AVANT-PROPOS

Depuis plusieurs années, nous traversons une période difficile sur le plan moral. Les crises financières puis économiques et sociales génèrent, en effet, un climat d’incertitude, dangereux sur le plan moral et motivationnel.

D’ailleurs, dès le mois d’octobre 2008, le docteur Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), alertait : « Nous ne devrions pas sous-estimer les turbulences et les conséquences probables de la crise financière. Il ne faudra pas être surpris de voir plus de personnes stressées, plus de suicides et plus de désordres mentaux3. »

Des propos qui s’expliquent, si l’on repense à ce qui s’est passé suite à la crise de 1929. En 1932, le taux de suicides avait fait un bon aux États-Unis, puisqu’il était pratiquement le double de celui de 1920.

Le site du journal suisse Romandie.com4 a fait état, dans un article mis en ligne fin 2008, de craintes concordantes, toujours aux États-Unis : « En octobre 2008, juste après le début de la crise provoquée par la faillite de la banque Lehman Brothers, le nombre d’appels reçus par CrisisLink était en hausse de 132 % par rapport à octobre 2007. Sur les cinq derniers mois, la hausse atteint 81 %. »

En France, entre octobre 2011 et octobre 2012, le nombre de suicides devant les TGV de la SNCF s’est accru de 30 %, amenant son président, Guillaume Pépy, à parler de chiffres « catastrophiques ».

Parallèlement à l’aggravation de cette souffrance morale, nous assistons à une véritable crise de l’envie qui s’illustre à travers une hausse de la démotivation.

Entre 2002 et 2014, la démotivation des salariés est passée de 26 % à 38 %5.

Années 2002 2007 2008 2009 2010 2012 2013 2014
Évolution de la démotivation des salariés français 26 % 35 % 38 % 39 % 39 % 40 % 38 % 38 %

Il convient de noter que chez les cadres supérieurs, l’évolution est encore plus franche. On passe en effet de 19 % de démotivés en 2007 à 33 % en 20106.

Années 2007 2008 2009 2010
Pourcentage de cadres supérieurs démotivés 19 % 23 % 29 % 33 %

Il est logique que lorsque le stress augmente, la motivation diminue. Le stress provoque en effet un déséquilibre du système sympathique – parasympathique7 au bénéfice du seul système sympathique. Le taux d’acétylcholine, neuromédiateur typique du système parasympathique, diminue donc, or celui-ci fait partie de ceux qui sont impliqués dans la motivation. L’influence de l’acétylcholine dans la motivation est clairement abordée dans un article de trois pharmacologues8 intitulé « Biologie de la motivation ».

Face à ce contexte qui allie augmentation du stress et baisse de la motivation, il y a bien sûr intérêt à développer des moyens pour se protéger des effets du stress mais, pour consolider l’impact sur la santé, renouer avec le succès et tendre vers le bonheur, ces moyens ne suffisent pas. Il est indispensable d’améliorer la motivation, que ce soit la sienne, celle de ses proches ou de ses collaborateurs.

L’impact bénéfique de la motivation sur le stress avait été notamment illustré par une étude du Center for Disease Control d’Atlanta. Il a été remarqué qu’au retour de missions, les travailleurs humanitaires faisaient d’autant moins de burn-out qu’ils étaient plus motivés au départ. La motivation est donc clairement protectrice du stress.

Dans le cadre de mon métier de médecin urgentiste, nous côtoyons parfois des situations de crise, souvent des contextes d’incertitude, et cependant, parce que l’envie est à son paroxysme, nous traversons au mieux ces moments difficiles.

Afin d’aider à repérer et à comprendre le stress, ce petit guide pratique aborde de manière extrêmement succincte et vulgarisée ses définitions, ses causes, ses mécanismes, ses conséquences et ses modes d’expression.

Ensuite, sont présentés des moyens de se protéger soi, (alimentation adaptée, activité physique régulière et modérée, aptitude à faire la part des choses, etc.) et… de se motiver !

Des leviers de motivation intrinsèque destinés à aider ses proches ou ses collaborateurs à aller mieux et à réussir davantage seront également étudiés.

En effet, nous sommes bien là au cœur de l’enjeu, que ce soit à l’échelle individuelle ou collective, l’impact bénéfique sur la santé de certains leviers de motivation va aider à aller mieux, à trouver la voie du succès et à tendre vers le bonheur.

Enfin, l’impact de ces leviers de motivation sur les émotions et sur certaines hormones sera développé, nous aidant à mieux comprendre l’influence bénéfique de la motivation sur la réussite et la santé.

Il est intéressant de constater que ce qui est juste à l’échelle individuelle ou d’une entreprise l’est aussi à celle de la France. C’est ce qui fait dire à Francis Mer9 que « la motivation est sans doute la dernière carte qui nous reste à jouer, mais elle est majeure », car son impact est considérable : « On peut gagner environ 25 % de productivité par une meilleure motivation du facteur humain. Ce qui revient à ajouter un point de croissance supplémentaire pendant un quart de siècle10. » Alors, agissons !