1986. La victoire de la droite


Le 16 mars 1986, les Français élisent une majorité UDF-RPR à la Chambre. Le lundi 17 mars, le président de la République, François Mitterrand, prend acte de cette nouvelle donne dans une allocution radiotélévisée.

 

Vous avez élu dimanche une majorité nouvelle de députés à l’Assemblée nationale. Cette majorité est faible numériquement mais elle existe1. C’est donc dans ses rangs que j’appellerai demain la personnalité que j’aurai choisie pour former le gouvernement selon l’article 8 de la Constitution.

M. Laurent Fabius m’a informé ce matin qu’il était prêt dès maintenant à cesser ses fonctions. J’ai pris acte de sa démarche et lui ai demandé de rester à son poste avec les autres membres du gouvernement jusqu’à la nomination de son successeur.

Ainsi restera assurée l’indispensable continuité des pouvoirs publics. Vous m’en avez donné mandat en 1981, et vous m’en avez fait par là même un devoir, je m’y conformerai.

Les circonstances exigent que tout soit en place d’ici peu. Je remercie la majorité sortante pour le travail qu’elle a accompli avec courage et détermination. Elle laisse la France en bon état et peut être fière de son œuvre.

Je forme des vœux pour que la majorité nouvelle réussisse dans l’action qu’elle est maintenant en mesure d’entreprendre, selon les vues qui sont les siennes. Je mesure l’importance du changement qu’implique dans notre démocratie l’arrivée aux responsabilités d’une majorité politique dont les choix diffèrent sur des points essentiels de ceux du président de la République. Il n’y a de réponse à cette question que dans le respect scrupuleux de nos institutions et la volonté commune de placer au-dessus de tout l’intérêt national.

Quant à moi, dans la charge que vous m’avez confiée et que j’exerce, je m’attacherai à défendre partout, à l’intérieur comme à l’extérieur, nos libertés et notre indépendance, notre engagement dans l’Europe, notre rang dans le monde.

Mes chers compatriotes, ayons confiance. Au-delà des divergences bien naturelles qui s’expriment à chaque consultation électorale, ce qui nous rassemble est plus puissant encore : c’est l’amour de notre patrie.

Vive la République, vive la France.

François Mitterrand, allocution du 17 mars 1986.


1.

L’UDF a obtenu 132 sièges et le RPR 157, soit une majorité de 289 sièges alors que la gauche n’obtient que 250 députés.