IMAGE DU CORPS
Étym. : du lat. imago, « représentation, évocation, portrait » ; corps*.
Représentation mentale, imaginaire, du corps. Elle se construit dès la naissance à partir de la façon dont le nouveau-né, puis l'enfant est nommé, qualifié, touché. Elle se constitue également au cours des expériences de la vie, agréables ou douloureuses, par la rencontre du regard et du corps d'autrui.
Elle se rapporte à des échelles de valeurs, des codes sociaux et culturels ; elle présente un lien avec l'histoire des hommes et des sociétés. L'image du corps évolue tout au long de la vie et se dessine à partir du schéma corporel, qui relève davantage du registre sensori-moteur et cognitif, mais elle peut aussi s'en éloigner par une idéalisation excessive.
La sophrologie, en particulier lors de la pratique des deux premiers degrés de relaxation dynamique*, permet de faire se rapprocher l'image du corps d'un schéma corporel vécu avec justesse et contribue ainsi à renforcer l'harmonie* de la conscience*.
Corrélats : corporalité – corps – Moi corporel – Moi présentiel – organes sensoriels – schéma corporel – sophro-thérapie.
IMAGE MENTALE
Étym. : image, du lat. imago, « représentation, imitation, portrait »; mentale, du lat. mentalis, « principe pensant ».
Représentation, reproduction mentale d'une perception*, d'une sensation* précédemment éprouvée : images sensorielles (auditive, olfactive, tactile, visuelle, kinesthésique), mais également images parentale, maternelle, paternelle, de soi ; et aussi, représentation mentale produite par l'imagination.
La sophrologie s'appuie sur la capacité à produire des images men tales, par exemple dans les domaines de la préparation à la compétition (sophro-pédagogie sportive*), dans celle de l'accouchement (sophrologie obstétricale*), dans le projet de développer l'intuition et la créativité, en sophro-thérapie, par l'utilisation de techniques de visualisation* ou du rêve éveillé.
Corrélats : créativité – imagination – rêve éveillé – schéma corporel – sophrothérapie – visualisation.
IMAGINATION
Étym. : du lat. imaginatio (du gr. phantasia, d'où fantaisie), dér. de imago, « vision », « image », de la même racine que imitari, « imiter ». L'imagination serait étymologiquement l'imitation par les images.
Avant les apports de la psychologie cognitive et de la phénomé nologie, la psychologie réduisait naïvement l'imagination à un magma de perceptions : l'image était pour elle comme un reflet de l'objet demeurant dans notre conscience*. La théorie de l'image mentale était inhérente à une approche fixiste et réductrice des localisations cérébrales. L'image mentale était comparée à une sorte d'empreinte de la perception inscrite dans la substance cérébrale, une reproduction de l'objet perçu, du même ordre qu'une photographie dans un album. En somme, il suffisait de fermer les yeux pour se représenter les objets à sa portée : ce stylo, cette feuille de papier, cet arbre devant ma fenêtre, etc.
Au premier abord, l'image avait donc pour origine nos perceptions : elle était constituée d'une pluralité de perceptions affaiblies ; et l'imagination était en apparence la capacité à former des images en reproduisant ce qui a été initialement perçu ou en répétant mentalement l'objet de sa perception : la psychologie évoquait donc l'existence d'une imagination reproductrice. Mais si je réduis l'imagination à la faculté de former des images, comment concevoir l'imagination créatrice de l'artiste ou du savant ? Ne serais-je pas tenté de la réduire à l'imagination reproductrice, étant donné que leur démarche consisterait à produire dans un ordre imprévisible des images de leurs différentes perceptions du monde environnant ?
Si je réduis l'image à une perception affaiblie, j'en conclus qu'il n'existe entre la perception et l'image qu'une différence de degrés et je confonds naïvement les deux termes. Mais l'expérience discrédite leur assimilation puisque, si j'imagine le bruit d'une explosion atomique, je ne le confonds pas du tout avec celui, réel, de l'horloge de mon salon : le premier est imaginé, le second est perçu. La manière d'être-au-monde de la conscience, c'est-à-dire son intentionnalité, n'est donc pas la même dans la perception et l'imagination : « je perçois un arbre devant ma fenêtre » ne veut pas dire pour ma conscience la même chose que « j'imagine un arbre devant ma fenêtre » ; et ma capacité à imaginer un arbre ne réduit pas ma conscience à une faculté passive abritant une image de l'objet perçu : lorsque j'imagine l'objet, je le constitue d'une autre manière que lorsque je le perçois.
La sophrologie* d'inspiration phénoménologique prend en compte cette dimension constitutive de l'imagination et se heurte au refus de la limiter à l'imitation du réel par des images, puisqu'elle suppose une activité constante de la conscience. Je peux tout aussi bien, par l'imagination, me représenter des objets absents, anticiper des événements, construire un monde imaginaire dans lequel ma liberté* et ma créativité peuvent s'exprimer : l'imagination créatrice, au centre de certaines techniques sophrologiques, est la capacité de nouveauté qui définit le sujet*, en s'imposant comme une faculté d'invention à part entière.
Pour la sophrologie, l'imagination n'est donc pas une faculté surajoutée à la conscience : elle est la conscience elle-même qui, dans sa dimension tridimensionnelle, peut accomplir à l'infini sa liberté et son potentiel de créativité.
Nous insistons, en sophrologie, sur le rôle central de l'imagination dans toute activité consciente. Les techniques de futurisation, réalisées dans des états de conscience modifiés, servent principalement à créer un futur possible sur le plan visuel, auditif, olfactif, gustatif et tactile qui, dans le domaine du sport* ou de la pédagogie par exemple, peuvent participer à l'ouverture du champ de conscience de la personne, tout en générant une véritable mise en situation susceptible de faciliter l'adaptation à l'épreuve, en inscrivant le sujet dans des dispositions psychiques et somatiques favorables.
En somme, la sophrologie défend implicitement ce principe : la construction du possible, par l'imagination, peut préparer l'adaptation au réel. La dimension temporelle de mon être me rappelle alors, compte tenu de mon futur que je peux anticiper, voire créer par mon imagination, que je vois aussi mon présent* à la lumière de l'avenir imaginé que je projette devant moi.
Corrélats : créativité – image mentale – intentionnalité – perception – possibilité – futurisation (techniques de) – temps – tridimensionnalité.
IMPRESSION
Étym. : du lat. imprimere, « presser sur ».
À l'origine, renvoie à la marque laissée par une pression (cf. l'imprimerie). À partir du XVIIe siècle, ce mot prend également le sens de l'effet ou de l'action produit sur l'esprit par quelque chose ou quelqu'un. Par extension, il s'agit d'une perception immédiate, imprécise, que l'on a d'un objet, d'une personne ou d'une situation, sans qu'intervienne l'intellect.
Ce terme revêt donc deux aspects : l'impact d'une ou plusieurs informations sensorielles qui vont générer une perception (aspect physiologique : l'information sensorielle s'imprime dans les structures cérébrales) et le côté affectif, subjectif, qui se rapproche alors de la notion de sentiment.
Le sophrologue emploie rarement le mot impression, alors que le sophronisant*, du moins dans un premier temps, sera souvent davantage en relation avec ses impressions qu'avec ses sensations et perceptions. Au fur et à mesure que ce dernier progresse grâce à l'entraînement, il se situe de plus en plus au niveau des sensations/perceptions, plus proche ainsi de la réalité vécue.
Corrélats : perception – sensation – sentiment – valences phroniques.
INDICATION
Étym. : du lat. index, « qui montre ».
Employé dans le sens large de champ d'application de la sophrologie, ou plus précisément de l'utilité de la sophrologie dans tel ou tel cas particulier.
Voici quelques exemples parmi les indications de la sophrologie :
• dans le domaine médical : la fibromyalgie*, la cancérologie*, la cardiologie, etc. ;
• l'aide à la réinsertion : la gestion du stress*, l'entreprise, etc. ;
• la pédagogie : les apprentissages, la préparation aux examens, etc. ;
• le sport* : la gestion du stress, la préparation aux compétitions, etc. ;
• le domaine prophylactique : la prévention des troubles liés au stress, des risques psychosociaux, etc. ;
• le domaine psychothérapeutique : la sophrologie analytique*, la sophro-thérapie* ou la sophro-thérapie existentielle* ;
• le domaine du développement personnel*.
La liste est longue, puisque le but de la sophrologie est de travailler sur la conscience*, sur l'humain, et non seulement de guérir ou de chercher à résoudre directement un symptôme ou une difficulté quelconque (la sophrologie ne se substitue en aucun cas aux autres moyens, en particulier médicaux, mis en œuvre par le sujet*).
La réelle indication de la sophrologie est la demande de la personne. Il est nécessaire que le sophronisant soit partie prenante dans ce qui lui est proposé, car il devra s'entraîner régulièrement pour obtenir des résultats satisfaisants.
Corrélat : contre-indication.
INDIVIDU
Étym. : du lat. individuum, « indivisible ».
En sciences naturelles comme en physique, renvoie à un être ou un élément indivisible, qui ne peut être fractionné ou divisé sans être détruit. Lorsque l'on utilise ce terme en sophrologie, il s'agit de l'être humain dans sa globalité*, son unité.
En effet, il est impossible de réduire l'être humain à des structures séparées, isolées et autonomes (physiques, psychiques et autres). Il forme un tout et toute atteinte d'une des structures retentit sur les autres structures et, par voie de conséquence, sur l'être.
Ce mot, parfois connoté de façon négative (« un drôle d'individu »), est donc à prendre ici dans son sens le plus positif*.
Corrélats : individualité – individuation – sujet.
INDIVIDUALITÉ
Étym. : du lat. individuum, « indivisible ».
Le suffixe -ité accolé à un mot apporte une dimension existentielle. Ainsi, le mot « individualité » contient-il la notion d’« individu* », mais avec un positionnement différent, dans la mesure où il se pose comme sujet responsable, autonome, libre, pleinement conscient de son existence. L'individualité est fréquemment considérée comme une valeur existentielle.
Corrélats : autonomie – individuation – existence – liberté – responsabilité – sujet – valeurs existentielles.
INDIVIDUATION
Étym. : du lat. individuus, « qui n'est plus divisible ».
Jung a appelé processus d'individuation cet élargissement de la conscience vers le centre de gravité psychique, c'est-à-dire un processus de différenciation qui a pour but de développer la personnalité. Tendre vers l'individuation, c'est tendre vers notre propre totalité unifiée où se réalise la conjonction des oppositions, avec diminution des dualités qui nous déchirent, dont la principale est l'antagonisme conscientinconscient.
Devenir un individu à part entière peut signifier s'acheminer vers la réalisation de son être, par monts et par vaux, en allant au-delà des apparences et du paraître ; puis, dans une dynamique de connaissance de soi, en acceptant les éléments de notre psyché posant problème.
La sophrologie appartient à ces approches, susceptibles de faciliter cette démarche intérieure, à condition d'intégrer le fait que le processus est long et que la maturation est lente. Il faut rappeler que l'un des éléments de base de la sophrologie réside dans l'éveil des sensations*. Par exemple, la relaxation dynamique, par une plus grande « conscientisation » corporelle, peut permettre cet éveil et ainsi participer à ce processus d'individuation, notamment chez des sujets à fonctionnement cénesthésique (la cénesthésie* se définissant comme une impression globale résultant de l'ensemble des sensations* internes). De plus, la sophrologie, du fait de sa méthodologie* aux applications variées, peut aussi faire émerger au conscient des éléments d'ordre inconscient ; il est logique, en pratique, de voir certains sujets faire ainsi des prises de conscience importantes au niveau de leur vécu*, pouvant les amener à une dynamique de changement. Le processus d'individuation peut conduire à une vision du monde renouvelée et à un certain accomplissement, car l'être dépouille progressivement le monde extérieur de son pouvoir de fascination et de croyances de toutes sortes pour tendre vers plus de liberté, mais il ne conduit pas à l'individualisme (individuation et individualisme ne doivent pas être confondus). Qui dit liberté, dit créativité*, disponibilité et ouverture qui ne demandent qu'à s'exprimer de multiples façons.
Corrélats : authentique, inauthentique – conscience – éveil – existence – individu – liberté – on (dictature du) – Soi – sujet.
INDUIRE
Étym. : du lat. inducere, « conduire à ».
Si la sophrologie que le sophrologue* dispense est d'inspiration phénoménologique, le praticien porte une attention particulière, pour éviter d'induire, aux mots qu'il emploie et aux phrases qu'il compose lors des différentes techniques en présence du sophronisant*. Un terpnos logos inducteur du genre « vous prenez conscience de vos membres supérieurs qui se relaxent » (alors qu'ils demeurent en tension) verrouille l'accès à la possibilité de vivre sa propre expérience ; le discours, pour être le moins inducteur possible, devrait se réduire à « prise de conscience des membres supérieurs » : à chacun de constater s'ils se relaxent ou non.
Le
terpnos logos du sophrologue se doit donc d'être le plus neutre possible, sachant que la neutralité est plus un idéal à rechercher qu'un état de fait, pour laisser le sophronisant sentir par lui-même, être et devenir. Une sophrologie d'inspiration phénoménologique est donc diamétralement opposée à toutes les techniques qui induisent des images, qui cherchent à programmer des façons d'être. Tout sujet, d'un point de vue sophrologique, est considéré comme une entité à part entière susceptible de vivre son expérience de lui-même, distincte de celle d'autrui, sachant que le
dialogue post-sophronique*, du fait de la participation possible de chaque sophronisant en séances groupées, a vocation de révéler cette aspiration.
Corrélats : fonction conative du langage – hypnose – langage – phénoménologie – pouvoir du sophrologue – principe de réalité objective – responsabilité – signifiant, signifié – sujet – terpnos logos.
INFORMATION POST-SOPHRONIQUE
Étym. : information, du lat., informare, « instruire » ; post-, du lat. post, « après » ; du néologisme sophronique, « structures harmonieuses de la conscience ».
Afin d'éviter que des questions techniques, pratiques ou théoriques ne viennent « polluer » le dialogue post-sophronique, certains sophrologues* ont institué ce moment spécifique, après le dialogue. Le sophronisant* qui s'exprime sur son vécu* pendant le dialogue sait que ces questions auront des réponses, mais plus tard dans la séance. Il peut donc rester centré sur son vécu et ne pas « partir » sur le mental.
Les informations répondent aux questions des sophronisants*, mais peuvent également être des conseils et des indications donnés par le sophrologue sur la façon de faire, sur l'entraînement, etc.
Dans cette étape, le sophrologue n'est plus dans une posture* d'écoute, mais plus dans celle de conseil, de technicien.
Corrélats : dialogue post-sophronique – entraînement sophrologique – information pré-sophronique.
INFORMATION PRÉ-SOPHRONIQUE
Étym. : information, du lat., informare, « instruire » ; pré, du lat. prae, « avant, devant » ; du néologisme sophronique, « structures harmonieuses de la conscience ».
Consiste, pour le praticien, à décrire et expliquer en début de séance, ce qu'il propose pour la pratique*. Elle vise à créer un climat de confiance et à faciliter l'expérience tout en permettant au praticien d'alléger ses propos lors de l'animation. Cette information tend à se substituer, en sophrologie caycédienne, au dialogue pré-sophronique qu'elle complète dans d'autres courants de sophrologie.
Corrélat : dialogue pré-sophronique.
INHIBITION
Étym. : du lat. inhibere, « arrêter, retenir » puis « empêcher, interdire ».
Terme usité dans de nombreux domaines, parmi lesquels on peut retenir ceux de la physiologie, de la psychologie et de la psychanalyse.
En physiologie, l'inhibition est « la diminution ou arrêt d'un fonctionnement d'un organe ou de certaines fonctions sous l'effet d'une action nerveuse ou hormonale » ; ce mécanisme, intimement lié à celui d'excitation, s'effectue par l'intermédiaire d'un interneurone et de médiateurs chimiques spécifiques. Les sites d'action de l'inhibition sont très nombreux ; on peut prendre pour exemple le phénomène d'inhibition réciproque qui permet tout à la fois l'excitation d'un groupe musculaire agoniste et l'inhibition du groupe antagoniste. Cette modulation neuromusculaire est essentielle à la réalisation précise et harmonieuse de tous les mouvements du corps*.
En psychologie, on peut définir l'inhibition comme « l'arrêt, le blocage d'un processus psychologique, faisant obstacle à la prise de conscience, à l'expression, à la manifestation, au développement normal de certains phénomènes psychiques ». Ainsi, on parle d'inhibition intellectuelle lorsque les facultés intellectuelles sont ralenties pour des raisons affectives, d'inhibition sexuelle, sociale, etc. Dans les névroses, on décrit une inhibition de la volonté, de l'attention, de l'action, de l'émotivité.
En psychanalyse, en se référant à Freud à partir de son ouvrage Inhibition, symptôme et angoisse, l'inhibition peut être considérée comme un effet possible d'un déséquilibre ou d'un conflit entre les différentes fonctions partielles constituant une personnalité.
Sur les deux derniers points de définition, on comprend que l'inhibition renvoie souvent à un contexte pathologique et, dans ce sens, la sophrologie à visée thérapeutique, ou sophro-thérapie*, est utilisée par les psychologues, les psychothérapeutes, les psychiatres et les psychanalystes ; parmi les techniques mises en œuvre spécifiquement par ces praticiens de santé, on peut citer la sophro-correction sérielle* et la sophro-substitution mnésique*. Néanmoins, toutes les techniques sophrologiques ont aussi leur intérêt, et notamment les relaxations dynamiques*, car, par définition, elles renforcent et harmonisent toutes les dimensions de la nature humaine. La sophrologie d'inspiration phénoménologique, dans laquelle le projet pédagogique occupe une place importante, représente une étape possible dans l'accompagnement des personnes inhibées.
Corrélats : anxiété – confiance en soi – stress.
INTÉGRATION DYNAMIQUE DE L'ÊTRE
Étym. : intégration, du lat. integrare, « rendre complet » ; dynamique, du gr. dunamis, « force » ; être, du lat. esse, « être », « exister ». Esse possède trois étymologies : es dans le sens de « ce qui est authentique, qui subsiste par soi », de l'indo-européen bheu dans le sens de « croître » et du sanscrit ues dans le sens de « demeurer ». Le terme être présuppose étymologiquement le fait de subsister, de croître et de demeurer.
L’
intégration dynamique de l'être reprend les notions représentées sur le schéma de la
coupe de vie (voir schéma dans
« Coupe de vie »).
Lorsque nous sommes en état de veille, nous nous trouvons dans les structures présentes, avec des
valences positives, négatives ou
neutres.
Si nous rencontrons de nombreuses difficultés dans la journée, sans avoir la possibilité de prendre du recul ou de récupérer entre chaque stress*, les valences négatives ont alors la prééminence. Lorsque nous nous endormons (« rétromanence »), nous quittons les structures présentes pour les structures sous-jacentes ou latentes (selon les stades du sommeil*). Les valences y sont muettes, certes, mais du fait de la mauvaise journée, le négatif* est renforcé. Si bien qu'au réveil (« manence »), tout peut être pénible : le corps peut être raide, courbaturé, les pensées négatives. Les valences négatives se trouvent ainsi encore renforcées, et un cercle vicieux se met en place, pouvant mener au mal-être ou à la maladie.
Ce processus négatif peut être inversé : la sophrologie et l'entraînement régulier nous apprennent à vivre les choses autrement, de façon plus positive, à intégrer une nouvelle manière d'être au monde. Nous mettons ainsi en place un « cercle vertueux » qui a pour effet de dynamiser positivement les structures sous-jacentes et latentes, nous permettant ainsi de vivre non seulement plus agréablement, mais aussi plus consciem ment avec toutes les implications qui en découlent.
Corrélats : coupe de vie – structures de la conscience – valences phroniques.
INTENTION
Étym. : du lat. intendere, « diriger ».
En sophrologie d'inspiration phénoménologique, on parle plus volontiers d'intentionnalité que d'intention. En effet, l'intention implique une décision, pour ne pas dire une volonté d'aller dans une direction donnée, ou de faire quelque chose. Elle est pleinement consciente : « j'ai l'intention de pratiquer telle ou telle technique ». L'intentionnalité est de l'ordre du sens et n'est pas obligatoirement conscientisée. Et si l'intention est nécessaire, ne serait-ce que pour la mise en œuvre de l’entraînement sophrologique*, elle ne suffit pas pour entrer dans le sens même des exercices effectués. Se contenter de l'intention serait trop insuffisant pour obtenir des résultats probants sur le plan existentiel.
Corrélats : intentionnalité – phénoménologie.
INTENTIONNALITÉ
Étym. : du mot intention, du lat. intendere, « diriger » ; notion phénoménologique dérivée de la philosophie scolastique du Moyen Âge.
La phénoménologie de Husserl (1859-1938) propose de « retourner aux choses mêmes » c'est-à-dire aux phénomènes* : il s'agit de laisser se dévoiler l'expérience pour qu'elle révèle ses structures universelles. Quelle première évidence se donne au fondateur de la phénoménologie ? La conscience est intentionnelle ; l'intentionnalité est l'essence même de la conscience.
« Le mot intentionnalité ne signifie rien d'autre que cette particularité foncière et générale qu'a la conscience d'être conscience de quelque chose. » (Husserl) Toute conscience se situe toujours par rapport à un objet vers lequel elle est tendue ; elle est constamment dirigée vers un contenu autre qu'elle-même. L'intentionnalité est la propriété de tout acte de conscience de se dépasser vers autre chose que soi.
Pour Husserl, la conscience est une visée qui ne coïncide pas avec ellemême ; elle n'est pas intériorité mais extériorité : activité sans contenu, elle vise son objet et se dépasse vers le monde. Le monde apparaît toujours à ma conscience à partir d'une visée particulière, d'une façon de le constituer, de lui donner du sens. L'intentionnalité n'est donc jamais d'un type unique : lorsque ma conscience doute, hait, désire, craint ou imagine par exemple, elle constitue son objet d'une certaine manière.
Ma conscience est donatrice de sens. L'intentionnalité est ce mouvement naturel hors de moi, par lequel cet arbre que je perçois dans la rue, et que je constitue, prend sens pour moi. Être au monde consiste d'abord à constituer naturellement ce dont nous faisons l'expérience, sans nous apercevoir immédiatement de l'acte par lequel nous le constituons : l'intentionnalité est cet élan spontané devant quoi l'acte de conscience s'efface pour constituer l'objet dont il a conscience.
Husserl distingue des degrés d'intentionnalité ; ils dépendent dans sa phénoménologie des opérations nécessaires (voir
« Réduction »), pour prendre conscience que l'origine du monde se situe dans un sujet donateur de sens.
L'intentionnalité naturelle ou primaire représente le premier et le plus bas degré : il correspond à un oubli naturel de soi dans le monde sans la conscience de ce processus. Par l'intentionnalité naturelle, la conscience vise des objets hors d'elle-même et s'oublie spontanément dans le monde. Par une opération méthodologique nommée « réduction phénoménologique », il s'agit de faire sortir le « je » de l'ombre, de le mettre en pleine lumière, pour décrire le processus par lequel il constitue le monde sans qu'il en ait immédiatement conscience et pour éclairer l'idée que le sens du monde part de lui.
Husserl évoque alors un nouveau degré d'intentionnalité rendu possible par la réduction phénoménologique : l'intentionnalité transcendantale ou constituante, nouvelle manière d'être au monde qui rappelle que chaque sujet* a les moyens de se sentir pleinement être au monde, être constituant le monde ; l'être existant se définit par son pouvoir constituant.
La sophrologie d'inspiration phénoménologique de Caycedo* s'est nourrie de l'approche de l'intentionnalité de Husserl. La
conscience ordinaire ou
naturelle, décrite par le fondateur de la sophrologie, correspond sous certains aspects à l'intentionnalité ou conscience naturelle de Husserl. Dans l’
éventail de la conscience de Caycedo (voir schéma dans
« Conscience »), la
conscience ordinaire se situe entre la
conscience pathologique* et la
conscience sophronique : elle est, pour simplifier, un état de conscience dans lequel le sujet, très peu présent* à lui-même, estime que les choses sont comme elles sont.
L'état de conscience sophronique rappelle l'intentionnalité transcendantale ou constituante de Husserl, état de conscience ou d'éveil particulier dans lequel le sophronisant*, totalement présent au monde et à luimême, vit « en pleine conscience ».
Corrélats : conscience – conscience ordinaire ou naturelle – conscience sophronique – corrélation noético-noématique – éveil – Husserl – phénoménologie – réduction.
INTERSUBJECTIVITÉ
Étym. : empr. à l'allemand, intersubjektivität ; introduit dans le vocabulaire philosophique par Husserl (1859-1938).
Terme transversal, abordable sous de multiples angles et à différents degrés, puisqu'il englobe en premier l'autre singulier avec qui je peux établir une alliance en sophrologie ; en deuxième, le monde dans sa totalité ; en troisième, toute une dynamique historique et communautaire qui me renvoie à la succession des générations dans le temps. La sophrologie tient compte de ces trois dimensions d'un point de vue existentiel et technique.
L'intersubjectivité rappelle que l'autre m'est indirectement et originairement donné par son corps*. Je ne peux réellement atteindre autrui en lui-même, en personne : il y a entre lui et moi une sorte de barrière infranchissable qui montre que l'autre n'est pas moi et que je ne suis pas lui : il est cet autre moi qui, dans les deux extrêmes, me semble si semblable ou si différent, si proche ou si lointain. Le sophrologue*, lorsqu'il anime des séances, peut ressentir ces impressions mouvantes de proximité ou d'éloignement avec autrui, qui l'obligent à visiter constamment la distance qui l'en sépare dans un double mouvement d'ouverture et parfois de mise à distance, de prise de parole et de silence*.
Même si je ne peux atteindre autrui, notre relation est essentielle : il est celui par lequel se constitue sans cesse dans le temps* et dans l'espace mon rapport à moi-même et au monde. Sa présence*, dans les limites de mon expérience, est pour moi le moyen d'ouvrir mon champ de conscience* : sans lui, le monde se réduirait à mon point de vue ; il serait une simple représentation. En communiquant par exemple avec lui, j'ouvre de nouveaux horizons de sens et je transforme et enrichis mon univers. Le dialogue post-sophronique* en groupe rappelle au sophronisant* que ce qu'il vit pendant les séances n'est pas obligatoirement partagé par autrui et l'inverse : la communication permet à chacun d'évaluer sa réalité objective de l'instant, tout en activant son regard sur les participants et soi-même.
La sophrologie prend donc en compte la présence implicite d'autrui dans la réalité du sujet et la place au centre de sa démarche : selon Caycedo*, la référence aux valeurs dites structurales comme l'universalité, l'humanité, la société, la groupéité ou l'individualité ont cette vocation.
Corrélats : alliance sophronique – communication – écoute active – écoute participative – relation – relaxation dynamique de Caycedo – sujet.
IRTER
Acronyme pour Inspiration, Rétention de l'air, Tension… Expiration, Relâchement, indiqué sur certains protocoles.
Corrélats : sophro-stimulation corporelle – sophro-respiration synchronique.
ISOCAY
Acronyme utilisé en sophrologie caycédienne depuis la fin des années 1990 signifiant
Intégration (de l'être) par la
SOphrologie
CAYcédienne.