chapitre 5
Les confidences de Zampa
Gaëtan Zampa fut à son apogée l’homme le plus craint de France. Parrain du Milieu marseillais, il était aussi installé à Paris où il fréquentait, quand il ne s’acoquinait pas avec eux, des personnalités politiques et des policiers de très haut niveau que Pasqua avait pris soin de lui présenter. Il les voyait au Cambacérès, un bar parisien protégé par la police et sécurisé par des voyous. Et à chaque rencontre, il envoyait des filles de joie pour agrémenter l’ambiance. Le champagne était fourni par les politiques.
Zampa avait beaucoup d’ennemis, en devenant son ami je me faisais donc aussitôt beaucoup d’ennemis. C’était comme ça que ça fonctionnait à l’époque. Mais peu m’importait, pour moi rencontrer le grand parrain marseillais était la consécration. Cela représentait mon acceptation dans le monde du grand banditisme, mon ordre du Mérite criminel.
Corse d’origine, Zampa était en affaires avec Pasqua. Fallait-il que ce dernier eût une confiance absolue en lui pour lui confier des missions dangereuses, ultra secrètes et périlleuses pour sa carrière ? Car imaginez un peu ce qu’il se serait passé si Zampa, pris dans les filets d’un service de police anti-Pasqua – il y en avait à l’époque –, puis déféré devant un juge pour répondre de plusieurs meurtres et de braquages sanglants, avait craché le morceau plutôt que de prendre perpétuité. Cela aurait été la débandade dans les milieux politiques, pour sûr ! Car il en savait beaucoup, le Zampa, sur les assassinats politiques commis sous les présidences de Pompidou et de Giscard.
Pasqua avait beaucoup d’ennemis dans la police et dans les milieux politiques, qui essayaient sans arrêt de le contrer ou de le faire tomber dans des pièges.
Un jour, par le biais de Zampa il m’a demandé si j’étais partant pour un casse dans un quartier huppé d’Amsterdam. Il s’agissait d’entrer dans une banque très connue et appréciée des riches Hollandais, avec les clés et les plans du système d’alarme que le directeur de la banque, piégé par une jolie femme au service du SAC 5 , lui avait donnés.
« Ça peut t’étonner, me dit Zampa, mais le directeur, un grand cocaïnomane, et un grand amateur de femmes, est tombé entre les mains d’une espionne de Pasqua. Une vraie bombe atomique ! Après une partie de jambes en l’air arrosée au champagne et saupoudrée à la coke, elle a fini par lui soutirer des informations sur la banque et son système d’alarme, et cerise sur le gâteau, les clés de la banque… Pas mal, hein, ce que peut faire une femme intelligente avec son cul !? Elle est pas belle la vie ? »
Belle, oui ! Mais là c’est trop beau pour être vrai, me dis-je. Et puis obtenir d’un directeur de banque le sésame ouvre-toi de sa banque, située dans un quartier rupin, contenant 800 coffres pleins à craquer d’argent et de bijoux de valeur, ainsi que les informations sur le système d’alarme contre un peu de sexe et de coke… Cela me paraissait tiré par les cheveux.
Trop facile, le casse ! « Une véritable aubaine, continua Zampa, qui par ces mots voulut me convaincre définitivement. Les renseignements sont fiables et sérieux, dans la mesure où ils nous viennent du directeur de la banque. » Ce qui finit par me convaincre.
Entrer dans la banque, nous le fîmes avec une grande facilité, comme on entre dans une église.
Neutraliser le système fut un jeu d’enfant.
Trouver la salle des coffres fut d’une simplicité étonnante grâce au plan.
Ouvrir les coffres individuels encore plus…
Ramasser les millions en marks allemands, francs suisses, livres sterling et francs français sans oublier les florins hollandais, au total plus d’un milliard de centimes, fut une partie de plaisir.
En revanche, être accueillis à la sortie par une centaine de policiers hollandais et une dizaine de policiers français, cela, je dois l’avouer, ne nous fit pas particulièrement plaisir.
Ils étaient tous là à se foutre de notre gueule à cause de notre amateurisme.
« On vous croyait plus malins les gars ! s’écria un policier français à notre intention. Pourtant, votre ami Gérard vous avait bien prévenus et à plusieurs reprises. On le sait, car pendant la filature on avait un micro directionnel pointé vers vous qui nous a permis d’entendre toutes vos conversations. Vous êtes cuits, les gars, pour ne pas avoir voulu écouter votre ami… En plus faut vraiment être cons pour aller dormir dans l’hôtel d’un mec qui a été kidnappé par des Français 6 ! En France vous allez être jugés pour cette affaire et en plus pour ce que nous avons trouvé chez vous. Gérard étant résident en Hollande, il reste là. Vous, direction la France et Fleury-Mérogis ! Et pour longtemps, car toi Jeannot, l’ancien du gang des postiches, on a trouvé chez toi des armes de gros calibre dont une aurait servi à tuer un gros voyou français, des gyrophares et des cagoules. Toi Grégory, on a trouvé chez toi 600 grammes de cocaïne. Et toi Titi Pelletier, on a trouvé chez toi des explosifs et des armes de guerre… »
Résultat des courses : vingt ans en comparution immédiate pour Legal, six ans pour Grégory et neuf ans pour Pelletier… Le salaire de la connerie ! Et un vent de folie qui souffla longtemps dans la tête de Zampa et de Pasqua qui enrageaient d’avoir perdu une si belle affaire à cause de trois idiots qui se pensaient infaillibles. Voilà le résultat de la connerie humaine…
De mon côté j’écopais de six mois de prison en Hollande, où les juges sont plus cool qu’en France.
* * *
Quand je travaillais avec le SAC 7 , le fameux Service d’action civique plus porté sur l’action que sur le civisme, j’en ai entendu des vertes et des pas mûres. Comme la mort de six personnes assassinées dans la bastide familiale de Jacques Massié, chef de la section locale du SAC de Marseille en 1981. Triste affaire dans laquelle les preuves « manquaient » pour mettre Pasqua en cause. Et pourquoi n’a-t-on jamais demandé à Pasqua ce qu’il savait de l’assassinat du ministre Boulin en 1979 par exemple ?
Gaëtan Zampa m’a un jour laissé entendre qu’il aurait fait faire le travail pour Pasqua. Se vantait-il ? Je n’en sais rien. En tout cas, ce sont les propres complices de Zampa qui l’ont assassiné dans la prison des Baumettes à Marseille. Selon la rumeur du Milieu, cet emprisonnement embarrassait Pasqua : Zampa l’aurait menacé de divulguer plusieurs assassinats s’il ne se débrouillait pas pour le faire sortir de prison.
Quel que soit le régime en place, Pasqua était intouchable parce qu’il détenait des dossiers sur de nombreux hommes politiques, sur des hommes d’affaires en vue, sur des sénateurs, des députés, et même sur les familles royales d’Angleterre et du Maroc. Il était à la fois le grand Inquisiteur de la République et l’allié d’une frange de la mafia française qui lui rendait de petits et grands services.
Zampa n’était évidemment pas une chiffe molle. C’était un homme qui n’avait peur de personne en France, sauf de Pasqua pour qui il était prêt à faire n’importe quoi, dans la mesure où, sous ses ordres, il pouvait agir en toute impunité. Aller contre Pasqua ou lui refuser un « service » était trop dangereux. La détention de multiples dossiers lui a permis de surmonter toutes les tempêtes, médiatiques, judiciaires, politiques et sociales, sans jamais faire naufrage.
Malin et prudent, Pasqua n’avait pas de comptes en banque « conséquents » en France, hormis celui qu’il utilisait pour payer ses dépenses courantes tous les mois. Mais s’agissant des caisses de son parti, tous les moyens étaient bons. Le plus sûr et le plus lucratif, c’était le trafic de cannabis. Pasqua avait un accord avec le roi Hassan II qui l’appréciait beaucoup. Il fournissait à ses sbires du SAC des centaines de kilos provenant des fermes « royales » à un prix réduit.
Je tiens cette révélation de la sœur même du monarque, Lalla Fatima Zohra, avec qui j’ai fait pas mal d’affaires à Tanger dans les années 1970 et à qui j’ai acheté du cannabis. C’est elle qui gérait ces fameuses fermes et était chargée de fournir les voyous français en cannabis, tout comme elle fournissait des princes saoudiens.
Lorsque ses clients venaient en voiture chercher de la marchandise, elle s’arrangeait pour que, une fois chargée, la voiture soit escortée en territoire marocain par l’armée. Si les émissaires venaient par la mer, elle envoyait la marchandise au large des côtes marocaines soit par hélicoptère, soit par le biais de garde-côtes marocains. Les policiers de pays limitrophes étaient complices et eux-mêmes en affaires de cannabis avec le roi du Maroc. Chacun profitait du système en échange d’un silence absolu.
Quand la princesse envoyait un chargement par bateau dans les eaux internationales, curieusement, les garde-côtes espagnols, britanniques et marocains, à l’exception de celui qui transportait la marchandise, restaient ancrés dans leurs ports d’attache. Et quand c’était par hélicoptère ou par avion, les aiguilleurs du ciel espagnols, marocains ou britanniques, curieusement, ne signalaient pas son apparition sur leurs radars. Quelle amabilité !
Entre rois on se rend des petits services, surtout quand il s’agit du roi d’Arabie saoudite ou de celui du Maroc. Il est arrivé qu’un yacht appartenant au prince Abdelaziz d’Arabie saoudite, qui avait été chargé de 800 kilos de cannabis au large du Maroc par hélicoptère, et qui ensuite s’était rendu en Suède pour livrer la marchandise, fut arraisonné au large des côtes suédoises. Eh bien il fut aussitôt relâché à la demande du roi de suède, sans que cela crée de polémique. Sympathiques ces Suédois, n’est-ce pas ?
Comme son frère Hassan II, Lalla Fatima Zohra était une personne à poigne. Belle, très classe, très séduisante aussi. Cette femme convoitée par tous les hommes riches et importants du Maroc était très autoritaire et peut-être plus dangereuse que son frère. N’aimant pas les Marocains, un peu trop machos à son goût, elle avait choisi comme amant un Allemand de grande stature mais aussi d’une grande beauté. Un aventurier sans foi ni loi, un gigolo d’envergure, qui vivait à ses côtés pour pouvoir faire ses affaires de cannabis sans être inquiété.
Dans un pays comme le Maroc, les femmes sont peu considérées et moins encore respectées, mais Lalla Fatima Zohra a réussi à se faire respecter, pour ne pas dire craindre, après avoir envoyé aux requins de la Méditerranée ses « complices » indélicats. Bien sûr elle n’était pas toute seule dans ce trafic.
En général le cannabis partait du Maroc dans un avion qui décollait d’un petit aérodrome appartenant au roi, situé dans une ferme royale de plusieurs milliers d’hectares 8 . Et il atterrissait en France à Rennes où l’attendait toute une équipe de gangsters bien armés, dans une propriété appartenant à un homme des réseaux Pasqua. Cette propriété a été vendue aussitôt après qu’il y eut des morts au cours d’une guerre avec un gang adverse qui avait eu vent de ce trafic et avait tenté de s’approprier le cannabis.
Tout ça sans jamais le moindre problème avec la police ou la justice. Pas le moindre obstacle, pas le moindre contrôle aérien, que ce soit au Maroc, en France ou même en Espagne, pays que l’avion a survolé mille et une fois avec l’agrément des autorités locales à qui l’on faisait croire que c’était un ministre français qui voyageait incognito avec un avion prêté par le roi du Maroc.
Entre monarques, on se rend sans doute des petits services, car le roi d’Espagne savait parfaitement qu’il y avait autre chose que des passagers importants qui voyageaient incognito dans cet avion et que des voyous en lien avec Pasqua se faisaient livrer du cannabis en Espagne, du côté de Valence. Je suis bien placé pour le savoir : il fut un temps où c’est moi qui m’occupais des achats et des livraisons…
Comme on peut le vérifier par le biais d’Interpol, j’ai été arrêté à Marbella avec 1 000 kilos de cannabis. Après ma deuxième évasion de la prison de Marbella, orchestrée par les hommes du SAC, j’ai pris quarante ans de prison par contumace.
Ce n’est pas pour rien que mon juge d’instruction m’a désigné comme étant le patron de la « French connection du cannabis » en Espagne. C’est vrai que j’étais un grand connaisseur à l’époque. À l’âge de 8 ans, j’ai commencé à fumer du kif, produit dérivé du cannabis, avec une pipe – plutôt que les cigarettes insipides et arrache-poumons qui se vendaient dans les bureaux de tabac – et les cigarettes militaires « troupe » que je volais à mon père – que en tant qu’officier dans l’armée française il touchait gratuitement tous les mois.
J’étais à l’époque tellement intéressé par les bonnes choses et tellement à la recherche du plaisir, que vers mes 12 ans je me suis mis à fumer de la résine de cannabis que j’allais acheter à Ketama avec mon frère et des copains. Cette ville se trouvait au centre du trafic et de la production de cannabis. Avec le temps j’ai tout appris au sujet de cette drogue douce.
Bref, une fois que j’avais réceptionné les livraisons, d’autres équipes du SAC se chargeaient de réceptionner, et plus tard de livrer et de dispatcher le cannabis dans toute la France. Tout se faisait « en famille », dans une entente hors du commun. C’est ce qui explique l’amitié indéfectible qui liait le roi du Maroc à Chirac et Pasqua qui étaient considérés comme des membres de la famille royale.
L’argent servait à quantité de choses inavouables : à financer les fêtes qu’ils organisaient, à des achats de cocaïne, à payer les putes qui participaient à leurs orgies, à payer leurs voyages un peu partout dans le monde et à financer les campagnes électorales. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’argent ne manquait pas dans ce parti. Il coulait même à flots.
* * *
Un jour en veine de confidences, alors qu’il venait de snifer un peu de coke, Zampa m’a lâché : « Gérard, si tu croises Alain Delon il faut t’en méfier car s’il n’était pas devenu acteur il serait devenu un grand criminel, cruel et sans pitié… C’est un opportuniste, qui n’a pas assez de couilles pour régler ses comptes avec ses ennemis mais qui en a assez pour mettre des contrats sur leur dos. Il se sert de sa notoriété pour éblouir les grands voyous et leur faire faire de temps en temps des “travaux” que la morale réprouve… »
Je n’ai jamais eu Delon comme client. Tout ce que je sais sur lui, je le tiens de Zampa et ce dernier ne m’a jamais affirmé qu’il prenait de la coke. Pour gagner l’amitié de Zampa, Delon lui a présenté Brigitte Bardot qui elle aussi semblait apprécier les gangsters à l’époque. Fut-ce une faute impardonnable ? Ce serait à Bardot de le dire. Toujours est-il que Zampa, qui n’avait qu’une idée en tête, l’aurait fait une fois conquise s’asseoir sur le levier de vitesse de son Alfa Romeo, qui à l’époque se prêtait formidablement bien aux jeux sexuels. Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Zampa a emporté la vérité dans sa tombe.
Zampa, qui se disait devant moi être le protecteur de Delon, son nettoyeur et en même temps son professeur en criminologie, m’a soutenu qu’il avait commis des assassinats pour lui faire plaisir. Delon l’aurait payé un million de francs nouveaux après une « opération », m’a-t-il affirmé. Un jour, j’ai vu dans le coffre de Zampa un sac avec un mot de Delon sur lequel il était écrit : « À mon ami Zampa, cet homme que j’admire et que je tiens en grande estime, j’offre ce cadeau en signe d’amitié et de reconnaissance. »
Zampa, avec qui j’étais associé et qui devait alors me donner 150 000 francs pour acheter un casino clandestin en Hollande, puisa la somme dans le sac devant moi et tout fier m’expliqua que cet argent provenait d’un cadeau de Delon en échange de services rendus. Ce n’est pas une preuve, mais cela m’a laissé songeur…
Il arrivait que Delon aille le voir à Marseille dans sa ferme, qu’il appelait joliment l’université du crime, ou qu’il le rencontre au Cambacérès, dans le VIIIe arrondissement de Paris, non loin de chez Maxim’s, où certains grands voyous venaient discuter avec quelques grands « flics », pour régler leurs « problèmes » du moment.
Stevan Markovic a fini assassiné et retrouvé dans une décharge après que Delon eut expliqué à Zampa que son ex-homme à tout faire avait osé écrire un livre dans lequel il balançait tout ce qu’il savait sur lui. Ces paroles n’étant pas tombées dans les oreilles d’un sourd, Zampa me dit avoir envoyé un peu plus tard son ami Marcantoni pour le descendre et Delon fut ainsi débarrassé de ce pou qu’il avait dans la tête. S’il a dit vrai, Zampa l’a-t-il fait de sa propre initiative pour ensuite faire chanter Delon ? ou lui a-t-on demandé expressément ? L’affaire s’est terminée par un non-lieu pour Delon. La même chose serait arrivée avec Milos Milosevic, le premier garde du corps de Delon qu’on a retrouvé mort aux États-Unis, après qu’il eut « offensé » Delon. Il y eut ensuite la mort violente d’un de mes meilleurs amis, Stéphane, un Juif de Tunisie, grand et superbe, le sosie de Mike Brant, qui narguait Delon en faisant croire à tout le monde qu’il avait couché avec sa femme Nathalie, alors qu’il se contentait de danser et de flirter avec elle au club le Bilboquet de Saint-Germain-des-Prés. Il a été tué en plein jour, de plusieurs rafales de kalachnikov dans un bar du VI e arrondissement de Paris… Je ne l’ai jamais oublié.
S’il n’avait pas eu ces relations dans le Milieu, Delon aurait été séquestré depuis belle lurette par un gang français, le gang des postiches par exemple, qui rêvait de se le faire, ou par un gang hollandais redoutable qui avait à son actif de multiples kidnappings et projetait de le séquestrer pour ensuite réclamer une rançon colossale… Et là, si Zampa et des gitans, qui eux vénéraient Delon, n’étaient pas intervenus, il aurait disparu depuis longtemps du paysage.
Zampa était d’un naturel jaloux et voyait d’un très mauvais œil la relation entre Delon et Jacky Imbert dit « le Mat ». Il décida un jour de l’éliminer. Il y avait entre eux un antagonisme viscéral que cette relation avec Delon avait aggravé. Bien sûr Zampa ne l’a pas ciblé que pour ça, il avait d’autres raisons.
Delon, lui, ne pouvait que se réjouir de cette rivalité entre les deux plus grands gangsters de France, à cause de lui. De voir ces deux malfrats se disputer son amitié, à grand renfort de promesses et de gestes « amicaux », ça lui plaisait beaucoup. Il en jouait même, en faisant croire à Zampa qu’il lui préférait le Mat et vice versa. Ainsi, lorsqu’il demandait un service à l’un, si ce dernier refusait, il lui disait : « Bon eh bien je vais demander à l’autre… » Ce qui fait que chacun s’empressait d’accepter par peur de voir Delon aller chez l’autre.
Pour ces deux malfrats, l’amitié de Delon était une consécration. Un sacre presque ! Mais cela ne s’arrêtait pas là. À ma connaissance, il a toujours entretenu de très bonnes relations avec certains gitans qu’il appréciait particulièrement, défavorablement connus des services de police pour être fichés au grand banditisme…
Seul un vrai diable comme Gaëtan Zampa pouvait percer l’armure de Delon et le mettre à nu. Pour lui c’était un homme qui souffrait bien plus qu’on ne le pense. Un homme très malheureux en mal de reconnaissance. Cet acteur n’aurait jamais percé s’il n’avait pas été aussi beau. Je lui ai toujours préféré, de loin, Belmondo, cet homme si couillu, capable de faire ses propres cascades et si théâtral qu’il vous emballe ! Ou encore Gérard Lanvin. Des dizaines d’acteurs américains, très beaux et très talentueux eux aussi, ont fait de superbes films à grand succès et pourtant ils ne se la racontaient pas comme Delon.
On m’a souvent dit que je portais ces accusations parce que j’étais jaloux des succès féminins de Delon. Pourtant, si je n’ai pas fait de cinéma (à part la brève expérience dans le porno que j’ai déjà racontée 9 ), ma vie sexuelle a été plus que remplie. Je ne me suis pas trop étendu là-dessus jusqu’à présent mais, à la demande générale, voici quelques anecdotes inattendues…
5 . Service d’Action Civique.
6 . Voir Dealer du Tout-Paris .
7 . Voir Dealer du Tout-Paris .
8 . Je pense qu’une grande partie du cannabis marocain provenait à l’époque des fermes royales. Quand Chirac a doublé les peines en France pour le trafic de cannabis, cela a enchéri les prix (à cause du risque accru), ce qui arrangeait Hassan II. Cette politique a diabolisé le cannabis alors qu’il est moins dangereux que d’autres drogues.
9 . Voir Dealer du Tout-Paris .