Exercice 1 : définition du vivant biologique
Relevez dans le texte ci-dessous ce qui appartient au vivant et ce qui appartient au non-vivant.
Par un jour ensoleillé de printemps, Anouk se promène dans un champ d’herbes folles. La jeune fille croise un troupeau de vaches sorties de leur étable toute proche. Après les avoir saluées, Anouk s’éloigne et part ramasser quelques fleurs sauvages qu’elle mettra dans un vase dès qu’elle sera revenue chez elle. Pour se servir, Anouk fait danser ses mains dans les airs afin d’écarter les abeilles qui se nourrissent dans le parterre où elle a choisi de faire sa récolte. Son bouquet réuni, elle marche ensuite jusqu’à un petit ruisseau devant lequel elle décide de s’arrêter pour respirer l’instant. Une grosse pierre semblait l’attendre : elle fera office de tabouret. Elle reste assise de longues minutes, à observer sur la terre les fourmis qui contournent ses pieds. Puis elle se met à penser aux êtres chers qui se sont évaporés, en s’interrogeant sur le temps qui coule comme cette eau qu’elle fixe des yeux. Soudain de fines gouttes lui picorent le visage. En levant les yeux, elle voit les nuages qui se sont invités : la pluie arrive.
Solution :
Vivant : Anouk, herbes, vaches, fleurs, abeilles, fourmis.
Non-vivant : jour, étable, vase, air, ruisseau, pierre, terre, eau, gouttes, nuages, pluie.
Vivant et non-vivant : les êtres chers qui se sont évaporés.
Un humain est vivant. Une vache est vivante, une abeille est vivante, la fleur qu’elle butine est vivante mais le rocher n’est pas vivant, pas plus que l’eau ou l’humus, même si l’on peut synecdochiquement soutenir le contraire au sujet de ces deux derniers éléments, compte tenu de la vie qu’ils abritent. De la même manière, il est intellectuellement admissible de considérer la Terre comme un superorganisme vivant. Tel est le fondement des diverses théories Gaia, comme celle de James Lovelock. Un point de vue toutefois remis en cause par le biologiste Richard Dawkins, qui considère qu’un être vivant se définit entre autres en fonction d’une opposition à un milieu extérieur constitué de proies et de prédateurs, lequel fait évoluer l’organisme en question, ce qui n’est manifestement pas le cas de notre planète sauf à considérer que l’espace, avec son absence d’atmosphère, constitue cette hostilité. On peut encore objecter que la conception de la planète Terre comme organisme vivant provient d’une confusion sémantique entre écosystème et organisme. Les humains, par exemple, sont à la fois organismes et écosystèmes. De toute évidence, la planète est un gigantesque écosystème, qui repose sur l’assemblage d’une multitude d’écosystèmes de moindre taille. Il a même un nom : la biosphère. Mais cela en fait-il pour autant un organisme ?
Un organisme vivant, au sens biologique du terme, est défini comme un organisme qui se développe, se maintient et se reproduit. Un être vivant, contrairement à un objet inanimé, crée lui-même sa substance en puisant son énergie dans son milieu. L’être vivant possède donc un métabolisme, soit une capacité à se maintenir en vie en se nourrissant, en respirant, en échangeant de l’énergie. L’être vivant est autonome, ce qui implique que les transformations de cet organisme sont dues à son patrimoine génétique, et non à une intervention extérieure. Le sable siliceux ne devient verre que parce qu’il est chauffé par l’homme dans un four à 4 300 degrés Celsius, avec des additifs. En revanche un embryon humain, une chenille de papillon ou un bulbe de tulipe possèdent un programme interne qui va leur permettre de se transformer puis de grandir, et qui va aussi provoquer leur vieillissement.
La science chargée de nous dire ce qu’est le vivant s’appelle la biologie (en grec, ẞιοϛ signifie « vie » et λοϒος, « science »). Elle comprend aujourd’hui énormément de disciplines telles que l’anatomie, l’embryologie, la psychologie, la physiologie, la botanique, la zoologie, l’anthropologie, la génétique, la microbiologie, l’écologie, l’éthologie, la sociologie et l’ensemble des sciences humaines et sociales, les mathématiques ou encore les neurosciences1.
On est loin aujourd’hui de la conception aristotélicienne du vivant. Au IVe siècle avant J.-C., Aristote distinguait les êtres inanimés et les êtres animés en prêtant une ou plusieurs âmes à ces derniers. Le philosophe distinguait une âme végétative, une âme sensitive et une âme intellective. Il imaginait que les plantes possèdent seulement l’âme végétative, qui assure la nutrition et la reproduction ; que les animaux non humains possèdent quant à eux l’âme végétative ainsi que l’âme sensitive qui permet de ressentir le monde extérieur et de se mouvoir ; et que les humains possèdent non seulement l’âme végétative et l’âme sensitive, mais aussi l’âme intellective qui permet la réflexion. Aristote avait identifié le principe dynamique interne à toute forme de vivant qui consiste à se nourrir, à se développer et à mourir mais pour le reste, il était assez loin de la réalité. Après le développement de la microbiologie et la découverte du monde microscopique, sous l’impulsion de Louis Pasteur, l’apparition de la biologie moléculaire à partir des années 1950-1960 a révolutionné notre vision du vivant notamment en raison de la découverte de l’ADN et du décryptage généralisé du génome. Malgré (ou grâce à) ces incroyables avancées récentes, le vivant reste un domaine dont nous sommes loin d’avoir terminé l’exploration et la compréhension. Rendez-vous compte : on recense sur Terre aujourd’hui 270 000 espèces végétales et 1,5 million d’espèces animales. Mais on découvre chaque année 15 000 nouvelles espèces et une étude scientifique récente estime que la planète en abrite en réalité près de 9 millions. Des estimations antérieures évoquaient le double, voire même 100 millions d’espèces.
Encore faut-il que les scientifiques soient d’accord sur le fait que telle population représente bien une espèce distincte, ce qui n’est pas toujours évident à déterminer. Généralement, trois critères principaux sont retenus pour juger de l’appartenance d’un individu à une espèce : la morphologie, l’interfécondité et la génétique. Il est ainsi entendu que, pour que deux individus appartiennent à la même espèce, il faut qu’ils se ressemblent, qu’ils puissent se reproduire ensemble et qu’ils engendrent une descendance féconde. Mais ces critères ne fonctionnent pas pour les microbes, dont les espèces sont établies en fonction de similitudes génétiques. La gêne, ici, est intéressante à noter car on s’aperçoit que si nous déterminions les espèces animales de la même manière que les espèces microbiennes, presque tous les mammifères appartiendraient à la même espèce2.
Le biologiste Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, explique l’embarras autour du concept d’ « espèce ». Selon lui, ce terme est communément mal usité et, surtout, il est en réalité très flou : « Les gens vont dire qu’il y a plusieurs espèces de pommier alors que les pommiers appartiennent tous à la même espèce. Mais il y a différentes variétés ou différentes races de pommier. Les gens vont parler de la grenouille comme d’une espèce alors qu’il y a des centaines d’espèces de grenouilles. […] Il n’y a pas de vrais critères pour savoir ce qu’est une espèce. On aimerait bien que les espèces ne puissent pas se croiser entre elles mais en réalité très souvent elles le peuvent, chez les plantes, c’est très courant, et maintenant on a constaté que même les lions et le tigres peuvent se croiser entre eux et que leurs descendants sont fertiles […] [l’espèce], c’est un peu abstrait. Sincèrement je pense qu’on ne devrait pas se focaliser sur l’espèce [pour décrire] la biodiversité3 ».
S’il faut donc rester prudent dans l’utilisation de ce mot, il n’en demeure pas moins vrai que l’espèce est le taxon de base4 de la hiérarchie taxonomique classique du vivant qui s’établit ainsi :
Monde vivant → domaine → règne → embranchement → classe → ordre → famille → genre → espèce.