Exercice 2 : la classification du vivant
Vous savez que vous êtes un être humain. Mais que connaissez-vous de plus de votre identité biologique ? Veuillez compléter ce tableau en indiquant le nom des différents taxons auxquels vous appartenez (pour vous aider une réponse est fournie) :
Domaine :
Règne :
Embranchement :
Classe :
Ordre :
Famille :
Genre : Homo.
Espèce :
Solution :
Domaine : eucaryote. Règne : animal. Embranchement : chordé. Classe : mammifère. Ordre : primate. Famille : hominidé. Genre : Homo. Espèce : Homo sapiens.
Sauriez-vous vous définir au sein de la famille du vivant ? Si l’on vous pose cette question, vous répondrez que vous êtes, au choix, un homme ou une femme, et donc un humain ou une humaine. Certains d’entre vous accepteront de reconnaître qu’ils sont des animaux, en l’occurrence des vertébrés. Mais encore ? Auriez-vous l’intuition de répondre que vous êtes un eucaryote, un tétrapode, un amniote, un mammifère, un hominoïde, un hominidé et un homininé ? Et pourtant, c’est la stricte vérité. Sans connaître notre carte d’identité, et sans l’assumer, on ne peut comprendre notre lien profond avec l’ensemble des espèces vivantes ni nos devoirs à leur égard.
La classification classique du vivant, que l’on doit essentiellement au naturaliste suédois Carl von Linné au XVIIIe siècle, est aujourd’hui dépassée. Elle repose en grande partie sur des ressemblances physiques entre les espèces et consiste en un arbre dont la plus haute branche est attribuée à l’homme. Ce point de vue n’est plus d’actualité. Pire : il est erroné et trompeur.
Les scientifiques ne cessent de s’interroger sur la meilleure manière de classer les espèces, et rien n’est figé dans ce domaine qui comporte une foultitude de sous-catégories. Il est toutefois admis par la majorité que la classification actuellement la plus pertinente est la classification phylogénétique, laquelle se présente sous forme de cercle aux innombrables ramifications internes qui expriment les liens de parenté des espèces. Cette classification qui s’est développée après la Seconde Guerre mondiale sous l’impulsion du biologiste allemand Willi Hennig, s’appuie sur l’histoire de l’évolution, de la sélection naturelle et sur la génétique, contrairement à la classification de Linné, lequel était créationniste et imaginait que toutes les espèces étaient apparues en même temps, sans connexion entre elles. La classification moderne établit ainsi des parentés entre des espèces que la classification classique ne permet pas. Elle permet de rendre compte du fait que la nageoire des poissons, par exemple, s’est transformée en jambes chez les humains. Elle montre que les oiseaux sont les descendants des dinosaures ainsi que les plus proches parents vivants des crocodiles. La phylogénie, qui entend raconter l’histoire de la vie sur Terre depuis ses débuts, fonctionne par clades, qui comprennent tous les descendants d’un ancêtre et cet ancêtre lui-même.
La classification phylogénétique modifie profondément notre rapport au vivant car elle abandonne les idées de hiérarchie et de supériorité de l’espèce humaine. Elle donne à voir le vivant dans sa réalité génétique, imbriquant les espèces les unes dans les autres, mettant à jour leur proximité historique, et leur accordant à toutes une place égale. Ce cercle du vivant est extrêmement complexe à réaliser (et à lire) en raison des millions d’espèces qu’il doit inclure et des quantités incommensurables d’informations à traiter pour chacune d’entre elles. Ce travail a donc été confié à des ordinateurs, qui ne tombent d’ailleurs pas tous d’accord sur les résultats. À ce jour, plus de 2 millions d’organismes vivants ont été reliés entre eux dans un grand cercle au centre duquel se situe LUCA, Last Universal Common Ancestor (Dernier Ancêtre Commun Universel), autrement dit l’ancêtre commun à toutes les formes de vivant qui ont vu le jour sur cette planète, et donc une cellule complexe.
Arbre de l’évolution qui figure dans le livre d’Ernst Haeckel,
L’Évolution de l’Homme, 1879.
Ce type de classement laisse penser que l’Homme, au sommet de l’arbre, est l’aboutissement de l’évolution. Il propage l’idée que l’Humain est supérieur aux autres mammifères, lesquels sont supérieurs aux autres vertébrés, eux-mêmes supérieurs aux invertébrés, et ainsi de suite.
Arbre phylogénétique en cercle reposant sur le séquençage des génomes des espèces, tel que réalisé en 2006. Au centre, LUCA, Last Universal Common Ancestor, être vivant apparu il y a quelques milliards d’années, dont découlent tous les autres. Cet arbre circulaire permet de constater que la plus grande diversité génétique se trouve chez les bactéries qui constituent l’essentiel de l’histoire du vivant15.
1. Planet-terre.ens-lyon.fr, « Comment et pourquoi représenter l’arbre phylogénétique du vivant ? La réponse du Musée des Confluences de Lyon », Pierre Thomas, avril 2015, fig. 13. L’ensemble de l’arbre est consultable sur itol.embl.de.
Zoom de l’arbre phylogénétique sur les eucaryotes.
Homo sapiens est situé complétement à droite, juste à côté des Pan Troglodytes, autrement dit les chimpanzés. L’arbre permet de constater la séparation des deux espèces il y a 7 millions d’années environ. À gauche d’Homo sapiens, nos voisins sont Rattus norvegicus (un rat), puis Mus musculus (une souris) et Gallus gallus (un coq).