chapitre 13

Avocats pourris

Il y a parmi les avocats français quelques-unes des pires crapules que j’ai rencontrées dans ma vie. Et croyez-moi, en matière d’avocats je m’y connais… J’en ai eu plusieurs en Espagne, au Maroc, en Hollande et en Belgique. En Hollande, la correction était totale de leur part. En Espagne, les promesses étaient tenues. Et au Maroc, avec de l’argent ils vous faisaient sortir à coup sûr, alors qu’en Belgique ils étaient vraiment très honnêtes. Par contre, en France, les avocats que j’ai connus étaient souvent de fieffées canailles, des bandits de grand ou de petit chemin, des voyous sans code d’honneur.

Premier exemple : Maître C. Après avoir lu les journaux où l’on se répandait sur ma chute en 1986, il a téléphoné à ma mère en se faisant passer pour Michel Rosès, mon meilleur ami de l’époque.

– Madame, l’a-t-il baratinée, je suis Michel, l’ami de votre fils. J’ai appris que Gérard a été arrêté. Je ne vous cache pas que pour une affaire comme la sienne il va lui falloir un très bon avocat…

– Oui, je sais, lui a répondu ma mère, mais c’est à lui d’en trouver un. Je pense qu’il sera bien conseillé en prison.

– C’est sûr, mais là j’ai un très bon avocat pour lui, qui connaît tous les juges et les procureurs de Paris. Dans l’intérêt de votre fils je vous conseille de le prendre. Gérard est mon meilleur ami vous savez… Je m’inquiète pour lui, je voudrais le savoir entre de bonnes mains.

– D’accord. Quel est son nom ? J’en parlerai à mon fils au prochain parloir.

Quelques jours plus tard ma mère m’annonça la nouvelle au parloir. Venant de Michel qui connaissait beaucoup de monde à Paris et qui avait une sœur procureur, je me suis dit qu’il ne pouvait être que de bon conseil. Et donc j’autorisai ma mère à l’embaucher, ce qui coûta 50 000 francs français.

Peu après, un petit freluquet sans aucune prestance et triste à mourir se présenta au parloir avocats.

– Bonjour, je suis maître C., me lança-t-il tout de go. Votre mère m’a demandé de prendre votre défense. Qu’est-ce que vous en pensez ?

– Je ne sais pas encore. Apparemment mon ami vous a conseillé à ma mère, je ne demande qu’à voir quelles sont vos compétences.

– Mes compétences sont multiples au niveau judiciaire et en plaidoirie, mais dans votre cas je préconise la corruption.

– La corruption ? C’est possible en France ?

– Bien sûr, monsieur Fauré. Mais en avez-vous les moyens ?

– Ça dépendra de ce que vous demandez et de qui vous voulez corrompre…

– Moi, c’est le procureur en charge de votre dossier que je vous apporte. Avec 30 millions de francs on peut l’acheter. Qu’est-ce que vous en dites ?

– J’en dis que ça me va. Allez voir ma mère, elle vous remettra la somme. Je vais vous donner un mot signé de ma main pour qu’elle sache qu’elle peut le faire.

Ni une ni deux, le lendemain maître C. se rendit chez ma mère et lui extorqua les 30 millions de francs. Et je ne l’ai plus jamais revu.

J’ai porté plainte, bien sûr, auprès du bâtonnier, mais rien n’a été fait. Je lui ai envoyé plusieurs lettres recommandées auxquelles il répondait à chaque fois qu’il ne pouvait pas se déplacer à cause de son état de santé.

Mon deuxième avocat, maître H., j’en ai déjà parlé 11 . Quand ma juge a commis l’erreur de mal rédiger le mandat de dépôt, il a couru le lui faire corriger pour m’empêcher de sortir de détention. Dégoûté par le comportement de ce collaborateur de la Justice, j’ai cette fois aussi porté plainte auprès du bâtonnier contre cette immonde crapule.

Le suivant, maître L., m’a visité une seule fois, m’a pris de l’argent et n’est jamais revenu me voir. Pourquoi était-il venu ? Pour me demander si je n’avais pas quelqu’un dehors pour lui fournir de la bonne coke. Pourquoi n’est-il pas revenu ? Parce que j’ai répondu négativement à sa question. Tout ce qui l’intéressait, c’était la cocaïne. Ma liberté et mon argent, il s’en foutait royalement ce pauvre type.

Alors je me suis tourné vers un autre avocat, très correct celui-là, Yann Le Guillou. Avocat au barreau de Versailles, il était connu pour être très compétent, honnête, sérieux, peu mercantile et pas addict à la coke, ce qui n’était pas le cas des précédents.

11 . Voir Dealer du Tout-Paris .