Le cinquième voleur

Il était une fois un fort généreux rajah. Il quitta un jour ses somptueux vêtements, revêtit un costume élimé et sortit de son palais incognito. Il avisa un groupe de quatre voleurs, s’en approcha discrètement, écouta leurs propos. Ils complotaient justement un cambriolage dans le palais royal.

Sans l’air de rien, le rajah déguisé s’approcha d’eux et leur dit, l’air très intéressé :

– Je voudrais bien être des vôtres, participer à votre action.

Les voleurs, très étonnés, le soupçonnèrent d’être un donneur, à la solde des cipayes (gendarmes)*. Ils dirent :

– Mais qui donc es-tu, pour nous proposer ainsi de collaborer ?

– Eh ! c’est que je suis un voleur comme vous.

– Mais nous autres, voleurs, nous avons chacun notre spécialité. Or toi, que sais-tu faire ?

– Dites-moi d’abord quelles sont vos spécialités.

Le premier dit :

– Je suis astrologue. Je suis capable de choisir le meilleur moment, vraiment propice pour l’opération envisagée.

Le second dit :

– J’ai une vue exceptionnelle. Je peux voir sans être vu.

Le troisième dit :

– J’ai l’ouïe fine. Je comprends tout ce que disent les animaux.

Le quatrième dit :

– Je suis très costaud. Personne ne peut me battre ni m’attraper.

Alors le rajah dit :

– Moi, au cas où vous seriez arrêtés par les cipayes, à un seul signe de ma main, vous seriez libérés. Promis !

Et il les quitta.

Alors, la nuit venue, les voleurs pénétrèrent dans le palais. Un chien réveillé aboya. Celui qui comprenait le langage des bêtes chuchota :

– Zut ! un chien ! fuyons !

Mais voilà que les cipayes sautent sur les voleurs et les saisissent.

Le lendemain, les voleurs comparaissent devant le tribunal du rajah. Ils reconnaissent le rajah, qui présidait. Ils lui rappellent sa promesse.

Alors, le rajah, fidèle à sa promesse, les libère.

image