Eymerich ne tremblait pas à l’idée de se retrouver aux prises avec le serpent. Il désirait même découvrir où il se cachait. Il était par ailleurs certain de ne courir aucun risque. L’allusion d’Avakum à l’odeur du cinabre – qu’il n’avait pas perçue sur le moment – lui avait donné une indication sur la nature de cet énième monstre.
Deux soldats émergèrent du dernier embranchement des souterrains. Ils n’étaient armés que de dagues et n’affichaient aucune intention belliqueuse.
— Eh Nissim, dit le plus grassouillet des deux dans le dialecte local. Chi fai cca sutta ?(15)
— Aiu un parrinu ’mpurtanti d’accumpagnari a visitari’ a galera.
Le juif indiqua Eymerich.
— Un prélat. Avi’ u permissi d’i baruna.
— Un c’è nenti ’iviriri. Un c’è nuddu carzarato.
— Voli dari’ na taliata’ e celle.(16)
Les deux soldats ressemblaient à des paysans du coin auxquels on aurait enfilé une cotte de mailles. Le justaucorps affichait le blason des Chiaromonte, avec les cinq collines disposées en éventail. Ils n’avaient pas une attitude martiale, bien au contraire : barbe mal rasée, la peau cuite par le soleil. L’un des deux tenait encore une bouteille de citronnade.
Ils s’écartèrent sans rechigner et s’inclinèrent devant Eymerich. L’inquisiteur leur répondit par un signe amical.
Le couloir était vraiment sombre. La torche et une étroite meurtrière permettaient tout juste de voir où l’on mettait les pieds. Les cellules à la voûte en berceau et aux grilles neuves et laissées ouvertes n’abritaient que des ombres. Aucun meuble, aucune paillasse. Le sol n’était pavé que par endroits. Le reste était fait de sable et de pierres. Il était clair que cette aile n’était pas encore terminée.
— Et c’est ici que se trouverait le serpent dont parle la rumeur ? demanda Eymerich.
Nissim rit.
— Apparemment oui. Et pourtant il n’y en a nulle trace. Si le château de Mussomeli encore en construction a pu susciter autant de légendes, qui sait ce qu’on en dira dans une centaine d’années.
Eymerich huma l’air, se pencha dans plusieurs cellules, remua du talon un tas de sable humide, déplaça quelques pierres, mais il n’y avait aucun indice d’activité anormale.
— Inutile de rester là. Allons-nous-en.
Un peu avant d’arriver au poste de garde, il dit au juif :
— Pose deux questions pour moi à tes amis soldats. Premièrement, pourquoi on leur a demandé de surveiller une prison qui n’est pas encore en activité. Deuxièmement, s’ils ont déjà vu quelqu’un apporter de la nourriture pour des détenus invisibles. Je le demanderais volontiers moi-même, mais je ne connais pas votre langue et elle m’est totalement incompréhensible.
Nissim s’exécuta. Après un échange soutenu, il revint faire son compte rendu à Eymerich.
— Ils ne savent même pas pourquoi on leur fait perdre du temps à rester ici. Quant à la nourriture, ils n’en ont jamais vu. Sinon des baquets de lait frais que l’on descend chaque jour et qui remontent vides. D’après les ouvriers qui en ont la charge, ajouté au sable, il lui donne une meilleure consistance que l’eau. Le mélange doit donner plus de solidité au pavage lorsqu’il sera terminé.
— Je n’ai jamais entendu dire qu’on utilisait du lait dans les travaux de maçonnerie.
— Ils doivent prendre de la chaux très liquide pour du lait.
— C’est ce que je me disais aussi. Et il est possible qu’un curé à moitié fou ait pu faire la même erreur.
Mais rien n’était moins sûr, même s’il s’agissait de l’explication la plus pratique. Eymerich n’oubliait pas qu’il avait vu le gros serpent de ses propres yeux, et que dans la petite pièce à côté de la chapelle il y avait du sable exactement comme dans les cellules. Quelqu’un nourrissait-il le serpent avec du lait ? Dans un contexte ordinaire, le simple fait d’y penser aurait été ridicule. Mais que reste-t-il d’ordinaire lorsque les prodiges les plus sinistres se succèdent comme des feux d’artifice ?
Eymerich s’immobilisa sur la dernière marche, à côté du petit jardin fleuri contre le piédroit de l’arche.
— Tu connais bien les mythes de tes coreligionnaires ? demanda-t-il à Nissim. Je veux dire des juifs. Je ne parle pas des principes religieux de base, mais plutôt des histoires secondaires que l’orthodoxie ignore sans pour autant les condamner.
Le jeune homme se mit à rire.
— J’ai bien peur, père, que même sur la Torah vous ne me trouverez pas très compétent. Je respecte la religion de mes pères, par fidélité à mes parents et à mon peuple. Mais je suis le moins scrupuleux des croyants.
— Tu dois bien connaître quelques légendes.
— J’en ai entendu beaucoup et je les ai toutes oubliées. Sauf une, parce qu’elle a eu une légère incidence sur ma vie.
Eymerich se fit attentif.
— Laquelle ?
— Lilith, cette terrifiante créature féminine qui, jalouse de ne pouvoir enfanter, vole et saigne les nouveau-nés. Lorsque j’étais encore bébé, une femme a essayé de me voler. Mes parents, très superstitieux, étaient convaincus qu’il s’agissait de Lilith en personne. Voilà pourquoi je connais à peu près cette fable.
Cette allusion bouleversa l’inquisiteur. Elle lui rappelait une aventure vécue dix ans plus tôt, dans le château espagnol de Montiel. Tandis que Pierre le Cruel et Henri de Trastamare s’affrontaient pour la possession de la Castille, une Lilith s’était manifestée à lui, sous les traits de Myriam la juive et l’identité de Léonore. Il avait presque réussi à effacer ce souvenir de sa mémoire. Ce qui n’avait pas été si difficile car il ignorait si cette expérience avait été réelle ou simplement un rêve. Myriam/Léonore/Lilith, les rares fois où elles lui revenaient à l’esprit, éveillaient des sentiments et des sensations interdites à un religieux.
Il examina Nissim, jeune, mince, les yeux noirs, les cheveux crépus, un filet de barbe.
— Je ne respecte pas tes croyances impies, mais j’apprécie que tu prennes tes distances par rapport à une religion qui n’est que l’embryon de la religion véritable. Maintenant, nous devons nous séparer. Tu pourras venir me voir ce soir ? Une fois que j’aurai terminé ce souper auquel je ne pourrai échapper ? J’aimerais te poser quelques questions sur Lilith et sur d’autres sujets.
Nissim s’inclina souplement.
— Avec plaisir, père. Dans cette forteresse il n’y a pas grand-chose à faire. Surtout le soir.
— Je tiens quand même à te prévenir. En bon chrétien je déteste ta race et le judaïsme en général. Je ne t’invite pas en ami, mais en ennemi. J’ai apprécié ton courage à Feudo Michinese, mais mon estime commence et finit là. Au niveau de l’action. Tes pensées, bien qu’affaiblies par ton scepticisme, me répugnent. Les juifs, à cause de leur exécrable idée de tolérance, sont pour moi des rats qui se multiplient au chœur de la chrétienté. Des bébés rats cachés dans un tonneau de farine.
— Ce n’est pas la première fois qu’on me tient ce genre de propos, et ce ne sera pas la dernière, répondit Nissim, imperturbable. Quand puis-je venir vous voir ?
— Disons deux heures après les Complies. Ce stupide banquet devrait être terminé.
— J’y serais, magi… père !
Le domestique s’éloigna rapidement. Eymerich repoussa la sympathie coupable qu’il ressentait à son égard. Il déplaça son attention sur le petit jardin fleuri que quelqu’un essayait d’entretenir. Il croisa le regard humide, faussement timide, d’Eleonora d’Arborea. La dame devait être là depuis un moment, mais il n’avait jamais regardé dans sa direction. Elle déambulait entre les campanules en effleurant les corolles, sans les arracher. Elle appréciait le contact des plantes.
— Comment vous êtes-vous blessée ? demanda Eymerich.
Elle avait une étrange coupure étoilée sur la joue gauche. Le sang avait été nettoyé et ne s’était coagulé qu’au centre de la plaie. Un petit coup dû à un objet pointu.
— Je ne sais pas, répondit Eleonora. Une écharde emportée par le vent, peut-être. Rien de grave en tout cas.
Elle s’extirpa des fleurs.
— Je ne vous ai pas vu de tout l’après-midi. Vous êtes allé dormir ?
— Non, et vous ? Vous avez participé à la noce des seigneurs ?
Eleonora afficha une moue de dédain.
— Je m’en suis bien gardée. Les nobles siciliens ne traitent pas les roturiers comme nous en Sardaigne. Vous avez vu le pauvre bailli, qui est pourtant un serviteur public ? Saoulé de force, frappé, humilié et laissé presque mort.
— J’ai vu, dit Eymerich.
— Vous n’êtes pas intervenu pour défendre ce pauvre homme ?
— Non. Ça ne fait pas partie de mes compétences.
L’inquisiteur ne disait pas toute la vérité. En fait, il n’éprouvait aucune sympathie pour les faibles qui baissaient les bras.
— Mais éprouver une compassion stérile et tardive ne sert à rien. Les barons siciliens ont l’air de confondre les fonctions de commandement avec d’autres privilèges. C’est probablement pour cette raison que depuis un siècle ils ne sont nommés par aucune autorité supérieure reconnue.
Eleonora hocha la tête.
— C’est valable aussi pour nous, les Sardes, et cependant notre comportement est complètement différent… Pour parler d’autre chose, vous avez retrouvé la trace de votre serpent ?
— Comment savez-vous que je suis parti à sa recherche ?
— Ce n’était pas difficile de le deviner.
Eymerich se demanda s’il pouvait lui faire confiance. Il décida que oui. Il avait besoin de se confier à quelqu’un, ne serait-ce que pour mettre de l’ordre dans ses idées. Il y avait sous l’arcade une fenêtre géminée qui donnait sur le sud avec deux sièges en pierre sur les côtés. Derrière la colonnette centrale on apercevait le soleil couchant, mais encore jaune et plein. Il la lui indiqua.
— Asseyons-nous là. Tant que les jardins resteront déserts nous pourrons discuter tranquillement. Je vais vous parler de choses, ma dame, que vous ne comprendrez pas forcément. Rassurez-vous, je ne les comprends pas encore entièrement moi-même.
Ils s’installèrent. Eymerich, les mains sur les genoux, commença par poser une question :
— Vous savez ce qu’est l’alchimie ?
— Oui, répondit Eleonora. Plus ou moins. C’est une doctrine secrète qui permet à des savants de faire des expériences consistant à mélanger des métaux et des essences afin de produire des médicaments ou des liquides chargés de vertus. Les plus ambitieux essaient même de transformer du vulgaire métal en or.
— Cette définition n’est pas fausse, dit Eymerich, mais elle ne concerne qu’une partie des alchimistes. Ceux qui sont considérés par les autres, qui s’appellent eux-mêmes « philosophes », comme de vulgaires « souffleurs ». Adeptes de l’alchimie, oui, mais uniquement dans son expression superficielle, extérieure.
— Il en existe d’autres formes ?
— Selon les soi-disant philosophes, oui. En fondant, dissolvant, coagulant les métaux et les matières, l’alchimiste opérerait également une transformation individuelle, capable de le conduire à un niveau supérieur d’existence. L’objet de sa recherche – l’or, la « pierre philosophale », la « cinquième essence » – pourrait exister ou ne pas exister dans le monde physique, mais exister dans le monde spirituel. Il correspond à un degré excessivement élevé de connaissance et donc à une autre façon de vivre sa vie, terrestre ou non terrestre… Vous me suivez ?
— J’essaie, répondit Eleonora. Ce sont pour moi des concepts complètement nouveaux… Mais comment le fait de fabriquer des mixtures pourrait-il élever celui qui s’y emploie ?
— En imitant l’œuvre de Dieu. L’alchimiste essaie de voler au Très-Haut la faculté suprême, celle de créer. Le péché capital dans lequel sombrent les « philosophes » est donc celui d’orgueil. La faute des « souffleurs » est tout autre. Après avoir échoué à transformer une pierre ou un vase d’eau croupie en or, ils finissent régulièrement par rechercher l’aide de Satan ou d’une autre entité infernale. Ils s’entachent donc d’une autre forme de péché, la sorcellerie, équivalente à l’hérésie dans la mesure où elle attribue aux démons des pouvoirs quasi divins.
Eleonora transpirait, mais c’était peut-être à cause de la chaleur insupportable de la fin d’après-midi.
— Le confrère que vous essayez de capturer, Ramón… Ramón…
— Ramón de Tárrega.
— C’est donc un « souffleur » ?
— C’est en effet ce que je croyais, mais j’ai changé d’avis. Je pense plutôt à présent qu’il appartient à l’engeance des philosophes. Et, à l’intérieur de cette dernière, à un cercle encore plus restreint, capable de donner aux symboles une forme concrète, ou en tout cas de le faire croire.
— Là, je ne vous comprends plus. Eleonora se pressa le front, comme si elle avait mal à la tête. Pouvez-vous être plus explicite ?
Eymerich pinça les lèvres, comme s’il s’amusait du désarroi de la jeune femme.
— Presque toutes les visions que nous avons eues jusqu’à présent sont une matérialisation de l’alchimie philosophique. Prenons le serpent gigantesque que j’ai vu, et que vous étiez sur le point de voir. Il s’agit clairement de l’Ouroboros, le reptile qui se mange la queue. Un symbole central de l’alchimie, indiquant un flux de vie ininterrompu. Et quelle odeur dégageait-il ? J’ai pensé à du sang humain ou animal, en fait il s’agissait de « sang de dragon ». Un des nombreux noms que les alchimistes donnent au cinabre. Une pierre qui, aussitôt traitée, dégage une odeur forte et dégoûtante.
— Vous êtes sûr qu’il s’agissait de… l’Ouroboros ?
— Oui, car son nom était gravé sur un mur, sous la chapelle. On aurait dit un graffiti, mais en réalité il s’agissait des lettres grecques alpha et oméga. La fin et le commencement qui s’enchaînent. Vita, mors, Vita, mors. Processus représenté depuis des millénaires par le serpent qui se mord la queue en une rotation perpétuelle.
Eymerich fit une pause, pour apprécier l’effet de ses paroles.
— Je précise que le serpent est également appelé « dragon » et que, selon certains auteurs du cinabre liquide circule dans son corps. Que voulez-vous de plus ?
Eleonora avait changé de couleur et n’avait pas l’air en très grande forme. Ces informations étaient un peu abstruses pour elles.
— Vous avez constaté d’autres liens entre ce que nous avons vu et les inventions des alchimistes ? demanda-t-elle d’une petite voix.
— Plusieurs, mais permettez-moi d’abord un petit préambule.
Eymerich était content de pouvoir enfin révéler ses hypothèses. Il aurait cependant préféré un interlocuteur moins naïf, plus apte à saisir ses raisonnements.
— L’alchimie a prospéré sous diverses civilisations. Orientale, égyptienne, grecque, juive, arabe, chrétienne, et bien d’autres encore. J’ai tout d’abord associé Ramón à la magie noire des communautés civilisées chrétiennes, sans tenir compte de son sang juif.
— Ça change quelque chose ?
— Oh oui, ça change tout. Il suffit de penser… Ma dame, que se passe-t-il ?
Eleonora avait enfoui son visage dans ses mains. La cicatrice s’était remise à saigner abondamment. Son teint était très pâle. Elle gémissait de douleur. Elle se releva, chancela.
— Veuillez m’excuser, magister, mais je vais devoir vous quitter. Je ne me sens pas bien. Nous nous reverrons plus tard.
Eymerich se leva à son tour.
— Ma dame, puis-je vous aider ?
— Non, non !
Eymerich vit Eleonora d’Arborea fuir vers le cœur du château.
Elle marmonnait quelque chose en sarde. En s’aidant de quelques similitudes avec le catalan, il eut l’impression qu’elle s’exclamait : « Laisse-moi partir, maudit ! Je ne suis pas à toi ! »
Eymerich la regarda fuir, déconcerté. Aucun des indices dont il disposait jusqu’à présent ne lui permettait de trouver un sens à cette scène. Il se retrouva seul dans une cour gagnée par les premières ombres du soleil couchant. À côté des escaliers qui conduisaient aux souterrains. Il décida de visiter une nouvelle fois la « chambre obscure », avant qu’il ne fasse complètement nuit. Nissim n’était pas avec lui, mais quelle importance ? Maintenant, les gardiens le connaissaient.
Il venait de poser un pied sur la première marche, lorsque Simone dal Pozzo surgit des escaliers, une torche à la main. Eymerich s’immobilisa et lui demanda sèchement :
— Que faisiez-vous dans les souterrains ?
— C’est étonnant que vous me posiez cette question, répondit le père Simone. C’est en bas que je dors.
Sa voix se fit pleurnicharde.
— Ils m’ont logé dans un réduit humide, entre les serviteurs et les soldats. Un endroit sombre et sale, indigne de mon habit sacerdotal et de mes fonctions. Il y a même des femmes qui rient entre elles et urinent sans retenue dans les couloirs.
— Avez-vous remarqué une odeur insolite ?
— Oui, de vin. Je ne sais pas si c’est insolite. Pas dans cet endroit, du moins.
— Des animaux bizarres ?
— Un tas de puces et de cafards. Depuis que la nuit est tombée, il en sort par tous les trous.
Cette information dissuada Eymerich d’explorer de nouveau les sous-sols. Il fit demi-tour, suivi par son confrère. Lorsque ce dernier vit qu’il faisait encore jour, il secoua sa torche jusqu’à ce qu’elle s’éteigne.
— Qu’avez-vous fait durant tout l’après-midi ? lui demanda Eymerich.
— J’ai dormi. Ou en tout cas, j’ai essayé, malgré le bruit, les insectes, les rires et les mauvaises odeurs. Figurez-vous que je n’ai pour lit que des sacs pleins de paille.
— Et maintenant, vous allez où ?
— Je crois que c’est l’heure du repas. Ça doit être les Vêpres.
— En fait, vous passez d’une noce à l’autre.
Simone dal Pozzo jeta la torche éteinte dans la cour et écarta les bras.
— Quand on est accueilli par des barons, il faut savoir s’adapter pour ne pas les offenser. En fait, magister, étant donné que vous allez siéger au milieu des Chiaromonte, je vous demande une faveur. Dites-leur de me trouver un logement plus approprié et plus propre. Je ne peux pas passer une nuit entière dans ce trou, avec la pisse des domestiques qui coule sous la porte.
— Je ne viens pas.
— Vous ne venez pas ? demanda le père Simone comme s’il avait mal entendu.
— Non, j’ai mieux à faire et puis aujourd’hui j’ai suffisamment mangé.
Le visage effilé d’Eymerich se fit sardonique.
— Par ailleurs, l’ami des barons, c’est vous. Alors demandez-leur vous-même : ils ne pourront pas vous le refuser.