« Parfois, plus l’idée semble absurde, plus le succès rencontré est retentissant. »
MURIEL STERLING,
Savoir mêler les affaires et la joie de vivre :
Comment équilibrer avec succès les affaires et l’amour
17 heures à 19 h 30 : Parcours chocolaté, parrainé par la compagnie Sweet Dreams Chocolates
Les participants auront le loisir de savourer des boissons et desserts à base de chocolat conçus spécialement pour l’occasion, et recevront un cadeau offert par Sweet Dreams Chocolates.
Restaurants participants : Zelda’s, Schwangau, Der Spaniard, Italian Alps Pizza
20 heures : Salle des fêtes, cérémonie du couronnement de Monsieur Idéal, parrainée par Sweet Dreams Chocolates
8 heures : Randonnée guidée sur le sentier de la Disparue, parrainée par l’Alpiners Hiking Club
Tout en profitant d’une excursion en plein air, laissez-vous conter l’histoire de la Disparue.
9 heures à 11 heures : Petit déjeuner des amoureux, servi à la Breakfast Haus
10 heures à 15 heures : Fête dans les rues
Déambulez de stands de dégustation en stands d’artisanat et faites connaissance avec nos artistes locaux. Pensez à vous arrêter au stand Sweet Dreams pour y acquérir votre « kit de survie tout chocolat » et rencontrer Monsieur Idéal, qui nous fera l’honneur de sa présence de 10 heures à midi.
11 heures : La romance des fleurs, atelier proposé par la boutique Lupine Floral
Initiez-vous au langage des fleurs, découvrez des astuces pour prolonger la durée de vie de votre composition florale, et glissez votre nom dans une urne pour gagner un bouquet des amoureux.
13 heures : Visite de la fabrique Sweet Dreams Chocolates
Venez découvrir le savoir-faire de fabrication de nos fabuleux chocolats, et repartez avec votre photo souvenir en compagnie de Monsieur Idéal.
14 heures : Goûter au chocolat avec Monsieur Idéal à la Icicle Creek Lodge, parrainé par la Gingerbread Haus et Sweet Dreams Chocolates
Réservations par téléphone auprès de la Icicle Creek Lodge
17 heures : Dégustation vins et chocolat chez D’Vine Wines
Régalez vos papilles en goûtant les vins de dessert élaborés par nos caves de la région et les spécialités confectionnées par la chocolaterie locale Sweet Dreams.
18 h 30 : Dîner Sweet Dreams au Zelda’s, parrainé par Sweet Dreams Chocolates et le restaurant Zelda’s
Les billets sont à acheter à l’avance au Zelda’s. Les places étant limitées, il est conseillé de réserver rapidement !
20 heures : Bal masqué Sweet Dreams à la salle des fêtes, parrainé par Sweet Dreams Chocolates
Les billets sont en vente à la boutique Sweet Dreams ou à l’entrée.
10 heures à 14 heures : Chasse au trésor à travers la ville
Rendez visite à nos commerçants et profitez de réductions sur toutes sortes de trésors. Plusieurs enseignes abritent des lots de valeur qui seront attribués aux clients de manière aléatoire tout au long de la journée.
Lots à gagner :
Un dîner pour deux chez Ludwig’s. Une nuitée d’hébergement gratuite à la Icicle Creek Lodge. Une bouteille de riesling de chez D’Vine Wines. Une descente en canoë de la rivière Wenatchee gratuite avec le club Adventure Outfitters. Un bon pour une petite maison en pain d’épice expédiée partout dans la zone continentale des Etats-Unis, offert par la Gingerbread Haus. Une boule de neige de chez Kringle Mart (valeur estimée : cinquante dollars). Une boîte de chocolats signée Sweet Dreams Chocolates. Un chapeau offert par la boutique de chapeaux Mad Hatter Novelty Hat Company. Une carte-cadeau d’une valeur de cent dollars valable au Sleeping Lady Salon and Spa. Un chèque-cadeau de vingt-cinq dollars à valoir à la librairie Mountain Escape Bookstore.
Nous espérons vivement que vous apprécierez notre premier Festival annuel du chocolat !
* * *
Les préparatifs avançaient maintenant avec une rapidité étonnante.
Le comité en charge de la décoration, placé sous la direction du binôme Heinrich et Kevin, s’était surpassé : on avait accroché des suspensions débordant de fleurs artificielles dans les tons blanc et rose au-dessus des devantures des magasins, et habillé les arbres de guirlandes agrémentées de décorations lumineuses rouges et roses en forme de cœur. Les restaurants proposaient des menus « spécial amoureux » et les chefs de la ville s’étaient évertués à imaginer des recettes comportant les chocolats Sweet Dreams comme ingrédient vedette. Hormis la pharmacie Johnson’s Drugs, tous les commerces de la ville participaient à la chasse au trésor, qui emmènerait les visiteurs de boutique en boutique, à la recherche d’offres promotionnelles et de lots. Chez Lupine Floral, Heinrich et Kevin s’étaient lancés dans l’élaboration de compositions florales dédiées aux amoureux du chocolat, qui intégraient des douceurs Sweet Dreams, et seraient présentées dans la salle du bal du chocolat. Quant à Ed York, il proposait gracieusement une dégustation vin et chocolat le samedi en fin de journée, avant le dîner au chocolat prévu chez Zelda’s, qui affichait d’ores et déjà complet.
Afin de ne pas être en reste, les associations et organisations philanthropiques étaient entrées dans la danse. Ainsi, l’Alpiners Hiking Club organisait des randonnées le long du sentier de la Disparue. Le Rotary Club parrainait le petit déjeuner des amoureux à la Breakfast Haus, les recettes devant être reversées à la banque alimentaire. Les paroisses de la ville assuraient des services de taxi gratuits destinés à tout festivalier qui aurait consommé un peu trop de vin avec son chocolat. Et, pour finir, tous les artistes, clubs et associations de jeunes dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres allaient tenir des stands présentant leur activité, offrant ainsi aux visiteurs une extraordinaire palette de choix, qui irait des sculptures à la tronçonneuse aux biscuits baptisés « oreilles-d’éléphant ». Samantha était particulièrement séduite par le stand du Bavarian Brews. Toutes leurs boissons chaudes seraient couronnées d’un nuage de crème fouettée, lui-même rehaussé d’un chocolat Sweet Dreams.
L’engouement allait grandissant dans toute la ville, surtout en ce qui concernait le concours de Monsieur Idéal.
Lorsque Samantha vint faire un saut pour s’informer de l’évolution des préparatifs du goûter au chocolat, Olivia lui livra son pronostic :
— Je suis sûre que c’est mon Brandon qui va l’emporter.
Samantha lui demanda, se gardant bien de toute promesse :
— Allez-vous venir l’encourager ?
S’il n’en avait tenu qu’à elle, la candidature de Brandon n’aurait pas été autorisée. Pareille tentation s’agitant pile sous le nez de Bailey…
— Ah, ça, oui, je serai là, répondit Olivia du tac au tac.
Puis elle ajouta :
— Toutes les ANHo vont venir. Afin de soutenir votre mère.
Samantha ne put réprimer un sourire et les joues rebondies d’Olivia rosirent.
— Bon, et puis aussi pour admirer tous ces beaux garçons…
Samantha la taquina, faisant ainsi virer au magenta les joues de son aînée :
— Olivia, vous êtes une couguar.
Celle-ci reconnut, mi-gênée mi-amusée :
— Il existe deux choses dont les femmes ne perdent jamais le goût. Le chocolat en est une. Je suis certaine que vous devinerez la seconde.
— Oui, sans problème, répondit simplement Samantha.
Et elle dut admettre que ses sœurs avaient réussi un joli coup. En effet, si glauque qu’il pût paraître, ce concours de Monsieur Idéal constituait un succès, et un concept très rentable. Et plus elles auraient de sources de financement, mieux ce serait.
— Vous savez, poursuivit Olivia, tout le monde parle du concours. Mais aussi du festival dans son ensemble. Tout ça va être tellement amusant… Tout le monde va y participer.
Et dépenser de l’argent. Samantha sourit à l’idée d’être en mesure de franchir les portes de la banque, lundi, avec un bon gros chèque. Prends ça, Blake Preston !
* * *
— Trevor Brown veut venir jeter au coup d’œil au Festival du chocolat.
Voilà la nouvelle que Darren venait d’annoncer à Blake.
— Je lui ai dit que vous vous feriez un plaisir de l’accompagner y faire un tour et de l’emmener déjeuner.
Un plaisir ? Dans quel monde parallèle ? Blake rétorqua de manière abrupte :
— Je regrette, mais je crains de ne pouvoir vous aider. Je ne serai pas dans le coin samedi.
Il avait prévu d’aller se promener à la fête et d’acheter une tonne de friandises au stand de Sweet Dreams, mais pas dès maintenant.
Apparemment surpris, Darren marqua une pause avant de demander :
— Vous n’y serez pas ? Ce n’est pas très satisfaisant en termes de relations publiques.
— Ce n’est certainement pas très satisfaisant non plus, en termes de relations publiques, d’être vu avec l’homme qui veut s’accaparer l’entreprise de notre client, répliqua Blake, piqué au vif.
— Bon, maintenant, écoutez-moi bien, Preston…
Mais Blake l’interrompit aussitôt :
— Navré, Darren, mais vous êtes seul sur ce coup.
Se rendant à l’évidence, Darren demanda :
— Bon, et que suis-je supposé faire avec Brown ?
— Hé, le trajet est agréable, jusqu’ici, répondit Blake, savourant sa victoire. Et s’il vous vient l’envie de déjeuner à l’extérieur, essayez le Zelda’s. Leur entrecôte est délicieuse.
Darren proférait encore des menaces lorsque Blake raccrocha. Darren n’en mettrait toutefois aucune à exécution, et ils le savaient tous deux pertinemment : Blake s’acquittait à merveille de sa tâche ici, allant jusqu’à attirer de nouveaux clients des villes voisines. C’était un excellent directeur de banque. Mais il ne faisait pas un bon bouc émissaire et, après la visite désastreuse à la fabrique, il en avait assez de se laisser entraîner dans une stratégie moralement contestable. Bon sang, qu’il vienne ici avec son acolyte si ça lui chantait, et laisse Trevor Brown baver d’envie devant l’entreprise de Samantha et se goinfrer de saucisses à sa guise ! Il n’avait qu’à s’étouffer avec. Tel était le vœu que formait Blake.
* * *
Le vendredi, en fin d’après-midi, la ville était bondée de touristes, audacieux explorateurs flânant de boutique en boutique, faisant emplettes sur emplettes. Et ce soir-là, la salle des fêtes regorgeait de femmes de tous âges. La quantité d’œstrogènes ambiante aurait sans doute suffi à calciner une forêt entière, et l’air était assez saturé de parfum pour provoquer un choc allergique et envoyer quelqu’un aux urgences du nouveau centre hospitalier. Quant au niveau sonore, il rivalisait avec le brouhaha d’un congrès d’oies.
Tandis que les jurées prenaient place à la table qui leur était dévolue, Cassandra déclara à Samantha :
— Quand je te disais que tu tenais la recette du succès…
Tout en se demandant qui allait assurer le maintien de l’ordre, puisque la moitié des agents de police comptait au nombre des concurrents, Samantha répondit :
— Et moi, quand je te disais que nous courions à l’émeute…
De l’autre côté de la salle, Samantha repéra Tilda, la fille de Dot, élancée et impressionnante dans son uniforme, qui se tenait debout en retrait, les sourcils froncés.
A l’image de sa mère, Tilda était coriace comme une carapace de tortue. Personne ne lui cherchait des noises, et si elle vous arrêtait pour excès de vitesse, il ne servait à rien de négocier pour éviter l’amende. Cependant, même Tilda risquait de rencontrer des difficultés pour canaliser cette foule. Remontées à bloc grâce au chocolat et aux hormones, les spectatrices avaient bien l’intention de faire la fête. Les hommes auraient bien de la chance si ces dames ne venaient pas leur arracher leur chemise.
Mais, sur ce point, il n’y avait aucun souci à se faire : ils étaient en train d’enlever leur chemise de leur plein gré.
Le thème musical du concours, It’s Raining Men 1, se fit entendre et la foule se déchaîna. Bailey fit son apparition sur la scène vêtue d’un smoking blanc, trouvé dans une boutique de location de tenues de soirée, et juchée sur des escarpins de huit centimètres qui laissaient présager toutes les catastrophes du monde. Avec sa chevelure bouclée aux tons d’automne, elle ressemblait à Betty Boop.
La musique s’assourdit et elle se mit à parler dans son micro portatif :
— Bienvenue à toutes et à tous au premier concours de Monsieur Idéal organisé par Sweet Dreams. Est-ce que vous êtes prêtes à passer un bon moment ?
L’assistance répondit par une immense clameur. Samantha chercha des yeux l’endroit où s’étaient assises Cecily et leur mère. Celle-ci arborait son sourire de miss Bonnes Manières, à la fois distingué et légèrement ironique, même si Samantha soupçonnait qu’en son for intérieur elle avait envie de rentrer sous terre et se demandait comment elle s’était fait embarquer dans une telle ineptie. Cecily, quant à elle, semblait contente d’elle-même. Elle pouvait d’ailleurs se le permettre : cette manifestation allait remporter tous les suffrages et se révéler une manne financière appréciable.
De son côté, du haut de la scène, Bailey arrivait au terme de son discours :
— Entendu, alors. Je vous demande donc de réserver un accueil des plus chaleureux à vos hommes !
La musique retentit de nouveau et la troupe de beaux mâles musclés se mit à défiler sur la scène, certains manifestement plus à l’aise que d’autres. Sans surprise, Bill Will ne put résister à la tentation de marquer un arrêt pour prendre la pose de Monsieur Univers, ce qui arracha au public des couinements de délectation.
C’était franchement de mauvais goût. Samantha émit un soupir de résignation à l’idée de devoir supporter une soirée qui s’annonçait longue, très longue…
Or, la soirée se révéla plus distrayante qu’elle ne s’y était attendue. S’il n’y avait pas de concours de talents, Cecily et Bailey avaient conçu d’autres tests de nature à permettre aux hommes de montrer le meilleur d’eux-mêmes, dont une épreuve de traction à la corde qui se déroulait au niveau du couloir central, entre les sièges, ainsi qu’une épreuve de séduction pour « beaux parleurs » dans laquelle les candidats marquaient des points en fonction de l’originalité et de la sincérité de leurs propos.
Bill Will obtint un score élevé grâce à son sens de la formule : « Je viens d’avoir mon grand frisson de la journée : je vous ai vues. » Mais Joe Coyote ravit le cœur des jurées comme du public lorsqu’il expliqua : « Je ne suis pas très doué en matière de séduction ; par conséquent, je crois que je vais me contenter de vous répéter les paroles que j’ai dites à Lauren lors de notre première rencontre. “Je sais que tous les gars du coin aimeraient te garder pour de bon, mais voudrais-tu me donner ma chance et sortir avec moi ?” » A cette confession, toute la salle soupira d’émotion.
Pour conclure l’épreuve, chaque candidat devait expliquer pourquoi c’était lui qui devait être élu Monsieur Idéal.
A cette question ô combien importante, Brandon Wallace fit à Bailey une réponse qui ne manquait pas d’aplomb : « Parce qu’une fois que je t’aurai embrassée, il te sera impossible de rêver d’autre chose. »
Samantha n’apprécia guère la manière dont il fixa sa petite sœur du regard en disant ces mots. N’était-ce pas le moment pour Brandon, ce mordu de ski, de filer vers d’autres horizons ?
Cecily se pencha en soupirant :
— J’aurais dû désigner quelqu’un d’autre comme maîtresse de cérémonie.
Elle ne plaisantait pas : Bailey et Brandon avaient à peine un an de différence d’âge. Lorsqu’elle était gamine, elle en pinçait terriblement pour lui et elle lui avait offert sa précieuse collection de rock. Au lycée, elle lui avait offert sa virginité. Ensuite, il s’était attaqué à du plus gros gibier, mais le mal était déjà fait. Le cœur de Bailey était cadenassé et Brandon en détenait toujours la clé.
Samantha put voir sa sœur piquer un fard depuis sa place, dans le fond de la salle. Conservant son sang-froid, Bailey poursuivit :
— Il s’agit là d’une promesse assez présomptueuse. Es-tu certain de pouvoir l’honorer ?
Alors, il se rapprocha d’elle :
— Tu veux une démonstration ?
Immanquablement, l’assistance s’écria d’une seule voix :
— Oui, oui, oui !
Cherchant à s’écarter, Bailey répondit :
— Eh bien, je ne suis pas juge.
Mais dans sa précipitation, elle perdit l’équilibre. Une bouffée de satisfaction s’éleva de la foule quand il la rattrapa en lui soufflant :
— Glisse quelques mots en ma faveur.
Puis il l’inclina de façon théâtrale et déposa sur ses lèvres un baiser si torride qu’il aurait pu faire se liquéfier le contenu de toutes les petites boîtes roses que l’on avait distribuées à l’entrée. L’ensemble de l’assistance exprima de nouveau son extase, tandis que Samantha grommelait.
Une fois qu’il eut libéré Bailey de son étreinte, celle-ci demeura figée sur place, interdite, oubliant ses obligations de maîtresse de cérémonie.
Du reste, personne ne sembla le remarquer. En effet, la moitié des femmes présentes dans la salle étaient, elles aussi, interdites.
Embarrassée, la mère de Brandon finit par lâcher :
— Oh ! Seigneur…
Son intervention eut pour effet de briser le charme, et les femmes revinrent à la vie, dans un concert de gloussements et d’applaudissements.
Olivia ignorait certains détails de l’aventure de Bailey et Brandon (une bonne chose, au demeurant), mais elle en connaissait assez pour se sentir gênée. Ce qui n’était pas le cas de son déluré de fils. En fait, il ne montrait aucune hâte à partir. Il recouvrit de sa main le micro et se pencha pour murmurer quelque chose à l’oreille de Bailey.
Elle le regarda en fronçant les sourcils et prit ses distances, récupérant à la fois le micro et sa dignité. Puis elle se contenta, ensuite, de l’éconduire sans équivoque :
— Merci, Brandon. Et maintenant nous arrivons au dernier candidat : Joe Coyote.
Celui-ci monta sur scène en boitant, tandis que Lauren et sa bande l’accompagnaient de hourras et d’applaudissements. Même si un accident professionnel lui interdisait de travailler désormais dans le bâtiment, il avait conservé son physique d’ouvrier bien bâti. Un teint caramel et des cheveux noirs de jais venaient encore ajouter à son charme. De loin, on distinguait difficilement la cicatrice qui gâchait, sans l’oblitérer complètement, l’harmonie agréable de son visage.
Bailey l’accueillit en lui demandant :
— Alors, Joe, pourquoi devriez-vous devenir notre premier Monsieur Idéal ?
Joe répondit dans un haussement d’épaules :
— J’ignorais que je le devais.
Assise à trois rangées de là, Lauren lui lança :
— Si, tu le dois !
Et les amies de celle-ci applaudirent en chœur.
Bailey continua son interrogatoire :
— Si vous ne pensez pas devoir devenir notre premier Monsieur Idéal, pourquoi vous être inscrit ?
Certains des participants avaient été attirés par les récompenses, d’autres s’étaient inscrits par défi, d’autres encore, à l’instar de ce pauvre Joe, qui rappelait un cerf errant à l’intérieur d’un terrain de chasse, parce que leur petite amie les y avait habilement incités.
— Eh bien, c’est Lauren qui me l’a demandé… et je ferais n’importe quoi pour elle.
Joe avait répondu ces mots en portant son regard vers l’endroit où Lauren était assise.
Des soupirs attendris montèrent du public, auxquels succédèrent une salve d’applaudissements et, enfin, une ovation debout en l’honneur de Joe.
— Voilà notre Monsieur Idéal.
C’était évident.
Monsieur Idéal fut dûment couronné et ses deux dauphins, Enrico Vargas, l’un des plus beaux hommes d’Icicle Falls, et Brandon Wallace, le dingue de glisse, se virent offrir un mois de fréquentation gratuite du Bruisers Fitness Center… Plutôt cocasse, vu qu’ils en étaient déjà membres. Une fois le concours terminé, spectatrices et concurrents se mélangèrent avant de vider progressivement la salle pour poursuivre les réjouissances au Zelda’s ou à l’Italian Alps Pizza. Ou bien encore, pour beaucoup de couples, dans un lieu qui leur réserverait davantage d’intimité.
Enthousiaste, Cass félicita Samantha :
— J’aurais tendance à dire que cet événement est en passe de devenir une tradition annuelle !
Samantha approuva :
— Nous pourrions bien y réussir.
Si les autres manifestations rencontraient toutes autant de succès et suscitaient autant d’engouement, quelle femme comblée elle allait être !
Cass proposa à la cantonade :
— Quelqu’un est tenté par une pizza ?
— Moi ! Je meurs de faim, répliqua immédiatement Cecily.
Rien de nouveau sous le soleil, hein ? Samantha ne comprenait pas comment sa sœur parvenait à ne pas atteindre les quatre-vingt-dix kilos.
— Ça te dirait, une pizza ? demanda Cecily à sa mère.
— Non, pas vraiment. Allez-y, les filles, et amusez-vous bien.
Le sourire de leur mère semblait contraint, à présent. Comme tout cela devait paraître absurde, quand on venait d’affronter la mort de l’être aimé…
— Vous êtes sûre ? insista Cass.
— Oui, oui, répondit Muriel. On se voit plus tard.
Puis elle embrassa ses filles, étreignit Cass, passa discrètement devant les derniers participants à la soirée et franchit la sortie.
Les trois femmes, debout, la regardèrent partir.
— Ce qu’elle traverse est forcément très éprouvant, fit remarquer Cass d’un ton teinté de tristesse. Divorce ou décès, d’une manière ou d’une autre, on finit toujours seule.
Cecily se renfrogna :
— Pas toujours. Il ne faut pas se replier sur soi-même. J’ai un pressentiment.
Cass l’arrêta d’une main levée :
— Ah, non ! On m’a déjà parlé de tes pressentiments. Je passe mon tour, merci.
Cecily fit la moue et Samantha ne put s’empêcher d’émettre un léger rire :
— Tu te souviens ? Tu n’es plus dans le métier, à présent.
— Oui, répondit Cecily, et maintenant, je me souviens exactement pourquoi. Je vais chercher Bailey, ajouta-t-elle.
— Bonne idée.
Celle-ci était en pleine conversation avec deux femmes, mais Brandon Wallace fondait sur elle, tel un requin sur une paire de jambes ballantes dans l’eau. Samantha fut soulagée de voir Cecily emmener leur petite sœur ailleurs. A l’abri des dents de la mer. Pour le moment, en tout cas.
La pizzeria était déjà comble lorsqu’elles arrivèrent. Sollicitées par les arômes mêlés d’ail, d’origan et de sauce tomate qui enveloppaient Samantha, ses papilles gustatives se mirent à réclamer impérieusement satisfaction. Elle chercha à se distraire de cette envie irrépressible en balayant la salle des yeux pour voir qui se trouvait là. Elle salua de la main quelques personnes de sa connaissance en attendant de commander son repas, puis entreprit de se faufiler à travers les nombreux clients jusqu’à sa table. Ce n’est qu’à mi-chemin qu’elle réalisa qui étaient les occupants de la table voisine de la leur.
Ce n’est pas possible… Certes, Icicle Falls était une petite ville, mais tout de même, était-elle obligée de systématiquement se heurter à Blake partout où elle allait ?
1. Il pleut des hommes (NdT).