PRÉFACE À LA QUATRIÈME ÉDITION

Cinq ans se sont écoulés depuis la troisième édition de ce livre, cinq ans durant lesquels Scherbius s’est encore ingénié à déjouer les pronostics et à mettre les rieurs de son côté.

Nombreux sont les lecteurs qui s’étonnent de ma patience, voire de ma mansuétude, à l’égard d’un filou qui n’a de cesse de me tourner en ridicule, quand il ne retourne pas carrément mes poches. Mais la colère est un luxe interdit au médecin. Scherbius est, à mes yeux, un malade, un être imparfait tyrannisé par ses instincts, dont il m’appartient d’élucider le mystère et, au minimum, de soulager les souffrances. Je réprouve son comportement, mais je ne le déteste point. Le voir croupir en prison ne m’apporterait aucune satisfaction1.

Et pourtant, l’animal met ma magnanimité à rude épreuve. En 1988, il a profité de la confusion causée par la mort de mon fils pour substituer aux dernières pages de la troisième édition un texte de sa composition. Le temps que nous nous apercevions de la supercherie, des milliers d’exemplaires avaient atteint les librairies. Cinq à six cents seraient encore en circulation. J’implore leurs propriétaires de les retourner, toutes affaires cessantes, aux Éditions du Sens2.

Que mes lecteurs se rassurent cependant : c’est bien moi qui ai écrit le livre que vous tenez entre les mains !


1. Récupérer l’argent qu’il m’a volé me suffirait.

2. Ils recevront en échange l’ouvrage original, dédicacé par mes soins.