7. les premiers maîtres dzogchen

« La nature de l’esprit est Bouddha depuis l’origine.

L’esprit, comme l’espace, n’a ni naissance ni fin.

Ayant parfaitement réalisé le sens de l’unité de tous les phénomènes,

Y demeurer, sans rien chercher, voilà la méditation. [114] »

 

Du point de vue des débuts de l’histoire bouddhiste, il est dit que le dzogchen remonte à Garab Dorjé, en Oddiyana, trois cents ou trois cent soixante ans après le parinirvana du Bouddha Shakyamuni, bien que la date exacte soit sujette à débat. De nombreux érudits associent Oddiyana à la vallée de Swat, au nord du Pakistan, mais cela aurait aussi bien pu être en Afghanistan.

Avant cela, cependant, certains enseignements dzogchen essentiels avaient été transmis à travers Shenrab Miwoché, le fondateur du bön23, la religion pré-boud­dhiste du Tibet. D’autres sources parlent d’enseignements dzogchen beaucoup plus anciens, dont certains encore antérieurs à Garab Dorjé de plusieurs milliers d’années. Le dernier de ces maîtres avant Garab Dorjé fut le Bouddha Shakyamuni. Ces profonds enseignements sont donc, de toute évidence, extrêmement anciens. De plus, d’après un tantra de la section des upadeshas du dzogchen, le tantra du Son Insurpassable (Dra Thalgyour), il est également dit qu’il existe au moins treize dimensions ou systèmes solaires habités au-delà du nôtre.

C’est là où nous pénétrons, avec notre imagination, dans un royaume allégorique où les miracles ont lieu. Dans les histoires des grands adeptes du dzogchen qui figurent dans les pages suivantes, la réalité ordinaire est suspendue, et malgré tout ces récits sont documentés et font partie de la réalité historique et spirituelle de la tradition dzogchen.

 
[23] Bön : la religion la plus répandue au Tibet avant l’arrivée du bouddhisme, au neuvième siècle. Les bönpos affirment que Shenrab Miwoché, le grand maître bön, fut la première personne à enseigner le dzogchen en Asie centrale il y a plus de trois mille huit cents ans, mais il n’existe pas de preuve écrite. Il aurait enseigné douze tantras du dzogchen sous une forme très abrégée : les douze petits tantras (rGyud bu chung bcu gnyis).