27

 

— Je suis aujourd’hui enquêteur spécialisé en criminalité informatique, membre opérationnel de l’OCLCTIC1. Mon parcours ? Après deux années d’études supérieures, j’ai présenté le concours de secrétaire de systèmes d’information et de communication. Examens que j’ai réussis, sans me vanter, haut la main.
— Les TIC n’ont donc plus de secrets pour vous ?
— À condition de pratiquer une veille technologique sérieuse. Les choses vont très vite dans ce domaine.
Mallock se remit à se gratter le pouce. Salope d’araignée.
Jo continua la description de son CV :
— Une année plus tard, j’ai passé le concours d’ingénieur de police technique et scientifique. Je me suis alors retrouvée à Rosny-sous-Bois, à l’IRCGN2. Là, j’ai intégré la division criminaliste ingénierie et numérique. Ça a bien complété mes connaissances en matière de réseaux et de cybercriminalité.
— Vous n’avez pas de formation sur la partie biologique ou balistique. Ken m’avait…
— Si, si… J’ai étudié les explosifs, la balistique, la biologie et la microanalyse au sein de la division criminalistique physique et chimie. Puis les stupéfiants et la toxico chez vos voisins, au labo de la Préfecture de police. J’ai terminé mon cursus en me faisant admettre dans la dernière division criminalistique, celle de l’identification humaine.
— Entomologie, biologie, empreintes digitales…
— Oui, et anthropologie, thanatologie-odontologie et documents trace.
— C’est tout ? lui lança Mallock, farceur.
— Non. J’ai fait une spécialisation IABPA3, où j’ai appris à lire et à reconstituer un meurtre en analysant les taches de sang. J’ai ensuite passé six semaines dans le service du professeur Mordome et trois mois au laboratoire d’analyse et de traitement du signal, à Écully dans le 69. Toutes les histoires de « débruitage », d’identification vocale et j’en passe. Mes connaissances en informatique m’ont été utiles.
— C’est vrai que l’on a passé une heure passionnante ensemble dans la salle d’écoute, lors de l’affaire de l’empoisonneur4.
Jo eut un grand sourire.
— Je suis tellement contente que vous vous en souveniez.
— L’honneur est pour moi. Sacré parcours, ma petite Jo !
Petite, l’adjectif avait l’excuse d’être affectueux. Du haut de son mètre quatre-vingt, elle faisait presque jeu égal avec Mallock. Lui, il était impressionné. Il ne connaissait personne ayant bénéficié d’une telle formation.
— Pour être honnête, j’ai eu beaucoup de chance. On m’a toujours encouragée et j’ai été un peu… pistonnée.
— Mais encore ?
— Mon père et ma mère sont des personnages très importants en Martinique. Ça aide.
Mallock en vint au vif du sujet :
— Comment verriez-vous une collaboration avec mon service ?
On y était. Joséphine était au pied du mur. Surtout ne pas tricher, lui avait conseillé Ken. « N’essaye pas de manipuler Mallock, il s’en rendrait compte et il déteste. Sois franche. Dis-lui ce que tu veux. »

1. Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication.

2. Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale.

3. International Association of Bloodstain Pattern Analysts à Aylmer Ontario.

4. Voir Le Massacre des innocents, op. cit.