L’animal est un homme comme les autres
Le poète a toujours raison et personne, ô grand jamais, n’oserait en disconvenir. Moi, moins que tout autre.
Ni qui me plaindrai si parfois le poète ne fait pas que taquiner la muse et qu’à l’occasion il se lance dans une œuvre scientifique magistrale. Parmi tous les éthologues, les anthropologues aussi, c’est sans doute le sieur Jean de La Fontaine qui a le mieux décortiqué le zoo humain. En utilisant le modèle animal, comme n’importe quel chercheur de n’importe quel laboratoire du CNRS ou du NIH (National Institute of Health). À une nuance près cependant : lui, il trouvait à tous les coups, même si en ce qui le concernait, il ne se conformait guère aux lois de la nature.
La Fontaine et la paternité
Dans presque tout le règne animal, des oiseaux aux mammifères en passant par les reptiles ou les batraciens, les parents, mâles comme femelles ont une préoccupation essentielle : reconnaître leurs descendants de manière à être en mesure de les protéger. Par exemple, la dinde, peut-être pas le plus intellectuel des volatiles, identifie avec précision ses dindonneaux grâce à leurs cris. Il suffit de lui boucher les oreilles pour qu’elle les tue sans merci, les prenant pour des rongeurs. Jean de la
Fontaine quant à lui, devait être sacrément sourd, au point de s’être montré incapable de reconnaître son propre fils le jour où il le rencontra au détour d’un salon ! Certain dialogue père-fils a dû être hallucinant :
« – Bonjour jeune homme, quel est votre nom ?
– Charles de la Fontaine.
– Enchanté, je suis Jean de la Font… Oups ! »
(Version modernisée.)
Les chimpanzés mâles sont trop proches des hommes pour que nous rappelions qu’eux aussi, parfois, tuent les bébés quand ils ne sont pas d’eux… mais à part les ours bruns et les lions qui dévorent leurs petits de manière à provoquer une ovulation chez leur mère et donc à les rendre réceptives à leurs ardeurs et à part aussi certaines espèces de crocodiles et de poissons, peu de pères se montrent capables de ce type de bévue, à une nuance près : le poète, à ma connaissance, n’a pas cherché à croquer son rejeton !
La Fontaine l’observateur des salons
C’est loin, très loin, bien au-delà de sa progéniture que se situait le dessein du fabuliste et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il était des plus ambitieux. Un projet à la hauteur de ceux de La Bruyère et ses
Caractères, La Rochefoucauld et ses
Maximes ou Montaigne et ses
Essais. La forme en était radicalement différente : décrire l’homme dans tous ses états, tous ses sentiments, ses aspirations, ses forces comme ses faiblesses grâce à des fables en forme de clichés, quel que soit le sens que l’on donne à ce mot. Des clichés revisités par son génie. Au lieu d’ouvrir vers des théories simplistes de l’humain, La Fontaine se tourne vers le monde animal comme référent de substitution, mi-vrai mi-fantaisiste, pour penser un monde désacralisé où c’est la nature qui commande. Un monde sans Dieu, ni Loi, sans Bible, ni Talmud, ni Évangiles, ni Coran,
un univers où tout n’est que problème, questionnements, errances. Où rien n’a été résolu par la Révélation d’un texte, fût-il sacré. Là où d’autres vont créer d’infernaux ou de paradisiaques destins posthumes à l’humanité, La Fontaine a l’intelligence prodigieuse de se tourner vers une animalité un peu nature et beaucoup société, où fleurissent des passions, de la communication, de l’émotion, où ça vibre, ça pulse, bien au-delà du fossé des espèces et même du symbolique.
Les saynètes, mi-contes à dormir debout, mi-vérités étho ou anthropologiques, sont destinées à mettre en scène les traits dominants de nos frères dits inférieurs afin de les mieux extrapoler à l’homme. À la vérité, La Fontaine, héritier d’Ésope, se contrefichait de la plausibilité de ses descriptions et se contentait de suivre la tradition médiévale, par exemple le
Roman de Renart. Peu au fait de la chose biologique, des animaux et des plantes, ce drôle de « maître particulier triennal des eaux et des forêts » ne perdait pas de temps à arpenter les domaines dont il avait officiellement la charge. D’ailleurs, il le déclare lui-même
1 : « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes. » Pourtant, il savait sans nul doute que le lion et le moucheron ne dialoguaient pas ensemble, pas plus que le corbeau et le renard ou la cigale et la fourmi. Quant au chêne et au roseau, à la mort et au bûcheron…
Pour La Fontaine, il n’y a pas de fumée sans feu et le choix des animaux repose sur leur réputation, pas sur leur comportement réel : le renard est rusé, le lion est féroce comme le loup, l’agneau est tendre, la fourmi est égoïste, la cigale est inconséquente, Perrette est une cruche… Mais au fond, l’éthologie moderne s’écarte-t-elle vraiment de cette idée ? Les documentaires animaliers de Planète, Ushuaia ou National Geographic attribuant des prénoms aux animaux filmés et des sentiments humains de tristesse aux lémuriens, d’arrogance aux singes vervets ou de féminisme aux babouines géladas ne se situent-ils pas précisément dans cette tradition qui remonte à Ésope ?
D’ailleurs, dans l’esprit de La Fontaine, les hommes et les bêtes sont tellement identifiés qu’il ne fait aucune différence entre le lion amoureux et sa fiancée. Il n’est en réalité intéressé que par l’homme et pour lui, les animaux ne sont que de simples prétextes qui lui permettent de rester à peu près dans le politiquement correct. Fustiger le (roi) lion pour éviter d’attaquer le roi (Soleil).
La Fontaine et la science
Pourtant, au fil des pages, il suffit d’être un peu teinté d’éthologie, pour réaliser que, probablement sans le savoir, le poète a réellement accompli une œuvre scientifique, mais peut-être pas celle qu’il pensait. On ne peut pas dire qu’il s’agisse vraiment d’éthologie, non, mais plutôt d’anthropoésie : tout ce que le poète décrit chez ses héros à deux ou quatre pattes, les comportements de séduction, d’avarice, d’homosexualité, les manières d’aimer, de manger, de vieillir, de mourir, existent bel et bien chez l’animal comme elles existent dans les sociétés traditionnelles aussi bien que dans les nôtres. En d’autres termes, pardon pour le lieu commun, nous, les hommes, n’avons encore une fois rien inventé.
Du coup, avec un peu d’imagination, en partant des animaux de La Fontaine, on peut réécrire l’histoire naturelle de l’homme… mais pas tellement vice versa !
Si l’humain est un être de nature et de culture, force est de constater que chez lui, comme chez tant d’autres animaux, la seconde prend souvent le pas sur la première. La corneille anglaise ne comprend rien à l’accent de ses congénères françaises et l’orque sédentaire ne communique pas avec l’orque nomade. Certaines tribus de chimpanzés fabriquent et utilisent des outils que d’autres groupes ignorent. Quelques clans de singes japonais se baignent dans les eaux chaudes, lavent leurs aliments, d’autres pas. Ce sont pourtant rigoureusement les mêmes espèces sur le plan génétique. Le fait
est qu’elles ont créé des comportements, des outils adaptés qu’elles se transmettent au fil des générations. La Fontaine ne le savait pas et peu lui chalait.
La Fontaine et la religion
On pourrait se dire que le poète est tellement pris par sa recherche scientifique qu’il en a oublié Dieu ! Héritier de toute une tradition qui puise ses sources dans le joyeux paganisme des Grecs (le grand Pan), les divinités de la Fontaine sont pétries de pensée hellénistique car, chose rare à son époque, le Père éternel des chrétiens est complètement absent de son œuvre. On ne voit d’ailleurs pas bien ce qu’il serait venu y faire, le pauvre !
À l’image de son inspirateur, Ésope, notre poète n’avait en apparence d’autre but avec ses fabliaux moraux que de faire des bons mots, en tirer des morales, donner des conseils, en un mot faire son job de courtisan. En apparence, ai-je dit ! Il ne s’agissait en aucun cas de composer des psaumes, d’autres comme David, s’y étaient essayés avant lui et avec talent. Et puisque le poète grec avait réussi dans sa carrière de séducteur malgré ses difformités physiques, pourquoi le charmant La Fontaine n’y serait-il pas parvenu ? Mais quitte à fâcher certains hellénistes distingués, il me semble évident que Jean de La Fontaine a surclassé et de loin son inspirateur Ésope. Tout au moins sur le fond, car sur la forme, je ne puis juger que les traductions, trahisons par essence.
En tout cas, La Fontaine n’appartenait en aucun cas au parti des veaux ! Les princes, les duchesses, les marquises représentaient une source potentielle de revenus nettement plus tangible que l’Église et en l’occurrence, notre fabuliste s’est finalement montré capable d’un grand pragmatisme. Pourtant, comme pour me contredire, ce drôle de panthéiste à la fois athée et religieux a souvent porté le cilice sous son pourpoint de soie et a fini sa vie confit en dévotion. Ah, il n’était pas simple l’animal !
La Fontaine le courtisan
Comme son modèle antique et comme tous les artistes de son époque, Jean de la Fontaine a été un poète de cour, d’abord celle de Fouquet puis successivement des duchesses de Bouillon et d’Orléans. En revanche, il n’appartint jamais, malgré certaines tentatives maladroites, à la cour du roi Soleil. Le psychiatre que je suis ne peut s’empêcher de penser qu’il eut ce que l’on appelle dans notre jargon des conduites d’échec tant il abominait ce souverain qui avait incarcéré à vie son protecteur et grand ami, Nicolas Fouquet. Du coup, chaque fois qu’il a été sur le point d’aboutir au pardon et à la faveur royale, il a trouvé moyen de publier un texte en forme de gaffe. Un conte bien leste par exemple, histoire de bien agacer la très bigote madame de Maintenon, épouse morganatique du roi.
Comme Ésope, La Fontaine est un bon observateur de la nature, je veux dire de la nature humaine. Cet avocat de formation avait la jouissance de la charge de « maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry », fonction qui ne lui pesa guère et dont il ne semble pas s’être occupé avec passion, préférant de loin observer la faune biodiversifiée des salons décadents et libertins à celle des bois et taillis. Quitte à extrapoler.
Pour Jean de la Fontaine, la référence à des situations impliquant des animaux sert de révélateur ou de contre-révélateur (selon que les animaux sont décrits comme moins, autant ou plus sages que les hommes) des motivations profondes des conduites humaines, des qualités et travers de ses contemporains, en un mot de la nature de l’homme. Aux antipodes de son contemporain René Descartes et de ses animaux-machines, mais proche de Montaigne ou de Walt Disney et de leur défense et illustration de la pensée animale, Jean de la Fontaine non seulement ne les distingue à aucun moment de l’homme soi-disant seul détenteur du libre arbitre, mais il
ne semble pas non plus penser que l’organique se différencie vraiment du psychique. Le corps de l’esprit. Ses textes sur le vieillissement, l’amour, la mort le montrent à l’envi. En ce sens, il est plus oriental qu’occidental.
La Fontaine le panthéiste
Elle n’était pas bien loin l’époque où les bêtes passaient en jugement, étaient condamnées et exécutées en public, pour l’exemple, sous les yeux de leurs congénères. Elles pouvaient même être solennellement excommuniées comme le furent les sangsues du lac Léman. Du coup, le renard et la cigogne, prédateur et proie discutent à égalité, tandis que la mort et le bûcheron dialoguent sous forme de brèves de comptoir… ou presque. En ce sens, notre poète est l’héritier direct du Roman de Renart et de la conception médiévale des animaux. N’oublions pas que l’Église attribuait une âme animale aux bêtes que François d’Assise considérait comme ses frères et sœurs. N’avaient-elles pas comme nous été créées par Dieu et donc peu ou prou à son image ?
La Fontaine le moraliste
Le Poète sévit en des temps à la fois précieux et ridicules où l’homme se dissimule de plus en plus derrière des tentures de brocard et des décors rituels, qu’ils soient de Cour ou d’Église. Le faste et le luxe règnent en maîtres dans l’univers où il a choisi d’évoluer. Le roi Soleil et son étiquette, les prélats et leur encens, les seigneurs et leurs perruques jettent un manteau à la fois opaque et somptueux sur l’humain naturel. L’homme sauvage du Moyen Âge est loin déjà et semble oublié. Le « Nègre d’Afrique » est devenu une curiosité et « le bon Sauvage » n’existe pas encore. Nombre de moralistes, comme La Rochefoucauld, Saint-Simon, Pascal, dénoncèrent avec génie cet obscurcissement, cette occultation de la lisibilité de l’humain. Plus tard, Jean-Jacques Rousseau et peut-être Cioran, voire San Antonio s’y essaieront avec d’autres outils.
Plus tard et dans le même esprit, les Lettres persanes eurent pour projet de s’extraire du point de vue européen, chrétien, pour décrire l’Homo europeanus avec un regard étranger, donc si possible un peu moins aliéné. Dans leur continuité, la méthode de l’éthologiste, comme celle de l’anthropologue, se fonde sur l’idée forcément utopique de s’extraire de son contexte propre pour observer avec les yeux d’un habitant de Sirius (pour peu qu’ils aient des yeux !). Pourtant, de plus en plus de chercheurs modernes admettent les vertus de l’empathie et de l’identification avec leurs sujets d’étude qui de toutes les manières seront forcément modifiés dans leur comportement par l’observateur. Que l’on s’appelle Diane Fossey ou Jean Malaurie, on ne peut pas observer pendant si longtemps des gorilles ou des Inuits sans éprouver certains sentiments qu’eux-mêmes éprouveront en retour… pourquoi alors ne pas les utiliser au mieux comme des outils de connaissance ? Lévi-Strauss avec ses Indiens ne procéda guère autrement. Quant à Konrad Lorenz, il éprouvait une incroyable tendresse pour ses oies, ce qui ne l’a pas empêché de décrocher son prix Nobel !
L’originalité du fabuliste est de décrire l’humain, non pas en direct, à partir de l’humain, mais de le cerner à travers la métaphore animale, fondant dès lors une sorte d’éthologie comparée. Il faut sortir de l’humain et du regard anthropocentré pour atteindre le vrai de l’homme, d’une manière non pas définitive mais kaléidoscopique. Le résultat est redoutablement efficace en termes de communication. Pour s’en convaincre, il n’est que de penser aux générations de bons élèves mais aussi de cancres capables de citer le corbeau et le renard, la cigale et la fourmi, le lièvre et la tortue et tant d’autres encore…
On peut en revanche être un peu plus réservé quant à la teneur de ses morales qui le plus souvent prêchent la résignation : contente-toi de ce que tu as, ne poète pas plus haut que ton luth, ne sois pas aventureux, bref conseillent que chacun reste à la place que le destin lui a attribuée. Chacun a la ringardise qu’il peut.
Moins révolutionnaire, plus réac que La Fontaine, tu meurs !
La Fontaine le scénariste
Chacune des fables est une dramaturgie qui traite une caractéristique humaine, le plus souvent une discordance, des contradictions, une aporie pour fournir des éléments de solution via la mise en scène animalière. « Le loup et l’agneau », avec un seigneur bête et méchant et un sujet victime intelligent en est le parfait exemple. Jean de la Fontaine clairement identifié à l’agneau construit sa mise en scène selon un procédé qui lui permet de dire les choses de manière directe, parce qu’il les prête à des bêtes et de les dire plus violemment qu’il n’oserait le faire à propos des humains, notamment lorsqu’il s’agit des fables sur le pouvoir, où il n’aurait été ni de bon ton, ni très prudent de s’en prendre directement au Roy ou même au Juge. Le procédé permet aussi de dire les choses de manière plus plaisante, frappante et facile à retenir. Plus didactique en un mot.
Il s’agit donc de faire œuvre pédagogique à propos d’un trait humain en utilisant un soi disant comportement animal. Ce qui revient à dire que Jean de la Fontaine choisit ses animaux en fonction de son appréhension culturelle et naturaliste des mœurs animales choisies pour référence. En conséquence, ses choix n’apparaissent pas comme totalement arbitraires tant ils sont populaires. En ce sens, sa démarche se superpose parfaitement à celle d’un Boris Cyrulnik assumant une part d’anthropomorphisme quand il prend comme exemple les modèles d’attachement chez le bébé singe pour les extrapoler au petit d’homme.
La Fontaine le génie
N’étant pas critique littéraire, il ne m’appartient pas de disséquer les fables pour montrer leur excellence. En revanche, en tant que lecteur lambda, il me plaît comme tout un chacun d’en savourer les vers. Outre la forme, il convient aussi de réfléchir à ce que pouvait être le véritable projet du poète. Homme des salons, milieu raffiné, ridicule et décadent, La Fontaine était sans doute sans illusion à propos de ses congé
nères. Il aurait pu sombrer dans un désespoir ombrageux et cynique à la Saint-Simon, se retirer ombrageux Vigny en sa tour d’ivoire, se suicider, que sais-je ?
Il a choisi d’être génial.
La Fontaine champion de l’oxymore
C’est en parlant des animaux que ce complexe gentilhomme prit le parti de l’humain. Nul besoin de faire appel à la divinité et à son clergé quand on est corbeau, renard, fourmi ou lion. Ou alors on dialogue en direct avec Jupin
2 ! Mais quand on est tout moucheron ou roseau, on peut disserter de la mort, du vieillissement, de l’amour, de l’argent, de l’hiver, de la vie en un mot. Avec un scepticisme souriant, une misanthropie sociale, un optimisme du désespoir.
Fabuleux fabuliste
Il reste néanmoins, et c’est le projet essentiel de cet ouvrage, de montrer que le choix scientifique de Jean de la Fontaine est pertinent, et même scientifiquement pertinent d’un point de vue didactique, même si le bon poète n’y connaissait rien en matière d’animaux ou de tribus. Quand la cigale et la fourmi dialoguent, il est exact que l’une survivra à l’hiver grâce à son sens de l’économie… et pas l’autre. L’une est adaptée au froid, l’autre pas. Les deux espèces survivent néanmoins, pour le plus grand bonheur de nos oreilles en Provence. Il est inexact en revanche de prétendre que la cigale cherche à se nourrir de vermisseaux, elle la végétalienne par nature ! S’il est vrai que les pigeons vivent en couple, ils sont rarement homosexuels dans la nature. Il est encore plus faux de décrire un vautour, charognard par vocation, s’attaquant à un tourtereau.
Chacune des fables a été choisie en fonction des circonstances majeures de la vie humaine retravaillée par le poète au gré de chaque récit. Tâchant d’en tirer plus ou moins arbitrairement un mot-clef pour chacun des textes comme
par exemple : le mensonge, père de la flagornerie pour « Le corbeau et le renard » ou l’obésité pour « La grenouille qui voulait être aussi grosse que le bœuf », l’homosexualité pour « Les deux pigeons », le projet consiste à tenter d’en inférer des sortes de lois générales avant de s’apercevoir que ces lois le plus souvent s’appliquent aussi bien à l’humain qu’à l’animal. Il est là le génie de La Fontaine, ce non-éthologue, non-ethnologue qui fait la nique à tous les experts avec son sens de la formule qui frappe et qui dit vrai !
De la construction de l’être humain à sa mort en passant par l’amour et le vieillissement, il s’agira in fine de traquer la construction de la « morale de l’histoire », laquelle n’ayant d’ailleurs le plus souvent rien à voir avec la morale.
Envoi
Avant d’entreprendre ce voyage au pays de la fontaine enchantée, j’en appelle aux mânes du grand Jean.
Qu’elles m’aident à tenir la plume d’oie informatique et me guident sans faiblir jusqu’au terme de cette fabuleuse entreprise !