent défaits par le protestant Guillaume d’Orange à la bataille de la Boyne, non loin de Dublin. Le souverain déchu, réfugié en France, mourut en 1701 au château de Saint-Germain-en-Laye.

Les Lois pénales strictes qui furent édictées après la victoire de Guillaume dépouillèrent les catholiques du plus gros de leurs droits élémentaires. Une fois encore, le malheur du pays fit le bonheur de la capitale, inondée de réfugiés sans terre prêts à travailler pour un salaire de misère.

Fortunée et désireuse d’habiter une ville à l’image de leur nouvelle richesse, la noblesse protestante refaçonna Dublin pendant les règnes des quatre George (1714-1830). Les spéculateurs achetèrent des bandes de terre et engagèrent des projets importants de rénovation urbaine, notamment la création de rues, l’aménagement de parcs urbains et la construction de magnifiques bâtiments et résidences.

Comme il était impossible de construire au cœur de la cité médiévale, les nouveaux riches s’installèrent au nord du fleuve, créant un nouveau Dublin, fort de majestueux squares entourés de beaux hôtels particuliers georgiens. La capitale irlandaise ainsi transformée devint la deuxième ville de l’Empire britannique et la cinquième ville d’Europe.

Lorsque les bas quartiers, majoritairement catholiques, s’étendirent vers le nord, plus opulent, les jeunes fortunes qui l’occupaient regagnèrent le sud pour s’installer dans de nouvelles résidences majestueuses autour de Merrion Square, St Stephen’s Green et Fitzwilliam Square.

Le déclin de Dublin et l’essor du catholicisme

Leur nombre grossi par un constant exode rural, les catholiques étaient devenus majoritaires dans la capitale à la fin du XVIIIe siècle, vivant pour la plupart dans les conditions épouvantables de quartiers toujours plus insalubres. Inspirées par l’idéologie des Lumières et la Révolution française, maintes grandes figures irlandaises (pour beaucoup protestantes) commencèrent à remettre en question la nature et la légitimité de la domination britannique.

À la fin du siècle, la rébellion couvait. En 1798, les Français envoyèrent un petit corps expéditionnaire en Irlande à la demande du Dublinois Wolfe Tone (1763-1798) et des Irlandais unis (United Irishmen). L’“année des Français” se solda par la défaite des rebelles et la mort de Tone. En 1803, les Irlandais unis, cette fois sous la conduite de Robert Emmet (1778-1803), réitérèrent leur tentative, laquelle aboutit à un nouvel échec et à l’exécution d’Emmet dans Thomas St, près de la brasserie Guinness.

Dublin était au bord de l’explosion et l’Acte d’Union de 1801, qui défit le Parlement irlandais (établi à l’origine en 1297) et restaura l’autorité directe de Westminster, fut le détonateur. La fuite vers Londres d’une partie importante de la bourgeoisie de Dublin mit rapidement fin à la croissance spectaculaire qui avait caractérisé la ville au siècle précédent et entraîna son déclin régulier.

Tandis que Dublin pansait ses blessures, un avocat du Kerry, Daniel O’Connell (1775-1847), lança une campagne pour redonner aux catholiques leurs droits de base et fit voter l’Act of Catholic Emancipation en 1829. Le “libérateur”, comme il fut surnommé, devint le premier lord-maire catholique de Dublin en 1841.

En 1910, 20 000 familles de Dublin vivent chacune dans une seule pièce.

Une nation à la soupe populaire

L’Irlande rurale était devenue extrêmement dépendante de la pomme de terre, facile à cultiver. Le mildiou (un champignon qui cause la pourriture des tubercules) avait toujours été un problème ponctuel, mais lorsqu’il toucha les récoltes successives de pommes de terre entre 1845 et 1847, il entraîna une catastrophe. Le coût humain fut considérable : un million de personnes succombèrent à la maladie et à la faim et un nombre encore plus important d’Irlandais fuirent leur île pour l’Angleterre et les États-Unis. La politique économique non-interventionniste adoptée par le gouvernement britannique aggrava la situation, en s’opposant à l’aide alimentaire qui aurait permis d’éradiquer la famine qui sévissait au sein de l’Empire. En Irlande, les propriétaires fonciers refusaient toute indulgence sur les fermages et continuaient d’exporter des récoltes à l’étranger. Les débiteurs – affamés ou pas – étaient incarcérés dans des asiles de pauvres ou jetés en prison.

La position inflexible du gouvernement britannique alimenta l’opposition. Les morts et l’exode de masse causés par la famine eurent un impact social et culturel profond et durable sur les Irlandais. Dublin, qui échappa aux pires ravages, fut submergée de migrants désespérés, recherchant de quoi soulager leur faim. Des soupes populaires furent mises en place dans toute la ville, notamment dans le beau Merrion Square.

Témoins des horreurs de la famine et de ses conséquences sur le centre de Dublin, les riches s’installèrent dans de nouvelles banlieues au sud de la ville, le long de la côte, que rendait désormais accessible la première ligne de chemin de fer d’Irlande, construite en 1834 pour relier la ville à Kingstown (aujourd’hui Dun Laoghaire). La fuite des classes supérieures se poursuivit au cours des soixante-dix années en aval et maintes belles résidences georgiennes se transformèrent en autant d’habitations insalubres. La profonde misère entraîna de nombreux problèmes sociaux, en premier lieu l’alcoolisme, devenu chronique.

L’épanouissement de la fierté nationale

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Dublin était résolument divisée entre protestants et catholiques, mais, bien que ces derniers fussent toujours en partie considérés comme des citoyens de seconde zone, une classe moyenne catholique émergea, fournissant l’élan nécessaire pour la marche vers l’indépendance de l’Irlande.

Le propriétaire terrien protestant Charles Stewart Parnell (1846-1991), du comté de Wicklow, fut le premier à mobiliser le soutien du grand public pour l’autonomie (Home Rule). Élu à Westminster en 1875, le “roi d’Irlande sans couronne” fit campagne sans relâche en faveur d’une réforme foncière et d’un Parlement à Dublin.

Il trouva un allié en la personne du Premier ministre britannique William Gladstone, qui allégea le fardeau pesant sur les métayers en faisant adopter les Land Acts, leur permettant d’acheter les terres. Gladstone se rallia également à la cause du Home Rule, tant pour des raisons de principe que d’ordre pratique : l’octroi d’une certaine forme d’autonomie aurait au moins pour effet de réconcilier le nationalisme irlandais avec l’État britannique.

Vers la fin du XIXe siècle, la préservation de la culture irlandaise connut un engouement. La Gaelic Athletic Association (GAA) fut créée en 1884 pour promouvoir les sports irlandais, tandis que Douglas Hyde et Eoin McNeill formèrent la Gaelic League en 1893 pour encourager la langue et les arts irlandais. Le succès de la Gaelic League ouvrit la voie au Celtic Revival (Renaissance celtique), mouvement littéraire mené par William B. Yeats et lady Gregory, qui fondèrent l’Abbey Theatre en 1904.

La lutte pour l’indépendance

Malgré l’essor de la culture irlandaise au début du XXe siècle, les efforts pacifiques entrepris pour libérer le pays de la domination britannique furent systématiquement déjoués. Les bas quartiers de Dublin étaient les pires d’Europe, et l’émergence d’un syndicalisme militant introduisit un programme socialiste de lutte pour l’autodétermination.

En 1905, Arthur Griffith (1871-1922) fonda un nouveau mouvement politique appelé Sinn Féin (“Nous-mêmes”), qui cherchait à obtenir l’autonomie par la résistance passive plutôt que par pression politique. Il exhorta les Irlandais à refuser de payer les impôts et ses députés à former un gouvernement irlandais à Dublin.

Pendant ce temps, les dirigeants syndicaux Jim Larkin et James Connolly firent campagne contre les bas salaires et l’avidité des entreprises, menant au Dublin Lockout de 1913, lorsque 300 employeurs, en réaction aux grèves, “verrouillèrent” les postes de 20 000 employés pendant cinq mois, en excluant toute embauche d’un membre de syndicat et en poussant au départ ceux présents dans leurs entreprises. À cette période, Connolly créa l’Irish Citizen Army (ICA) pour défendre les grévistes contre la police. La tension était palpable.

Le Home Rule fut finalement adopté par Westminster en 1914, mais son application fut suspendue pour la durée de la Première Guerre mondiale. Sous la pression de l’Ulster, province à majorité protestante où les 140 000 membres de l’Ulster Volunteer Force (UVF) avaient juré de résister à toute tentative d’affaiblir la domination britannique en Irlande, le Nord fut “temporairement” exclu des dispositions de la future loi. Temporaire pour combien de temps, nul ne le savait et ce fut dans ce contexte de fuite en avant politique que furent semés les germes des troubles. Pour contrer la menace potentielle de l’UVF, les nationalistes irlandais formèrent l’Irish Volunteer Force (IVF), mais l’affrontement fut évité lorsque la grande majorité d’entre eux se furent enrôlés dans l’armée britannique : puisque la Grande-Bretagne était en guerre pour la “défense des petites nations”, leur loyauté envers la cause des Alliés servirait les aspirations de l’Irlande sur le long terme.

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L’insurrection de Pâques

Voyant dans les difficultés britanniques une chance pour l’Irlande, les factions les plus radicales du Sinn Féin, l’IVF et l’ICA, tramèrent un soulèvement contre la Couronne le dimanche de Pâques 1916. Comme souvent, la rhétorique l’emporta sur l’organisation. Lorsque le chef de l’IVF, Eoin McNeill, eut vent du projet, il publia une annonce dans le journal pour annuler les “manœuvres” prévues. Les dirigeants reportèrent la révolution au lendemain, mais l’information ne circula pas au-delà de la capitale, où une bande hétéroclite d’environ un millier de rebelles se réunit et s’empara de bâtiments stratégiques. Le contingent principal occupait la General Post Office (GPO, poste centrale), devant laquelle le poète et enseignant Patrick Pearse lut la “Proclamation de la République”.

Au départ, l’armée britannique ne prit pas l’insurrection au sérieux, mais après la perte de plusieurs soldats, elle envoya une canonnière sur la Liffey pour bombarder les rebelles. Après six jours de combat, le centre-ville était ravagé et le nombre de victimes s’élevait à 300 civils, 130 soldats (dont nombre d’Irlandais) et 60 rebelles.

Les rebelles, poussés par Pearse qui craignait de nouvelles pertes civiles, se rendirent et furent arrêtés. La foule se rassembla pour les conspuer tandis qu’on les emmenait. Si les Dublinois éprouvèrent d’abord du ressentiment à l’égard des insurgés pour leur vaine tentative, leur attitude commença à changer après l’exécution, menée au compte-gouttes et dans des conditions discutables, de ses instigateurs dans la prison de Kilmainham Gaol. Ainsi l’hostilité populaire envers les rebelles se transforma-t-elle bientôt en soutien ouvert.

La guerre d’Indépendance

Lors des élections générales de 1918, le Sinn Féin, radicalisé, remporta trois quarts des sièges irlandais. En mai 1919, il déclara l’indépendance de l’Irlande et constitua dans la Mansion House de Dublin le premier Dáil Éireann (Assemblée irlandaise), dirigé par Eamon De Valera. Ce fut de fait une déclaration de guerre.

Consciente qu’elle ne pourrait jamais rivaliser avec les Britanniques dans un affrontement conventionnel, l’aile militaire du Sinn Féin – l’IVF fut rebaptisée Irish Republican Army (IRA) – engagea des actions de guérilla contre les dépôts d’armes et les casernes. Les Britanniques répondirent par le renforcement de la Royal Irish Constabulary (RIC) et l’introduction d’une force auxiliaire constituée de vétérans de la Première Guerre mondiale : les Black and Tans (“noir et kaki”, en référence à la couleur de leur uniforme).

Michael Collins, chef de l’IRA et maître de la guérilla, leur donna du fil à retordre. Les Britanniques connaissaient son nom, mais Collins dissimula de manière experte son identité et, tout au long de la guerre, put parcourir la ville à vélo comme si de rien n’était.


LIVRES SUR L’HISTOIRE DE DUBLIN

redarr Il était une fois Dublin, Pierre Joannon, Perrin, 2013

redarr Le Goût de Dublin, Le Petit Mercure, Mercure de France, 2006. Découverte de Dublin grâce à ses écrivains.

redarr Sept Hivers à Dublin, Elizabeth Bowen, Petite Bibliothèque Payot, 2005. Souvenirs d’enfance de la romancière, née à Dublin.

redarr L’Irlande, Que sais-je ?, PUF, Jennifer Heurley, 2003


Le 10 novembre 1920, Collins apprit l’arrivée à Dublin de 14 agents secrets britanniques, nommés le “Cairo Gang”. Le lendemain matin, il envoya sa propre troupe d’élite (“les Apôtres”) les assassiner dans leurs lits. L’après-midi même, les troupes britanniques ripostèrent en ouvrant le feu sur la foule réunie à Croke Park pour assister à un match de hurling, tuant 10 spectateurs et un joueur, Michael Hogan, à qui l’on rendit plus tard hommage en donnant son nom à la tribune principale du stade. Les événements du “Bloody Sunday” galvanisèrent les deux camps et le conflit se fit de plus en plus brutal.

Malgré leur violence, les combats firent relativement peu de victimes – 2 014 au total – et avaient abouti à une forme d’impasse au milieu de l’année 1921. Les deux camps étaient pressés d’y mettre fin : la communauté internationale exhorta la Grande-Bretagne à résoudre le problème d’une façon ou d’une autre, et l’IRA était sur le point de s’effondrer (ce qu’ignoraient les Britanniques). Une trêve fut signée le 11 juillet 1921.

La guerre civile

Par ses termes et les circonstances qui l’entourent, le traité qui mit fin à la guerre d’Indépendance est à l’origine de la plus grande division de l’histoire contemporaine irlandaise, une fracture qui, aujourd’hui encore, nourrit les préjugés, déchaîne les passions et façonne le paysage politique dans certaines parties du pays.

Après des mois de discussions et face à la menace d’une “guerre immédiate et terrible”, selon les termes du Premier ministre britannique Lloyd George, l’équipe de négociation irlandaise, menée par Michael Collins, signa le traité anglo-irlandais le 6 décembre 1921. Au lieu d’établir la république d’Irlande pour laquelle l’IRA s’était battue, il créait un État libre d’Irlande (Irish Free State), en réalité un dominion britannique, dans lequel les membres du Parlement nouvellement constitué devaient jurer allégeance à la Couronne britannique avant de pouvoir participer aux affaires de l’État. Les six comtés constituant l’Irlande du Nord, qui avaient le choix de faire partie de l’État libre ou de rester au sein du Royaume-Uni, choisirent cette dernière solution, annonçant la nouvelle série de troubles à venir dans le Nord. Collins n’était pas satisfait de l’accord mais espérait que ce dernier serait le “premier pas concret” vers une République irlandaise. Cependant, il voyait aussi les problèmes arriver : “Je viens, je vous le dis, de signer là mon arrêt de mort”, prophétisa-t-il.

De Valera s’opposa farouchement au traité et les deux anciens camarades rejoignirent chacun son camp, pro traité et anti traité. Malgré la ratification dudit traité par le Dáil (à une faible majorité) et son acceptation par une grande partie de l’électorat, l’Irlande sombra dans la guerre civile en juin 1922.

Paradoxalement, celle-ci fut plus violente que le conflit qui l’avait précédée, et ses traces dans les esprits sont encore décelables aujourd’hui. En 11 mois, la guerre fit quelque 3 000 victimes irlandaises, dont 77 périrent exécutées. L’assassinat de Michael Collins à Cork, dans son comté d’origine, le 22 août 1922 secoua le pays ; 500 000 personnes (près d’un cinquième de la population) assistèrent à ses funérailles. Les derniers mois de combats furent particulièrement affreux, les deux camps se livrant à des atrocités. Le 24 mai 1923, De Valera donna l’ordre aux forces anti traité de déposer les armes.

La république d’Irlande

L’Irlande entra finalement dans une période de paix. Sans lutte armée à mener (du moins pas souhaitée par la majorité), l’IRA devint une force marginalisée dans l’Irlande indépendante et le Sinn Féin s’effondra. En 1926, De Valera créa un nouveau parti, le Fianna Fáil (“soldats du destin”), resté depuis lors une force dominante de la politique irlandaise. Au cours des décennies suivantes, le Fianna Fáil élimina progressivement la plupart des clauses du traité avec lesquelles il était en désaccord (notamment le serment d’allégeance).

En 1932, un Dublin fraîchement rénové accueillit le 31e Congrès eucharistique, auquel affluèrent des visiteurs du monde entier. L’Église catholique commença à exercer un contrôle disproportionné sur les affaires de l’État ; la contraception fut interdite dans les années 1930 et l’âge du consentement sexuel porté de 16 à 17 ans.

En 1936, l’IRA refusant de désarmer, De Valera la fit interdire. L’année suivante, l’“État libre”, associé à la guerre civile, prit le nom d’“Eire” dans une Constitution réécrite.

Malgré sa forte contribution, le Fianna Fáil concéda à ses rivaux du Fine Gael, descendants du gouvernement pro traité de l’État libre, la proclamation de la république de 26 comtés en 1948.

Vers la modernisation

Sean Lemass succéda à De Valera comme Taoiseach (Premier ministre) en 1959 et s’attela à redresser l’économie irlandaise. Ses résultats furent tels que le taux d’émigration diminua rapidement de moitié. Tandis que Londres connaissait ses swinging sixties (folles années soixante), Dublin, en plein essor, drainait les jeunes des communautés rurales. Les mauvais jours semblaient définitivement révolus. Mais, presque fatalement, l’économie retomba dans la récession.

Lors du 50e anniversaire de l’insurrection de Pâques de 1916, l’IRA fit sauter en partie la colonne Nelson dans O’Connell St et les foules exultèrent lorsque ce souvenir de la domination britannique fut retiré la semaine suivante. Dans le Nord, où le républicanisme était toujours répandu, une nouvelle série de “Troubles” était sur le point d’éclater.

L’Irlande intégra la Communauté économique européenne (CEE), prédécesseur de l’Union européenne (UE), en 1973 et tira parti d’un soutien financier important de l’organisation au cours des décennies suivantes. L’instabilité politique et la récession internationale mirent cependant à mal les espoirs de reprise économique, et au début des années 1980, l’émigration devint une fois de plus un problème majeur. Mais l’Irlande – et Dublin en particulier – se libéralisait de plus en plus, secouant les entraves imposées sur ses mœurs sociales et morales par une Église catholique sensiblement conservatrice. Par ailleurs, les affaires récurrentes de corruption et de népotisme mirent à mal l’image des politiques.

À Dublin, peu touchée par les tensions religieuses qui déchiraient l’Irlande du Nord, 25 personnes trouvèrent toutefois la mort dans l’explosion de trois voitures piégées par les loyalistes en 1974.

Du Tigre celtique…

Au début des années 1990, les subventions européennes contribuèrent à relancer la croissance économique de l’Irlande. D’énormes sommes d’argent furent investies dans l’éducation et les infrastructures, tandis qu’une politique de faible taux d’imposition des sociétés, combinée à d’autres incitations, rendait l’Irlande formidablement attrayante pour les entreprises de haute technologie cherchant à s’implanter sur les marchés européens. En moins d’une décennie, l’île d’Émeraude quitta le cercle des pays les plus pauvres d’Europe pour entrer dans celui des plus riches. De 18%, le taux de chômage chuta à 3,5%. Le salaire moyen dans l’industrie fit un bond jusqu’aux avant-postes européens et le PIB progressa de façon spectaculaire. Le “Tigre celtique”, modèle de réussite économique, faisait l’envie du monde entier.

À Dublin, l’Irish Financial Services lança un vaste programme de construction, lequel s’étendit, de part et d’autre de la Liffey, vers le port ; la population de la ville augmenta considérablement et les banlieues s’agrandirent pour accueillir les nouveaux arrivants en provenance d’autres régions d’Irlande et au-delà.

… à la pénurie de crédit

À partir de 2002, une explosion de la construction immobilière, totalement déconnectée de toute prévision de croissance raisonnable, maintint l’économie à son plus haut niveau. L’incontrôlable marché des produits dérivés inonda soudain d’argent à faible taux d’intérêt les banques irlandaises, qui ne demandaient pas mieux que de prêter.

La chute de Lehman Brothers marqua le début de la pénurie de crédit. Parties pour faire faillite, les banques irlandaises furent renflouées in extremis. Avant que l’Irlande ne comprenne ce qui lui arrivait, son avenir économique à moyen terme était aux mains du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne. De nouveau confrontée aux démons familiers du chômage élevé et de l’émigration, le pays amorça une sortie de crise à la fin de 2014 après des mesures d’austérité strictes.

À Dublin, les signes de reprise ne furent pas manifestes avant 2016, lorsque l’accord pour la poursuite du développement des Docklands fut finalement donné ; le chantier débuta en 2017 sur le site de ce qui sera le plus haut bâtiment de la ville, à Point Sq, près du 3 Arena.

CHRONOLOGIE

10 000 av. J.-C.
Les premiers hommes arrivent en Irlande durant le mésolithique, d’abord par un isthme depuis l’Écosse, puis par la mer, sur des bateaux tendus de peaux.

500 av. J.-C.
Les Celtes, ces guerriers de l’âge du fer venus d’Europe de l’Est, divisent l’Irlande en provinces et en de multiples chefferies.

431-432
Le pape Célestin Ier envoie l’évêque Palladius en Irlande pour s’occuper de ceux “qui croient déjà en Christ” ; saint Patrick arrive l’année suivante pour continuer la mission.

841
Établissement par les Vikings de ce qui sera un jour la ville de Dublin.

917
Les Vikings pillards établissent un nouveau village à l’embouchure du port, qu’ils appellent “Dyfflin”, et qui devient rapidement un centre de pouvoir économique.

988
Le haut roi Mael Seachlainn mène la conquête irlandaise de Dyfflin, donnant au village son nom moderne en irlandais, Baile Átha Cliath, “ville du gué des haies”.

1170
Strongbow s’empare de Dublin et épouse Aoife, fille du haut roi Dermot MacMurroughs, avant d’être couronné roi du Leinster.

1172
Le roi Henri II d’Angleterre envahit l’Irlande, obligeant les chefs de guerre cambro-normands et certains des rois irlandais gaéliques à l’accepter comme suzerain.

1297
Dublin devient le siège du Parlement d’Irlande, où siègent marchands et propriétaires fonciers.

1315
Une armée écossaise, avec à sa tête Edward de Bruce, attaque la ville ; l’intérêt déclinant des Anglais pour la défense de Dublin oblige les comtes de Kildare à devenir les principaux protecteurs de la ville.

1348
Environ la moitié des 30 000 habitants de Dublin succombe à la peste noire ; les victimes sont enterrées dans des fosses communes (“Blackpitts”) dans une zone des Liberties.

1350-1530
Les barons anglo-normands établissent des bases de pouvoir indépendantes de la Couronne anglaise. La domination anglaise s’étend petit à petit jusqu’au “Pale”, zone autour de Dublin.

1487
Gerard Mór Fitzgerald, comte de Kildare, occupe Dublin, défiant ouvertement le roi Henri VII.

1487
Fitzgerald soutient le prétendant au trône Lambert Simnel, couronné à 10 ans roi Édouard VI à la Christ Church Cathedral.

1537
Thomas Fitzgerald “le Soyeux”, fils du comte de Kildare, attaque Dublin et ses garnisons anglaises. La rébellion est écrasée ; Fitzgerald et ses partisans sont exécutés.

1584
La maire Margaret Ball meurt en prison pour ses sympathies catholiques. L’archevêque Dermot O’Hurley est pendu pour son soutien à une rébellion contre la Couronne anglaise.

1592
Trinity College est fondé sur un ancien monastère, sur la base d’une charte accordée par Élisabeth Ire, avec pour vœu d’“arrêter la contamination de l’Irlande par le papisme”.

1594-1603
La guerre de Neuf Ans entre les Anglais et les chefs irlandais dirigés par Hugh O’Neill mène les troupes anglaises, qui obligent les citoyens à les héberger, à Dublin.

1603
Hugh O’Neill et les Irlandais qui combattent à ses côtés en Ulster sont vaincus par les forces d’Élisabeth Ire. Lui et d’autres comtes fuient le pays, c’est la “fuite des comtes”.

Années 1640-1682
Dublin commence à se développer et sa population passe de 10 000 habitants au milieu des années 1640 à près de 60 000 en 1682.

1680
Construction de remarquables édifices de style anglo-néerlandais comme le Royal Hospital Kilmainham, aujourd’hui l’Irish Museum of Modern Art.

1695
Les Lois pénales interdisent aux catholiques de posséder un cheval, de se marier avec des non-catholiques et d’acheter ou d’hériter des terres.

1757
La Wide Street Commission est constituée pour la conception d’une ville moderne : de nouveaux parcs sont aménagés, les rues élargies et de nouveaux bâtiments publics construits.

1759
Arthur Guinness achète une brasserie désaffectée. Au départ, il produit uniquement de l’ale (bière blonde), mais dans les années 1770, se spécialise dans une nouvelle bière, la porter (bière brune).

1801
L’Acte d’Union unit politiquement l’Irlande à la Grande-Bretagne. Le Parlement irlandais vote sa propre dissolution après une campagne intensive de corruption.

1829
Après une vigoureuse campagne menée par Daniel O’Connoll, le “libérateur”, le Catholic Emancipation Act est adopté, abrogeant les dernières lois pénales.

1840
Le Corporation Act autorise les catholiques à voter aux élections locales pour la première fois depuis les années 1690, leur donnant une majorité de deux pour un.

1841
Daniel O’Connell devient le premier maire catholique de Dublin en 150 ans ; une de ses premières actions est de créer un cimetière multiconfessionnel à Glasnevin.

1845-1851
Une moisissure appelée Phytophthora ravage la récolte de pommes de terre. La Grande Famine est la plus grande catastrophe de l’histoire de l’Irlande, avec près d’un million de victimes.

1867
Plusieurs milliers de partisans de l’Irish Republican Brotherhood (IRB) affrontent la police à Tallaght, avant de se disperser ; quelque 200 agitateurs sont arrêtés.

1882
Une branche de l’IRB, appelée “les invincibles”, assassine le secrétaire en chef et son adjoint dans Phoenix Park.

1905
Le journaliste Arthur Griffiths fonde un nouveau mouvement, qu’il nomme Sinn Féin (“Nous-mêmes”), prônant l’indépendance dans le cadre d’une double monarchie.

1913
20 000 emplois de Dublin sont “verrouillés” pendant cinq mois par un cartel d’employeurs ; il s’agit du plus grand conflit ouvrier de l’histoire de l’Irlande.

1916
Les républicains occupent la poste centrale de Dublin et annoncent la création d’une République irlandaise. Après s’être rendus, les rebelles sont exécutés sommairement.

1919-1921
Début de la guerre d’Indépendance en janvier 1919. Deux ans (et 2 014 morts) plus tard, la guerre se termine par une trêve, le 11 juillet 1921, menant à des pourparlers de paix.

1921-1922
Signature le 6 décembre 1922 du traité anglo-irlandais, qui accorde l’indépendance à 26 comtés d’Irlande et le choix aux six comtés de l’Ulster de demeurer britanniques.

1922-1923
Guerre civile, brève et sanglante, entre forces pro et anti traité. Les partisans du traité l’emportent.

1948
Le Fine Gael, en coalition avec le nouveau parti républicain Clann na Poblachta, remporte l’élection générale de 1948 et proclame la république d’Irlande.

Années 1960
Avec l’essor de la construction, de nouvelles banlieues se développent au nord et au sud de la capitale. Y sont relogés, dans de meilleures conditions, les Dublinois du centre-ville.

1969
Des marches à Derry sont perturbées par des attaques loyalistes et de violentes actions policières, menant à la “bataille du Bogside” (12-14 août). L’événement marque le début des “Troubles”.

1972
Des manifestants en colère brûlent l’ambassade britannique à Dublin en réaction à la mort de 13 civils à Derry, sous les balles de parachutistes britanniques.

1974
Le 17 mai, des attentats à la bombe simultanés à Monaghan et à Dublin font 33 morts et 300 blessés. C’est la journée la plus meurtrière de ces temps de “Troubles”.

Années 1990
Faible taux d’imposition des entreprises, investissements dans l’enseignement supérieur, subventions européennes et main-d’œuvre à bas coûts favorisent l’essor du “Tigre celtique”.

1993
Quelque 20 000 manifestants appellent l’IRA à mettre fin aux violences après la mort de deux enfants dans l’explosion d’une bombe à Warrington, en Angleterre.

2008
La crise financière mondiale provoque l’effondrement du système bancaire irlandais et des prix de l’immobilier.

2009
La publication du rapport Murphy révèle que des faits de pédophilie avaient été, des décennies durant, couverts par des évêques irlandais.

2011
La reine Élisabeth II se rend à Dublin dans le cadre de son voyage en Irlande. Il s’agit de la première visite d’un monarque britannique depuis 1911.

2013
Après des débats houleux à travers tout le pays, le Parlement irlandais adopte à une large majorité une loi autorisant l’avortement en cas de “risque réel et substantiel” pour la mère.

2015
L’Irlande devient le premier pays de la zone euro touché par la crise à sortir de l’austérité tout en ayant respecté les termes de son plan de sauvetage.

Mai 2015
Le mariage homosexuel est accepté par référendum à une large majorité. Les résultats sont annoncés au Dublin Castle et l’événement est fêté dans le centre-ville.

2017
Le Dublinois Leo Varadkar, gay et fils d’un immigrant indien, devient Taoiseach (Premier ministre). À 38 ans, c’est le plus jeune à occuper cette fonction.

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