Notes
1. Rousseau, Confessions, livre IV, éd. A. Grosrichard, GF-Flammarion, 2002, p. 211.
2. C’est le chiffre que donne Roger Laufer qui a recensé soixante-quinze éditions au XVIIIe siècle et une centaine au XIXe siècle (Lesage ou le métier de romancier, Gallimard, 1971, p. 29).
3. Cité par Sainte-Beuve (voir la réception de Gil Blas en annexe, infra, p. 464). « Molière lui-même, s’il eût fait un roman, n’en eût pas fait un plus vrai », renchérit Henri Patin (Répertoire de la littérature ancienne et moderne, t. XVII, Paris, 1825, p. 382).
4. Citons les contributions de R. Laufer (Lesage ou le métier de romancier, 1971), J. Proust (« Lesage ou le regard intérieur », 1971) et R. Démoris (Le Roman à la première personne, 1975), dont on trouvera le détail dans la bibliographie.
5. La conclusion de son article sur la structure du roman ouvrait alors un vaste chantier à la critique : « Une structure cellulaire, des aventures juxtaposées, des tiroirs artificiellement reliés à l’œuvre, une première personne ambiguë et discontinue, des chapitres construits selon le modèle d’une scène dramatique, une durée faite d’instants, l’espace clos du théâtre » (J. Molino, « Les six premiers livres de Gil Blas », Annales de la faculté des Lettres d’Aix-en-Provence, no 44, 1968, p. 100).
6. Le Gil Blas fut publié en trois livraisons : les deux premiers tomes en 1715 (livres I à VI), le tome III en 1724 (livres VII à IX) et le tome IV en 1735 (livres X à XII).
7. Sur le traitement de la littérature espagnole par Lesage, voir les travaux de C. Cavillac (L’Espagne dans la trilogie « picaresque » de Lesage : emprunts littéraires, empreinte culturelle, Atelier de reproduction des thèses de Lille III, 1984) et de F. Mancier (Le Modèle aristocratique français et espagnol dans l’œuvre romanesque de Lesage. L’Histoire de Gil Blas de Santillane : un cas exemplaire, Brindisi/Paris, Schena Editore/Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 2001).
8. Cervantès publie la première partie du Don Quichotte en 1605. En 1614 paraît une suite apocryphe commise par Avellaneda. Lesage reprend ce texte et l’adapte librement en français. Il en obtient un privilège dès 1702 et en cède les droits à l’imprimeur historique de la version française du Quichotte, la maison Barbin, qui le publie en 1704.
9. La Guerre d’Espagne, de Bavière et de Flandre ou Mémoires du Marquis D. de Courtilz de Sandras (1707), histoire d’un petit noble qui fait carrière sous le ministère de Louvois. L’Histoire politique et amoureuse du fameux cardinal Louis Portocarrero, archevêque de Tolède (1704, rééd. 1710) relève de la chronique scandaleuse.
10. On pense inévitablement à Aladin et sa lampe merveilleuse, mais ce conte n’a été publié qu’en 1712 par Galland, dans les tomes IX et X de sa traduction des Mille et Une Nuits (éd. J.-P. Sermain et A. Chraïbi, GF-Flammarion, 2004, t. III, p. 7-118).
11. Lesage, Le Diable boiteux, éd. R. Laufer, Gallimard, « Folio », p. 41.
12. L’esthétique du contraste est mieux maîtrisée dans Gil Blas : ainsi, la nouvelle tragique « Le mariage de vengeance » (IV, 4) peut se lire comme une variation cruellement ironique sur le thème du quiproquo et du malentendu, dont le stratagème d’Aurore constitue une version heureuse (IV, 5-6).
13. La seule action héroïque est accomplie par Asmodée qui prend les traits de Cléofas pour sauver sa maîtresse Séraphine d’un incendie (Le Diable boiteux, I, 11).
14. Seules deux maisons de théâtre ont accueilli en France l’intelligente et caustique mise en scène de Turcaret par Gérard Desarthe et Jean Badin en 2002. Sur cette création, voir l’entretien entre J. Badin et M. Poirson dans Art et argent en France au temps des premiers Modernes (Oxford, SVEC, 2004/10, p. 299-318).
15. La Bruyère fait plusieurs allusions à ce succès mondain des acteurs forains dans Les Caractères (« De la ville », 13, et « De la mode », 6).
16. Le Théâtre de la Foire ou l’Opéra-Comique, Paris, Prault, 1721, t. I, Préface de Lesage et d’Orneval.
17. Les vaudevilles sont à l’origine des chansons populaires tirées des airs de la cour. Le terme s’étend par la suite aux airs satiriques chantés à la Foire, d’où le nom d’Opéra-Comique donné au théâtre de la Foire.
18. « Il y aurait davantage [de dames] sans les spectacles de la Foire : la plupart des femmes y courent avec fureur. Je suis ravi de les voir dans le goût de leurs laquais et de leurs cochers. [...] J’inspire tous les jours de nouvelles chicanes aux bateleurs », dit le diable à Cléofas venu assister à la première représentation de Turcaret (Critique de la comédie de Turcaret, in Turcaret, éd. N. Rizzoni, LGF, Le Livre de poche, 1999, p. 196).
19. Voir son édition de Turcaret, précédé de Crispin rival de son maître (éd. citée), et son article « De l’origine théâtrale de Gil Blas » (RHLF, 2003, p. 823-845). N. Rizzoni prépare une édition intégrale des pièces de la Foire de Lesage (comportant les airs notés), à paraître aux éditions Honoré Champion.
20. N. Rizzoni, « De l’origine théâtrale de Gil Blas », art. cité, p. 826-827.
21. Fuzelier, d’Orneval, l’acteur Dominique, Lafont, Piron, Fromaget, Autreau et Carolet.
22. « Il n’y faut point chercher [dans les pièces de la Foire] d’intrigues composées. Chaque pièce contient une action simple et même si serrée, qu’on n’y voit point de ces scènes de liaison languissantes qu’il faut toujours essuyer dans les meilleures comédies. [...] nous avons mieux aimé divertir en ne faisant qu’effleurer les matières, que d’ennuyer en les épuisant » (Le Théâtre de la Foire, Préface de Lesage et d’Orneval, éd. citée).
23. Lesage a multiplié les emprunts aux Mille et Un Jours pour composer ses pièces de la Foire : Arlequin Mahomet (1714), Arlequin Hulla (1716), La Princesse de Carizme (1718), Le Jeune Vieillard (1722), Les Pèlerins de La Mecque (1726), La Princesse de la Chine (1729). On a même pu croire qu’il était l’auteur du recueil de Pétis de la Croix (1653-1713), un des pionniers, avec Antoine Galland, de l’orientalisme français : sur cette idée reçue, voir l’introduction de P. Sebag aux Mille et Un Jours (Phébus, 2003, p. 26-29).
24. Le héros de l’« Histoire du prince Seyf-el-Mulouk », en route pour Serendib, fait halte sur une île « habitée par des nègres idolâtres qui adoraient un serpent auquel ils donnaient à dévorer tous les étrangers » (Les Mille et un jours, éd. citée, p. 317).
25. Arlequin roi de Serendib, I, 1, in Le Théâtre de la Foire, t. I, éd. citée.
26. Même comique d’absurde dans le châtiment que prononce Arlequin, nouveau roi de Serendib, retrouvant ses voleurs : « Je veux qu’on branche ces compères ; [...] Après qu’on les aura pendus,/Qu’on les mène aux galères » (II, 3).
27. « Je me faufilai avec des gueux qui menaient une vie assez heureuse. Ils m’apprirent à contrefaire l’aveugle, à paraître estropié, à mettre sur les jambes des ulcères postiches », dit le lieutenant (I, 5).
28. Les lazzi sont des jeux de scène et des gestes expressifs à caractère bouffon (révérences grotesques, singeries, pleurs d’enfant, cris, coups de batte, etc.).
29. Un vieillard « qui avait près de soixante-dix ans de gueuserie », écrit Guzmán, « m’apprit à feindre la lèpre, à contrefaire des plaies, à m’enfler la jambe [...] et autres beaux traits du métier pour ne point nous entendre dire que puisque nous étions drus et sains, nous n’avions qu’à travailler » (Mateo Alemán, Guzmán de Alfarache, I, III, 3, in Romans picaresques espagnols, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1968, p. 287). Le narrateur justifie cyniquement son imposture en disant qu’elle force les chrétiens à pratiquer la charité.
30. Tout se passe comme si Lesage avait déterminé arbitrairement le nom et le parcours initial de son héros à partir de deux vers de Corneille : « Eh bien ! seyez-vous donc, marquis de Santillane,/Comte de Pennafiel, gouverneur de Burgos » (Don Sanche d’Aragon, I, 3).
31. Don Pompeyo (III, 7) et le père d’Aurore, le prolixe don Vincent (IV, 1), évoquent tous deux leur campagne du Portugal. Gil s’invente devant Laure un ancêtre de même farine, ce qui situe l’action autour de 1695 : « Je suis fils unique de l’illustre don Fernand de Ribera, qui fut tué il y a quinze ans dans une bataille qui se donna sur les frontières de Portugal » (III, 5). Les aventures du tome III (1724) se passent sous le règne de Philippe III (1598-1621), dominé par les favoris comme le duc de Lerme. Enfin, les premières lignes du tome V (1735) précisent que le pape « Paul V nomma le duc de Lerme au cardinalat » pour établir l’Inquisition dans le royaume de Naples (X, 1) : historiquement, nous sommes donc en 1615, soit vingt ans après le début des aventures de Santillane. Cette chronologie est cohérente avec la toute fin du tome III : le héros déclare qu’il est « à peine au milieu de [s]a carrière » (IX, 9).
32. P. Frantz, article « Lesage », Dictionnaire des littératures de langue française, Bordas, 1987.
33. « Ô destins ! rigoureux destins ! déterminez-vous sur ma fortune, rendez-moi absolument heureux ou absolument misérable, et ne me tenez pas toujours entre la crainte et l’espérance, entre la vie et la mort », s’exclame Artamène (Georges et Madeleine de Scudéry, Artamène ou le Grand Cyrus [1653], éd. C. Bourqui et A. Gefen, GF-Flammarion, 2005, p. 91).
34. Voir sur ce point l’article de J.-F. Perrin, « Sur la référence théâtrale dans les six premiers livres de Gil Blas » (in D’une gaîté ingénieuse, Louvain, Peeters, 2004, p. 140-154).
35. « J’approuvai cette bizarre imagination [prendre la place de l’ermite], moins pour les raisons qu’Ambroise me disait que par fantaisie et comme pour jouer un rôle dans une pièce de théâtre », confie Raphaël (V, 1).
36. Gil déguisé en galant cavalier multiplie les contorsions et les bourdes : « Ma princesse, vous voyez un seigneur qui en a dans l’aile » (III, 5). Voir mon étude : « Les amours de Santillane : Gil et Laure » (Méthode !, no 3, 2002, p. 149-156).
37. Gil est témoin des manœuvres de l’intendant : en cheville avec un usurier, Rodriguez force don Mathias à emprunter à un taux exorbitant le revenu de ses propres terres.
38. Gogol, Le Révizor (V, 8), in Théâtre complet, trad. A. Markowicz, Actes Sud, « Babel », 2006, p. 336.
39. Sur les implications psychologiques de ce processus, je renvoie à l’article de C. Martin : « Gil Blas ou le jeu des apparences » (in D’une gaîté ingénieuse, Peeters, 2004, p. 280-297).
40. Emblématisé par la devise du frontispice de l’édition de 1771 (voir infra, p. 36), qui invite à la lecture du roman comme « théâtre de la vie humaine » : « On voit en moi de bien des gens,/Le portrait fait d’après nature :/Et tel rit, voyant ma figure,/Qui rit peut-être à ses dépens. »
41. Sur l’invention du roman-mémoires au XVIIIe siècle, voir le livre de R. Démoris, Le Roman à la première personne, Droz, 2002 [1975].
42. « Comme je n’étais qu’un jeune médecin qui n’avait pas encore eu le temps de s’endurcir au meurtre, je m’affligeais des événements funestes qu’on pouvait m’imputer » (II, 5).
43. Le mot d’esprit polémique (Witz) nécessite au moins trois personnes, explique Freud : « celle qui fait le mot d’esprit, celle qui est prise comme objet de l’agression à caractère hostile ou sexuel, et une troisième en qui s’accomplit l’intention du mot d’esprit, qui est de produire du plaisir » (Le Mot d’esprit et sa relation à l’inconscient [1905], trad. D. Messier, Gallimard, « Folio Essai », 1988, p. 193).
44. Je renvoie sur ce point à mon étude, « Grotesque et humour noir dans Gil Blas » (in D’une gaîté ingénieuse, Peeters, 2004, p. 155-175).
45. « True humour generally looks serious, while everybody laughs about him » (« Le véritable humoriste a presque toujours l’air sérieux pendant que tout le monde rit autour de lui »), écrit Addison dans la 35e feuille du Spectator (10 avril 1711), Londres, Dent, 1967, p. 106.
46. Les Effets surprenants de la sympathie, La Voiture embourbée, Pharsamon ou les Nouvelles Folies romanesques et Le Télémaque travesti, composés entre 1712 et 1714, ont été publiés dans les Œuvres de jeunesse de Marivaux, éd. F. Deloffre, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1972.
47. « La vie de l’écuyer don Marcos de Obregón » : Voltaire cite de mémoire le titre du roman d’Espinel (Le Siècle de Louis XIV, LGF, Le Livre de poche, 2005, p. 965 et 1170).
48. Dans son examen du Marcos de Obregón, Neufchâteau aligne surtout des évidences : les emprunts de Lesage restent ponctuels et mineurs, et le plan du Gil Blas n’a rien de commun avec celui du roman d’Espinel.
49. Le titre complet de la traduction du Padre Isla est ainsi conçu : Aventuras de Gil Blas de Santillana, robadas a Espana, y adaptatas en Francia por M. Le Sage, restituidas a su patria y a su lengua nativa por un Espagnol zeloso que no sufre se burlen de su nacion (« Aventures de Gil Blas de Santillane, dérobées à l’Espagne, et adaptées en français par M. Lesage, restituées à leur patrie et dans leur langue d’origine par un Espagnol jaloux qui ne souffre pas qu’on se moque de sa nation »). Un émigré espagnol, Juan Llorente, publia en 1822 un livre d’Observaciones criticas sobre el romance de Gil Blas pour répondre à Neufchâteau. Le récit de ces querelles stériles et prétendument érudites figure dans le Lesage romancier de Léo Claretie (1890, rééd. Slatkine, 1970).
50. De même, dans le « roman moresque » de Raphaël (V, 1), Lesage emprunte le nom de la favorite Farrukhnaz à l’héroïne du conte-cadre des Mille et Un Jours.
51. L’Avertissement du roman d’Espinel est reproduit en annexe, infra, p. 461.
52. Sur ce type de « roman virtuel » dans Gil Blas, je renvoie à l’étude de M. Escola, « Récits perdus à Santillane » (in D’une gaîté ingénieuse, Peeters, 2004, p. 263-279).
53. Citons les contributions de M. Molho (1968, partial), R. Démoris (1975) et D. Souiller (1980).
54. Cette fripouille de Guzmán dénonce la révolte fomentée par ses compagnons d’infortune : le roman se termine ainsi sur la cynique trahison du picaro.
55. L’oncle de Pablo, bourreau de son état, apprend à son neveu que les pâtissiers du pays font des pâtés avec les corps des condamnés (Quevedo, La Vie de l’aventurier Don Pablo de Ségovie, chap. 7, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », p. 795). Pablo a peut-être sans le savoir mangé son père pendu pour vol !
56. M. Molho, introduction à son édition des Romans picaresques espagnols, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1968, p. XIX. Les morisques et les marranes sont respectivement les musulmans et les juifs convertis, généralement de force, au catholicisme.
57. À Francion qui répugne à raconter ses « aventures scolastiques », son ami Raymond objecte : « Ignorez-vous que ces actions basses sont infiniment agréables, et que nous prenons même du contentement à ouïr celles des gueux et des faquins comme de Guzmán d’Alfarache et de Lazaril de Tormes ? » (Sorel, Histoire comique de Francion [1623], livre III, texte de 1626, éd. Y. Giraud, GF-Flammarion, 1979, p. 179 et 288).
58. Situation récurrente dans les deux tomes de 1715 : le héros raconte sa vie à doña Mencia (I, 10), à Fabrice (I, 17), au chanoine Sedillo et à dame Jacinte (I, 1), au garçon barbier (II, 6).
59. Le terme s’appliquera avec plus de justesse à Scipion, fils d’un archer de l’Inquisition et d’une bohémienne : « Si dans son enfance Scipion était un vrai picaro, il s’est depuis si bien corrigé qu’il est devenu le modèle d’un parfait domestique », conclut benoîtement le narrateur (X, 12).
60. Gil fait quelques repas d’oignons (avec le garçon barbier, II, 6), de ciboules et de noisettes (chez le faux ermite, IV, 9), mais il se rattrape après, en dévorant force viandes rôties apportées par le « frère » Ambroise (IV, 11).
61. À sa sortie de prison, il puise dans la bourse du petit chantre une somme qu’il ne remboursera jamais (I, 13).
62. Je renvoie aux pages de R. Démoris sur les Mémoires du chevalier Hasard (1703), Le Chevalier Bordelois (1711), les Mémoires de M. le marquis de... (1728), dans Le Roman à la première personne, op. cit., p. 339-345.
63. Gil Blas, VIII, 5, et VIII, 9.
64. Ainsi, Gil Blas dit partager les scrupules moraux de don Alphonse, mais ne remet pas en question les assassinats médicaux qu’il a commis sur ordre de Sangrado. « La présence du maître assure un confort moral [...]. L’autocritique de Gil Blas débouche sur une satisfaction que rend suspecte l’excessive limpidité du récit » (R. Démoris, Le Roman à la première personne, op. cit., p. 369 et 375).
65. Au tome III, Gil est nommé surintendant du comte Galiano et chargé de l’importante affaire de réformer les cuisines. Ses efforts sont ruinés par deux matois, l’intendant Messinois et le maître d’hôtel Napolitain : « Le comte n’était guère plus avancé d’avoir le phénix des intendants », reconnaît-il (VII, 15).
66. « Un génie supérieur qui se met en condition, ne fait pas son service matériellement, comme un nigaud. Il entre dans une maison, pour commander plutôt que pour servir. Il commence par étudier son maître. Il se prête à ses défauts, gagne sa confiance et le mène ensuite par le nez », lui conseille Fabrice (I, 17).
67. Le Cabinet du philosophe, périodique publié par Marivaux en 1734, contient un étrange texte pseudo-utopique intitulé Le Voyageur dans le Nouveau Monde ou Le Monde vrai.
68. Lorsque Gil avertit don Alphonse qu’il est recherché par les archers, le jeune aristocrate le gratifie d’un « généreux inconnu » (IV, 9) unique dans ses mémoires.
69. Moralés parodie les serments des chevaliers errants lorsqu’il croise Raphaël : « Je rends grâce au Ciel qui m’a fait rencontrer un chevalier de mon ordre, lorsque j’y pensais le moins. Unissons-nous ; voyageons ensemble ; attentons sur la bourse du prochain ; profitons de toutes les occasions qui se présenteront d’exercer notre savoir-faire » (V, 1).
70. Au début du tome III, pour évoquer son combat contre un barbier armé d’une longue rapière, Santillane se compare à un matamore « aussi troublé que Pâris » devant Ménélas (VII, 1).
71. De même lorsqu’il participe à la délivrance de Séraphine et de son père : « Pour dire les choses sans trahir la vérité, le danger n’était pas grand » (V, 2).
72. Grande différence sur ce point avec Jacob : « ce talent de lire dans l’esprit des gens et de débrouiller leurs sentiments secrets est un don que j’ai toujours eu et qui m’a quelquefois bien servi » (Marivaux, Le Paysan parvenu, IIe partie, GF-Flammarion, 1965, p. 91).
73. « Est critique (au sens classique) un texte qui porte sur d’autres écrits pour en faire un examen métadiscursif ; est satirique un texte qui porte sur le monde et la société pour en stigmatiser les défauts », écrit J.-P. Sermain au sujet des romans critiques de Marivaux (Le Singe de Don Quichotte, Oxford, SVEC, 2003, p. 222, note 26).
74. C’est pour ces raisons de cohérence esthétique et d’unité du projet romanesque que nous n’avons retenu que les deux premiers tomes du Gil Blas.