Scène 4

TOINETTE, CLÉANTE, ANGÉLIQUE, ARGAN

TOINETTE,par dérision. – Ma foi, Monsieur, je suis pour vous maintenant, et je me dédis1 de tout ce que je disais hier. Voici Monsieur Diafoirus le père, et Monsieur Diafoirus le fils, qui viennent vous rendre visite. Que vous serez bien engendré2 ! Vous allez voir le garçon le mieux fait du monde, et le plus spirituel. Il n'a dit que deux mots, qui m'ont ravie, et votre fille va être charmée de lui.

ARGAN, à Cléante, qui feint de vouloir s'en aller. – Ne vous en allez point, Monsieur. C'est que je marie ma fille ; et voilà qu'on lui amène son prétendu mari3, qu'elle n'a point encore vu.

CLÉANTE. – C'est m'honorer beaucoup, Monsieur, de vouloir que je sois témoin d'une entrevue si agréable.

ARGAN. – C'est le fils d'un habile médecin, et le mariage se fera dans quatre jours.

CLÉANTE. – Fort bien.

ARGAN. – Mandez-le4 un peu à son maître de musique, afin qu'il se trouve à la noce.

CLÉANTE. – Je n'y manquerai pas.

ARGAN. – Je vous y prie aussi.

CLÉANTE. – Vous me faites beaucoup d'honneur.

TOINETTE. – Allons, qu'on se range, les voici.