1958. La naissance du Parti socialiste autonome (PSA)


C’est au cours du congrès extraordinaire de la SFIO, qui se tient à Issy-les-Moulineaux du 11 au 13 septembre 1958, qu’une minorité de militants socialistes, emmenée par le député de la Seine Édouard Depreux, décide de faire scission pour créer le Parti socialiste autonome. L’hostilité à la politique algérienne de Guy Mollet et le ralliement de celui-ci au général de Gaulle conduisent Depreux et ses amis à refuser de suivre la direction du Parti favorable au vote « oui » pour le référendum sur la nouvelle constitution. Le 13 septembre, Depreux lit la déclaration suivante devant les congressistes socialistes.

 

Malgré le vote que va émettre le Congrès1, nous tenons à affirmer notre ferme résolution de poursuivre publiquement notre action contre la constitution autoritaire et le référendum plébiscitaire.

En adoptant cette position, nous ne faisons que rester fidèles à ce que fut l’attitude constante, et que l’on pouvait croire définitive, du Parti socialiste, depuis le 16 juin 1946, date du discours de Bayeux, jusqu’au 27 mai dernier.

Dès le lendemain du discours de Bayeux, dans lequel le général de Gaulle prenait position contre les institutions républicaines, le Parti, notamment par la plume de Léon Blum, dénonçait les dangers du néo-boulangisme et du pouvoir personnel.

Le 27 mai 1958, il y a trois mois, le Comité directeur et le Groupe parlementaire étaient unanimes (à quatre voix près) pour s’insurger contre le retour au pouvoir du général de Gaulle appuyé sur l’émeute algérienne et la sédition militaire. « Les socialistes, disait en substance le texte voté, ne pourront en aucun cas accorder leurs suffrages à une candidature qui, en toute hypothèse, serait un défi à la légalité républicaine. »

Les textes constitutionnels soumis au référendum du 28 septembre constituent un très grave danger pour la démocratie. L’avènement du pouvoir personnel, la concentration des pouvoirs dans les mains du président de la République et la mise en tutelle des élus du suffrage universel en sont les caractéristiques.

Il y a douze ans, Léon Blum a mis en garde le Parti et l’opinion républicaine : « Qu’on le veuille ou non, qu’on en convienne ou non, écrivait-il en 1946, c’est bien la réalité de la République qui est en cause, c’est bien la question du pouvoir personnel qui est posée devant le pays. »

La menace de guerre civile n’a pas fait reculer le Parti socialiste après le 6 février 1934 et la réaction a été vaincue. Croire qu’en se rangeant aujourd’hui aux côtés des vainqueurs du 13 mai on évitera le pire, c’est au contraire provoquer le pire pour le lendemain. La démocratie ne peut coexister avec les comités de salut public, avec un système d’information à sens unique, avec une armée transformée en force politique, avec la volonté d’un seul s’imposant à tous.

La République menacée dans ses principes essentiels, c’est le socialisme atteint, du même coup, dans sa raison d’être et dans les espérances qu’il porte.

Certains de rester fidèles à l’idéal du Socialisme de Jean Jaurès et de Léon Blum, nous défendrons la République et ses libertés.

Certains que le nouveau « système » qu’on nous propose les met en péril, nous mènerons notre combat pour alerter tous les républicains et pour leur demander de répondre au référendum du 28 septembre :

NON !!!


1.

Le Congrès doit se prononcer sur la directive de vote au référendum du 28 septembre. La majorité des congressistes se prononce pour le « oui ».