Jusqu’aux derniers jours de l’été 1959, rien ne semble véritablement être changé en Algérie. Un appel à « la paix des braves » lancé par de Gaulle reste sans réponse. La guerre se poursuit sous un régime plus fort et mieux respecté des militaires ; les partisans de l’indépendance peuvent craindre le pire. En mars, alors qu’un numéro de L’Express a encore été saisi, Maurice Clavel, désormais devenu une des grandes voix du gaullisme, tonne contre cet hebdomadaire à la radio, accusant L’Express de vouloir la guerre parce que la paix, si elle venait, serait signée de Gaulle. Mauriac continue dans le même journal à publier un Bloc-Notes tout acquis au « régime consulaire » du Général – selon sa propre expression –, contre l’ensemble de la rédaction et son directeur. Le 19 juin 1959, les autorités saisissent le dernier témoignage sur la torture : La Gangrène, édité par les éditions de Minuit, dénonce les sévices que des étudiants algériens déclarent avoir subis dans les locaux de la DST à Paris, rue des Saussaies, au mois de décembre précédent. Mauriac, le 28 juin, en convient : « Que certains éléments de l’armée et de la population européenne d’Algérie pèsent encore aujourd’hui sur la politique française inspirée et dirigée par le général de Gaulle et l’infléchissent, ce malheur que le Général a trouvé dans son héritage, il ne l’a pas encore surmonté1. »
Le discours du président de la République du 16 septembre 1959 n’en est que plus saisissant. Pour la première fois depuis le début de la guerre d’Algérie, les Français voient une autre politique s’esquisser, une fenêtre s’ouvrir sur un avenir possible. Le maître mot en est l’autodétermination. Le Sphinx est enfin sorti de ses silences et de ses obscurités. Le chef de l’État propose clairement trois options aux Algériens : la sécession, la francisation, ou l’association d’une Algérie autonome en union étroite avec la France. Les termes employés et les commentaires assortis indiquent clairement en quoi consiste le choix du Général : ni l’indépendance, synonyme de chaos, ni l’intégration, jugée impossible, mais l’adhésion de l’Algérie dirigée par les Algériens dans la Communauté française. Le fait nouveau, radicalement nouveau, c’est la reconnaissance du droit à l’indépendance. Claude Bourdet lui-même, si intransigeant, l’admet, s’en réjouit dans France-Observateur. L’éditorial d’octobre des Temps modernes reste sévère pour de Gaulle mais relève dans son discours une « équivoque […] préférable à la clarté de naguère, l’absence de perspectives sûres vaut mieux que la seule perspective de la pacification à outrance2… » L’allocution du 16 septembre coupe irrémédiablement le chef de la Ve République de ses douteux alliés d’extrême droite et des partisans les plus entêtés de l’Algérie française. D’où l’immédiate radicalisation du parti colonialiste, au sens large du mot.
Jacques Soustelle entraîne quelques démissionnaires de l’UNR, Georges Bidault et autres, dans un Rassemblement pour l’Algérie française, avant d’être exclu de la formation gaulliste. Parallèlement, une opposition intellectuelle de droite s’extériorise avec une virulence accrue par le discours du 16 septembre et les journées des barricades d’Alger, en janvier 1960, qui s’ensuivent. La presse se fait l’écho notamment de la résurgence d’un intégrisme catholique, d’un « national-catholicisme », qui se propage dans les cercles militaires et au-delà.
Il s’agit d’une nébuleuse, dont les origines sont anciennes mais que la guerre d’Algérie rend plus active et plus visible. L’une des têtes les plus enflammées en est sans contredit Georges Sauge. Ancien membre des Jeunesses socialistes, il a été converti au catholicisme par le R. P. Filières, professeur à l’Institut catholique de Paris et fondateur en 1946 du Mouvement pour l’unité et de son organe bimensuel, L’Homme nouveau, dont l’anticommunisme vigilant visait surtout le catholicisme de gauche. Après la mort de Filières en 1952, Sauge se sépare de L’Homme nouveau et fonde en 1956 une sorte d’école de cadres, le Centre d’études supérieures de psychologie sociale. Sa principale activité consiste à organiser des sessions de formation, dont la finalité consiste à répandre une mystique anticommuniste, qui trouve son point d’application dans la question algérienne. En novembre 1959, Georges Sauge crée les Comités civiques pour l’Ordre chrétien, afin de former « les cadres d’un ordre nouveau, d’un ordre chrétien3 ». Selon lui, l’Algérie est désormais l’enjeu de la guerre entre l’Occident chrétien et le communisme international : à la mystique communiste doit répondre la mystique de l’anticommunisme chrétien. Une croisade moderne est appelée à rassembler dans la cause de l’Algérie française les combattants de la Croix contre ceux du Croissant (derrière lequel se dissimulent, bien entendu, la faucille et le marteau).
Moins activiste, plus doctrinale, est la revue Itinéraires de Jean Madiran – pseudonyme emprunté par Jean Arfel au nom d’un monastère bénédictin. Cet ancien pétainiste, ex-rédacteur en chef de L’Action française sous l’Occupation, puis rédacteur en chef de Rivarol après la guerre, a démissionné de cet hebdomadaire en mars 1958, Rivarol ayant ouvert ses colonnes à Lucien Rebatet, « cet insulteur de papes, cet ennemi de la foi chrétienne ». Lui aussi, obsédé par le communisme, a analysé le nationalisme algérien comme une entreprise du communisme international dans sa lutte contre l’Occident chrétien. Il voit dans l’Algérie et le Sahara « le verrou français qui est sans doute le dernier point d’appui de la résistance à une soviétisation complète du continent africain. Cette soviétisation aura lieu dans les dix années à venir si la France lâche prise4 ». De toutes les institutions, seule l’armée reste indemne de l’infiltration communiste, c’est donc sur elle qu’il convient de s’appuyer, c’est elle qu’il faut aider. Le 13 Mai a été un « coup d’arrêt dans la décomposition ».
Un autre mouvement intégriste, la Cité catholique, a vu le jour au lendemain de la guerre mondiale. Son bulletin, le mensuel Verbe, se proclame l’organe de la contre-révolution. Ses membres se posent, eux aussi, en défenseurs ultimes de la chrétienté menacée par le communisme. Organisés en réseau, ses militants s’impliquent dans la guerre d’Algérie : « Nous sommes convaincus que les valeurs humaines et chrétiennes constituent le bien le plus précieux de la civilisation occidentale. Notre choix est fait ! En luttant contre la rébellion en Algérie, nous avons conscience d’être à l’avant-garde du combat contre le mouvement révolutionnaire mondial, de remplir notre devoir de Français et de chrétiens, et de servir l’humanité tout entière5. » Plus ultras encore, La Pensée catholique, créée en 1950 et dirigée par l’abbé Luc J. Lefèvre, et Défense du foyer de Pierre Lemaire, dont le premier numéro date de janvier 1958. Le 13 Mai a suscité encore l’Association universelle des Amis de Jeanne d’Arc cautionnée par le général Weygand, qui « s’est donné pour but de prolonger par la prière et l’Apostolat la mission de Sainte Jeanne d’Arc. Tous ceux qui guerroient au saint royaume de France guerroient contre le Roi Jésus, écrivait Jeanne au duc de Bourgogne. Il est donc naturel que les Amis de Jeanne d’Arc se portent au combat contre les matérialismes, marxistes et autres, qui, par le mensonge à l’intérieur, par les armes en Afrique, mènent la guerre contre la France et l’Occident chrétien. C’est une des formes de leur apostolat, auquel ils invitent tous les jeunes et tous les adultes décidés à imiter les vertus et l’exemple de Jeanne d’Arc6 ».
Cette reviviscence du catholicisme traditionaliste dans ses formes les plus extrêmes n’aurait constitué qu’un phénomène marginal si des cadres de l’armée française, en quête d’une structure doctrinale face au nationalisme algérien, n’avaient adopté ses formules et ses slogans dans leur action de propagande. Cette « action psychologique » s’imposait d’autant plus que, comme le disait Aron, il était contradictoire pour un pays se réclamant des Droits de l’homme de faire une guerre impitoyable à des nationalistes se battant pour la liberté de leur pays. Échaudés par leur défaite en Indochine, bien des officiers, en poste en Algérie, conscients de la faiblesse idéologique des troupes, se soucient donc d’opposer une doctrine à celle de l’adversaire. Les bulletins et les revues « intégristes » leur sont d’un utile secours, en assimilant le combat d’apparence coloniale à un vaste conflit de civilisation entre le communisme et l’Occident chrétien. A la fin de 1956, le Bureau psychologique de l’armée est confié au colonel Goussault, qui, comme ses deux adjoints, le lieutenant-colonel Feaugas et le commandant Cogniet, sont membres de la Cité catholique. Cogniet reprend tout bonnement dans Contacts qu’il dirige des articles de La Cité catholique, dont on trouve aussi l’écho dans Le Bled, journal militaire tiré à plus de 140 000 exemplaires et destiné aux troupes d’Algérie. En dehors des instructions ministérielles, des cadres de l’armée diffusent ainsi les mots d’ordre d’une guerre sainte et préparent les esprits à résister à toute solution libérale en Algérie. Le droit à l’indépendance, que de Gaulle a reconnu le 16 septembre 1959 aux Algériens, n’est pas seulement rejeté par l’extrême droite fasciste, nationale-catholique et les partisans de l’Algérie française de tous bords : au cœur même de l’armée, dans les officines où s’élaborait l’action psychologique à destination des troupes et des populations locales, la politique d’ouverture du Général se heurte à la mystique de la nouvelle croisade7.
En mal de doctrine plus laïque, certains officiers se tournent vers le club Patrie et Progrès, lancé au lendemain du 13 Mai par des cadres de l’armée, des hauts fonctionnaires, des responsables de société. Leurs idées tiennent dans un opuscule d’une centaine de pages paru en avril 1959 : Patrie et Progrès. Survivre à de Gaulle. Plus difficile à classer, ce mouvement est jugé par l’extrême droite comme un « communisme national », et à gauche comme une idéologie purement fasciste. Les auteurs, Jacques Gagliardi et Philippe Rossillon, énarques, y clament « la supériorité économique et politique des pays communistes », leur mépris pour une Europe libérale et un capitalisme périmés et leur volonté de refaire l’union en France par un « socialisme patriotique », un « socialisme franco-africain », ce qui signifie engager la lutte contre les possédants et les défenseurs de l’ordre social établi. Ils souhaitent créer une Union des républiques socialistes françaises (URSF), qui serait indépendante à la fois du camp soviétique et du camp occidental. Défenseurs de l’Algérie française, ils la veulent socialiste ; défenseurs de la classe ouvrière, ils la veulent nationale. La guerre d’Algérie prend un autre sens. En avril 1960, leur mensuel Patrie et Progrès, « bulletin d’études économiques et politiques des jeunes cadres civils et militaires », lance ces mots d’ordre : « Planification économique, indépendance nationale, Algérie française, égalité sociale. » Le club Patrie et Progrès ne représentera jamais une force politique, mais il contribuera par ses réflexions à doter certains officiers en Algérie d’une conviction « progressiste » : ils ne feront pas la guerre pour les « gros colons », mais pour transformer l’Algérie en terre d’égalité et de fraternité. Progressisme mâtiné de fascisme, national-catholicisme, autant de justifications offertes à l’armée française, dont l’action est dépeinte par la gauche intellectuelle comme un produit du colonialisme le plus aveugle.
Le mois de janvier 1960 voit la révolte des ultras contre de Gaulle, qui sait venir à bout des barricades d’Alger et gagner à lui la majorité de l’opinion métropolitaine. Ce début d’année est aussi marqué par la mort accidentelle d’Albert Camus, le 4 janvier. La Facel Vega, conduite par Michel Gallimard, qui le ramène de Lourmarin à Paris, s’écrase contre un platane, Camus est tué sur le coup ; le conducteur mourra cinq jours plus tard à l’hôpital. Le 7 janvier, Sartre fait paraître un émouvant article d’adieu dans France-Observateur. Après des années de brouille, face à cette rupture irréparable, Sartre cède aux impératifs d’une estime colorée d’impossible amitié. « L’accident qui a tué Camus, écrit-il, je l’appelle scandale parce qu’il fait paraître au cœur du monde humain l’absurdité de nos exigences les plus profondes. Camus, à vingt ans, brusquement frappé d’un mal qui bouleversait sa vie, a découvert l’absurde – imbécile négation de l’homme. Il s’y est fait, il a pensé son insupportable condition, il s’est tiré d’affaire. Et l’on croirait pourtant que ses premières œuvres seules disent la vérité de sa vie, puisque ce malade guéri est écrasé par une mort imprévisible et venue d’ailleurs. L’absurde, ce serait cette question que nul ne lui pose plus, qu’il ne pose plus à personne, ce silence qui n’est même plus un silence, qui n’est absolument plus rien8. » Sartre fait allusion, dans le même article, à un autre « silence », celui que Camus avait gardé sur l’Algérie depuis le début de l’année 1956.
En 1957, l’auteur de L’Etranger a reçu le prix Nobel de littérature. Interrogé à Stockholm sur son attitude à l’endroit de l’Algérie, il répond : « Je me suis tu depuis un an et huit mois, ce qui ne signifie pas que j’aie cessé d’agir. J’ai été et suis toujours partisan d’une Algérie juste, où les deux populations doivent vivre en paix et dans l’égalité. J’ai dit et répété qu’il fallait faire justice au peuple algérien et lui accorder un régime pleinement démocratique, jusqu’à ce que la haine de part et d’autre soit devenue telle qu’il n’appartenait plus à un intellectuel d’intervenir, ses déclarations risquant d’aggraver la terreur. Il m’a semblé que mieux vaut attendre jusqu’au moment propice d’unir au lieu de diviser. […] J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice9. » La formule reste attachée à sa mémoire ; elle est pourtant obscure dans sa simplicité. En fait, Camus n’a jamais accepté la probabilité de l’indépendance algérienne ; cette revendication lui paraît une des manifestations du « nouvel impérialisme arabe, dont l’Égypte, présumant de ses forces, prétend prendre la tête et que, pour le moment, la Russie utilise à ses fins de stratégie anticoloniale ». Pour ce pied-noir, « l’ère du colonialisme [est] terminée », mais, loin d’en conclure à la nécessaire indépendance algérienne, il refuse de servir « le rêve de l’empire arabe […] aux dépens du peuple européen d’Algérie, et, finalement, aux dépens de la paix du monde10 ». Il exprime de manière tragique l’impuissance de ce que Raymond Aron appelle, après lecture de cette ultime explication de Camus en 1958, « l’attitude du colonisateur de bonne volonté ». Camus meurt incompris de sa famille intellectuelle, qui l’a tenu en quarantaine, qui ne lui a pas pardonné son entêtement. En parlant de sa mère, à propos de la justice, il n’a pas tenu un discours rationnel, il a seulement exprimé que l’Algérie – où vivaient et reposaient les siens – était pour lui une patrie charnelle, dont il ne pouvait imaginer être dépossédé. Comme les jeunes officiers progressistes de l’armée française, il rêvait d’une Algérie « juste », en tournant le dos au mouvement inexorable de l’Histoire. L’Algérie pouvait-elle échapper à la décolonisation universelle ?
Parmi ceux qui ne le croient pas, certains en vinrent à s’engager à fond, n’hésitant plus à aider le FLN (Front de libération nationale). Au début de février, juste après la défaite des barricadiers de Pierre Lagaillarde à Alger, on apprend l’arrestation d’un groupe de jeunes gens, appartenant à Jeune Résistance, qu’on baptise le « réseau Jeanson ». Francis Jeanson, auteur de plusieurs ouvrages philosophiques, collaborateur des Temps modernes et d’Esprit, éditeur aux éditions du Seuil, a, dans cette même maison, publié avec sa femme Colette, en 1955, un livre capital en faveur du mouvement nationaliste algérien : L’Algérie hors la loi. Selon Jean Daniel, « le livre de Jeanson a été le bréviaire des révolutionnaires, l’acte de naissance en même temps de la révolution algérienne et de l’État algérien. C’est un Français qui, dans sa sensibilité révolutionnaire, dans son extrême prescience du besoin de l’inconscient collectif de la révolution algérienne, a donné aux Algériens le matériau qui leur manquait pour établir une sorte de continuité entre un passé dépersonnalisé et un avenir idéologiquement reconstruit11 ». Entrant dans la clandestinité en 1957, Jeanson met en place un réseau de soutien aux nationalistes algériens, destiné à aider le FLN de diverses manières : collecter ses fonds et les placer dans les banques étrangères, fournir aux militants algériens moyens de transport et lieux d’hébergement, etc. En septembre 1958, Jeanson lance une publication, Vérités pour, afin de « rechercher, de rassembler, de contrôler et de diffuser l’information vaste et précise que nécessite une lutte difficile contre des adversaires résolus, bien organisés et dotés de moyens financiers puissants12 ».
Le 15 avril 1960, Francis Jeanson, traqué par la police, tient une conférence de presse clandestine, dont Georges Arnaud, auteur du Salaire de la peur, réussit à faire paraître le texte dans Paris-Presse – texte précédé d’une manchette due à Pierre Charpy : « Attention : toxique. » Interpellé par la police, Arnaud, refusant de s’expliquer sur cette rencontre avec Jeanson, est arrêté et passe en jugement le 17 juin. Ce procès, qui est celui de la liberté de la presse, entend des témoins divers. Pierre Lazurick de L’Aurore, pourtant partisan de l’Algérie française, vient soutenir Georges Arnaud aux côtés de Jérôme Lindon, directeur des éditions de Minuit, Jean-Paul Sartre, Pierre Vidal-Naquet et François Maspero, libraire et éditeur de gauche.
En juin 1960, Francis Jeanson explique les raisons de sa dissidence par un pamphlet, Notre guerre, paru aux éditions de Minuit et incontinent saisi en vertu de l’ordonnance du 23 décembre 1958 pour « provocation à la désobéissance ». Le texte est aussitôt reproduit in extenso dans le numéro de juillet de Vérité-Liberté. Ce journal, créé à la suite d’une divergence entre Maurice Pagat et Pierre Vidal-Naquet, continue le travail entrepris par Témoignages et Documents. Paul Thibaud, rédacteur en chef d’Esprit, en est le gérant, Pierre Vidal-Naquet l’animateur principal. Jusqu’à la fin de la guerre, ils ne cesseront de dénoncer la « gangrène » algérienne, de déjouer la censure, de republier les livres interdits, de défendre les prisonniers, à leurs risques et périls.
Les activités de Jeanson divisent la gauche intellectuelle. La différence des attitudes entre Les Temps modernes et Esprit exprime bien cette fracture. Tandis que Sartre soutient et soutiendra Jeanson jusqu’au bout, et que Marcel Péju défendra dans Les Temps modernes une position de pointe, Jean-Marie Domenach dit son désaccord : « Que la révolte des Algériens soit juste en son principe, écrit-il dans le numéro d’Esprit d’avril 1960, que les méthodes de répression en Algérie soient souvent inspirées de celles de la Gestapo, cela semble indiscutable, et cause aux consciences françaises un trouble […]. Faut-il en conclure que la France s’est à ce point avilie, reniée, que des Français puissent se considérer déliés de toute allégeance à l’égard de ses lois et de sa direction politique ? C’est cette conclusion qui me semble inadmissible… » En mai, dans la même revue Esprit, Jean Daniel écrit : « Je crains que nos philosophes n’en soient arrivés à “sacraliser” le FLN comme les intellectuels staliniens sacralisaient il y a quelques années le Parti communiste. C’est la recherche angoissée de l’absolu disparu. »
Le procès du réseau Jeanson s’ouvre le 5 septembre 1960 devant le Tribunal permanent des forces armées. Jeanson a pu s’échapper et se réfugier en Suisse. Sa compagne, Hélène Cuénat, inculpée et arrêtée, fera entendre la voix de l’absent tout au long du procès13. Sartre est alors au Brésil, mais il entend proclamer sa solidarité avec les accusés, ce qu’il fait au moyen d’une lettre, lue par l’avocat Roland Dumas à l’audience du 20 septembre, et qui fait sensation. On sait aujourd’hui que la rédaction de cette lettre n’est pas de Jean-Paul Sartre, mais de ses collaborateurs Claude Lanzmann et Marcel Péju : du Brésil, il leur a exposé par téléphone ce qu’aurait pu être son témoignage14. Au mois de septembre 1959, Sartre et Jeanson se sont revus, le premier exprimant à Jeanson son accord sur son action, lui disant même : « Utilisez-moi comme vous le pourrez15… » La longue lettre de Sartre confirme sa « solidarité totale » avec Jeanson ; elle se termine par ces mots : « Il importe de dire très clairement que ces hommes et ces femmes ne sont pas seuls, que des centaines d’autres déjà ont pris le relais, que des milliers sont prêts à le faire. Un sort contraire les a provisoirement séparés de nous, mais j’ose dire qu’ils sont dans le box comme nos délégués. Ce qu’ils représentent, c’est l’avenir de la France, et le pouvoir éphémère qui s’apprête à les juger ne représente déjà plus rien. »
Le procès des « porteurs de valises » joue le rôle d’un catalyseur pour la résistance intellectuelle à la guerre. Dès les premières séances, un autre texte met le feu aux poudres – une « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », portée par Les Temps modernes et Les Lettres nouvelles, qui va rester célèbre sous le nom de « Manifeste des 121 », ce chiffre se référant à la liste des premiers signataires. La pétition condamne la guerre et la torture, motive les réseaux d’aide aux FLN, encourage les jeunes appelés à la désertion : « Nous respectons et jugeons justifiée la conduite des Français qui estiment de leur devoir d’apporter aide et protection aux Algériens opprimés au nom du peuple français. » Avaient signé, entre autres, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, André Breton, Nathalie Sarraute, Claude Roy, Alain Robbe-Grillet, Vercors, André Mandouze, Laurent Schwartz, Pierre Vidal-Naquet, Robert Barrat, Jean-François Revel, François Truffaut, Maurice Pons, Alain Resnais, Françoise Sagan, Simone Signoret, Jérôme Lindon… Les autorités réagissent : des enseignants sont mis en congé ou révoqués, comme Laurent Schwartz de Polytechnique, ou comme Pierre Vidal-Naquet, assistant d’histoire à la faculté des lettres de Caen, qui est suspendu d’octobre 1960 à octobre 1961 ; des pièces de théâtre et des films sont interdits… Le « procès Jeanson » se termine par des condamnations lourdes allant jusqu’à dix ans de prison.
La Déclaration des 121 provoque la fureur de la presse de droite. Sur la radio nationale, la chronique quotidienne de Jean Nocher revient inlassablement à la charge contre ces « traîtres » dont les noms ont des consonances si étrangères (Adamov, Lanzmann, Bruller, Maspero, Mandouze, Czarnecki) ou bien qui sont des produits des écoles étrangères, tel Sartre, issu de « l’école allemande de Kierkegaard à Scheler et Landsberg en passant par Nietzsche, Jaspers et Heidegger – cette école qui commence au masochisme et finit au four crématoire16 ».
Ces événements stimulent aussi la contre-attaque de la droite intellectuelle. En réponse au Manifeste des 121, plusieurs centaines d’écrivains, de scientifiques, d’universitaires, dont sept membres de l’Académie française publient, le 21 septembre 1960, un « Manifeste des intellectuels français » condamnant les « déclarations scandaleuses » et affirmant : « La guerre d’Algérie est une lutte imposée à la France par une minorité de rebelles fanatiques, terroristes et racistes, conduits par des chefs dont les ambitions personnelles sont évidentes – armés et soutenus financièrement par l’étranger. » Parmi les signataires, Henry Bordeaux, Jules Romains, Henri Massis, Antoine Blondin, Michel Déon, Roland Dorgelès, Pierre Gaxotte, Raoul Girardet, Daniel Halévy, Gabriel Marcel, Roger Nimier, Jacques Perret, Michel de Saint-Pierre, Thierry Maulnier…
Les partisans de l’Algérie française ont tenu en juin un colloque à Vincennes, sur l’initiative de Jacques Soustelle. Un Centre de liaison et de coordination du Colloque de Vincennes s’est constitué, pour interdire « toute formule telle que celle de l’Algérie algérienne qui conduirait à la sécession et à la dictature du terrorisme ». Combat, qui a soutenu de Gaulle dans un premier temps, devient le point de ralliement des intellectuels de droite les plus décidés de l’opposition antigaulliste. Raoul Girardet, historien enseignant à Sciences po, y plaide la « révolution kémaliste ». Dans une série d’articles, Algérie 1960. Grandeur et servitudes des capitaines, il appelle à la mobilisation de la nation tout entière en vue de la vaste œuvre à accomplir sur l’autre rive de la Méditerranée. Les affrontements des années trente renaissaient.
La jeunesse étudiante est, de toutes les couches de la société, la plus attentive aux événements. L’UNEF, lors de son quarante-neuvième Congrès annuel tenu aux vacances de Pâques à Lyon, a voté une motion réclamant des négociations avec le FLN. Une minorité se rebiffe. Le 1er mai, les plus extrémistes de ces minoritaires constituent la FEN (Fédération des étudiants nationalistes), décidée à lutter contre « la marxisation de l’Union nationale des étudiants de France » et à « soutenir l’action des défenseurs de l’intégration territoriale de l’Algérie française à la Mère Patrie ». L’UNEF, quant à elle, présidée par Pierre Gaudez, étudiant en sociologie de la Sorbonne, se disant de plus en plus inquiète des cas d’insoumission qui se multiplient parmi les jeunes gens, décide d’organiser une manifestation pour la paix en Algérie le 27 octobre 1960. Prenant langue avec les organisations ouvrières, elle obtient l’accord de la CFTC, de la FEN (Fédération de l’Éducation nationale), de la fédération de la Seine de Force ouvrière et du PSU (fondé en avril 1960 par la fusion entre l’UGS et le PSA). En revanche, le Parti communiste et la CGT, après hésitation, voient dans l’initiative de l’UNEF « une méthode dangereuse et aventuriste ». Le ministère de l’Intérieur interdit la manifestation, mais autorise finalement la tenue d’un meeting à la Mutualité. Le 27, devant une salle pleine, Gaudez réaffirme sous les ovations la volonté des jeunes Français de voir le gouvernement négocier avec le FLN. Autour de la Mutualité, une quinzaine de milliers de manifestants qui n’ont pu trouver place à l’intérieur clament des slogans pour « la Paix en Algérie ». La police charge violemment et disperse peu à peu la foule. La première grande manifestation publique pour la paix négociée en Algérie venait d’avoir lieu.
A son retour du Brésil, Sartre doit parer aux menaces qui l’assaillent. Après avoir installé sa mère à l’hôtel (son appartement de la rue Bonaparte est à deux reprises plastiqué), il trouve refuge dans un appartement loué par son secrétaire, quai Louis-Blériot. Jusqu’au bout, il ne ménage pas sa peine : meetings, manifestations, témoignages aux procès…, ce qui ne l’empêche pas de publier sa Critique de la raison dialectique en cette même année 1960. Au cours de l’été 1961, il fait la connaissance à Rome de Frantz Fanon, psychiatre martiniquais, auteur de plusieurs ouvrages anticolonialistes, dont Peau noire, Masques blancs. Sartre passe des jours et des nuits à discuter avec lui. Fanon lui demande de préfacer son nouveau livre, Les Damnés de la terre, à paraître chez François Maspero. Sartre s’exécute, par un texte anticolonialiste, tiers-mondiste, qui fera scandale, en septembre 1961. On y lit notamment : « Quand les paysans touchent des fusils, les vieux mythes pâlissent, les interdits sont un à un renversés : l’arme d’un combattant, c’est son humanité. Car, en ce premier temps de la révolte, il faut tuer : abattre un Européen, c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ; le survivant, pour la première fois, sent un sol national sous la plante de ses pieds. Dans cet instant, la nation ne s’éloigne pas de lui : on la trouve où il va, où il est – jamais plus loin, elle se confond avec sa liberté. » Frantz Fanon, atteint de leucémie, n’a guère le temps de jouir du succès extraordinaire de son livre ; il meurt le 6 décembre à Washington.
Le procès du réseau Jeanson et la radicalisation de Sartre provoquent une coupure dans la gauche intellectuelle. L’action et les proclamations de l’un et de l’autre sont désavouées dans France-Observateur, dans L’Express, dans Esprit… Marcel Péju, dans Les Temps modernes, fustige cette « gauche respectueuse » : « On craint d’y deviner je ne sais quel vieillissement, un réflexe irrité de “responsables” devant des incartades inopportunes. Qu’ils sont sages, en effet, qu’ils font sérieux, tout à coup, ces révolutionnaires ! Ils ont des partis, des journaux, des programmes ; ils savent ; ils sont la gauche. Et voilà que des initiatives imprévues viennent bousculer leurs plans17… » Aux révolutionnaires manichéens des Temps modernes une gauche intellectuelle plus empirique, diversement représentée par Claude Bourdet, Gilles Martinet, Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jean Daniel, Jean-Marie Domenach, oppose le sens du réalisme et l’impératif éthique. C’est ainsi que Paul Ricœur, philosophe de la revue Esprit, explique pourquoi on ne peut pas condamner l’insoumission, mais en même temps pourquoi on ne saurait y pousser les jeunes gens.
La fin de la guerre d’Algérie tarde à venir, malgré l’appui massif de l’opinion métropolitaine à de Gaulle, et malgré l’échec de la tentative de putsch des généraux en avril 1961. Les négociations avec le FLN sont maintes fois interrompues, alors que le Général est désormais acquis à l’idée d’indépendance algérienne. Les partisans de l’Algérie française se jettent dans une fuite en avant meurtrière en créant l’OAS (Organisation Armée secrète). Le 17 octobre 1961, un rassemblement pacifique d’Algériens à Paris s’achève en tuerie. Les manifestations de la gauche contre l’OAS sont réprimées violemment par le pouvoir. Le préfet de police Maurice Papon s’illustre le 8 février 1962, quand des manifestants anti-OAS sont écrasés contre les grilles fermées de la station de métro Charonne. Les attentats se multiplient en métropole, la guerre civile menace. Par deux fois, les plastiquages de l’OAS visent le local d’Esprit. Le pouvoir, dans sa lutte contre l’OAS, procède à plusieurs reprises à des saisies, à des poursuites, à des gardes à vue, comme pour équilibrer les arrestations de militaires après le putsch d’avril.
Ces derniers mois de guerre ressoudent la gauche intellectuelle et la gauche politique contre l’OAS, devenue l’ennemi commun ; ils déchirent aussi la droite idéologique : quand La Nation française, journal maurrassien dirigé par Pierre Boutang, adopte des thèses favorables à de Gaulle, les collaborateurs les plus proches de l’OAS font scission et s’expriment dans L’Esprit public, imprimé sur les presses de Combat, dont le directeur Henri Smadja met un local dans les combles de son journal à la disposition des rebelles ; le premier numéro sort le 17 décembre 196018. Raoul Girardet, Jules Monnerot, Jean Brune, Roland Laudenbach, Jacques Laurent, Jacques Perret en sont les principaux animateurs, à côté de militaires anonymes : « Nous nous engageons, proclament-ils dans le premier numéro, à lutter par tous les moyens pour le maintien, dans la république, de l’Algérie, terre pleinement française. » Animés d’une « authentique volonté révolutionnaire », ils n’hésitent pas à comparer de Gaulle à Hitler : « Nous voulons penser que demain un capitaine encore inconnu, à l’âme dure et aux mains sûres, saura préférer la grandeur du refus à la volupté du déshonneur19. »
La guerre d’Algérie propulse les intellectuels sur le devant de la scène. Comme jamais depuis l’affaire Dreyfus, hors des partis, au besoin contre eux, ils traduisent, souvent avec passion, la division profonde des Français sur la politique algérienne. A droite, on voit resurgir, pour la première fois depuis la Révolution nationale et la Collaboration, des groupes extrémistes, fascistes, catholiques-nationaux, maurrassiens. Les anciens vaincus s’enhardissent, comme Maurice Bardèche, publiant son manifeste en 1961, Qu’est-ce que le fascisme ?. D’anciens intellectuels de gauche, comme Jacques Soustelle, des démocrates-chrétiens comme Georges Bidault, animent des comités de soutien à l’Algérie française, sans craindre de faire alliance avec les pires de leurs anciens adversaires. Les « hussards », qui se piquaient de « littérature dégagée », entrent tous plus ou moins dans le combat pour l’Algérie française, d’Antoine Blondin à Roger Nimier, en passant par Jacques Laurent.
A cette mobilisation de la droite intellectuelle répond largement celle de la gauche. Celle-ci, indépendamment des partis politiques, surtout d’un Parti communiste déjugé, représente durablement la réaction la plus forte à la guerre d’Algérie et ses dilemmes. Unie pour dénoncer la torture, elle est divisée sur la finalité du combat à mener et sur les méthodes : l’affaire Jeanson révèle ses fractures. Entre « l’intellectuel dreyfusard » et « l’intellectuel révolutionnaire », le fossé se creusa dans les deux dernières années de la guerre20.
Le retour du général de Gaulle suscite des ralliements, dont André Malraux et François Mauriac sont les plus célèbres exemples. Les autres intellectuels, qui le jugent sévèrement au début, deviennent, bon gré mal gré, ses soutiens conditionnels, quand la lutte entre de Gaulle et les officiers putschistes, puis entre de Gaulle et l’OAS menace le pays d’une guerre civile. A la fin, ils doivent admettre ce qu’ils récusaient en 1958 : que de Gaulle a fait la paix, et non la Gauche ; que le Général a su rallier l’opinion, vaincre les ultras civils et militaires, sans jamais se laisser manipuler. La paix de mars 1962 constitue pour les intellectuels de gauche une victoire ; ce n’est pas leur triomphe : dans l’ensemble, ils ont fait une erreur de diagnostic en mai 1958. Parallèlement, les Accords d’Évian représentent une lourde défaite pour les intellectuels de la droite idéologique. Mais la guerre d’Algérie leur a offert une revanche sur l’hégémonie de la gauche installée pratiquement sans partage depuis la Libération. Ils ont existé de nouveau.
Il faut encore rendre cette justice aux intellectuels « dreyfusards », dont Pierre Vidal-Naquet fut une des figures courageuses. A la tête du Comité Maurice-Audin, il n’hésite pas à mettre en cause les responsabilités du FLN et du gouvernement français dans le massacre des harkis – ces unités arabo-berbères supplétives que les autorités ont constituées dans la lutte contre le FLN. Mieux encore, le Comité Audin révèle, au grand dam du Parti communiste21, les tortures infligées aux membres réels ou supposés de l’OAS.
Ces nouveaux dreyfusards étaient largement recrutés chez les chrétiens. On voit le chemin parcouru en soixante ans, depuis l’affaire Dreyfus. C’est une des révélations de ces tragédies : les catholiques, déjà divisés pendant la guerre d’Espagne et pendant l’Occupation, confirment leur pluralisme. Un Robert Barrat est représentatif de ces catholiques de gauche engagés jusqu’au bout en faveur de l’Algérie indépendante : responsable avec quelques autres de Vérités pour de Francis Jeanson, collaborateur régulier de Vérité-Liberté, il sait aussi être un informateur de De Gaulle, par l’intermédiaire de François Mauriac et du garde des Sceaux, Edmond Michelet – ce qui ne l’empêche pas de faire un séjour en prison à l’automne 1960.
La gauche intellectuelle, dans son ensemble, s’émancipe un peu plus du PCF jugé trop tiède pendant la guerre d’Algérie. Ce processus d’autonomisation par rapport aux appareils est aussi encouragé par le sectarisme du Parti, incapable d’amorcer sa « déstalinisation ». L’approbation donnée par lui à la répression de la Hongrie insurgée l’a discrédité, son manque de conviction dans la lutte pour l’indépendance algérienne (dont le fer de lance, contrairement au cas indochinois, n’est pas un parti marxiste) achève de le perdre aux yeux des intellectuels militants. « Quelque chose s’est brisé entre le PC, les étudiants et les intellectuels », dira – pour rendre compte du Mouvement de mai 1968 – Pierre Vidal-Naquet22.
F. Mauriac, Bloc-Notes, 2, op. cit., p. 276.
« Algérie : ouverture ou échappatoire ? », Les Temps modernes, octobre 1959.
Cité par L’Express, 3 décembre 1959.
Itinéraires, mars 1958.
Cornélius, « Morale, droit et guerre révolutionnaire », Verbe, janvier 1959.
Cité par M. Garrigou-Lagrange, « Intégrisme et national-catholicisme », Esprit, novembre 1959.
Ibid.
J.-P. Sartre, Situations V, op. cit., p. 128-129.
Le Monde, 14 décembre 1957.
A. Camus, Chroniques algériennes, in Essais, op. cit., p. 1013 et 1015.
Cité par H. Hamon et P. Rotman, Les Porteurs de valises, la résistance française à la guerre d’Algérie, Seuil, « Points Histoire », 1982, p. 36-37.
Cité par M.-P. Ulloa, « Francis Jeanson, un itinéraire d’engagement 1940-1960 », mémoire de DEA, IEP de Paris, 1997, p. 133.
M. Péju, Le Procès du réseau Jeanson, Maspero, 1961.
F. Jeanson, Sartre dans sa vie, Seuil, 1974, p. 215.
Ibid., p. 214.
Ch. Calmy, « Jean Nocher : un empoisonneur public », Esprit, mars 1962.
M. Péju, « La gauche respectueuse », Les Temps modernes, avr.-mai 1960.
Sur cette querelle, voir le témoignage de Ph. Ariès, Un historien du dimanche, Seuil, 1980, et R. Girardet, Singulièrement libre, Grasset, 1990.
Éditorial du 17 février 1961, cité par A.-M. Duranton-Crabol, « Combat et la guerre d’Algérie », Vingtième siècle. Revue d’histoire, oct.-décembre 1993.
Voir P. Vidal-Naquet, « Une fidélité têtue. La résistance française à la guerre d’Algérie », Vingtième siècle. Revue d’histoire, avr.-juin 1986.
P. Vidal-Naquet, « L’OAS et la torture », Esprit, mai 1962.
P. Vidal-Naquet et A. Schnapp, Journal de la Commune étudiante, Seuil, 1969.