L’importance de la transmission

La transmission est le lien avec la lumière de réalisation et la lignée des êtres réalisés. Pour s’y connecter, nous avons besoin d’un enseignant qui, de manière très réelle, nous branche sur le courant électrique activé par sa connexion. Il est sans cela très difficile d’être connecté à la lignée des êtres réalisés. Cela peut parfois se produire à travers des rêves ou des visions, mais c’est généralement la rencontre physique avec le maître qui le permet.

 

« Si nous devons allumer une lampe, nous devons la connecter d’une manière ou d’une autre au courant. Quand nous avons appuyé sur l’interrupteur ou que nous l’avons branchée sur le courant, la lampe s’allume. Pour la transmission, c’est la même chose. [105] »

 

Un autre exemple que l’on donne est celui d’une personne aveugle qui cherche un objet de valeur dans l’obscurité. Sa seule aide est un ami qui peut voir. L’objet de valeur est les enseignements, l’ami est le maître et nous sommes la personne aveugle, perdue dans le noir.

Le processus de connexion avec la lignée de transmission remonte directement au Bouddha Shakyamuni, et même plus tôt, à travers les générations de la source originale de l’éveil. Les maîtres de cette lignée directe de transmission sont poétiquement décrits comme « des câbles électriques à haute tension tendus entre des pylônes qui traversent la campagne, apportant l’électricité à de nombreuses villes éloignées à partir d’une seule usine hydroélectrique… [106] »

La source de transmission est toujours le maître. Le maître est la source de la connaissance, la porte qui ouvre sur le grand courant de réalisation qui s’est déversé, à travers les siècles, d’un être réalisé à un autre. Il a toujours été transmis avec l’intention que quiconque est un réceptacle convenable pour ces précieux enseignements sera aussi réalisé, tôt ou tard. C’est un processus extraordinaire et impressionnant, dont témoignent tous les hommes et les femmes qui ont parcouru le même chemin, quarante ou quatre cents ans avant nous, et qui ont atteint la réalisation, la libération du cycle sans fin de la souffrance. Le chemin est le même, la réalisation est la même, mais dans notre lien avec la lignée, nous sommes au-delà des contraintes normales du temps, de l’espace et de la distance. Sans le maître, cependant, il n’y a pas de lien vers ce précieux héritage.

 

« Le soleil est immensément puissant, mais pour mettre le feu à un morceau de bois, il est plus utile d’avoir une loupe qui capte et intensifie la lumière du soleil, parce que le soleil dardant ses rayons directement ne peut enflammer le bois. [107] »

« Aussi, pour allumer un feu, qu’est-ce qui est plus important : la loupe ou le soleil ? Spécifiquement, pour allumer un feu, c’est la loupe [108]. »

 

Il y a une célèbre histoire de Padmasambhava et de sa parèdre ou épouse mystique Yéshé Tsogyel. Alors qu’il conférait une initiation de Vajrakilaya17 à ses disciples, il manifesta devant eux un mandala divin. Mûs par un profond respect, tous ses disciples se prosternèrent devant le mandala miraculeux. Yéshé Tsogyel fut la seule à ne pas le faire. Au lieu de cela, elle se prosterna devant son maître, Padmasambhava, car elle savait que sans lui, il n’y aurait ni manifestation, ni déité, ni mandala : lui seul était la source de toute manifestation magique.

 
[17] Vajrakilaya (skt) (tib. Dorjé Phurba, rdo rje phur ba) : l’un des huit cycles de déités tantriques introduits au Tibet par Padmasambhava.