Apollon Choiseul-Gouffier,

copie romaine dun original grec créé

vers 460 av. J.-C. Marbre, h : 178 cm.

British Museum, Londres.

 

 

Décorations sculptées des temples : Egine et Olympie

Un aspect particulier de la sculpture grecque a joué un rôle prédominant dans l’évolution de cet art : la décoration des temples. Le plus ancien temple grec classique est l’Héraion d’Olympie, à présent en ruines, sans aucune trace de décorations conservées. Les vestiges les plus anciens furent retrouvés sur l’Acropole d’Athènes et datent du début et du milieu du VIe siècle avant J.-C. Ils étaient taillés à partir de blocs de pierre polie brune (poros) et étaient ensuite complètement peints. La quasi-totalité d’entre eux servait à décorer les pignons triangulaires des temples, les frontons, et offraient de précieuses indications sur le soin avec lequel les sculpteurs antiques s’efforçaient déjà d’adapter leurs compositions à la forme particulière de l’espace qu’ils devaient occuper. Peu d’entre eux sont suffisamment conservés pour permettre une étude détaillée de leur réalisation et de leur conception. La partie la plus intéressante est une tête de monstre à trois corps, le Typhon, arborant une chevelure bleue et des yeux verts. La couleur, dans ce cas, fut tout simplement appliquée pour distinguer les différentes parties de la tête, et non pour tenter d’approcher son apparence naturelle. Ceci n’était cependant pas la pratique la plus répandue de l’époque classique, car l’usage de la couleur visait, dans ce cas précis, à accentuer encore davantage l’aspect monstrueux du Typhon[22].

Le traitement de l’œil et du sourcil est extrêmement intéressant, car il offre une meilleure perspective de l’état réel des conceptions artistiques de l’époque, au regard des sculptures de marbre contemporaines et postérieures, où la technique, plus difficile, empêchait souvent l’artiste d’exprimer correctement ses idées. Le tuf calcaire[23], d’un autre côté, se taille très bien et ne présente que très peu d’obstacles, voire aucun, au sculpteur. La différence caractéristique des lèvres, supérieure et inférieure, n’est pas ressentie, tandis que la profondeur de l’œil sous le sourcil est bien exprimée. L’oreille et ses volutes complexes dépassent également de loin de nombreuses sculptures en marbre antérieures aux guerres Médiques.

Le Typhon devait occuper la moitié du fronton. La taille de ses trois corps diminuait donc progressivement pour s’achever dans un sinueux serpentement d’anneaux et de spirales. Les serpents suggéraient la quasi-totalité des formes sans pour autant revêtir une apparence violente et étaient donc les figures décoratives privilégiées des frontons antiques. Sur un autre fragment de l’Acropole, l’Hydre aux cent têtes, qu’Hercule fut chargé de tuer, occupe la moitié de la composition, tandis que Iolaos et son char occupent la majorité de l’autre moitié. Près de quatre siècles plus tard, les sculpteurs grecs utilisaient encore la représentation des anneaux de serpents lorsqu’ils étaient amenés à décorer l’approche du grand autel de Pergame, où se détache un escalier gigantesque.