Dans son essai : La España convertida al islam 1 , l’écrivain et philosophe valencéenne, Rosa Maria Rodriguez Magda , explique que la majorité des réseaux de mosquées et associations islamiques officielles en Espagne est aujourd’hui contrôlée par des islamistes nostalgiques d’Al-Andalus ambitionnant de faire « revenir » l’Espagne dans son ensemble, et l’Andalousie en particulier, à l’islam. C’est le cas notamment de la Fédération Espagnole des Entités Religieuses Islamiques (FEERI) et de l’Union des Communautés Islamiques d’Espagne comme d’autres petites associations telle les Mourabitoun, la Confrérie islamiste turque des Naqshband ou l’« Association musulmane en Espagne », etc. Rosa Maria Rodríguez Magda explique que ce sont majoritairement des personnalités issues de la Gauche radicale pro-palestinienne et parfois même de l’extrême-droite antisémite qui ont fait renaître le « mythe et aussi le soi-disant nationalisme andalous islamique ». On peut citer notamment Abderrahman Medina, ex-séminariste et ancien militant du Parti communiste espagnol (PCE), lequel s’est converti dans le but, dit-il lui-même, de « concilier le rejet du capitalisme, le nationalisme andalous et une certaine vision hédoniste et idéalisée de l’islam »2 . Medina (Antonio Medina Morena de son vrai nom) a également été l’impulseur du Front pour la Libération de l’Andalousie (FLA), plateforme qui naquit en 1978 autour de diverses factions de l’extrême-gauche, d’activistes libertariens (du Parti Socialiste Unifié d’Andalousie), de nationalistes régionalistes anti-impérialistes et de l’INA, Izquierda Nacionalista de Andalucia (Gauche Unie nationaliste d’Andalousie). Du FLA est né le Groupe des Nouveaux Musulmans qui a fondé en 1980 la Jamaà Islamique d’Al-Andalus dont nous reparlerons. Sur l’initiative de Medina et des fonds apportés par Ali Kattani, un homme du Roi du Maroc, des paroisses, des sièges ont été créés à Séville, Grenada, Cordoue, Màlaga, Almeria, Cabra, Murcie, et Jerez. La Jamaà organisa diverses activités au sein de Congrès et soutint la création de l’association politique Liberation Andalouse dans le but de présenter des listes aux élections de 1986. Ensuite, la Jamaà a créé l’Université Islamique Averrœs de Cordoue, dirigée par Kattani, financée par le Maroc. Au sein du Comité scientifique d’honneur figurait en tant que président le philosophe révisionniste français Roger Garaudy . Malgré la présence de personnes qui ont écrit comme Garaudy des livres qui nient la Shoah, l’Université a été reconnue par le Ministère de l’Éducation espagnole… Nous pouvons aussi mentionner les convertis qui dirigent la FEERI (Federación de las entidades españolas religiosas islamícas), Mansur Escudero , président de l’association jusqu’en 2000, mais également le président de la Junte Islamique, son successeur Abdelkarim Carrasco, représentant des Convertis espagnols, le Secrétaire général, Mehdi Flores, également Secrétaire de l’organisation de la Gauche Unie (Izquierda Unida) de Ceuta. Sans oublier là aussi Roger (Raja) Garaudy qui, pendant trente ans, a vécu en Andalousie où il a contribué à former intellectuellement de nombreux convertis provenant de la Gauche au nom de son idée philosophique majeure selon laquelle « L’Occident est un accident anormal » qui devrait se régénérer par son islamisation. On doit l’idée d’une nécessité de séparer juridiquement les Musulmans espagnols des autres européens à un certain Bilal Quiles, fondateur d’une Communauté à Almeria, étroitement liée à l’Arabie saoudite, via le Centre Culturel Islamique de Madrid, mais surtout un des dirigeants de la FEERI. C’est notamment lui qui a conçu un « projet mudéjar » consistant à « donner aux Musulmans autochtones un statut socio-politique similaire à la nationalité musulmane de l’ex-Fédération yougoslave »… Un statut politique qui donnerait la citoyenneté musulmane. Le statut mudéjar comporterait tout un Gouvernement musulman en Espagne avec une administration propre et même si possible, une carte d’identité différenciée3 . Pouvoir prier dans l’ex-Grande-mosquée (« mezquita ») de Cordoue, qui redevint une cathédrale catholique après la Reconquista chrétienne d’Al-Andalus, est une revendication ancienne des musulmans espagnols. En attendant une éventuelle réponse du pape, et faute de pouvoir le faire intra-muros, Mansur Escudero prie au pied du mur de la cathédrale4 . L’association qui le plus promu l’idée de l’islamisation de l’Europe à partir du « retour » de l’Andalousie et de l’Espagne à l’islam est sans aucun doute l’association Al Mourabitoun.
Le mouvement islamiste européen basé en Andalousie, Al-Mourabitoun, a été fondé dans les années 1970 par l’écossais Peter Van Leyck (alias Ian Dallas ou cheikh Sidi Abdelkader Al-Mourabit). Ian Dallas-Van Leyck est un ancien adepte du philosophe révolutionnaire-marxiste Marcuse, référence majeure de 1968, et fut par ailleurs, ex-graphiste des Beatles et collaborateur de Pasolini. Il réunit au départ un groupe d’étudiants révolutionnaires-tiers-mondistes et autres militants d’extrême-gauche anglais, écossais, allemands, suédois et espagnols gagnés aux thèses islamistes, l’islam étant pour eux la doctrine « anti-impérialiste » par excellence. Officiellement appelée Communauté islamique en Espagne, Al-Mourabitoun est implantée dans toute l’Espagne, principalement à Séville et à Grenade, en Andalousie, où sont établis ses deux sièges. A la recherche de l’Age d’Or islamique d’Al-Andalus, le noyau dur éabli depuis deux générations en Andalousie, est composé des fondateurs, de leurs enfants, maintenant adultes, puis de convertis espagnols, italiens, américains, etc. Ils essaiment dans toute l’Europe, de Londres à Barcelone, en passant par Stockholm, Milan et Gènes, où des conférences sont données au profit de jeunes Européens invités à venir faire des « pèlerinages de conversion en Andalousie », afin de retrouver « l’âge d’Or de la civilisation islamique européenne »…
Pour les Mourabitoun, l’« âge d’or islamique » sicilo-andalous est la référence et justification suprême du projet d’islamisation de l’Europe dont ils ne cessent de fustiger la « décadence » et « l’inféodation à l’impérialisme américano-sioniste ». Ainsi a-t-on constaté que le radicalisme et la judéophobie extrêmes d’Al-Mourabitoun ont attiré, en dépit de l’origine gauchiste des fondateurs, nombre d’anciens néo-nazis convertis à l’islam par haine de « l’Occident judéo-maçonnique » et « chrétien-croisé ». Alliés objectifs des islamistes, nombre d’intellectuels de gauche anticléricaux, progressistes, anti-colonialistes européens convertis à l’islam ou simplement islamophiles semblent ne pas toujours se rendre compte de la dangerosité de leur enseignement lorsqu’ils présentent la Reconquista chrétienne de l’Andalousie en 1492 comme le « début du colonialisme européen » et occidental, idée chère aux Islamistes convertis d’Espagne ou d’ailleurs et lancée entre autres depuis l’Andalousie par Roger Garaudy , disparu depuis.
Ian Dallas Abdelkader Al-Mourabit aurait essayé un temps de mettre ses idées révolutionnaires en application. Mais réalisant qu’elles étaient inhérentes à la « société occidentale », il comprit que « l’unique solution » était l’islam, seule voie permettant de se « désaliéner ». Dans un rapport des services de renseignements espagnols, Al-Mourabitoun est défini en ces termes : « Ce mouvement cherche à prendre la tête d’un nouveau courant islamique de caractère islamo-occidental, préconisant une “troisième voie islamique”, antisioniste et teintée d’une vague inspiration néo-nazie ou “national-révolutionnaire” sous la direction de son leader (…). Les liens entretenus avec des mouvements de type sunnite radical, d’une part, et des organisations d’extrême-droite, d’autre part, font l’objet d’enquêtes de la part des différents services de renseignement européens »5 . Depuis des années, l’organisation islamiste appelle à une « rupture avec l’ordre démocratique » et diffuse une idéologie à la fois révolutionnaire de gauche, islamiste et fascisante, à peine dissimulée derrière l’islam. Ce n’est pas étonnant si Ian Dallas a choisi comme nom de son organisation celui d’Al-Mourabitoun, dans la mesure où le fanatisme et la violence féroces de l’antique Confrérie des Almoravides – d’où vient ce nom et qui terrorisa au XIV e siècle toute l’Espagne – sont de motifs de fierté pour les adeptes de Dallas. Ce dernier synthétise l’extrémisme à lui seul ainsi que la convergence rouge-brune-verte6 , puisque, bien que provenant de l’extrême-gauche, il ne dissimule pas son admiration pour Hitler. C’est ainsi que le journaliste espagnol Tomàs Navarro, auteur d’un livre, La Mezquita de Babel . El Nazismo sufita desde el Reino Unido a la Comunidad Autonoma de Andalucia 7 , a révélé que Al Mourabit-Dallas « possède la plus pure orthodoxie ésotérique nazie et qu’il a osé dire à Grenada qu’Hitler a été le premier guerrier islamique armé du monde sans le savoir »8 … Aussi Les liens tissés par Al-Mourabitun avec la nébuleuse salafiste internationale (Frères musulmans koweïtiens et égyptiens, mouvements islamistes libyens, GIA algérien, Tabligh, Arabie saoudite, etc.) constituent un soutien extérieur précieux et témoigne de l’évolution du mouvement initial vers le néo-wahhabisme, virage amorcé depuis plusieurs années déjà9 .
L’autre grand mouvement de néo-convertis andalous, l’Association pour le Retour de l’islam en Andalousie, est également toujours imprégné de rhétorique marxiste et trotskiste ultra-anticléricale et obsessionnellement anticatholique. « Il est frappant de constater combien leur intégrisme s’apparente, par de remarquables similitudes, au discours théorique des familles politiques qu’ils ont délaissées »10 , commentent Lisbeth Rocher et Fatima Cherqaoui. Citons seulement quelques passages de textes traduits des documents et tracts diffusés par l’Association du Retour de l’islam en Andalousie : « Le racisme de l’Église catholique en Espagne, avec sa politique de génocide sous l’Inquisition, fut utilisé comme instrument de torture par le fascisme. Celui-ci ravagea l’Europe pendant la première phase d’anarchie que le sionisme envoya par vagues tout en mettant au point ses méthodes bancaires de contrôle à long terme. Ce fut l’Europe chrétienne qui entreprit l’élimination de la civilisation islamique et ce fut l’Europe chrétienne (…) qui baissa la tête en acquiesçant au fascisme (…). L’islam est le modèle de l’avenir … »11 .
Tout cela pourrait être pris sous l’angle de l’humour ou de la dérision, rappelle Rosa Maria Rodriguez Magda , si les terroristes islamistes eux-mêmes ne revendiquaient pas aussi la « récupération du territoire andalous, lequel appartiendrait de droit à la civilisation islamique »12 . La dangerosité de l’idée de l’Andalousie islamique irrédente a été parfaitement mise en lumière par l’historien espagnol Gustave de Aristegui, La Yihad en España (Le jihad en Espagne ), lequel rappelle que le mythe andalou est une véritable obsession pour nombre d’islamistes du monde depuis la chute de Grenade en 1492 »13 . Il suffit pour cela de réécouter les discours sur « l’Andalousie perdue à reconquérir » d’Oussama Ben Laden et de l’actuel chef d’Al-Qaïda Ayman Al-Zawahiri (successeur de Ben Laden), pour s’en convaincre. Cerveau historique du jihadisme moderne salafiste, Al-Zawahiri a souvent déclaré lancer une campagne mondiale jihadiste en vue de la « libération de Ceuta y Melilla », enclaves espagnoles du Nord du Maroc, puis de la reprise de « tous les royaumes de l’islam, du Turkmenistan Oriental (Chine-Xinjang) jusqu’à Al-Andalus ». Citons également l’ouvrage écrit par Abdullah Azzam , le premier maître idéologique et spirituel d’Oussama Ben Laden et référence suprême de toute la mouvance salafiste-jihadiste. Intitulé La défense des territoires islamiques , cet ouvrage de référence qui a motivé tant de jihadistes fanatisés par l’idéologie suprémaciste islamiste, accorde lui aussi une fonction spécifique à l’Al-Andalus mythifiée et glorifiée comme Le joyau perdu à reprendre à tout prix aux « chrétiens-croisés ».
N’oublions pas non plus que la revendication des « territoires islamiques » perdus come Al-Andalus a été au centre de tous les attentats islamistes commis ou avortés qui ont visé l’Espagne ces quinze dernières années. Et les jihadistes qui sont « morts en martyrs » durant ces attentats ont été motivés dans leur action définitive par l’objectif de terrifier les « occupants » de l’Espagne anciennement musulmane. Si l’on compare les mobiles des attentats de 2004 à Madrid et ceux de Barcelone et Cambrils en août 2017, il est intéressant d’observer que les motivations réelles des attentats terroristes commis dans les deux villes espagnoles ont été « expliqués » et légitimés de façon globale dans une vidéo très significative diffusée par l’État islamique en 2014, depuis la Syrie (« Cham ») : « au nom d’Allah le Miséricrodieux, Grâce à Allah du monde entier. Nous sommes dans la terre sainte de l’islam, et je vous dis à tout le monde et je vous avertis : nous vivons sous la bannière de l’État islamique et nous allons mourir pour elle jusqu’à ce que nous ayons récupéré toutes les terres musulmanes perdues, De Jakarta à l’Andalousie et je vous le dis, l’Espagne est la terre de nos ancêtres et nous la récupérerons avec l’aide de Dieu »14 . L’idée de « récupérer la terre islamique » d’Al-Andalus est un véritable leitmotiv pour les islamistes.
Cette idée de reconquista à rebours était déjà très présente dans l’un des textes de revendication des attentats du 11 mars 2004 (gare d’Atocha de Madrid), lorsque, le 12 mars 2004, les Brigades Abou Hafs Al-Masri, affiliées à Al-Qaïda, se sont félicitées du « succès » de « l’Opération Trains de la mort » en déclarant que « les Brigades de la mort ont pénétré au cœur de la terre des croisés européens pour assener un coup douloureux à l’un des fondateurs de la coalition croisée. Il s’agit là de régler de vieux comptes avec l’Espagne croisée, alliée des États-Unis, en guerre contre l’islam », qui inclut à la fois la participation de l’Espagne d’Aznar à la coalition américaine en Irak la Reconquista qui mit fin à la présence arabo-musulmane et au califat en Espagne en 1492.
Déjà, en octobre 2003, Oussama Ben Laden , l’ex chef et cofondateur d’Al-Qaïda, avait clairement désigné l’Espagne comme cible dans un communiqué envoyé à Al-Jazira , ce qui avait mis en alerte les services de renseignement espagnols du Centro Nacional de Inteligencia (CNI) qui inclurent en 2004 pour la première fois la menace jihadiste dans leur Directive annuelle stratégique. Cette prise de conscience était bien tardive, mais elle était due au fait que l’Espagne avait surtout eu maille à partir auparavant avec le terrorisme basque de l’ETA, d’où la réaction initiale du président du gouvernement d’alors, José Maria Aznar , qui imputa à tort à l’ETA basque la responsabilité des attentats de Madrid. Le 15 mars 2004, quatre jours après le drame, la chaîne de télévision Al-Arabiya, retransmit une vidéo de Ben Laden qui justifiait l’attaque du 11 mars comme « représailles pour les actions en Irak, Afghanistan et Palestine ». Quant aux attentats de Barcelone et Cambrils en août 2017, leurs motivations irrédentistes étaient annoncées dans plusieurs numéros des revues de Daech , notamment Dabiq (anglais), Romiyya , et Dar al-Islam (français) destinées aux publics occidentaux. De nombreuses vidéo, déclarations ou écrits de l’État islamique appellent régulièrement à la reconquista à rebours d’« Al-Andalus », ce qui fait de l’Espagne un des pays potentiellement les plus visés d’Europe. Le fait que l’on ait retrouvé dans l’un des deux camions qui ont explosé en Catalogne et entraîné la mort de 14 personnes, une carte d’identité d’un résident à Ceuta, l’enclave espagnole du Nord du Maroc, revendiquée en permanence par l’État islamique et de façon très officielle depuis des mois dans plusieurs communiqués, n’est pas non plus étonnant. En effet, dans le cadre de cet objectif califal de reprendre Al-Andalus, l’État islamique tente tout particulièrement de recruter des jihadistes au Maroc espagnol afin de lancer des opérations dans toute l’Europe, sachant que les Marocains, avec 5 000 moudjahidines, figurent parmi les deux plus grands contingents de Daech avant les Tunisiens, les Tchétchènes et les Saoudiens.
Dans ce contexte, l’État Islamique a tenté de recruter tout particulièrement à Melilla et Ceuta, territoires géographiquement marocains, mais habités par des citoyens arabo-espagnols dont les papiers d’identité peuvent permettre une meilleure circulation en Europe que des passeports marocains ou d’autres pays arabes. L’habitant de Melilla et Ceuta, autochtone arabophone et musulman, mais de nationalité espagnole, donc inrepérable lorsqu’il passe une frontière, est donc le profil idéal. Dans sa propagande, l’État islamique joue également sur la grande frustration des sujets du Royaume chérifien qui ne supportent pas ces enclaves, véritables résidus et témoignage « humiliant » d’un colonialisme espagnol qui prolongea stratégiquement la Reconquista et l’expulsion des Maures d’Espagne, il y a cinq siècles. Daech explique à ces candidats jihadistes qu’en se « joignant au jihad », ils seront les pionniers de la revivication de la péninsule ibérique qui « retournera à l’islam ». Souvent appelée « pays d’oppression » par les Jihadistes, l’Espagne chrétienne est le pays européen par excellence à (re)conquérir dans l’optique néo-califale irrédentiste. Et le Maroc, royaume moderne, pro-occidental, mais islamique, où l’enseignement et les discours politiques ont toujours entretenu une profonde nostalgie de l’Al-Andalus perdue (considérée ex-marocaine comme l’Espagne dominée par les Maures), est le pays idéal de recrutement et de tremplin pour le jihad européen. Ce dernier n’est pas le cœur d’action du Califat, puisque ce cœur est l’Irak et la Syrie.
Le 24 aout 2017, un nouveau clip vidéo de Daech consacré à la revendication des attentats de Barcelone fut diffusé par l’agence de presse de l’État islamique, Amaq . Dans cette nouvelle vidéo de revendication, très « civilisationnelle », Daech rappelait que le Califat islamique et le monde musulman en général entretiennent un contentieux historique, symbolique, religieux et géopolitique unique avec l’Espagne, « pays musulman » conquis et occupé « illégitimement » (au même titre qu’Israël) par des Infidèles, en l’occurrence les « croisés-inquisiteurs-chrétiens » héritiers de la Reconquista opérée par les fameux « rois catholiques » (reyes catolicos ). A cette Reconquista , la mouvance islamiste mondiale – et pas seulement les terroristes –, a toujours opposé une « reconquête à rebours » de l’Espagne dont l’avènement marquerait celle de l’ensemble de l’Europe, à commencer par Rome, nom que Daech a récemment donné à sa dernière revue de propagande Romiyya . Dans ce clip vidéo, l’État Islamique menaçait l’Espagne de nouveaux attentats et avertissait que « le Califat récupérera Al-Ándalus et rendra aux chrétiens le sang musulman qui a coulé durant l’Inquisition espagnole et la Reconquista »15 . L’enregistrement, de qualité assez professionnelle, était centré sur les attentats de Barcelone. Deux militants de l’EI s’y exprimaient en espagnol. Le premier se présentait sous le nom d’Al Qurtubí’, qui signifie, en castillan, le Cordobès (« habitant de Cordoba », en Espagne). Il lança une menace très claire aux « Espagnols chrétiens » à qui il demanda de « ne jamais oublier le sang des martyrs musulmans de l’Inquisition espagnole ». Al-Qurtubi , qui utilisa une dizaine d’identités différentes pour se mouvoir, selon les informations des services espagnols (Fuerzas y Cuerpos de Seguridad del Estado), apparut sur Facebook sous le nom de Muhammad Yasin Ahram Pérez Yassine. Né à Cordoba, yassin est parti en Syrie en 2014 avec sa mère (Tomasa Pérez Mollejas, 41 ans), une malaguène de Pozoblanco convertie à l’islam et mariée à un islamiste marocain.
D’après le codirecteur de l’Observatorio de Seguridad Internacional, José María Gil, le jeune jihadiste recruteur sur les réseaux sociaux, notamment en vertu de son « obsession pour le thème de la récupération d’Al-Ándalus16 , et pour son appartenance au courant néo-fondamentaliste-takfiriste, qui consiste à désigner quiconque comme ‘ennemi de l’islam’ et à appeler à son assassinat, en particulier les musulmans ‘apostats’ et les blasphémateurs ». Dans la vidéo, en effet, Al-Qurtubi réitère à plusieurs reprises le motif civilisationnel (Al-Andalus) des attentats de Barcelone17 . Celle-ci connaîtra à nouveau la terreur du jihad « tant que la terre de nos ancêtres chassés par les croisés espagnols de l’Inquisition ne sera pas redevenue musulmane, car elle appartient de façon éternelle au Califat ». Le second jihadiste qui s’exprime dans la vidéo, sous le nom d’Abusalmán Al-Andalusí – en Espagnol Abusalmán el andaluz (en castillan, « l’Andalous »), a été reconnu par M. Gil comme Taruk Al-Andalusí, un autre jeune établi en Syrie, d’où la vidéo a été conçue par l’agence de presse de l’EI. Un troisième terroriste apparaît et s’exprime sous le nom d’Abusalmán Al-Andalusí’ – Abusalmán el andaluz –, en espagnol, mais quant à lui avec un fort accent. Il y déclare lui aussi ce message spécifique aux Espagnols héritiers de la Reconquista » : « Nous ne vous laisserons jamais tranquilles, Jamais »18 .
Afin de bien montrer que c’est toute l’Espagne « chrétienne » qui est visée et pas seulement Barcelone, capitale indépendantiste catalane et cité mondialisée, la vidéo cite la nation espagnole dans son ensemble sans faire aucune différence entre Madrid et la capitale catalane, toutes deux anciennes « possessions d’Al-Andalus ». La vidéo de Daech diffuse également des images du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy accompagné du roi Felipe VI, puis des extraits de journal télévisé en anglais et dans d’autres langues montrant les dégâts des attentats, sur fond de chants polyphoniques jihadistes en arabe et en français puis d’images des terroristes de Barcelone, dont Younes Abouyaaqoub. Ensuite vient l’interview d’un témoin qui raconte la panique générale observée. Le jihad n’a pas de frontières, faites-le partout où vous pouvez et où que vous soyez », lance le jeune Al-Qurtubi qui sait très bien que le thème d’Al-Andalus couplé avec ceux de l’internationalisme et de la lutte contre « les Croisés » et « l’Inquisition » catholique peut mobiliser d’autres convertis radicaux en Europe issus de l’extrême gauche ainsi que nombre de jeunes arabes abreuvés aux thèses irrédentistes néo-califales.
Rappelons que le cerveau des attentat de Barcelone et Cambrils, l’imam Abdelbaki Es Satty, qui a fanatisé ces dernières années de nombreux jeunes espagnols et marocains, et que l’on a retrouvé mort dans les décombres de la maison d’Alcanar où il s’est fait sauter en manipulant l’explosif TAPTP au milieu d’une centaine de bombonnes de gaz, a laissé une « Lettre brève aux soldats de l’État islamique », dans laquelle il évoque la nécessité absolue de « récupérer Al-Andalus ». L’imam de Ripoll (qui avait été condamné dans le passé à deux ans de prisons pour trafic de drogue et qui était Marocain), écrit à la main : « Au nom d’Allah, le Miséricordieux, le Compassionnel. Cette brève lettre des Soldats de l’État Islamique dans la terre d’Ándalus pour les Croisés, les pêcheurs, les injustes, les corrupteurs »19 , un texte écrit en arabe sur une feuille posée sur un livre dans le chalet d’Alcanar. Tout un programme bref, mais limpide, qui devrait faire réfléchir tous ceux qui, depuis des années, en Espagne comme en Occident, cèdent aux demandes des lobbies tiersmondistes islamophiles et christianophobes qui ont inscrit la nostalgie d’Al-Andalus dans les programmes scolaires des enfants européens comme dans ceux des universités qui colportent le thème mobilisateur le plus puissant du jihadisme et de l’islamisme revanchard après ceux de la Palestine et de « l’islamophobie » : Al-Andalus20 .
Autre démonstration du fait que la nostalgie d’Al-Andalus n’est pas l’apanage des seuls multiculturalistes partisans du « dialogue des civilisations », il convient de rappeler que le thème de la « supériorité de la civilisation arabo-musulmane » a été élaboré et diffusé avec des efforts particuliers non seulement par tout un courant islamophile et tiersmondiste de gauche et d’extrême-gauche, mais aussi par d’importants intellectuels raciologues nationaux-socialistes.
Dans la promotion de ce mythe, il faut en effet rappeler l’importance du rôle rempli par Ludwig Ferdinand Clauss 21 (1891-1974), l’un des grands intellectuels du Reïch nazi, linguiste spécialiste de philologie germanique et indo-européenne, également chercheur en « science des races » (Rassenseelekunde )22 . En fait, Clauss, comme nombre de nazis, a toujours été, par anti-judaïsme et anti-christianisme païen, attiré par le monde arabe. Après avoir connu la célébrité en Allemagne avant la seconde guerre mondiale pour avoir séjourné comme un bédouin23 , Clauss avait publié sur ce sujet une série de livres qui firent connaître au public allemand leurs vie et coutumes : Als Beduine unter Beduinen (1931), Semiten der Wüste unter sich (1937), Araber des Ostens (1943) »24 . Cette influence philo-arabe marquera profondément l’une de ses disciples zélées, Sigrid Hunke (1913-1999) qui, dans les années 1960 va consacrer l’essentiel de son travail à une exaltation idéologique de l’islam et du monde arabe. C’est elle qui, faisant oublier ses origines nazies, sera la vraie propagatrice de ce mythe de la supériorité scientifique islamique et de la corrélative « dette européenne » vis-à-vis du monde arabe.
Auteur du très célèbre Le Soleil d’Allah brille sur l’Occident , notre héritage arabe 25 , on doit à Singrid Hunke la diffusion du mythe de la supériorité « la science arabe » durant l’Age d’Or de l’islam au Moyen-Âge, mythe qui a été inventé par des historiens « laïcs » du XIX e siècle dans leur lutte idéologique contre le christianisme afin de minimiser ou nier l’héritage byzantin qui a fait naître le christianisme. Dans le cadre de notre étude, Singrid Hunke détient une place de tout premier plan, car elle est l’incarnation même de la restructuration de l’idéologie nazie de l’après-guerre, sous des formes islamisées pouvant paraître acceptables pour les non-initiés, par des procédés de camouflage et des falsifications historiques, philosophiques et religieuses, elle qui n’est ni arabophone, ni versée dans les langues orientales26 . Singrid Hunke a su recycler dans l’arabophilie et l’islamophilie ses thèses ésotériques et philosophiques authentiquement nazies. Mais présentée aujourd’hui encore dans les Universités et à l’Institut du monde arabe comme l’intellectuelle de référence sur la « science arabe », disciple du raciologue nazi Clauss n’a étonnement jamais fait l’objet de la « vigilance antifasciste » de gauche alors qu’elle a été formée par la SS et qu’elle n’a jamais renié son origine néo-païenne et nazie.
Née le 26 avril 1913 à Kiel, Sigrid Hunke étudia la philosophie, la sociologie, l’histoire des religions, la germanistique et la psychologie des peuples à Kiel, Frieburg et Berlin. Élève notamment de Martin Heidegger et de Ludwig Ferdinand Clauss , converti à l’islam, elle écrira dans revue nazie Germanien et soutiendra en 1941 sa thèse à l’université de Berlin sous la direction du spécialiste de la « psychologie des races » Eduard Spranger. Elle écrira plus tard pour le magazine Rasse , vitrine idéologique du régime nazi. Puis elle fonde le DUR, un mouvement païen prônant l’unitarisme qui rejette certains principes chrétiens et récupère des symboles de l’histoire celtique et nord-européenne tels que les symboles runiques. Elle travailla activement dans ce cadre pour le Thule Seminar en 1986, institution néo-païenne défendant un nazisme ésotériste, et rédigera plusieurs articles pour la revue Elemente publiée par le Thule Seminar. D’où sa collaboration avec Elements , son pendant français. En 1960, elle publie son livre le plus connu : Le Soleil d’Allah brille sur l’Occident, notre héritage arabe 27 qui lui vaut une renommée internationale immédiate, se vendant à plus d’un demi-million d’exemplaires et traduit dans onze pays étrangers dont la France, le Japon, l’Italie, l’Iran, le Pakistan… Hunke y prétend que la civilisation européenne doit énormément à la culture arabe – l’auteur assimilant d’ailleurs à tort civilisation islamique et civilisation arabe – notamment dans le domaine des sciences, des mathématiques, de la médecine et de la philosophie, accréditant par là même le lieu commun de « la dette occidentale » vis-à-vis de la culture arabo-islamique et de la « supériorité de la culture arabe » sur la culture judéo-chrétienne. Animée d’un anti-christianisme et d’un anti-judaïsme profonds, Hunke explique que c’est essentiellement la « science arabe » qui, au XII e siècle, en affranchissant l’esprit européen de la mentalité théologique chrétienne, a rendu possible une véritable Renaissance scientifique. « Opposant l’esprit expérimental des chercheurs arabes au dogmatisme chrétien […] et soulignant l’ancienneté des relations entre le monde arabe et le monde européen, elle évoque aussi la grandeur et le raffinement de la civilisation andalouse sous le règne d’Abd ar-Rahman le Grand (912-961), l’État normand de Sicile, et la haute figure de Frédéric II de Hohenstaufen, qui attira auprès de lui des érudits arabes au mépris des interdictions de l’Église romaine »28 . Thèmes d’ailleurs constamment développés par la propagande du Troisième Reich, littéralement obsédé par Charlemagne et l’empereur romain germanique Frédéric II dit « Le Souabe ». Dans Le soleil d’Allah brille sur l’Occident, notre héritage arabe , Hunke reprend la méthodologie mystificatrice de l’épistémè nazie, dans le but de trouver une nouvelle légitimation au rejet de la tradition judéo-chrétienne-helléniste, ceci dans le but d’assouvir une haine nouvelle du monde juif et chrétien puis, indirectement, de l’État d’Israël. Le résultat de l’œuvre de Singrid Hunke est de passer du mythe des Aryens, inventé par les nazis, au mythe des Arabes.
La version française du Soleil d’Allah est assurée directement par Alain de Benoist , le « Pape » de ladite Nouvelle Droite29 européenne, qui a recyclé en France et en Europe pendant 30 ans l’essentiel des œuvres germaniques de la révolution conservatrice allemande et de l’ésotérisme nazi30 .
La bibliographie de Sigrid Hunke éclaire son orientation idéologique, de sa contribution à la théorie de la race du nazisme dans les années 1930 jusqu’à sa conversion philo-islamiste à partir des années 1960. D’après les travaux de Horst Jünginger de l’université de Tübingen31 , la bibliographie32 choisie de l’œuvre de Sigrid Hunke montre son engagement précoce au cœur même de l’idéologie nazie. Au début de sa carrière intellectuelle, Sigrid Hunke écrit un premier mémoire de sept pages, sur la science sociale fondamentale du nazisme, la « Rassenseelkunde », la « psychologie des races », en 1935, à l’âge de vingt-deux ans. Puis elle réalise différentes contributions dans des revues racistes33 , germano-centriques et collabore à l’organe « scientifique » de l’organisation de la SS : « Ahnenerbe » (trad : l’héritage des ancêtres).
En 1969, Hunke publie son second livre le plus connu : Europas andere Religion , traduit en France par Alain de Benoist sous le titre de La vraie religion de l’Europe. La foi des ‘hérétiques’ 34 . Dans cet ouvrage, Singrid Hunke s’élève contre le « dualisme chrétien » qui, d’après elle, n’aurait jamais cessé de se manifester au sein ou en dehors de l’Église catholique. Critiquant violemment la doctrine chrétienne du péché originel et augustinienne de la prédestination, ainsi que le « dualisme néoplatonicien » en général, Hunke démontre qu’il existerait une réelle affinité entre d’une part « ce refus, par les “hérétiques européens”, du dualisme chrétien », et, d’autre part, « la conception unitaire de Dieu dans l’islam ». « Les Arabes et les Européens […] partagent une conception du monde et de Dieu identique ; une pensée unitaire propre qui réconcilie le profane et le religieux […] »35 . C’est à partir d’une lecture romancée de l’origine et de l’influence historique de l’islam, que l’extrême droite post-nazie a restructuré ses vieux mythes et obsessions antilibérales et antisémites. Horst Jüngiger, dans son article, « Sigrid Hunke : new religion and old stéréotypes »36 , démontre comment le préjugé philo-islamique de l’extrême droite allemande n’est que la reprise de la thématique et de la phraséologie de la rhétorique du IIIe Reich.
Preuve ultime de leur incroyable influence, les ouvrages de Sigrid Hunke ont inspiré depuis des décennies toutes sortes de milieux politiques et cercles intellectuels. Ils ont été mis en avant dans d’innombrables expositions consacrées aux « sciences arabo-musulmanes » hautement sponsorisées par les institutions publiques. Exemple parmi tant d’autres, on peut citer l’expo « L’islam, c’est aussi notre histoire » qui s’est tenue à Bruxelles de septembre 2017 à fin janvier 2018, où l’ouvrage de Hunke Le Soleil d’Allah brille sur l’Occident fut mis à l’honneur. La présence de cette auteure nazie pouvait surprendre, d’autant que l’évènement très politiquement correct visait à vanter « la diversité » et à « lutter contre l’intolérance », comme l’ont annoncé ses promoteurs37 , notamment le gouvernement belge et l’Union européenne, d’habitude très « vigilants » vis-à-vis de toute extrémisme droitier. En réalité, cette apparente incohérance idéologique n’en est pas une, puisque, comme nous l’avons vu tout au long de cet essai, la dite « vigilance antifasciste » est en général focalisée sur ses seules manifestations blanches-européennes-chrétiennes et nie par principe celles émanant de la civilisation arabo-musulmane réputée « victime » par essence de « l’Occident croisé islamophobe » et du « sionisme anti-arabe ».
En vertu de ce deux poids deux mesures, ceux-là mêmes qui refusent d’attribuer les moindres mérites scientifiques de l’Occident moderne à la religion chrétienne et réduisent celle-ci à ses périodes obscurantistes ne cessent en revanche de gommer les heures sombres de la civilisation islamique et lui attribuent les plus grands mérites, y compris ceux d’autres cultures jadis conquises par l’islam. C’est ainsi qu’à Paris, entre septembre 2012 et janvier 2018, une autre grande exposition destinée à « changer les mentalités », installée au musée du Louvre, intitulée « Les arts de l’islam » (en partie financée par la fondation Alwaleed Bin Talal du nom du prince-milliardaire saoudien), a pu faire la promotion du suprémacisme islamique en attribuant à la « merveilleuse » culture islamique une quantité impressionnante d’objets venus d’Espagne, de Turquie, du Maghreb, d’Inde, et d’Iran et qui n’avaient rien d’islamique. Sur le site de l’Exposition, les promoteurs écrivent que « la collection du département des arts de l’islam témoigne de la richesse et de la diversité des créations artistiques des terres de l’islam »38 , alors qu’y figurent des objets éminemment chrétiens comme un prestigieux bassin de métal incrusté réalisé en Syrie au XIV e siècle et connu sous le nom de Baptistère de Saint Louis, ou encore des « œuvres issues de l’abbaye royale de saint Denis comme l’aiguière en cristal de roche fabriquée en Égypte au début du XI e siècle. Alors que nul ne songerait jamais à qualifier « d’arts hindouistes » le Taj Mahal moghol-musulman (Inde), « d’arts chrétiens » les vieilles synagogues de Sicile et l’artisanat étrusque toscan39 , ou encore d’« arts taoïstes-confucéens » celui du Tibet bouddhiste, la désinformation atteint son comble lorsque le Shâh Nâmeh de Ferdowsi, la grande œuvre épique du poète iranien anti-islamique du X e siècle qui relata les mythologies pré-islamiques zoroastriennes de la Perse, combattues farouchement par les conquérants musulmans, est qualifiée d’« art islamique ». On sait en effet que Ferdowsi a toujours été perçu par les Iraniens hostiles à la théocratie islamique mise en place par Khomeiny en 1979 comme le poète qui a le plus fait pour préserver de la destruction et de l’islamisation la langue, les prénoms et les traditions pré-islamiques perses. Qualifier l’œuvre de Ferdowsi d’islamique est aussi mensonger que de qualifier d’« arabe » l’invention par les Indiens du zéro. Nous avons vu que cette captation des mérites et héritages d’autrui découle en fait de la stratégie d’islamisation des consciences poursuivies de longue haleine par les lobbies islamistes mondiaux avec les pétrodollars du Golfe et les fonds publics européens40 ou onusiens.
1 . « Et tu verras les montagnes – tu les crois figées – alors qu’elles passent comme des nuages. Telle est l’œuvre de Dieu qui a tout façonné à la perfection. Il est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites ! » (Coran 27,88) « Quand le soleil sera obscurci, 2. et que les étoiles deviendront ternes, 3 et les montagnes mises en marche.
2 . Prólogo de Jon Juaristi, Oltera, Barcelona, 2006.
3 . Rosa Maria Rodriguez Magda , La España convertida all’islam , Altera, Madrid, 2006, p. 29.
4 . Verde islam, 2000, p. 86, Cité in Rosa Maria Rodriguez Magda , La España convertida all’islam , 2006, op. cit. , p. 15.
5 . Les musulmans veulent prier dans la « mezquita » de Cordoue ; Le Monde, 30 décembre 2006.
6 . Le mouvement associatif islamique en Espagne , dossier des services de renseignements intérieurs espagnols, janvier 1999.
7 . Cf. Alexandre del Valle, Rossi-Neri-Verdi, l’Alleanza paradossale degli estremisti opposti anti-occidentali , Lindau, Torun, 2011.
8 . « La Mosquée de Babel. Le Nazisme soufi depuis le Royaume-Uni à la Communauté autonome d’Andalousie ».
9 . Cité in Rosa Maria Rodriguez Magda , La España convertida… , op. cit ., p. 26-27.
10 . Grâce à cette évolution vers l’orthodoxie fondamentaliste sunnite, conférences internationales, écoles, maisons d’éditions, etc., sont financées par des dons en provenance des pays musulmans où la doctrine salafiste (Frères musulmans, wahhabisme, etc.) est influente : Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Malaisie, Koweït, où les cadres de l’organisation islamique espagnole se rendent régulièrement pour diffuser leur projet et solliciter de nouvelles aides financières.
11 . Lisbeth Rocher et Fatima Cherqaoui, D’une foi l’autre, Seuil, ibid ., p. 178.
12 . Idem.
13 . Rosa Maria Rodriguez Magda , La España convertida al islam, op. cit. , p. 70.
14 . Gustavo de Aristegui, La Yihad en España. La obsesión por reconquistar Al-Andalus , Madrid, la Esfera de los Libros, 2005.
15 . http://www.huffingtonpost.fr/olivier-d-auzon/voici-pourquoi-les-islamistes-percoivent-lespagne-comme-un-territoire-a-reconquerir_a_23151695/ .
16 . http://www.europapress.es/nacional/noticia-estado-islamico-amenaza-video-espana-recuperar-andalus-vengarse-inquisicion-espanola-20170823211703.html .
17 . « Yihadista Español en el video del Estado islamico que quiere recuperar Al-Andalus », El Periodico , 27 août 2017.
18 . https://www.alexandredelvalle.com/single-post/2017/08/29/Al-Andalus- État-islamique.
19 . http://www.libertaddigital.com/espana/2017-08-23/estado-islamico-celebra-la-conquista-de-barcelona-y-alaba-a-los-terroristas-1276604766/ .
20 . « La carta del iman de Ripoll a los soldados del Estado islamico, y su obseción por la recuperación de Al-Andalus », 23 août 2017, https://www.religionenlibertad.com/carta-del-iman-ripoll-los-soldados-estado-58846.htm .
21 . Cf. Alexandre del Valle, « La récupération d’Al-Andalus », Atlantico.fr, http://www.atlantico.fr/decryptage/recuperation-al-andalus-au-centre-video-revendication-attentats-barcelone-diffusee-etat-islamique-3146067.html
22 . Les écrits de Louis Ferdinand Klauss circulent encore sous forme polycopiés dans les milieux d’extrême-droite en France. Pour bibliographie : Die nordische Seele. Eine Einführung in die Rassenseelekunde , 1923, réed et mod en 1940 (trad : L’âme nordique. Introduction à la psychologie raciale ). Semiten unter sich. Miterlebnisse eines Rassenforscher , 1937. ( trad : Les sémites entre-eux : note à partir de l’expérience d’un chercheur en science des races ). etc.…
23 . Il inventera la « méthode mimique », établissant une classification raciale des types humains de l’Europe, à l’aide de photographies montrant les expressions topiques de différents sujets (en fait les grimaces des gens, d’où le terme de « mimique »), qui n’est autre qu’un catalogue de clichés racistes sur des stéréotypes raciaux.
24 . Après 1945, il recevra une distinction pour avoir « sauvé » son assistante juive. Mais il ne l’avait gardé à ses côtés, de son propre aveu, qu’aux fins d’avoir près de lui un « sujet expérimental » commode.
25 . Claudio Mutti, Le Nazisme et l’Islam , Paris, Ars Magna, 2004, p. 234.
26 . Sigrid Hunke, La Vraie religion de l’Europe , Ed du Labyrinthe, Paris, 1986 Voir « Sigrid Hunke : elle avait retrouvé la vraie religion de l’Europe » (Robert de Herte : Alain de Benoist ), in Eléments , Paris, 96, novembre 1999, pp. 39-40. Sigrind Hunke, proche de la famille « nouvelle droite », fut membre du comité de patronage de la revue Nouvelle Ecole (l’une des revues de la Nouvelle Droite), in Christophe Bourseiller, La Nouvelle extrême-droite , Paris, 1991, p. 197.
27 . Cf. par ex., Kratz, Peter. Antisemitismus als Basis treudeutscher Palästina-Solidarität : Eine Antwort auf Ingolf Ahlers (und ein aktueller Informationsbeitrag zur historischen Kontinuität nazistisch-arabischer Zusammenarbeit) antifaschistischen Zeitschrift. Der Rechte Rand (Nr. 12) mai 1991.
28 . Allahs Sonne über dem Abendland. Unser arabisches Erbe , deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart, 1960, 2e éd. rév. : Le Soleil d’Allah brille sur l’Occident, Notre héritage arabe , Albin Michel, 1963, 2e édition, 1984, 3e éd. 1997.
29 . Cf. Carlo Mutti, La renaissance islamique et le danger moderniste , in Totalité , « pour la révolution culturelle européenne », 2e année, no 9, sept-oct 1979, pp. 40-49.
30 . Sigrid Hunke a collaboré à la revue de la « ND », Eléments , sous forme d’articles. De Benoist a assuré la réception littéraire et la traduction d’autres livres de Hunke, et devint son héritier philosophique, tous deux ayant voulu recycler leur idéologie brune ésotérique derrière le voile « antiraciste » du pro-arabisme, tiersmondiste et islamophile.
31 . L’école de pensée « unitarienne » est issue d’un courant remontant à l’époque de la Réforme, lorsqu’apparurent en Europe des courants « anti-trinitaires ». Elle connut un essor en Angleterre et aux États-Unis, influençant la pensée de Walt Whitman et Mark Twain. Le courant le plus proche de Sigrid Hunke publie aujourd’hui en Allemagne la revue bimestrielle Glauben und Wirken , animée par Bernhhard Bühler, également proche d’Alain de Benoist et de la Nouvelle Droite française.
32 . Cf. Horst Jünginger, op. cit.
33 . La bibliographie complète des écrits de Sigrid Hunke figure dans l’article de Horst Jünginger cité.
34 . Il faut se représenter le prestige intellectuel de la philosophie de Husserl dans l’Allemagne même pendant la période du nazisme, preuve manifeste que la « phénoménologie », bien avant Heidegger, pouvait servir de référence intellectuelle à la pensée totalitaire.
35 . Europas andere Religion. Die Uberwindung der religiösen Krise , Econ, Düsseldorf, 1969, 2e éd. rév. : Europas andere Religion. Der Glaube der Ketzer , Gustav Lübbe, Bergish Gladbach, 1980, 3e éd. : Europas eigene Religion. Die Uberwindung der religiösen Krise , Grabert, Tubingen, 1997. Trad. en français : La Vraie religion de l’Europe, La foi des « hérétiques », Livre-Club du Labyrinthe (éditions de la Nouvelle Droite), 1985.
36 . « Esprit arabe et esprit européen. Psychologie d’une histoire des sciences », in Najah al-Attar (éd), Science and Activities for Man, Damas, 1984.
37 . Cf. Horst Jüngiger, Sigrid Hunke : New Religion and old Stereotypes, université de Tübingen, 1998 ; trad : Sigrid Hunke : une nouvelle religion fondée sur des vieux stéréotypes. Papier de recherche tiré de la conférence « Neo-Paganism, “vœlkische Religion” and Antisemitism II : The Religious Roots of Stereotypes » ; université de Tübingen, October 1997.
38 . Union Européenne, gouvernement fédéral belge, Région bruxelloise, Fédération Wallonie-Bruxelles, Région flamande, quotidiens Le Soir, De Standaard , la RTBF , SNCB , TV bruxelloise BX1.
40 . Peut-on raisonnablement classer un astrolabe dans la catégorie d’un « objet islamique » comme cela est fait au Louvre ? D’ailleurs, les autorités d’Algérie, d’Égypte ou a fortiori d’Arabie saoudite ou du Qatar n’accepteraient jamais une exposition publique dans leurs capitales présentant les œuvres de Dostoïevski, Chateaubriand, Rousseau, Copernic sous l’expression d’« arts du christianisme ».