Notre vie est un sablier qui ne s’arrête jamais...
Chaque instant suit l’autre sans répit.
D’instant en instant, la vie s’épuise :
Nous sommes bébé, puis adulte, puis vieux et mort.
Chaque instant suit l’autre sans répit.
Notre vie est comme une bulle d’eau ou une chandelle ;
L’impermanence et la mort sont comme le vent.
Kalou Rinpoché
La méditation est un art de vivre que l’on découvre peu à peu et qui s’immisce dans notre quotidien lorsqu’on en a pris l’habitude. À la fois art de vivre et art de la vie, elle va vous aider à développer une présence à la vie. Présence à soi-même, à la vie, vision claire des situations à la fois synthétique et analytique, la méditation s’inscrit dans une globalité. Elle est l’outil par excellence du processus de changement. « Il n’y a rien de constant si ce n’est le changement. » (Parole du Bouddha.)
UN AUTRE REGARD SUR SES ÉMOTIONS
Grâce à la pacification mentale et à l’union du corps et de l’esprit qu’elle établit, la méditation permet d’aborder ses émotions de manière différente. On les appréhende autrement sans qu’elles n’envahissent notre champ d’action et on découvre une certaine sagesse intérieure. La pratique permet également de savoir retrouver le calme intérieur face à des situations perturbantes et de récupérer de l’énergie.
Ce qui vous paraîtra évident dès le départ et qui rend la méditation difficile, c’est que tout change : l’alternance des phases de la respiration, les pensées qui viennent perturber le calme intérieur et se succèdent... En apprenant à méditer, vous allez rencontrer tous ces mouvements. Ils ont toujours été là, mais auparavant les flots vous emportaient sans que vous ne vous en aperceviez, et maintenant, grâce à la pratique de la méditation, vous allez apprendre à voir ces mouvements et savoir comment procéder avec eux.
Par la prise de conscience des divers processus de pensée et d’émotions induits par la méditation, un changement intérieur va se produire.
Le fait de porter son attention sur ce qui se passe, de l’accueillir sans le rejeter, sans lutter, opère comme la capacité à prendre de l’altitude et à avoir une vue beaucoup plus globale. Ce qui nous paraissait important, l’arbre qui cachait la forêt, perd de l’importance, et c’est comme si l’on se libérait d’une emprise. Peu à peu, on porte un regard différent sur la vie, les actes que l’on pose sont plus justes eu égard à soi-même et à la situation, et les événements viennent à nous de manière différente. Ce changement extérieur est dû au fait qu’intérieurement nous ne sommes plus attachés de la même manière. Le pratiquant prend conscience de la réalité et se libère peu à peu de l’emprise émotionnelle.
ACCEPTER LE CHANGEMENT
Ce qui rend notre vie difficile c’est notre résistance aux processus de changement. Tout changement entraîne une insécurité, nous éloigne de ce que nous connaissions pour nous conduire dans l’inconnu. Observer, dans la méditation, l’impermanence de nos pensées, de nos émotions, va nous aider à accepter ce changement constant au sein de notre vie.
La méditation va nous permettre d’aller vers la profondeur, là où l’on découvre une stabilité alors que tout change.
Plus nous pratiquons l’attention à notre monde intérieur, plus nous discernons nos processus jusqu’à leurs racines. C’est ce qui nous permet ensuite de travailler avec d’autres formes de méditation pour nous dégager de ce qui nous empoisonne.
La méditation nous offre l’opportunité d’arrêter de passer à côté de notre vie. Elle nous conduit à avancer sur le chemin de l’Éveil intérieur. Le mot Bouddha signifie « l’Éveillé », c’est celui qui a utilisé la buddhi, l’intelligence dans le sens de connaissance, discrimination. La buddhi est cette qualité du mental, de l’esprit, que la méditation développe et qui permet une appréhension plus juste des phénomènes de la vie.
Après un certain temps de méditation, vous vous apercevrez qu’auparavant vous dormiez ; votre regard devient plus limpide, plus clair face aux événements, comme si vous vous éveilliez à la vie.
La méditation devient un véritable art de la vie. C’est le moment que vous allez vous accorder, le calme qui va s’installer dans votre vie, une vision plus juste, des paroles et des actes plus justes face aux diverses situations. Peu à peu vos états de tension, de résistance, s’effaceront pour laisser s’installer le lâcher prise.
Notre lutte contre la vie a empêché notre cœur de s’ouvrir.
Dès lors que nous abandonnons la lutte et que nous ouvrons notre cœur à ce qui est, nous
découvrons le repos dans l’instant présent ; c’est l’alpha et l’oméga de la pratique spirituelle.
Jack Kornfield
Qui n’a pas souvent entendu ce conseil : il faut lâcher prise ! Malheureusement c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Dès que l’on entend cette petite phrase, on cherche comment on peut lâcher prise. Mais le fait même de dire « il faut » lâcher prise induit le résultat opposé car le lâcher prise demande justement de ne rien faire.
Le lâcher prise relève d’un état qui passe d’abord par une acceptation, acceptation de la situation, du moment présent. On cesse à partir de là d’user notre énergie en résistances. Puis quelque chose se passe en nous, quelque chose qui la plupart du temps n’est pas consciente, n’est pas volontaire, un abandon qui va créer un vide, l’émergence d’un nouvel espace, source de la transformation.
EN PRATIQUE
Nous avons tous vécu des situations quotidiennes de lâcher prise : par exemple quelqu’un nous dit quelque chose qui autrefois nous aurait énervé, et là, voilà que ça glisse et que l’on ne répond pas parce que nous investissons notre énergie ailleurs. Cela se fait sans effort, simplement, on constate que quelque chose a changé qui ne nous atteint plus comme avant. C’est déjà une expérience de lâcher prise.
Certaines situations de la vie nous confrontent à des difficultés face auxquelles nous ne savons pas comment nous situer, comment réagir, parce que nous traversons des moments très difficiles. Nous luttons souvent pour essayer de résoudre au mieux ce qui se passe et, parfois, c’est encore pire. Notre réaction est humaine, elle est de l’ordre de la survie. La pression monte, nous nous sentons mal, la situation s’enlise. Parfois, les événements sont tels qu’il y a un moment où nous sommes obligés d’accepter nos limites et de voir que nous ne pouvons pas faire plus, que nous avons fait tout ce que nous pouvions et que, maintenant, ça ne nous appartient plus. C’est parfois parce que nous sommes épuisés physiquement ou moralement que quelque chose se passe – de l’ordre du lâcher prise –, des solutions, des résolutions s’immiscent peu à peu au milieu des ornières.
On découvre la foi. Le lâcher prise c’est peut-être accepter que nous ne sommes que des humains avec nos limites et que, si nous faisons confiance, les solutions se présentent d’elles-mêmes parce que, justement, il n’y a rien d’autre à faire que « confiance en la vie ». Plus nous saurons retourner vers notre centre, plus un état d’ouverture intérieur éclora. Au sujet du lâcher prise, j’aime assez l’image de la fleur de lotus (ou de nénuphar). Observez la fleur en bouton, fermée : au fur et à mesure que le jour avance, que le soleil croît, les pétales de la fleur s’ouvrent pour révéler son cœur. L’analogie peut être faite avec l’attention que nous portons à notre respiration, à l’instant présent, au calme qui s’accroît et qui va permettre l’ouverture du cœur et la rencontre avec notre être profond. Paradoxalement, cette fleur si belle s’épanouit au milieu de la vase, comme le calme surgit au milieu des épreuves grâce à la méditation.