Jeunesse
Dimanche494
Les calculs de côté, l’inévitable descente du ciel, la visite des souvenirs et la séance des rhythmes occupent la demeure, la tête et le monde de l’esprit.
— Un cheval détale sur le turf suburbain, et le long des cultures et des boisements495, percé par la peste carbonique. Une misérable femme de drame, quelque part dans le monde, soupire après des abandons improbables. Les desperadoes496 languissent après497 l’orage, l’ivresse et les blessures. De petits enfants étouffent des malédictions le long des rivières. —
Reprenons l’étude au bruit de l’œuvre dévorante qui se rassemble et remonte dans les masses.
Sonnet498
Homme de constitution ordinaire, la chair
n’était-elle pas un fruit pendu dans le verger499 ; — ô
journées enfantes500 ! — le corps un trésor à prodiguer ; — ô
aimer, le péril ou la force de Psyché501 ? La terre
avait des versants fertiles en princes et en artistes,
et la descendance et la race vous poussaient aux
crimes et aux deuils : le monde votre fortune et votre
péril. Mais à présent, ce labeur comblé ; toi, tes calculs,
— toi, tes impatiences — ne sont plus que votre danse et
votre voix502, non fixées et point forcées, quoique d’un double
événement d’invention et de succès +503 une raison,
— en l’humanité fraternelle et discrète par l’univers
sans images ; — la force et le droit réfléchissent la
danse et la voix à présent seulement appréciées.
Vingt ans504
Les voix instructives exilées…. L’ingénuité physique amèrement rassise…. — Adagio — Ah ! l’égoïsme infini de l’adolescence, l’optimisme studieux : que le monde était plein de fleurs cet été ! Les airs et les formes mourant…. — Un chœur, pour calmer l’impuissance et l’absence ! Un chœur de verres, de mélodies nocturnes…. En effet les nerfs vont vite chasser505.
Tu en es encore à la tentation d’Antoine507. L’ébat du zèle écourté, les tics d’orgueil puéril, l’affaissement et l’effroi.
Mais tu te mettras à ce travail : toutes les possibilités harmoniques et architecturales s’émouvront autour de ton siège. Des êtres parfaits, imprévus, s’offriront à tes expériences. Dans tes environs affluera rêveusement la curiosité d’anciennes foules et de luxes oisifs. Ta mémoire et tes sens ne seront que la nourriture de ton impulsion créatrice. Quant au monde, quand tu sortiras, que sera-t-il devenu ? En tout cas, rien des apparences actuelles.