CANCÉROLOGIE
Étym. : du lat. cancer, « écrevisse, crabe », et du gr. logos, « discours, science ».
La sophrologie s'inscrit dans le cadre des thérapies de soutien dans un certain nombre de centres de lutte contre le cancer, où elle peut donner toute sa dimension existentielle à des personnes malades en quête de sens.
Des techniques comme le sophro-déplacement du négatif* et la relaxation dynamique du premier degré en partie ou en totalité, suivant les situations, peuvent favoriser l'émergence des sensations positives dans un corps en souffrance.
Grâce à la relaxation dynamique du deuxième degré, la sophrologie facilite aussi la réappropriation de l'image corporelle du sophronisant*, lors de pathologies qui engendrent parfois des modifications corporelles. Le corps peut se révéler comme réalité vécue, faisant émerger l’« observateur silencieux », à savoir le sujet conscient de ses sensations* corporelles sans jugement : l'inscription dans le « cela est » crée parfois une distance par rapport à la douleur. La possible création de cette distance permet aussi d'anticiper positivement les effets secondaires des traitements (nausées, vomissements) et de diminuer certains effets indésirables générés par les chimiothérapies.
La sophrologie a le pouvoir de dynamiser les ressources du patient, en centrant son attention sur les valeurs de l'être* : le sophronisant apprend, suivant sa propre psychologie et l'évolution de sa maladie, à projeter positivement ses valeurs dans le futur en vue de la réalisation d'un objectif (par ex., reprise d'activité) ou du dépassement d'une épreuve (par ex., intervention chirurgicale, visite de contrôle), prenant ainsi une part active au projet de soin, pour en favoriser le bon déroulement. Au-delà du symptôme, face à un inévitable questionnement existentiel, la sophrologie propose donc aux personnes malades de se reconnecter à leurs valeurs profondes, porteuses de sens, par l'entraînement à la relaxation dynamique du troisième degré et surtout du quatrième degré.
Toutes ces remarques évoluent bien entendu selon le sophronisant : un ancien malade en phase de récupération, une personne venant d'apprendre la gravité de sa maladie, une autre ayant l'énergie* pour lutter ou encore celle pour qui l'espoir semble impossible. Dans tous les cas, la sophrologie constitue un outil à adapter, dont on ne peut mesurer à l'avance et avec certitude la qualité des résultats.
Enfin, l'entraînement à la sophrologie peut permettre au soignant en cancérologie d'acquérir un « savoir-être » fait de calme et de sécurité intérieure qui, au-delà d'un simple « savoir-faire », favorise l'accompagnement de la souffrance de l'autre avec plus de sérénité.
Corrélats : corporalité – corps – douleur – indications – relaxation dynamique de Caycedo – schéma corporel – sophrologie médicale – valeurs existentielles.
CAPACITÉS DE LA CONSCIENCE
Étym. : du lat. capax, « qui peut contenir » ; conscience*.
Il existe plus d'une trentaine de capacités de la conscience : la mémoire, le schéma corporel*, le langage* et l'imagination* en sont des exemples. Les capacités sont les différentes aptitudes, les multiples facultés de la conscience humaine. En ce sens, elles sont universelles : chaque être humain, quels que soient sa civilisation ou son milieu social, son niveau intellectuel, son âge, son histoire de vie ou son état de santé*, est doué, doté de ces capacités.
Pour cette raison, il est possible de travailler en groupe, et même avec de très grands groupes, puisque le travail sophrologique est surtout orienté vers les capacités et non vers les contenus de la conscience.
Ainsi, sans s'occuper directement de ce qui amène la personne (la demande) à pratiquer la sophrologie, il est possible d'obtenir les résultats escomptés. Les capacités étant renforcées, développées, le sophronisant* fortifie sa personnalité et ses aptitudes.
Corrélats : conscience – contenus de la conscience.
CAVERNE DE PLATON (ALLÉGORIE DE LA)
Constitue l'essentiel du célèbre livre VII de La République (entre 385 et 370 avant J.-C.). Ce récit imaginaire, en quatre tableaux, présente des prisonniers enfermés depuis leur enfance dans une caverne souterraine, le dos tourné à l'entrée ouverte à lumière. Ils sont enchaînés les uns aux autres, de telle sorte qu'ils ne se voient pas et que leur regard se porte sur la paroi obscure de la caverne devant eux. Un petit mur se dresse derrière eux : il dissimule des hommes qui défilent, portant différents objets, dont les ombres se reflètent sur la paroi de la caverne grâce à un feu. Les prisonniers entendent l'écho des voix des hommes qui se déplacent, estimant que les sons proviennent des ombres. La perception des prisonniers se limite aux échos et ombres et, si rien ne se modifie, ils confondront toujours les ombres avec les hommes, l'apparence avec la vérité.
La libération d'un des prisonniers constitue une étape décisive. Il aperçoit pour la première fois les hommes et les objets, dont il ne voyait avant que les ombres. Cette expérience est douloureuse, puisqu'elle remet en question ce qu'il pensait initialement et l'arrache donc brutalement à ses anciennes « vérités » : la difficulté d'adaptation à cette nouvelle expérience est proportionnelle à la puissance de l'inscription dans un monde d'illusions. Platon établit un parallèle entre la rude ascension du prisonnier hors de la caverne, vers la lumière, et la recherché de la vérité de l'apprenti philosophe. Cette recherche est nécessairement soumise au fait de se confronter douloureusement à lui-même, pour remettre en question ce qu'il pense vrai et qui n'est souvent qu'une apparence, une croyance, une opinion fausse, une illusion de vérité. Pour Platon, la conviction selon laquelle je me trouve dans la vérité ne constitue en rien une garantie : je peux être certain d'être dans le vrai, mais la certitude n'est pas la vérité.
La caverne représente la réalité visible (celle donnée immédiatement par les sens), et l'extérieur la réalité intelligible (celle à laquelle nous accédons par notre intellect) : la sortie et l'adaptation progressive constituent donc le passage de l'un à l'autre.
Caycedo* compare cette allégorie au processus personnel qui peut être expérimenté au fil des degrés de la relaxation dynamique par un entraînement quotidien.
Dans le premier degré, la conscience ordinaire* est « voilée ». Elle est représentée par un hexagone au contenu masqué (Caycedo utilise, comme les comportementalistes radicaux des années 1960, le terme de « boîte noire »).
Lors du second degré – ou « degré des ombres » -, un changement de plan peut s'opérer avec une prise de conscience que le monde peut être perçu d'une nouvelle manière. La capacité d'espoir est progressivement dynamisée vers de nouveaux possibles.
Grâce au renfort des dimensions physique et psychique de la conscience, le troisième degré – ou « degré des chaînes » – peut permettre de se défaire de précédentes illusions et découvrir une nouvelle forme de liberté* intérieure.
Avec le quatrième degré, chacun peut être en contact avec ses propres valeurs existentielles*, distinguer l'essentiel de l'accessoire. Ce degré est symbolisé par la marche vers la vérité et l'arrivée à la « porte de la caverne ». La conscience dévoilée découvre alors un nouvel espace intérieur d'harmonie* du corps et de l'esprit (la « région phronique »).
Reste à conquérir et transformer constamment la nouvelle lumière découverte, libéré des apparences trompeuses, et à ne pas sombrer dans de nouvelles illusions en pensant détenir la vérité.
Corrélats : conscience sophronique – Platon – processus – région phronique – relaxation dynamique de Caycedo.
CAYCEDO ALFONSO
Né à Bogota (Colombie) le 19 novembre 1932, il est issu d'une famille d'origine basque espagnole. Son père était un architecte de renom et sa mère écrivaine, investie aussi en politique. Il est le second de trois garçons. Il se marie en 1963 avec une Française ; de cette union naissent deux enfants, Javier et Natalia (elle-même médecin psychiatre).
Après ses études secondaires, il part étudier la médecine et la psychiatrie (dans le service du professeur Lopez Ibor) à Madrid (Espagne). Il termine ses études en 1959.
Totalement insatisfait par les méthodes thérapeutiques alors employées, il se forme à l'hypnose à Nancy (France) auprès du docteur Cuvelier.
Trouvant cette méthode difficile à appliquer et à assumer, n'ayant pas bonne presse auprès de ses collègues médecins, il choisit de rompre avec l'hypnose. Cependant, comme il souhaite continuer à travailler sur la conscience*, il décide de créer une nouvelle terminologie, afin de se démarquer complètement de l'hypnose traditionnelle et de sa réputation discutable et de proposer de nouvelles techniques permettant de dévoiler la conscience.
Ainsi naît la sophrologie en octobre 1960.
Caycedo s'intéresse également à la phénoménologie* et lit les travaux de Husserl*. Il décide d'aller rencontrer Binswanger* (1881-1966), psychiatre phénoménologue, dans sa clinique de Kreuzlingen en Suisse.
À la suite d'échanges avec celui-ci, il entreprend un voyage en Inde afin d'étudier les états de conscience modifiés des yogis. Ce voyage qui devait durer six mois dura presque deux ans et le conduisit également au Japon.
De retour en Espagne (1967), il s'installe à Barcelone. Il complète les techniques de sophronisation* avec les relaxations dynamiques*, inspirées des méthodes expérimentées en Orient.
Après une longue période de recherches, de mises au point et de diffusion des techniques sophrologiques, il retourne en Colombie.
Il revient définitivement en Europe en 1988 et s'installe en Andorre, où il vit toujours. Effrayé par certaines évolutions de la sophrologie, il crée le terme de « sophrologie caycédienne », afin de protéger l'authenticité de sa méthode.
Aujourd'hui, il poursuit ses recherches et continue de dispenser son enseignement.
Corrélats : hypnose – sophrologie – yoga – zen.
CÉNESTHÉSIE
Étym. : du gr. koinos, « en commun », et aisthesis, « perception ».
Sensibilité organique, faite de sensations internes (musculaires, articulaires, osseuses, viscérales), qui participe, avec les organes sensoriels, au sentiment général de l'existence.
L’entraînement sophrologique* permet au sophronisant* d'établir le lien entre ce qu'il sait (qu'il est vivant) et ce dont il fait l'expérience.
Corrélats : existence – organes sensoriels.
« COMME SI C'ÉTAIT LA PREMIÈRE FOIS »
L'expérience sophrologique peut inscrire le sophronisant* assidu dans la conscience du premier regard. Je me détache de ce que je crois connaître de mon corps*, du monde, de mes valeurs, pour les voir apparaître selon Husserl* (1859-1938), « comme si c'était la première fois ». Je sors des modes les plus convenus de sentir, de percevoir, d'exister, de créer, en voyant surgir d'autres horizons. Je m'inscris dans une experience en train de se vivre, en accueillant l'instant présent, en acceptant de m'ouvrir à l'inattendu, l'imprévisible.
Bien sûr, le corps, le monde, les valeurs étaient déjà là (pour cette raison, l'expérience du premier regard ne peut que nous inscrire dans le « comme si… ») ; mais ce que j'en connaissais se résumait souvent à des conceptions personnelles floues, des opinions ou des savoirs livresques, pas obligatoirement faux, mais insuffisants pour ma réalité, parce que non relayés par un regard neuf sur ce que je suis dans l'instant en train de vivre. Je m'aperçois ici et maintenant que je suis mon corps*, que je donne du sens au monde, que je peux inventer mes propres valeurs, conscient de ma capacité à renouveler constamment mon regard.
Il est difficile de traduire conceptuellement une expérience inévitablement subjective et existentielle. Le sophrologue mesure sa portée lorsque le sophronisant* lui confie par exemple, dans un
dialogue pré – ou post-sophronique*, qu'il s'aperçoit qu'il est plus inscrit dans la conscience* de son corps, qu'il se sent plus exister par lui-même, que ce qu'il considérait essentiel est devenu accessoire ou l'inverse, qu'il veut donner un sens nouveau à son existence par et pour lui-même ; en bref, qu'il évolue, en s'acheminant vers plus d'ouverture, d'autonomie* et de responsabilité* d'être.
Corrélats : corrélation noético-noématique – entraînement sophrologique – éveil – existence – phénomène – phénoménologie – principe de réalité objective – réduction.
COMMUNICATION
Étym. : du lat. communicatio, « mise en commun ».
Pour le sophrologue*, bien communiquer, c'est se mettre à la portée de l'apprenti : indiquer les mouvements, l'intentionnalité* de la séance, le sens de celle-ci et le contexte dans laquelle elle se situe.
La communication consiste à transmettre la part de soi qui s'investit dans une proposition de « guidance » : jusqu'où ? À quels niveaux d'accompagnement ? Par rapport à quelle(s) demande(s) ?
Communiquer est reformuler ce que l'on a entendu dans le discours explicite ou implicite de l'autre, tout en étant clair dans ses propositions d'aide. La communication passe par le langage du corps*. Il n'y a pas de neutralité ou d'objectivité bienveillante en matière de méthodes ou de thérapie à médiation corporelle. Dans la rencontre entre deux êtres, il y a ipso facto une subjectivité immédiate (faite de projections réciproques) qui exprime la possibilité d'une alliance.
Confier son corps à la voix du sophrologue, parfois à son regard, demande une infinie confiance ; un premier « lâcher prise » qui augure une communication non verbale où la respiration* et le souffle seront les vecteurs du chemin à parcourir.
La participation de corps à corps suppose une intersubjectivité* coconstituante : le sophrologue, à la différence de l'analyste, s'expose ouvertement dans son « bougé », son logos informatif ou orientatif. Il initie le geste, un premier geste.
La communication du sophrologue doit s'opérer dans la congruence. Cet objet transitionnel majeur entre paroles du corps et paroles du cœur scellera, par ricochet, l'unité psychocorporelle de l'apprenti.
La communication atteindra alors son acmé : une relation de sujet* à sujet.
Corrélats : alliance sophronique – écoute active – écoute participative – intersubjectivité – langage.
CONCENTRATION
Étym. : de con-, du lat. cum, « avec », et centrum, « pointe sèche du compas » puis « centre d'un cercle, d'une sphère ».
Les exercices de concentration en sophrologie sont fréquents. Ils consistent, à un niveau de conscience modifié (au
niveau sophro-liminal* ou à celui de la
conscience Isocay*), à orienter volontairement et de manière prolongée l'attention vers un objet déterminé. Cet objet peut prendre plusieurs aspects : l'évocation mentale d'un objet physique (par exemple un objet naturel, de préférence du règne végétal ou minéral), d'une situation, d'un ou plusieurs mots prononcés mentalement ; la concentration sur une pensée, sur une ou plusieurs sensations* actuelles (la respiration*, une partie du corps*, le poids ou la chaleur corporels, etc.). Ces différents supports ne sont pas proposés d'emblée de manière simultanée. Il ne s'agit pas, pour autant, d'une focalisation exclusive de l'attention : l'objet choisi est présent à la conscience en même temps que d'autres phénomènes* peuvent ou doivent être constatés et accueillis.
Corrélats : contemplation – méditation – objet de concentration.
CONCENTRATION SUR L'OBJET
CONDUITE D'ÉCHEC
Étym. : conduite, du lat. conducere, « conduire » ; échec, de l'arabo-persan eschac.
Comportement fréquemment observé. De nombreuses personnes, efficaces, opérationnelles au quotidien, perdent leurs moyens lorsqu'elles sont confrontées à un enjeu : examen écrit ou oral, compétition sportive, entretien d'embauche, représentation artistique par exemple.
Les sujets subissent les phénomènes physiques classiques (rougeur ou pâleur, tremblements, troubles de l'élocution, etc.) et certains phénomènes psychiques comme des trous de mémoire jusqu'à l'omission parfois de la totalité de l'événement : la personne oublie par exemple sa convocation ou ses papiers d'identité s'il s'agit d'un examen, ou même ne se présente pas à l'épreuve. Tout est mis en place pour que l'échec s'installe.
Certes, la peur de l'échec accentue le trac, le stress, et perturbe suffisamment la personne pour qu'elle ne puisse donner la pleine mesure de ses capacités*.
Mais il existe également d'autres raisons, plus ou moins inconscientes, qu'il ne convient pas au sophrologue* d'analyser (la peur de l'échec peut également cacher la peur de la réussite : que se passerait-il, quelles seraient les conséquences si la personne réussissait ?).
Cependant, la sophrologie constitue une aide précieuse pour ce type de comportement en permettant d'apprendre à mieux gérer son stress, à l'utiliser comme moteur et à renforcer la confiance, l'estime de soi. Les séances de sophrologie peuvent s'organiser en intervention ponctuelle pour une épreuve donnée, mais il est préférable d'engager un travail de plus longue haleine, certainement plus efficace, pour permettre au sophronisant* de se positionner différemment dans sa vie.
Corrélats : confiance en soi – inhibition – peur de perdre, peur de gagner – sophrologie pédagogique – sport – stress.
CONFIANCE EN SOI
Étym. : confiance, du lat. confidentia, dér. de confidere, « confier » ; soi, du lat. se.
Exprime la conscience d'être à la hauteur de la tâche à accomplir. Traduit le sentiment qu'éprouve une personne de posséder de bonnes capacités d'adaptation ou de maîtrise, par rapport à une tâche donnée.
Le sujet ayant confiance en lui se sent lui-même. D'un point de vue psychanalytique, la confiance en soi se révèle par le développement et l'affirmation d'un « Moi » suffisamment fort et souple : me sentir libre et autonome dans mes choix et actes, être capable d'oser même si je ne maîtrise pas tout, agir sans être certain du résultat. Le manque de confiance en soi se manifeste sous forme de complexes (infériorité, supériorité, exclusion, échec, culpabilité).
Six éléments essentiels, susceptibles d'être travaillés en sophrologie, sont inhérents à la confiance en soi :
• l'unité de soi. Elle passe par une régulation des conflits intérieurs, souvent liés à nos conditionnements affectifs (« sois parfait, fais plaisir, n'échoue pas, etc. »). Ils constitueront un facteur de travail fondamental de la démarche sophrologique, appliquée à la confiance en soi ;
• la connaissance de soi. Être capable de me voir et de m'accepter tel que je suis, avec mes faiblesses, contradictions, croyances, mais aussi mes forces, idées, ressentis, capacités, valeurs ;
• la capacité de résistance aux déceptions, frustrations, pertes. Avoir ou retrouver une relation naturelle avec mes émotions* désagréables, les comprendre et les adapter, permettra d'avoir moins besoin d'utiliser des mécanismes de défenses limitatifs et ainsi d'ouvrir mon champ d'expériences, élément clé du développement de la confiance en soi ;
• la confiance en l'avenir. Cet aspect de la confiance en soi favorise la mobilisation de ses capacités*, le lâcher prise à ses peurs ou ses doutes, la persévérance face aux difficultés ;
• l'affirmation de soi. Elle permet de se construire en restant à l'écoute de soi, de ses ressentis, idées, désirs, tout en restant ouvert et disponible aux idées, valeurs d'autrui ou de la société ;
•
l'estime de soi. S'aimer, se donner de la valeur, donner du sens à son existence* sont autant d'éléments qui doivent se construire ou se reconstruire, pour aboutir à la confiance en soi.
Corrélats : conduite d'échec – inhibition de l'action – peur de perdre, peur de gagner – Soi.
CONSCIENCE
Étym. : du lat. cum, « avec », et de scire, « savoir ».
À la base même de la sophrologie, puisqu'elle est le sujet de son étude. Ut conscientia noscatur (« Afin que la conscience soit connue ») : telle est la devise de la sophrologie.
Il ne s'agit pas ici de conscience morale, ni de la conscience psychologique dont le sens classique est insuffisant pour rendre compte de ce que Caycedo* a appelé la « conscience ». Il propose désormais d'y ajouter le qualificatif « phronique » pour le spécifier.
La conscience morale est la capacité que nous avons de juger nos actes ou ceux des autres (voir
« Valeurs morales »). De nombreuses expressions illustrent cette acception : « avoir bonne (ou mauvaise) conscience », « en conscience » (franchement, honnêtement), « en mon âme et conscience », « faire son examen de conscience ».
La conscience, au sens psychologique classique du terme, est la capacité de connaître sa propre réalité, de savoir ce que l'on est en train de faire, de penser. « Avoir conscience, c'est sentir qu'on sent » (Goblot, 1858-1935).
Pour Sartre (1905-1980) : « La seule façon d'exister pour la conscience est d'avoir conscience d'exister. »
On parle aussi de la « conscience de soi », au sens de « connaissance de soi ».
Le mot « conscience » est également employé au sens de « conscient », par opposition à « inconscient ».
Il est utile de rappeler que Caycedo est neuropsychiatre. Sa première lecture de la conscience s'est donc limitée à la conscience psycholo gique (voir « Sophrologie », première définition). Au fil de ses études, il a remarqué que le corps* ne pouvait être dissocié de la réalité psychique des personnes : je peux me dire « conscient » par la médiation de mon corps.
Pour la sophrologie, la définition de la conscience a évolué au fil du temps. La conscience se définit aujourd'hui comme la force qui permet l'intégration de tous les processus existentiels de l'être humain. Il ne s'agit plus seulement de l'aspect « mental » ; il ne s'agit plus de la conscience de quelque chose : la conscience est une énergie* qui permet à l'être humain de se vivre dans sa complétude, dans l'harmonie* corpsesprit. La dimension psychologique de la conscience est évidemment présente ; mais, dans la conception sophrologique de la conscience, le corps est essentiel, certainement pas comme une entité isolée, mais comme ce par quoi la constitution de la conscience est possible.
La sophrologie considère donc l'être humain dans sa globalité, que ce soit dans le domaine de la pathologie (dysphronie*, anaphronie*), « la bonne santé* », et plus encore dans la dimension plus large d'un être humain accompli (euphronie*).
L’
éventail de la conscience en deux dimensions, proposé par Caycedo, sert à représenter la conscience. Il le divise dans le sens vertical en trois parties : à gauche, la
conscience pathologique ; au centre, la
conscience ordinaire ; à droite, la
conscience sophronique. Ce sont les états de conscience. Dans le sens horizontal, il décrit les niveaux de conscience, qui vont de la veille attentive dans la partie supérieure de l'éventail, au coma dans la partie inférieure du schéma.
Caycedo représente les structures de la conscience sous la forme d'un sablier* : la partie supérieure représente les structures présentes ; la partie inférieure, les structures sous-jacentes ; la partie intermédiaire rétrécie, les structures latentes.
Le fondateur de la sophrologie décrit également des valences qui correspondent à la manière dont nous vivons les événements, conscients ou pas. Dans les structures présentes, les valences sont positives, négatives ou neutres ; dans les structures sous-jacentes, elles sont muettes (nous n'en n'avons pas conscience, ce qui ne signifie pas qu'elles ne soient pas actives) ; dans les structures latentes, elles peuvent être positives, négatives, neutres ou muettes.
Le but de la sophrologie est d'élargir les
structures présentes (aussi bien sur le plan corporel que psychologique et autre) et de renforcer les
valences positives. Il y a très probablement une action « insue » sur les autres
structures,
latentes et
sous-jacentes, avec les conséquences facilement imaginables sur la qualité d'exister des sophronisants*.
Corrélats : conscience ordinaire – conscience pathologique – conscience sophronique – niveau sophro-liminal – structures de la conscience – valences phroniques.
CONSCIENCE ISOCAY
Étym. : conscience* et Isocay*.
Niveau de conscience actuellement privilégié dans les techniques et méthodes en sophrologie. Ce niveau de conscience, d'abord substitué au
niveau sophro-liminal (1999) initialement placé « entre veille et sommeil », est aujourd'hui (depuis 2001) présenté au-dessus de ce dernier, c'est-à-dire dans un niveau de veille, entre une
couche supraliminale (au-dessus) et une
couche infraliminale (en dessous). Cette différence sémantique* souvent critiquée (du fait du terme « Isocay ») vise à souligner l'importance d'une pleine conscience (voir
« Mindfulness ») ou vigilance aux phénomènes* expérimentés, distincts d'une sorte de somnolence bienfaisante parfois proposée aux débuts de la sophrologie. Au final, il s'agit davantage d'une qualité de présence*, subjective, que d'une « quantité » de vigilance, objective, mesurable par un électroencéphalographe. Cette capacité d'être pleinement conscient se développe par la répétition et l'entraînement. Elle est facilitée par l'utilisation d'une posture tonique ou «
posture Isocay » (d'autres postures sont possibles).
Corrélats : conscience – couche infraliminale – couche supraliminale – éveil – Isocay – niveau sophro-liminal – posture Isocay.
CONSCIENCE ORDINAIRE OU NATURELLE
Étym. : conscience* ; ordinaire, du lat. ordinarius, « placé en rang, conforme à la règle » ; naturel(le), du lat. naturalis, « de naissance, appartenant à la nature des choses ».
Dans la représentation de l’éventail de la conscience, l’état de conscience ordinaire (ou naturelle) se place dans la partie médiane (voir le schéma dans « Conscience »).
La conscience ordinaire concerne toutes les personnes qui considèrent que les choses sont comme elles sont, sans se poser de questions. La notion de « naturelle » est à prendre au sens de « non travaillée », « brute ».
Un grand nombre de personnes, sinon la majorité, se situe dans cet état. Elles ne vont pas mal, peuvent même être satisfaites de leur existence*, mais elles ne vivent pas en « pleine conscience ».
Cet état peut évoluer vers la
conscience pathologique ou vers la
conscience sophronique.
Corrélats : conscience – conscience pathologique – conscience sophronique.
CONSCIENCE PATHOLOGIQUE
Étym. : conscience* ; pathologique, relatif à la pathologie, du gr. pathos, « souffrance », et logos, « discours, science ».
L'état de conscience pathologique se situe à la gauche de l’éventail de la conscience (voir le schéma dans « Conscience »).
Toute maladie, physique ou psychique, bénigne (dysphronie*) ou grave (anaphronie*), curable ou non, transitoire ou définitive, place le sujet en conscience pathologique.
L'observation, comme l'expérience personnelle, montrent que, lorsqu'un trouble quelconque touche l'individu, il y a une répercussion sur son être tout entier. « Ça va mal. » On peut cependant constater que la maladie, quel que soit son degré de gravité, est vécue de façon différente selon le degré d'évolution de la personne : de la fatalité (« je n'y peux rien », « je n'ai vraiment pas de chance », « il n'y a qu'à moi que cela arrive ») à la possibilité d'ouverture du champ de conscience (« quel sens puis-je donner à cet événement ? », « qu'est-ce que cela signifie pour moi ? »).
Corrélats : anaphronie – conscience – conscience ordinaire – conscience sophronique – dysphronie.
CONSCIENCE SOPHRONIQUE
Étym. : conscience* ; sophronique*, du gr. sos, « être sain, en bonne santé physique et mentale, par extension harmonie, équilibre », et de phren, « âme affective, esprit, conscience », phronique signifiant pour Caycedo* « structure dans la profondeur intérieure de l'être ».
L'état de conscience sophronique est situé à la droite de l’éventail de la conscience (voir le schéma dans « Conscience »). C'est le domaine de l'euphronie.
Elle correspond à ce que l'on pourrait appeler la « pleine conscience ». Dans cet état, le sujet* est totalement conscient de ses actes, de ses pensées. Conscient de lui-même, corps* et esprit en harmonie, conscient de son environnement. Il a développé son système de valeurs, qu'il applique en toutes circonstances, tout en respectant l'autre.
Cela ne signifie pas que tout est devenu facile, peut-être même est-ce le contraire (car pour atteindre et maintenir cet état, la discipline, l'attention à chaque instant et l’
entraînement sophrologique sont indispensables), mais tout a du sens ou prend sens. Tout est équilibre, harmonie. La personne existe par et pour elle-même.
Corrélats : conscience ordinaire – conscience pathologique – entraînement sophrologique – euphronie – harmonie – valeurs existentielles.
CONTEMPLATION
Étym. : du lat. contemplatio, « fait de contempler ».
En langage courant, signifie s'absorber dans l'observation de quelque chose, souvent en lien avec le religieux, le beau. Le mot a, en général, une connotation sacrée.
En sophrologie, la contemplation est un exercice du deuxième degré de relaxation dynamique.
C'est une forme de méditation* sur soi-même : après avoir renforcé la présence à soi-même (corps* et esprit) dans le premier degré de relaxation dynamique, le sophronisant apprend à se mettre en relation avec le monde extérieur, à poser le simple constat de sa présence dans le monde. Il élargit ainsi son champ de conscience* à l'infini, tout en restant centré sur lui-même. Il y a comme un mouvement constant d'expansion de la conscience, et en même temps de retour sur soi.
(Il ne s'agit en aucun cas de « sortie du corps » ou d'exercices similaires. Le sophronisant est toujours pleinement conscient de sa réalité physique et mentale, présent à lui-même et à son environnement.)
Corrélats : présence – présent – relaxation dynamique de Caycedo – sophronisant.
CONTENUS DE LA CONSCIENCE
Étym. : contenus, du lat. cum, « avec », et tenire, « avoir en soi » ; conscience*.
Les capacités de la conscience renferment les contenus. Si une capacité est universelle, un contenu est individuel : chaque être humain possède une mémoire qui lui est propre (les témoins d'un même événement le relateront de façon parfois très différente, alors qu'il s'agit bien de la même situation) ; son schéma corporel*, son langage*, son imagination*, etc., n'appartiennent qu'à lui et lui confèrent son originalité, son caractère, sa personnalité.
Les contenus dépendent de l'hérédité, de l'histoire familiale, de l'histoire personnelle, du sexe, de l'âge, du travail de développement personnel réalisé, des croyances, etc.
Si l'on souhaite travailler sur les contenus, cette démarche ne peut s'effectuer qu'en relation individuelle ou en petits groupes, en psychothérapie, psychanalyse ou méthodes apparentées.
En sophrologie, le sujet* utilise ses contenus dans maints exercices (concentration,
sophro-présence relaxante, futurisations*, sophromnésies*, etc.), mais le sophrologue ne demande pas au sophronisant* ce qu'il a évoqué, mais ce qu'il a ressenti, comment il a vécu l'expérience. Ainsi, l'action se situe au niveau des capacités et non au niveau des contenus. Cependant, le renforcement des capacités agit sur les contenus et permet l'évolution de ceux-ci.
Corrélats : capacités de la conscience – conscience – développement personnel – sophronisation.
CONTRACTION MUSCULAIRE
Étym. : contraction, du lat. contractio, « contraction » ; musculaire, du lat. musculus, « muscle ».
Le muscle squelettique possède la propriété de se contracter : c'est la contractilité. Cette propriété est utilisée d'une façon majeure en sophrologie pour permettre, par le relâchement, non seulement une éventuelle relaxation*, mais aussi et surtout une prise de conscience de nombreuses sensations et, par-là, d'améliorer celle de tout le corps.
On distingue la contraction musculaire dynamique qui s'accompagne d'un mouvement et la contraction musculaire statique qui ne produit pas de mouvement.
On reconnaît également la contraction musculaire concentrique, quand le muscle se raccourcit, et la contraction musculaire excentrique qui s'accompagne d'un allongement du muscle.
La
relaxation dynamique du premier degré utilise dans toutes les stimulations* ces propriétés en s'appuyant sur deux phénomènes liés à la physiologie musculaire ; d'une part, par la loi de l'innervation réciproque, toute contraction d'un muscle agoniste nécessite le relâchement du muscle antagoniste ; d'autre part, toute contraction musculaire volontaire génère, lorsqu'elle cesse, une détente* musculaire plus importante que l'état de repos initial.
La sophronisation*,
sophro-déplacement du négatif, utilise particulièrement cette dernière propriété du tissu musculaire.
Corrélats : corporalité – corps – énergie – IRTER – relaxation dynamique de Caycedo – sensation – sophro-déplacement du négatif.
CONTRE-INDICATION
Étym. : contre-, du lat. contra, « en face de » ; indication, du lat. indicare, « qui montre ».
Rares sont les cas où il faut s'abstenir de pratiquer la sophrologie ou ceux où elle pourrait s'avérer dangereuse. Il s'agit plus souvent de limites que de réelles contre-indications.
En pratique, la principale limite concerne le sophrologue*. En effet, il se doit de respecter scrupuleusement sa réalité objective (voir « Principe de réalité objective »). Il ne doit pas s'autoriser à accompagner des personnes dont la demande ou l'état de santé dépasse le champ de ses compétences. En revanche, il doit pouvoir les orienter vers des praticiens compétents dans leur discipline.
Parmi les limites, citons le niveau de compréhension de la personne. Le sophrologue doit pouvoir s'y adapter, mais il arrive qu'il y ait une réelle incapacité de la part du sujet* (débilité mentale profonde, démences). La sophrologie ne peut donc être proposée telle quelle.
La surdité est une autre limite, mais qui ne constitue pas une contreindication. S'il s'agit d'une capacité auditive réduite, le sophrologue veillera à placer la personne malentendante près de lui et à parler suffisamment fort. S'il s'agit d'une surdité totale, le sophrologue pourra être assisté d'une personne connaissant le langage* des signes et pouvant traduire ses propos. Dans ce cas, la relaxation dynamique* est plus adaptée que la sophronisation* (les mouvements facilitent la prise de conscience du corps* et la voix du sophrologue est secondaire).
Il convient également d'adapter la sophrologie pour des publics particuliers : très jeunes enfants, personnes âgées, personnes en fin de vie, par exemple. Mais il ne s'agit pas de contre-indications, évidemment.
Les seules réelles contre-indications concernent les pathologies psychiatriques, en particulier les psychoses. À noter cependant que, dans des structures appropriées et avec un sophrologue expérimenté, il est possible d'accompagner certaines personnes psychotiques avec la sophrologie. C'est alors un véritable travail en équipe.
Les états délirants constituent une contre-indication absolue.
CONTRE-TRANSFERT
Étym. : du lat. contra, « opposé, contraire », et trans et ferre, « porter au-delà ».
Issu du vocabulaire de la psychanalyse. N'est pas employé en
sophrologie caycédienne mais plutôt en sophrologie analytique ou sophro-thérapie. Le contre-transfert recouvre les sentiments, les pensées et les représentations que le praticien porte sur la personne qu'il accompagne, les fantasmes qu'elle peut éveiller, mais aussi sur son histoire, sa façon de la dire et de la vivre. Il est extrêmement important que le praticien soit conscient de son contre-transfert et travaille constamment à le clarifier, afin d'éviter de projeter sur le patient ses propres représentations, ses idées, ses valeurs, ou de s'identifier à lui, ce qui aurait pour effet de gêner, sinon empêcher la juste évolution de ce patient.
Comme le transfert, le contre-transfert est inévitable. Mais, alors que le transfert est nécessaire pour permettre au patient d'évoluer vers sa propre réalité, le contre-transfert risque de constituer un frein à cette évolution. C'est pourquoi, comme une partie du contre-transfert est le plus souvent inconsciente, il convient que le praticien soit régulièrement supervisé par ses pairs.
En
sophrologie caycédienne, il est question d'alliance et non de transfert/ contre-transfert. Mais pour qu'elle puisse se mettre en place, il faut en tout premier lieu que le sophrologue soit conscient des sentiments que génère en lui le sophronisant*. D'où l'importance pour les sophro logues d'être eux aussi supervisés.
Corrélats : alliance sophronique – sophrologie analytique – sophrologue – sophro-thérapie – transfert.
CORPORALITÉ
Étym. : empr. au lat. médiév. corporeitas, dér. du lat corporeus, « qui appartient au corps » et « qui a un corps ».
Renvoie, en sophrologie, à l'intégration progressive, la perception affinée, au fil de l'entraînement*, du
schéma corporel, dans toute sa densité et unité. La corporalité dépasse ou transcende la séparation arbitraire du corps et de l'esprit : le corps est la base même de la conscience* et participe au processus d'intégration de toutes nos expériences. « […] corps que je suis et non corps que j'ai, totalité indivise qui caractérise mon être au monde comme visée incarnée. Le corps est sujet. » (Merleau-Ponty*, 1945)
Corrélats : capacités de la conscience – corps – Moi corporel – perception – schéma corporel.
CORPS
Étym. : du lat. corpus, « corps ».
D'un point de vue physiologique, voire biologique, organisme qui réunit l'ensemble des organes au service des fonctions fondamentales de la vie des êtres vivants. Sous cet angle, la pensée occidentale depuis Pythagore, en passant par le christianisme, a souvent opposé, à la différence de l'approche orientale, le corps à l'âme. Descartes, philosophe et mathématicien du XVIIe siècle, distingue en l'homme deux substances : la substance pensante (l'âme) et la substance étendue (le corps ou la matière). Le courant phénoménologique établit une autre distinction qui intéresse la sophrologie et interroge cette dualité âme/corps établie par certains penseurs. Il ne faut pas confondre le corps-objet qui s'impose au médecin, par exemple, comme objet de connaissance en troisième personne, avec le corps-propre ou corps-sujet au cœur de mon existence, puissance de perception, d'action et d'insertion dans le monde, partie fondamentale de ma personnalité, qui me fait reconnaître que je n'ai pas simplement un corps mais que je suis mon corps. Le corps ne peut donc être conçu exclusivement comme une activité organique complexe : avant d'être l'objet d'une approche scientifique méthodique, il est d'abord, pour le sophrologue*, le propre d'une expérience intime, subjective et même sensitive. En sophrologie, la conscience du sujet s'éprouve ellemême charnellement dans une expérience ancrée, au point de pouvoir parler d'un corps-conscient ou d'une conscience-corps.
Cette conscience d'un corps-sujet est visée par la pratique sophrologique. La présence à soi passe donc par la capacité à pouvoir prendre conscience, de manière renouvelée, de mon corps comme la dimension essentielle de mon existence, qui m'inscrit ici et maintenant dans une expérience originaire et constitutive de mon être. L'expérience du corps en sophrologie est donc la manifestation d'une présence, qui se traduit conceptuellement par l'immersion d'une subjectivité de l'incarnation dans un instant précis de l'existence.
Corrélats : conscience – corporalité – existence – Merleau-Ponty – perception – présence – présent – schéma corporel – temps.
CORRÉLATION NOÉTICO-NOÉMATIQUE
Étym. : corrélation, du lat. cum, « avec », et relatio, « relation » ; noético-, de « noèse », du gr. noèsis, « faculté de penser ou connaissance » ; noématique, de « noème », du gr. noèma, « pensée ».
Husserl (1859-1938), fondateur de la phénoménologie, veut exprimer notre rapport au monde. Le monde vécu, ce que l'homme du sens commun appelle le réel, prend toujours sens à partir d'une visée de la conscience*.
Pour un phénoménologue, la conscience est donatrice de sens ; elle constitue continuellement le sens des objets qu'elle appréhende : ce livre devant moi, ce paysage par ma fenêtre, etc.
La relation sujet*-objet nous inscrit dans un schème nommé par Husserl « corrélation noético-noématique ». Husserl appelle l'objet de pensée le « noème », c'est-à-dire ce qui est visé par la conscience avec son sens, ses modes d'apparaître. Chaque contenu visé ou noème suppose un acte particulier de conscience ou « noèse ». La noèse désigne le vécu du sujet, l'acte de visée de la conscience : notre monde est en permanence structuré par nos actes de visée, c'est-à-dire par notre perception, mémoire, imagination*, etc.
La corrélation noético-noématique ne contient pas de connotation volontaire. Elle nous renvoie vers une structure de visée, c'est-à-dire une certaine manière de constituer l'objet de son expérience (voir
« Intentionnalité »)
Les techniques de la sophrologie cherchent, d'une part, à rendre conscients nos actes de visée, c'est-à-dire notre manière d'entrer en relation avec le monde et avec nous-mêmes. Elles essaient, d'autre part, de faire varier les multiples perspectives d'un phénomène, à savoir visiter, voire enrichir, notre conscience du rapport entre le sujet et l'objet, c'està-dire entre sa conscience et son corps*, sa conscience, son corps et le monde, sa conscience et ses valeurs, sa conscience, son corps et autrui. Chaque phéno-description d'un sophronisant*, inhérente au type d'expérience vécue pendant une pratique*, restitue, avec plus ou moins de précision, la conscience et la qualité de ce rapport.
Corrélats : Husserl – intentionnalité – intersubjectivité – phénomène – phénodescription – phénoménologie – réduction.
COUCHE INFRALIMINALE
Étym. : couche, du lat. collocare, « placer, établir » ; infra, du lat. infra, « dessous » ; liminal(e), du lat. limen, « seuil ».
Niveau inférieur (dans le sens topographique) de la conscience Isocay, inhibant et altérant la conscience*. Ce niveau de conscience, source potentielle de rêverie ou d'endormissement, n'est pas recherché lors des pratiques* sophrologiques.
Corrélats : conscience Isocay – couche supraliminale.
COUCHE SUPRALIMINALE
Niveau supérieur (dans le sens topographique) de la conscience Isocay, activant et stimulant la conscience. Ce niveau de conscience, source potentielle de pensées distractives ou parasites, n'est pas recherché lors des pratiques sophrologiques.
Corrélats : conscience Isocay – couche infraliminale.
COUPE DE VIE
Étym. : coupe, du lat. cuppa, « vase » ; vie, du lat. vita, dér. de vivere, « VIVRE ».
La base (trapézoïdale) représente les
structures sous-jacentes de la conscience, la partie intermédiaire les
structures latentes, la partie supérieure (en forme de demi-cercle) les
structures présentes. On retrouve dans chacune des parties les
valences afférentes :
positives (+),
négatives (-),
neutres (N) et
muettes (M).
Notons que le demi-cercle n'est pas fermé par une ligne droite mais par des pointillés pour indiquer que les structures présentes peuvent se « remplir » toujours davantage.
La partie intermédiaire (qui représente les structures latentes) est divisée en deux dans le sens horizontal : dans la partie inférieure se trouvent les capacités de la conscience, dans la partie supérieure les contenus de la conscience.
Notons enfin deux flèches : l'une dirigée de haut en bas, montrant le passage des
structures présentes aux
structures sous-jacentes en passant par les
structures latentes lors de l'endormissement, passage nommé « rétromanence » ; et l'autre dirigée de bas en haut, représentant de la même façon la dynamique du réveil (des
structures sous-jacentes aux
structures présentes en passant par les
structures latentes), nommée « manence ».
Corrélats : capacités de la conscience – contenus de la conscience – intégration dynamique de l'être – structures de la conscience – valences phroniques.
CRÉATIVITÉ
Étym. : du lat. creare, « créer ». Ce mot est d'apparition récente (1946).
Il convient de faire la distinction entre création et créativité. La création implique de « fabriquer » quelque chose, artistique ou non : un tableau, un meuble, un écrit. La créativité est plus de l'ordre d'un état d'être et n'implique pas la production d'une œuvre d'art ou autre. C'est une capacité que possède chaque individu* à inventer à chaque instant sa propre existence*. Autrement dit, on peut être créatif dans les choses les plus banales du quotidien : cuire des pâtes, faire la vaisselle, ranger des fichiers, marcher dans la rue, etc. C'est une véritable pulsion de vie qui éloigne la routine, la morosité, et permet à chacun de vivre pleinement. La créativité est fréquemment freinée, sinon totalement abolie, par l'éducation. L'individu n'ose pas s'exprimer (de quelque façon que ce soit) si le résultat envisageable n'est pas à la hauteur des attentes sociales supposées par lui (famille, milieu professionnel, etc.) : par crainte du qu'en-dira-t-on, du jugement des autres, le sujet* finit par ne plus rien tenter plutôt que de risquer de mal faire.
La sophrologie est un outil de choix pour restaurer la confiance en soi, l'estime de soi, lutter contre la conduite d'échec et redonner ainsi le goût d'entreprendre pour entreprendre, sans avoir à se préoccuper éventuellement du résultat jusqu'à tomber dans la pathologie, ni craindre le jugement d'autrui. Le sujet prend alors toute sa place par rapport à lui-même et à la société.
Corrélats : capacités de la conscience – conduite d'échec – confiance en soi – imagination.
CYCLE EXISTENTIEL
Étym. : cycle, du lat. cyclus, « cercle » ; existentiel, relatif à l'existence, du lat. existentia, mot composé de ex, « hors de », « à partir de », et d'un dérivé du participe présent sistens, « se tenant ». L’existens est celui qui se tient ou qui surgit à partir de…
Correspond à un troisième temps de formation, pendant lequel le sujet intègre les quatre derniers degrés de la
relaxation dynamique de la sophrologie (du neuvième au douzième degré), plus des
théories et des
techniques spécifiques.
Corrélats : cycle fondamental – cycle radical – dignité – liberté – Moi phronique – réduction – région phronique – relaxation dynamique de Caycedo – responsabilité – techniques spécifiques – tridimensionnalité.
CYCLE FONDAMENTAL
Étym. : cycle, du lat. cyclus, « cercle » ; fondamental, du lat. fundamentum, « fondement ».
Appelé aussi
cycle réductif, il correspond à un temps de formation (sur un ou deux ans), durant lequel le sujet intègre les quatre premiers degrés de la
relaxation dynamique de la sophrologie, plus des
théories et
techniques spécifiques.
Corrélats : cycle existentiel – cycle radical – étape réductive ou fondamentale – Moi phronique – réduction – région phronique – relaxation dynamique de Caycedo – techniques spécifiques.
CYCLE RADICAL
Étym. : cycle, du lat. cyclus, « cercle » ; radical, du lat. radicalis, « racine, origine première ».
Correspond à un second temps de formation, pendant lequel le sujet intègre le cinquième au huitième degré de la
relaxation dynamique de la sophrologie, plus des
théories et techniques spécifiques.
Corrélats : cycle existentiel – cycle fondamental – Moi phronique – reduction – région phronique – relaxation dynamique de Caycedo – techniques spécifiques.