Notes

1. Brunehilde attendait en effet son premier enfant, la princesse Ingonde, qui naquit courant 567.

2. Histoire des Francs, IV, 26.

3. Certains chroniqueurs font état d’une troisième fille, Berthoflède, qui aurait pu être la fille de Méroflède mais dont il n’est pratiquement jamais question.

4. Berthoflède a sans doute accompagné Clotilde au monastère de Poitiers mais, bâtarde, elle n’est jamais mentionnée dans les chroniques. Cela explique pourquoi celles-ci parlent de deux filles de Caribert au couvent, alors que Berthe était restée dans le monde.

5. En quoi les rois allaient être péniblement surpris en 588, après la mort de Radegonde et de l’abbesse Agnès, quand les princesses Clotilde et Basine, la fille de Chilpéric, provoquèrent une révolte contre la nouvelle abbesse, suivies par de nombreuses jeunes religieuses, issues comme elles de l’aristocratie franque et cloîtrées sans vocation par leurs familles, puis s’exclaustrèrent, entraînant un retentissant scandale. Clotilde ne voulut jamais retourner au monastère.

6. Theudogilde, du fond de son couvent, trouvera tout de même le moyen de séduire un haut officier ostrogoth (Arles était une ancienne possession de ce peuple), qu’elle convaincra de l’aider à s’évader contre promesse de l’épouser. Elle était assez belle pour pousser aux pires folies. Mais, dénoncée, elle se fera prendre le soir de l’évasion, sera fouettée pour sa tentative, mise sous étroite surveillance et périra dans le cloître quelques années plus tard.

7. Dans l’Orne.

8. À savoir, et selon leurs appellations modernes, la Normandie – moins le Cotentin échu à Sigebert –, le Maine, la Touraine, le Limousin, la Guyenne, les régions de Dax, Toulouse, Auch , Cahors, la Bigorre et le Béarn.

9. Sans doute parce que Paris, ancienne capitale impériale et nécropole de la dynastie, donnait trop de légitimité à son possesseur.

10. Poitiers probablement afin d’assurer une protection personnelle à la reine Radegonde qui y a installé son couvent, et Tours parce qu’elle est la capitale religieuse du royaume.

11. Même si le terme apparaît dans les actes officiels plus tard, sous le règne de Clotaire II, le fils de Chilpéric et de Frédégonde, cet ensemble constitue déjà ce qui deviendra le royaume de Neustrie et l’usage est de le désigner par anticipation sous ce nom dès cette date.

12. Il manque Tours, Poitiers, Périgueux et Agen pour qu’il le soit vraiment.

13. Caribert meurt pendant l’été 567 ; ses frères se partagent son royaume dans la foulée. Les chroniqueurs fixent au début de l’automne 569 la mort de Galswinthe, en précisant qu’elle avait été la femme de Chilpéric un an environ. Elle s’est donc mariée dans le courant de l’été 568, sachant qu’Athanagild mourut à la fin de cette même année.

14. Le vieil usage germanique, d’ailleurs très sage, déconseillait de marier de très jeunes filles, considérant qu’elles n’étaient pas encore physiquement et moralement aptes à la maternité, qu’elles multipliaient les risques pour elles et leurs enfants en subissant des grossesses très précoces, que le bon âge du mariage était autour de vingt ans, soit beaucoup plus tard que dans le monde latin où on mariait les filles dès la puberté, l’âge légal étant à douze ans.

15. Alors qu’il a cédé des villages cévenols lors du mariage de Brunehilde.

16. Il semble que Chilpéric, pour des raisons évidentes, ait éloigné très vite cette suite espagnole, excepté la nourrice et confidente de Galswinthe. Si Brunehilde établit ses esclaves comme colons dans la région de Cologne, on ignore ce qu’il advint de ceux de sa sœur.

17. C’est Venance Fortunat qui le dit dans les consolations qu’il propose à la famille de la jeune reine de Neustrie après son assassinat, circonstance dont il ne fait jamais état afin de ne pas se mettre mal avec Chilpéric. Peut-être n’est-ce qu’une invention poétique destinée à dramatiser l’œuvre, pour mieux annoncer la tragédie à venir…

18. Poitiers est à Sigebert et Radegonde l’aime trop pour l’offenser en rendant le moindre honneur à la fiancée de Chilpéric. Toutefois, Galswinthe étant la sœur de la reine Brunehilde, femme de Sigebert, la vieille reine déguise son refus sous divers prétextes religieux et envoie à la princesse espagnole une lettre courtoise pour s’excuser de ne pas la recevoir.

19. Même Venance Fortunat qui, Italien et poète, arrive à dire du bien de toutes les femmes dont il parle, ne trouve aucun éloge à faire de la malheureuse Galswinthe qu’il exécute d’un adverbe latin impitoyable : « molliter » – mollement – qui donne une triste idée de l’aspect physique et du caractère de la jeune fille.

20. Il faut qu’elle ait été remarquablement belle pour que l’évêque Grégoire de Tours, peu enclin à ce genre de notations, se soit cru obligé de signaler sa beauté et son allure. Histoire des Francs, IV, 27.

21. Grande selon les critères de l’époque. Des analyses opérées sur les reliques de la reine Radegonde, qui passait de son vivant pour être de grande taille, prouvent qu’elle mesurait environ 1,60 m.

22. C’est ce que dit crûment Grégoire de Tours : « il l’aima parce qu’elle lui apportait beaucoup d’or ».

23. Venance Fortunat, obligé de louer, contre espèces sonnantes et trébuchantes, les festivités barbares, s’en gausse dans des pièces d’ordre privé, parce qu’il les trouve systématiquement vulgaires et grossières.

24. On ne lui a épargné ni Saint-Hilaire de Poitiers ni Saint-Martin de Tours, ce qui est peu délicat envers elle s’agissant de deux farouches pourfendeurs de l’arianisme.

25. L’année suivante, lors de ses obsèques, il sera abondamment fait état de sa ferveur et de sa piété catholiques, voire de sa sainteté, mais peut-être s’agit-il de figures de style.

26. Ce qui semble d’autant plus surprenant que Prétextat était lié avec la reine Audowère et qu’il avait été le parrain de l’un de ses fils, le prince Mérovée.

27. La fameuse loi salique, propre aux Francs Saliens, et que les juristes de Philippe le Bel détourneront de son sens premier afin de protéger la liberté nationale en écartant du trône des souverains étrangers nés de princesses françaises, remonte en fait à l’époque où le César Constance Chlore accorda aux Saliens qu’il venait de vaincre la vie sauve à condition qu’ils aillent s’établir en Batavie avec le statut de colons. Cela signifiait qu’ils étaient désormais attachés au sol, devaient le cultiver et le défendre. C’est parce qu’elles ne pouvaient porter les armes et combattre que les filles n’étaient pas admises à la succession paternelle. En exigeant en faveur de Galswinthe un serment réservé aux mâles et aux chefs de guerre, Chilpéric ouvre une brèche dans les vieux usages ; Brunehilde et Frédégonde s’y engouffreront et n’hésiteront pas à revendiquer un statut de reines guerrières.

28. Au début de la présence barbare, les deux droits se maintinrent, les Gaulois bénéficiant de l’ancien droit romain, les envahisseurs germaniques du leur. À la fin du VI e siècle, le droit romain a pratiquement disparu des usages, supplanté par un droit germanique qui, trop souvent, reste privilège des seuls Francs au détriment des populations gauloises, lesquelles méprisent d’ailleurs ce système non codifié aux tribunaux informels.

29. Probablement parent d’Athanagild, Léovigild était veuf en premières noces d’une Grecque catholique dont il avait deux fils adolescents, Hermenégild et Reccared. Pendant une année environ, il partagea son trône avec son frère Liouba, auquel il avait confié la Septimanie, mais qui mourut prématurément.

30. Il semble que l’enfant que portait Frédégonde, la princesse Rigonthe, soit née vers la fin de l’automne 569. Elle avait en effet quinze ans en 584 lors de ses fiançailles avec le prince Reccared d’Espagne. Chilpéric n’avait même pas attendu la nouvelle de la disparition de son beau-père pour reprendre sa liaison avec sa maîtresse.

31. C’est en tout cas ce qu’affirme Venance Fortunat.

32. C’est ce qu’avait fait la reine Radegonde en arguant qu’elle ne pouvait plus vivre avec un homme qui venait d’assassiner son frère. L’Église comme la société lui avaient donné raison, même si, en vertu du sacrement de mariage, la reine continua toute sa vie à se regarder comme l’épouse légitime de Clotaire.

33. Ce qui laisserait supposer une précaution d’Athanagild décidé à récupérer, le cas échéant, et sa fille et l’Aquitaine.

34. Ce sont ses leudes qui, en 475, se chargent de débarrasser le roi Gondebaud de Burgondie de ses frères avec lesquels il ne veut plus partager la couronne. Ainsi périrent le premier Chilpéric, père de la reine Clotilde, et sa femme.

35. S’agissant de crimes contre des personnes royales ou de hauts dignitaires ecclésiastiques, leudes et antrustions ne sont pas à l’abri de la torture ; Frédégonde et Brunehilde y recourront contre des nobles soupçonnés à tort ou à raison d’avoir voulu attenter à leurs jours ou à ceux de leurs proches. Mais la différence est que ces aristocrates francs engagés par serment auprès de leur souverain font preuve de stoïcisme et ne les accusent pas, même dans les pires tourments.

36. Hypothèse plausible puisqu’on n’identifia jamais l’assassin que l’on ne semble pas, d’ailleurs, avoir beaucoup cherché.

37. Ce sont les mœurs du temps… Bruno Dumézil pense que le chagrin de Chilpéric fut aussi sincère que l’avait été celui du roi Gondebaud qui, après avoir ordonné l’assassinat de deux de ses trois frères et de deux de ses belles-sœurs, et exigé qu’on lui rapportât leurs têtes comme preuves, sanglota et manifesta une immense tristesse de leur mort… La politique et le cœur ont des intérêts contraires, voilà tout.