I
IMAGE DU CORPS
Étym. : du lat. imago, « représentation, évocation, portrait » ; corps*.
Représentation mentale, imaginaire, du corps. Elle se construit dès la naissance à partir de la façon dont le nouveau-né, puis l'enfant est nommé, qualifié, touché. Elle se constitue également au cours des expériences de la vie, agréables ou douloureuses, par la rencontre du regard et du corps d'autrui.
Elle se rapporte à des échelles de valeurs, des codes sociaux et culturels ; elle présente un lien avec l'histoire des hommes et des sociétés. L'image du corps évolue tout au long de la vie et se dessine à partir du schéma corporel, qui relève davantage du registre sensori-moteur et cognitif, mais elle peut aussi s'en éloigner par une idéalisation excessive.
La sophrologie, en particulier lors de la pratique des deux premiers degrés de relaxation dynamique*, permet de faire se rapprocher l'image du corps d'un schéma corporel vécu avec justesse et contribue ainsi à renforcer l'harmonie* de la conscience*.
Corrélats : corporalité – corps – Moi corporel – Moi présentiel – organes sensoriels – schéma corporel – sophro-thérapie.
IMAGE MENTALE
Étym. : image, du lat. imago, « représentation, imitation, portrait »; mentale, du lat. mentalis, « principe pensant ».
Représentation, reproduction mentale d'une perception*, d'une sensation* précédemment éprouvée : images sensorielles (auditive, olfactive, tactile, visuelle, kinesthésique), mais également images parentale, maternelle, paternelle, de soi ; et aussi, représentation mentale produite par l'imagination.
La sophrologie s'appuie sur la capacité à produire des images men tales, par exemple dans les domaines de la préparation à la compétition (sophro-pédagogie sportive*), dans celle de l'accouchement (sophrologie obstétricale*), dans le projet de développer l'intuition et la créativité, en sophro-thérapie, par l'utilisation de techniques de visualisation* ou du rêve éveillé.
Corrélats : créativité – imagination – rêve éveillé – schéma corporel – sophrothérapie – visualisation.
IMAGINATION
Étym. : du lat. imaginatio (du gr. phantasia, d'où fantaisie), dér. de imago, « vision », « image », de la même racine que imitari, « imiter ». L'imagination serait étymologiquement l'imitation par les images.
Avant les apports de la psychologie cognitive et de la phénomé nologie, la psychologie réduisait naïvement l'imagination à un magma de perceptions : l'image était pour elle comme un reflet de l'objet demeurant dans notre conscience*. La théorie de l'image mentale était inhérente à une approche fixiste et réductrice des localisations cérébrales. L'image mentale était comparée à une sorte d'empreinte de la perception inscrite dans la substance cérébrale, une reproduction de l'objet perçu, du même ordre qu'une photographie dans un album. En somme, il suffisait de fermer les yeux pour se représenter les objets à sa portée : ce stylo, cette feuille de papier, cet arbre devant ma fenêtre, etc.
Au premier abord, l'image avait donc pour origine nos perceptions : elle était constituée d'une pluralité de perceptions affaiblies ; et l'imagination était en apparence la capacité à former des images en reproduisant ce qui a été initialement perçu ou en répétant mentalement l'objet de sa perception : la psychologie évoquait donc l'existence d'une imagination reproductrice. Mais si je réduis l'imagination à la faculté de former des images, comment concevoir l'imagination créatrice de l'artiste ou du savant ? Ne serais-je pas tenté de la réduire à l'imagination reproductrice, étant donné que leur démarche consisterait à produire dans un ordre imprévisible des images de leurs différentes perceptions du monde environnant ?
Si je réduis l'image à une perception affaiblie, j'en conclus qu'il n'existe entre la perception et l'image qu'une différence de degrés et je confonds naïvement les deux termes. Mais l'expérience discrédite leur assimilation puisque, si j'imagine le bruit d'une explosion atomique, je ne le confonds pas du tout avec celui, réel, de l'horloge de mon salon : le premier est imaginé, le second est perçu. La manière d'être-au-monde de la conscience, c'est-à-dire son intentionnalité, n'est donc pas la même dans la perception et l'imagination : « je perçois un arbre devant ma fenêtre » ne veut pas dire pour ma conscience la même chose que « j'imagine un arbre devant ma fenêtre » ; et ma capacité à imaginer un arbre ne réduit pas ma conscience à une faculté passive abritant une image de l'objet perçu : lorsque j'imagine l'objet, je le constitue d'une autre manière que lorsque je le perçois.
La sophrologie* d'inspiration phénoménologique prend en compte cette dimension constitutive de l'imagination et se heurte au refus de la limiter à l'imitation du réel par des images, puisqu'elle suppose une activité constante de la conscience. Je peux tout aussi bien, par l'imagination, me représenter des objets absents, anticiper des événements, construire un monde imaginaire dans lequel ma liberté* et ma créativité peuvent s'exprimer : l'imagination créatrice, au centre de certaines techniques sophrologiques, est la capacité de nouveauté qui définit le sujet*, en s'imposant comme une faculté d'invention à part entière.
L'intentionnalité naturelle ou primaire représente le premier et le plus bas degré : il correspond à un oubli naturel de soi dans le monde sans la conscience de ce processus. Par l'intentionnalité naturelle, la conscience vise des objets hors d'elle-même et s'oublie spontanément dans le monde. Par une opération méthodologique nommée « réduction phénoménologique », il s'agit de faire sortir le « je » de l'ombre, de le mettre en pleine lumière, pour décrire le processus par lequel il constitue le monde sans qu'il en ait immédiatement conscience et pour éclairer l'idée que le sens du monde part de lui.
Husserl évoque alors un nouveau degré d'intentionnalité rendu possible par la réduction phénoménologique : l'intentionnalité transcendantale ou constituante, nouvelle manière d'être au monde qui rappelle que chaque sujet* a les moyens de se sentir pleinement être au monde, être constituant le monde ; l'être existant se définit par son pouvoir constituant.
La sophrologie d'inspiration phénoménologique de Caycedo* s'est nourrie de l'approche de l'intentionnalité de Husserl. La conscience ordinaire ou naturelle, décrite par le fondateur de la sophrologie, correspond sous certains aspects à l'intentionnalité ou conscience naturelle de Husserl. Dans l’éventail de la conscience de Caycedo (voir schéma dans « Conscience »), la conscience ordinaire se situe entre la conscience pathologique* et la conscience sophronique : elle est, pour simplifier, un état de conscience dans lequel le sujet, très peu présent* à lui-même, estime que les choses sont comme elles sont.
L'état de conscience sophronique rappelle l'intentionnalité transcendantale ou constituante de Husserl, état de conscience ou d'éveil particulier dans lequel le sophronisant*, totalement présent au monde et à luimême, vit « en pleine conscience ».
Corrélats : conscience – conscience ordinaire ou naturelle – conscience sophronique – corrélation noético-noématique – éveil – Husserl – phénoménologie – réduction.
INTERSUBJECTIVITÉ
Étym. : empr. à l'allemand, intersubjektivität ; introduit dans le vocabulaire philosophique par Husserl (1859-1938).
Terme transversal, abordable sous de multiples angles et à différents degrés, puisqu'il englobe en premier l'autre singulier avec qui je peux établir une alliance en sophrologie ; en deuxième, le monde dans sa totalité ; en troisième, toute une dynamique historique et communautaire qui me renvoie à la succession des générations dans le temps. La sophrologie tient compte de ces trois dimensions d'un point de vue existentiel et technique.
L'intersubjectivité rappelle que l'autre m'est indirectement et originairement donné par son corps*. Je ne peux réellement atteindre autrui en lui-même, en personne : il y a entre lui et moi une sorte de barrière infranchissable qui montre que l'autre n'est pas moi et que je ne suis pas lui : il est cet autre moi qui, dans les deux extrêmes, me semble si semblable ou si différent, si proche ou si lointain. Le sophrologue*, lorsqu'il anime des séances, peut ressentir ces impressions mouvantes de proximité ou d'éloignement avec autrui, qui l'obligent à visiter constamment la distance qui l'en sépare dans un double mouvement d'ouverture et parfois de mise à distance, de prise de parole et de silence*.
Même si je ne peux atteindre autrui, notre relation est essentielle : il est celui par lequel se constitue sans cesse dans le temps* et dans l'espace mon rapport à moi-même et au monde. Sa présence*, dans les limites de mon expérience, est pour moi le moyen d'ouvrir mon champ de conscience* : sans lui, le monde se réduirait à mon point de vue ; il serait une simple représentation. En communiquant par exemple avec lui, j'ouvre de nouveaux horizons de sens et je transforme et enrichis mon univers. Le dialogue post-sophronique* en groupe rappelle au sophronisant* que ce qu'il vit pendant les séances n'est pas obligatoirement partagé par autrui et l'inverse : la communication permet à chacun d'évaluer sa réalité objective de l'instant, tout en activant son regard sur les participants et soi-même.
La sophrologie prend donc en compte la présence implicite d'autrui dans la réalité du sujet et la place au centre de sa démarche : selon Caycedo*, la référence aux valeurs dites structurales comme l'universalité, l'humanité, la société, la groupéité ou l'individualité ont cette vocation.
Corrélats : alliance sophronique – communication – écoute active – écoute participative – relation – relaxation dynamique de Caycedo – sujet.
IRTER
Acronyme pour Inspiration, Rétention de l'air, Tension… Expiration, Relâchement, indiqué sur certains protocoles.
Corrélats : sophro-stimulation corporelle – sophro-respiration synchronique.