13.
« Surprenant, n'est-ce pas ? » s'enquit Denholm quand j'émergeai de la transe hypnotique.
J'acquiesçai d'un signe de tête, mais je ne dis mot. Ce que j'avais vécu paraissait authentique et n'avait rien à voir avec des fantasmes, comme je le pensais auparavant. Après tout, avais-je jamais souhaité combattre un mammouth laineux ou rêvé d'être une artiste fauchée en Chine ?
J'étais un peu embarrassé par ce qui venait de se produire. Je ne voyais plus du même œil les régressions dans les vies antérieures, et Denholm paraissait l'avoir compris. Tandis que je m'interrogeais sur ce qui venait tout juste de m'arriver, elle riait de moi. Je marmonnai quelques mots de doute, mais j'admis ensuite catégoriquement que je m'étais vraiment aventuré dans mon lointain passé.
« Cela dépend de votre point de vue, dit-elle. J'ai le mien. Et le vôtre, quel est-il vraiment ? »
Je ne savais pas. Ces expériences ne ressemblaient pas à des rêves. À tout le moins, elles constituaient un niveau de conscience très particulier, doté de ses propres caractéristiques. Elles avaient un aspect familier, comme le fait de se remémorer le voyage en France de l'été dernier. Elles étaient également et très nettement un ensemble de souvenirs, et non des événements créés de toutes pièces.
Pourtant, elles différaient quelque peu du souvenir. Durant la régression, j'avais pu me voir de différentes perspectives. Par exemple, dans la fosse aux lions, j'avais observé une partie de l'action avec mes yeux puis d'une perspective au-dessus de la scène, qui me permettait de vraiment me voir dans la fosse, menacé par le lion. De même quand j'étais constructeur de bateau et artiste chinoise. Une partie de l'expérience s'était déroulée comme si elle était vue à travers mes propres yeux, et une autre comme si je me trouvais en dehors de mon corps, m'observant d'un point de vue objectif.
J'essayai de rassembler mes idées. Je ne voulais pas conclure trop précipitamment au sujet de ces expériences. Le cerveau recèle plus de profondeur et de créativité qu'on ne le lui accorde. Il joue aussi le rôle d'aimant pour la mémoire, en recueillant des bouts d'informations aléatoires conservés apparemment sans raison.
Pourtant, ces expériences étaient différentes. Elles présentaient un caractère si vivant qu'elles semblaient être la preuve de la réincarnation. Ou du moins une preuve possible. À dire vrai, j'ignorais à ce moment-là ce qu'étaient ces neuf vies ou leur signification. Je savais simplement que j'étais guidé sur un chemin qui m'était inconnu.
Je passai près d'une heure dans la lumière déclinante de cet après-midi en Floride à consigner tout ce que je pouvais me rappeler sur ces neuf vies que j'avais connues grâce à l'hypnose de Denholm.
Quand j'eus accompli cette tâche, j'adoptai la méthode de travail que j'avais utilisée avec les expériences de mort imminente : je notai par écrit les questions qui m'aideraient à réfléchir à ce nouveau mystère qui avait fait irruption dans ma vie.
• Comment expliquer ces étranges voyages, en particulier à ceux qui ne croyaient pas en la réincarnation ? Après tout, les athées vivaient des expériences de mort imminente et pourtant ils ne croyaient pas en Dieu. Comment, par exemple, un fervent baptiste expliquait-il le fait d'avoir vécu une vie antérieure au caractère aussi vivant au cours d'une régression sous hypnose ? Selon Jung, l'esprit inconscient est bien plus actif qu'on ne le pense en général. Ces voyages dans une vie antérieure étaient-ils de simples « programmes télévisés » créés par nous ?
• La thérapie par la régression dans les vies antérieures influait-elle sur l'état de santé, mental et physique ? Je m'intéressais particulièrement à l'effet que cette thérapie pouvait avoir sur les phobies et les troubles anxieux. La thérapie par la régression se révélait souvent efficace pour traiter ces problèmes. Cette thérapie pouvait-elle se révéler encore plus efficace pour guérir ces troubles et d'autres problèmes d'ordre médical ?
• Comment expliquer certains cas véritablement mystérieux ?
J'avais entendu parler de cas mystérieux de vies antérieures mais je n'y avais dans l'ensemble pas prêté attention parce que, comme je l'ai déjà expliqué, cela ne constituait pas pour moi une option vivante. Après cette séance avec Denholm, je me mis à y croire, du moins partiellement. Je voulais entendre les récits de cas plus incontestables.
Je décidai de décomposer la régression dans les vies antérieures en ses diverses caractéristiques, méthode déjà employée quand j'avais défini les EMI et que je leur avais attribué un nom. Les éléments constitutifs communs des expériences de mort imminente que j'avais cernés fournissaient aux thérapeutes, médecins et patients eux-mêmes les informations nécessaires pour comprendre ces événements surprenants. Je fus surpris de découvrir que cette méthode de travail n'avait pas encore été appliquée pour les régressions dans les vies antérieures.
Je décidai d'entamer des recherches dans ce domaine avec mes étudiants, tout comme je l'avais fait auparavant avec les EMI. Comme je l'ai déjà mentionné, j'enseignais la psychologie au West Georgia State College à Carrollton. Bien que ce soit une université conservatrice située au cœur de la Bible Belt (Newt Gingrich1 y enseigna l'histoire, c'est tout dire !), son département de psychologie paraissait tout droit issu de Berkeley ou de toute autre université californienne « gauchiste » et contestataire. Plutôt que d'axer l'enseignement sur la psychologie classique – béhaviourisme, thérapie cognitive et autres types de thérapies qui peuvent être démontrées de manière empirique –, West Georgia s'était ouvert aux phénomènes paranormaux. Quand William Roll, directeur de la Psychical Research Foundation, entra au département dans les années 1980, il introduisit des cours sur les fantômes, les EMI, l'hypnose (devenue depuis classique) et la psychothérapie chamanique moderne.
Quand j'évoquai lors d'une réunion du corps professoral ma décision de disséquer le phénomène appelé « régression dans les vies antérieures », cela suscita l'approbation pleine et entière de mes collègues. Et quand je parlai de ce projet à mes étudiants, ils furent d'emblée ravis à la perspective d'être utilisés comme cobayes dans cette étude pionnière. Ils savaient que cela pouvait représenter une percée dans la compréhension de la réincarnation et de ses possibles utilisations thérapeutiques.
Je passai en revue mes classes et j'y sélectionnai cinquante étudiants qui étaient ouverts aux expériences nouvelles et avaient des horaires souples. Puis, comme je ne voulais pas me limiter à une population estudiantine, je fis savoir que j'avais besoin de sujets expérimentaux provenant de la population générale.
En tout, j'étudiai officiellement près de cent sujets.
D'abord je procédai à des régressions sous hypnose en groupe (composé de près de vingt sujets par séance). George Ritchie m'avait appris à pratiquer l'hypnose. Lui-même hypnotiseur depuis l'âge de douze ans, Ritchie m'inscrivit à un cours à l'International Association of Clinical Hypnosis2après m'avoir enseigné lui-même en privé l'art de l'hypnose. Le protocole consistait à hypnotiser le groupe pour voir si les résultats étaient plus probants que ceux obtenus avec des régressions individuelles. Les vies remémorées n'étaient pas aussi complètes ou pittoresques lors de ces séances en groupe que lors de régressions individuelles, sans doute parce qu'il était plus difficile de « se lâcher » en présence d'un groupe. Mais cette différence de résultat était totalement prévisible.
Au cours de ces séances de régressions en groupe, je découvris toutefois un phénomène extrasensoriel qui m'intrigua vraiment : à plusieurs reprises, des sujets placés d'un côté de la pièce revivaient la même vie antérieure qu'une personne placée de l'autre côté. Par exemple, quand une femme se décrivait comme une danseuse de ballet portant des collants bleus et dansant devant un public nombreux sur une scène brillamment éclairée, une autre femme à l'autre bout de la pièce décrivait quasiment la même expérience. Lors d'une séance, un jeune homme décrivit un crime dans lequel il avait été impliqué à New York au XIXe siècle, sur quoi un autre des participants se mit à suffoquer ; il s'avéra que le carnet où il avait consigné la description de sa régression qu'il allait nous lire contenait l'histoire d'un crime quasiment identique, qui s'était déroulé également à New York dans un lointain passé.
Ces liens d'ordre apparemment psychique ajoutèrent un autre élément au puzzle sans pour autant contribuer à en rendre la forme plus distincte. Ils l'élargirent simplement un peu plus.
La seconde phase des études comportait des régressions individuelles, et j'hypnotisai donc une seule personne à la fois dans mon bureau. Cette procédure facilitait généralement les choses pour mes sujets car ils ne sentaient pas la pression du groupe et ils n'avaient pas à craindre de dévoiler leurs émotions en public. Je faisais allonger le sujet sur le divan puis je l'amenais tranquillement vers un état de transe hypnotique.
Les séances individuelles donnaient la plupart du temps des bons résultats et elles étaient très révélatrices.
Par exemple, une femme que j'appellerai « Anne » souffrait depuis des années d'hypertension et de crises de panique. Elle suivait un traitement contre l'hypertension et surveillait attentivement son alimentation, mais continuait à avoir de la tension et de graves problèmes d'anxiété. Anne proposa sa candidature pour l'étude sur les régressions car elle savait que cela m'intéressait de découvrir si ce type de thérapie pouvait soigner efficacement des maladies.
Une fois hypnotisée, Anne se trouva dans une petite ville d'Égypte. Au moment où elle entra dans cette vie, ce devait sûrement être son dernier jour. D'après sa description, la ville était cernée par les hordes d'un agresseur inconnu. La majeure partie de l'armée défendant cette ville avait été tuée au combat, et maintenant la panique régnait tandis que les envahisseurs pénétraient pour massacrer les habitants. Après la séance, elle décrivit ce qu'elle avait vu.
« Cela tourna à l'horreur. Je voyais des gens courir tout autour de moi dans les rues tandis que les soldats nous poursuivaient pour nous attaquer à coups de sabre.
« Les soldats choisissaient soigneusement leurs premières victimes. Ils donnaient des coups de poing aux femmes pour les écarter et épargner leur vie. C'étaient les hommes qu'ils visaient en premier.
« Ils les frappaient de plusieurs coups, et leur sang coulait à flots dans les rues. Puis ils piétinaient leurs corps et cherchaient d'autres hommes. Il devint vite clair que seules les femmes seraient épargnées.
« Dans ces scènes, j'étais une jeune femme, et je ressentais une très intense pulsion de fuite. Mais c'était en vain. Tout autour de moi, la route était barrée. Je me retrouvais en train de courir avec d'autres femmes mais nous n'avions nulle part où aller. Nous ne faisions que piétiner sans but dans les rues. Partout où je me tournais, il semblait y avoir encore et toujours des soldats étrangers.
« Finalement, le cercle se referma sur les femmes. Les soldats nous extirpèrent une à une de ce groupe. Je fus l'une des premières saisies. Un soldat en colère me tira contre lui, et quand je résistai, il m'enfonça un couteau dans l'estomac et me laissa tomber au sol. »
Ce fut la dernière scène dont Anne se souvint.
En décrivant les événements survenus dans son esprit, elle respirait bruyamment et transpirait. Elle semblait suffoquer de peur, une peur intense. Mais l'expérience, « nettement plus qu'un rêve », avait déclenché chez elle une libération émotionnelle qui l'avait immensément soulagée et avait, comme il se révéla plus tard, joué le rôle de catharsis pour l'angoisse qui l'habitait.
Dans les semaines suivantes, Anne s'ouvrit et affronta ses peurs. Elle parla librement avec son patron, qui suscitait en elle beaucoup d'anxiété parce qu'il semblait n'être jamais satisfait de son travail. Elle se mit également à parler à son mari et lui fit part du problème que lui causait leur manque d'intimité.
Au fur et à mesure qu'elle s'ouvrait, sa tension descendit à un taux plus normal et ses crises d'anxiété disparurent complètement, ou presque.
Quelle interprétation fit-elle des événements de sa régression dans des vies antérieures ? Elle ne pensait pas que cela était vraiment arrivé. Elle avait plutôt l'impression que c'était son esprit qui avait généré cette expérience, symbolique du sentiment chez elle de ne pas pouvoir contrôler sa vie. Et qu'était devenu ce sentiment ? « Toutes les autres expériences ne sont rien comparées à la peur que j'ai ressentie en étant poursuivie puis tuée par les envahisseurs », me dit-elle. La régression dans les vies antérieures avait contribué à l'apaiser tout en lui donnant le courage de parler avec son entourage de questions qui avaient par le passé suscité en elle ce sentiment d'être sous pression.
Grâce à leurs régressions, l'état physique ou mental de nombre des sujets qui participaient à mes recherches s'améliorait. Et beaucoup d'entre eux concevaient des théories sur la raison de l'amélioration de leur santé ou sur la cause de leur maladie. Un certain nombre d'entre eux, à ma grande surprise, considéraient leur pathologie sous l'angle de la métaphysique. Ils étaient convaincus de la possibilité que nous choisissions notre maladie simplement pour savoir à quoi ressemblait l'expérience de souffrir de cette maladie-là, et pas d'une autre. D'autres sujets voyaient dans leurs régressions l'ultime relation corps-esprit. Selon eux, une vie antérieure pouvait être à l'origine d'une pathologie dans le corps. Grâce à une thérapie par la régression qui permettait la confrontation avec cette vie antérieure, la maladie était susceptible de s'atténuer, voire de disparaître.
En fait, une étude a montré que le recours à cette méthode était prometteur. Johannes Cladders, aux Pays-Bas, traita vingt-cinq patients souffrant de phobies sévères (des patients qui avaient déjà suivi une psychothérapie et dans certains cas avaient été hospitalisés). Sur ces vingt-cinq patients, vingt se débarrassèrent de leurs phobies grâce à la thérapie par la régression dans les vies antérieures.
Nombre des sujets de mon étude, sans être convaincus d'avoir plongé dans une vie antérieure, considéraient néanmoins qu'ils avaient vécu des expériences très intenses. Et puis, il y en avait beaucoup qui ne doutaient pas un instant d'avoir remonté dans le passé. Certains avaient même le sentiment d'avoir prouvé par leur expérience l'existence de vies antérieures.
L'une de ces personnes, qui ne participait pas à mon étude, était feu Ian Stevenson, un de mes collègues à l'université de Virginie. Il étudia plusieurs cas évoquant une réincarnation, essentiellement en Inde, où il est plus aisé de parler de vies antérieures du fait de la forte population d'hindous qui croient en la réincarnation. La recherche de Stevenson était extrêmement minutieuse : il mena un véritable travail de détective pour vérifier les témoignages, ce qui l'amena à sillonner tout le pays et à pénétrer dans de nombreux foyers de ses « cobayes ». L'une de ces histoires, particulièrement représentative de sa méthode de travail, était celle de Parmod Sharma, né en 1944 dans la famille d'un professeur de l'Uttar Pradesh. Comme l'écrivit Stevenson :
« À l'âge de deux ans et demi environ, il [Sharma] commença à dire à sa mère de ne pas cuisiner parce qu'il avait une femme à Moradabad qui savait cuisiner. Plus tard, entre trois et quatre ans, il commença à parler d'un commerce important de biscuits et d'eau gazeuse qu'il disait posséder à Moradabad. Il affirmait être un des “frères Mohan”, être bien nanti et posséder un autre magasin à Saharanpur. Il manifestait un intérêt extraordinaire pour ses biscuits et ses magasins [...]. Il racontait comment, dans sa vie précédente, il était tombé malade après avoir consommé trop de caillé et il disait qu'il était mort dans une baignoire. »
Stevenson interrogea l'enfant en Inde. Puis il parla à la famille et il apprit qu'ils ne connaissaient ni n'avaient parmi leurs amis personne du nom de « Mohan ». Stevenson découvrit ensuite l'existence d'un magasin de biscuits à Moradabad à l'enseigne des frères Mohan et fut informé que ces derniers possédaient un autre magasin de biscuits à Saharanpur. Il découvrit également l'existence d'un frère, Parmanand, qui était mort suite à une maladie gastro-intestinale. Était-il mort dans une baignoire ? demanda Stevenson.
« Le témoin de la famille Mehra déclara que Parmanand, souffrant d'une appendicite, avait tenté un traitement naturopathe sous forme de cure d'hydrothérapie. Il avait pris quelques bains les jours précédant son décès mais il ne mourut pas exactement dans une baignoire. Dans une lettre datée du 7 septembre 1949, Sri B. L. Sharma rapporta que Parmod avait dit que le fait d'être “mouillé d'eau” avait causé sa mort et que lui [Sri B. L. Sharma] avait appris (probablement par la famille Mehra) que Parmanand avait eu une séance d'hydrothérapie avant sa mort. »
Et ainsi de suite. Stevenson rechercha des dizaines de cas de réincarnation à travers le monde. Il adopta pour ce faire ce qu'un autre chercheur appela l'« approche directe de la question », en collectant ces histoires avec autant de soin que possible. Ses recherches restèrent en grande partie anecdotiques, mais elles ne se fondaient pas sur les propos de la personne qui avait vécu l'expérience. Il vérifia et revérifia, inlassablement, nous laissant un vaste ensemble de travaux méticuleux sur la question.
Puis je trouvai quelques récits qui paraissaient constituer une recherche en eux-mêmes.
L'un de ces cas était celui du Dr Paul Hansen, thérapeute du Colorado, qui me dit qu'on lui avait fait opérer une régression en 1981 et qu'il s'était retrouvé noble français du nom d'« Antoine Poirot ». Il savait qu'il vivait dans un domaine aux abords de Vichy. Sa femme s'appelait « Marie », et ils avaient deux enfants. Il comptait parmi les hommes les plus puissants de tout le centre de la France. Son château contrôlait de nombreux domaines exploités par des centaines de paysans.
« La scène la plus particulière de la régression fut celle dans laquelle je passais à cheval avec mon épouse dans des bois bien entretenus en direction du château, se rappelait Hansen. Elle portait une robe en velours rouge vif et montait en amazone. »
Non seulement Hansen se rappelait son nom, mais il avait aussi une date dans les années 1600 ancrée dans la tête. En disposant de la date et du nom, il fit des recherches dans les registres d'état civil conservés depuis des siècles et y trouva l'inscription de la naissance de Poirot déclarée par le curé de la paroisse.
Hansen ne se souvenait pas avoir jamais vu ni entendu ce nom avant sa régression. Il n'y avait pas non plus de raison pour que ce riche propriétaire terrien vivant dans la France des années 1600 figure dans les livres d'histoire européenne. Hansen eut le sentiment que cette expérience prouvait qu'il avait eu une vie antérieure.
J'en vins à considérer ces régressions de nombreuses manières. Je voyais parfois ces expériences de vies antérieures comme un moyen d'échapper à une existence quotidienne monotone ; à d'autres moments, je trouvais qu'elles représentaient un moyen fascinant conçu par le cerveau pour éviter la souffrance mentale en resituant un problème comme un fait survenu dans une vie antérieure. D'autres expériences me paraissaient être une forme d'inflation de l'ego ou un moyen d'expliquer ou d'éviter la dépression. Et puis certaines me faisaient pleinement croire en la réincarnation et en notre capacité de nous souvenir de vies antérieures.
Dans toutes ces recherches, une donnée statistique m'a sauté aux yeux. Elle figurait dans une étude menée par le Dr Helen Wambach, qui constatait que 90 % de toutes les personnes qui faisaient la démarche d'une régression sous hypnose arrivaient à se souvenir des événements d'une vie antérieure. Cela m'amena à me poser plusieurs questions : Comment la « vie antérieure » d'une personne peut-elle lui sembler aussi réelle que sa vie actuelle ? S'il ne s'agit que de vues de l'esprit, pourquoi donc n'ont-elles pas l'air de chimères ? Et pourquoi des informations historiques pertinentes surgissent-elles au milieu de ces expériences, confirmant ainsi leur plausibilité ?
Au bout du compte, j'étais incapable de répondre à aucune de ces questions, comme d'ailleurs personne parmi ceux qui ont effectué des recherches sur le sujet. Ces histoires ont beau être intéressantes, elles ne sont que cela, des histoires. Il n'existe pas de méthode empirique pour étudier les régressions vers des vies antérieures. Même si une bonne partie de ce que les personnes disent avoir vu au cours de leur régression peut se révéler exact au plan historique, les chercheurs ne peuvent en aucun cas confirmer que la proportion d'informations relatives à la régression n'ont pas été puisées par l'inconscient à des sources télévisées, livresques ou autres. Les études sur les régressions dans les vies antérieures ne sont en définitive qu'une collection d'histoires intéressantes et très déroutantes impossibles à prouver ou à nier.
1. Homme politique et conseiller politique américain ultraconservateur. (N.d.T.)
2. Fédération mondiale des sociétés d'hypnose. (N.d.T.)