Moscou aujourd’hui


Dans ce chapitre

Qualité de vie

Humeur sociale

Capitale innovante


Figure de proue de la Fédération de Russie, Moscou a fait ses preuves en près de trente ans. Elle a essuyé des crises économiques et politiques, traversé des frénésies de construction et des folies de démolition, subi des attentats et organisé de grandes célébrations. Aujourd’hui, forte d’une classe moyenne stable et avec un nouveau look, la ville a trouvé son rythme, soutenu mais tenable.

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À voir

Moscou ne croit pas aux larmes (Vladimir Menshoï, 1980). Grand mélodrame qui remporta l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Les Zazous (Valeri Todorovski ; 2008). Une comédie musicale culte sur un mouvement underground soviétique.

My Perestroika (Robin Hessman, 2010). Un documentaire intelligent sur le parcours d’adolescents sous la perestroïka qui sont maintenant des adultes dans le Moscou d’aujourd’hui.

Elena (Andreï Zviaguintsev, 2011). Vainqueur d’un Prix du jury à Cannes, ce drame s’interroge sur l’amour, la famille et la classe sociale dans le Moscou d’aujourd’hui.

À lire

Anna Karénine (Léon Tolstoï ; 1877). Un classique intemporel de la littérature russe.

Le Maître et Marguerite (Mikhaïl Boulgakov ; 1967). Un roman fantastique culte avec Moscou pour décor.

Une saga moscovite (Vassili Axionov ; 1994). L’histoire soviétique vue à travers le quotidien d’une famille moscovite des années 1920 à 1950.

Le Chapiteau vert (Ludmila Oulitskaïa ; 2015). Un récit épique à propos de trois amis dans le Moscou post-staliniste.


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Qualité de vie

Lorsqu’il est devenu maire de Moscou, Sergueï Sobianine a promis d’orienter la politique de la ville, autrefois acquise au mercantilisme et aux grands chantiers, davantage vers le mieux-vivre de ses résidents. Près de dix ans plus tard, les résultats sont là, et la capitale russe devient progressivement, mais de manière tangible, plus commode, plus propre et plus agréable à vivre.

Dernièrement, l’urbanisme s’est concentré sur les parcs et les voies piétonnes, rendant Moscou plus facilement praticable à pied, voire à vélo, auquel sont désormais dévolus des centaines de kilomètres de pistes cyclables. L’initiative “Ma rue” a rajeuni les zones piétonnes de la ville, aux trottoirs plus larges et arborés. Kitaï-Gorod est en pleine mutation avec la création du parc Zaryadye et la rénovation des rues environnantes. Une métamorphose similaire est attendue dans la rue Volkhonka, par la création d’un “quartier de musées”.

En 2017, Sobianine a annoncé son plus grand projet : la démolition des khrouchtchiovki (immeubles peu élevés de l’époque soviétique) délabrés et le relogement des habitants dans des appartements modernes. Le programme devrait concerner quelque 5 000 immeubles d’habitation et toucher 1,6 million de personnes. Les habitants sont descendus dans la rue pour protester, craignant de devoir emménager dans des quartiers éloignés. En réponse, la municipalité a autorisé un vote des locataires concernant le devenir de leurs immeubles, et les résidents d’environ 4 000 d’entre eux se sont finalement prononcés en faveur du relogement.

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Humeur sociale

La stabilité politique et la sécurité financière sont au cœur des préoccupations des Moscovites, qui conservent leur optimisme malgré la crise économique et le régime autoritaire qui persistent depuis plusieurs années.

Non qu’ils se montrent complaisants, mais après trois décennies d’instabilité économique et de bouleversements politiques, la plupart des habitants ont cédé au découragement et préfèrent porter leur attention sur leur famille et leur carrière. Ils profitent de leur ville désormais plus vivable, et d’une grande richesse sur les plans culturel et gastronomique. Évidemment, leur pouvoir d’achat n’est plus aussi élevé qu’avant en raison des sanctions internationales et de la dévaluation du rouble en 2014. Et leur président à vie peut les irriter, mais les choses pourraient être pires. Pour tout dire, elles ont été pires…

Tous les Moscovites n’acceptent pas les décisions politiques sans réagir. En 2017, pour la première fois depuis des années, une vague de manifestations anticorruption a déferlé sur la ville (et le pays). Lors de l’élection présidentielle de 2018 qui a toutes les chances de consacrer une nouvelle fois Poutine, il est probable que de telles actions se multiplient. Mais la plupart des Russes ne sont pas prêts pour la révolution.

Bien au contraire : un vent de patriotisme souffle sur la capitale. Les citoyens affluent aux défilés militaires et aux expositions historiques qui célèbrent le glorieux passé de la Russie. En une seule journée, près de 25 000 croyants se sont réunis pour vénérer les reliques de Saint-Nicolas à la cathédrale du Christ-Sauveur. Par ailleurs, le pourcentage d’opinions favorables à Poutine monte en flèche.

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Capitale innovante

Malgré cette tendance conservatrice, Moscou parvient encore à être l’une des villes les plus novatrices d’Europe. L’époque où la capitale russe faisait étalage de ses fastes en gage de réussite est révolue. Aujourd’hui, les acteurs de la capitale sont les créateurs – artistes, architectes, designers, chefs cuisiniers – qui façonnent le nouveau visage de la ville.

Dans tout Moscou, les espaces industriels sont reconvertis en centres de création dynamiques, avec des espaces dédiés aux expositions artistiques, aux studios de design, aux conférences et aux spectacles. Les bâtiments qui tombent en ruine sont transformés en lieu d’expérimentation et d’innovation. Les artistes se voient offrir des occasions sans pareilles de s’exprimer, pour le plus grand bonheur de spectateurs avides de recueillir leur parole. Les boutiques de vêtements, de bijoux et d’articles pour la maison conçus par des fashionistas locales se multiplient. Les restaurants expérimentent de nouveaux ingrédients et inventent de nouvelles façons de préparer les aliments de base. La mégapole ne cesse malgré les aléas de surprendre et de ravir ses visiteurs.

Trouver le juste milieu entre conservatisme et créativité est délicat. Pour paraphraser un jeune journaliste, où peut-on trouver de l’espace pour l’innovation lorsque toutes les enseignes sont dans la même police et de la même couleur ?

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