CHAPITRE XXIX
Reconnaissance

Le matin suivant, Eymerich se réveilla reposé et serein. Ça ne lui était plus arrivé depuis longtemps. Son sommeil avait été profond et réparateur. Probablement parce qu’il avait découvert un autre pan de la vérité, insuffisant pour compléter le tableau, mais qui lui précisait que les forces en présence dans ce combat surnaturel ne lui étaient pas toutes hostiles.

Il prit son temps pour faire sa toilette, se lava soigneusement. Quand il descendit les marches, il regarda à peine la chambre scellée : c’était certes une énigme à résoudre, mais elle n’était pas prioritaire. L’heure Prime devait être passée depuis peu. Une lumière cristalline filtrait des fenêtres, le soleil n’était pas encore très haut et l’air était frais. Il pénétra dans les cuisines et se fit servir dans le réfectoire – la salle des Barons – du pain noir, du fromage, des olives et une carafe d’eau. Il n’y avait personne, à part les domestiques au travail depuis l’aube. Il mangea lentement et ne laissa presque rien.

Il était en train de s’essuyer les doigts avec la nappe quand un autre hôte arriva pour déjeuner. C’était Guglielmo de Romagne. Un individu guère agréable mais qu’Eymerich, de bonne humeur, salua aimablement. Il reçut un salut en retour.

Le condottiere alla donner ses ordres en cuisine puis le rejoignit à table.

— D’importants seigneurs siciliens devraient arriver demain, annonça-t-il. Je n’ai rien de particulier à faire au château, alors j’ai l’intention d’aller en reconnaissance pour m’assurer que la vallée, les routes et les contreforts de la région sont sécurisés. Vous m’accompagnez, père ?

— De quelle façon vous serais-je utile ? demanda Eymerich.

La soudaine bienveillance du capitaine éveilla ses soupçons.

— Il vaudrait mieux que je reste ici pour accomplir mes devoirs religieux.

En réalité l’inquisiteur avait l’intention de résoudre le mystère de la chambre close, de parler avec Eleonora, don Diego et Avakum, de poursuivre sa conversation avec Nissim, de consacrer un instant à la littérature. Et il prévoyait même une conversation avec les deux Chiaromonte. Il n’avait pas envie, par contre, de chevaucher sous le soleil avec des mercenaires à la langue étrange, commandés par un homme qui n’avait jusqu’à présent fait preuve ni de perspicacité ni de courage.

Tandis qu’on lui portait un plateau de cochon de lait rôti, une miche de pain et une carafe de vin, servis par deux esclaves arabes, Guglielmo de Romagne poursuivit :

— Il y a une montagne pas très loin d’ici, père Nicolas. Elle domine la route et la rivière Platani et offre un excellent point de vue. Ce qui est plus étonnant, c’est que près du sommet se trouvent les fondations d’anciens monuments circulaires et de nombreuses tombes ouvertes creusées dans la roche.

Eymerich haussa les épaules.

— Sans doute une ancienne nécropole. Il y en a énormément en Sicile, avec toutes les civilisations qui sont passées par là.

— C’est ce que je pense aussi, admit Guglielmo, et, ajouta-t-il en réussissant contre toute attente à attirer l’attention de l’inquisiteur, les sépulcres sont pleins d’objets. Des vases en céramique rouge avec un serpent peint à l’intérieur, des statuettes féminines qui représentent des femmes enlacées, peut-être d’anciennes divinités.

L’inquisiteur tressaillit.

— Cette montagne est loin d’ici ?

— Non. Deux heures de marche, tout au plus.

— Vous m’avez convaincu. Je vous laisse tranquillement manger. Quand vous aurez terminé, je serai dans la cour avec mon cheval.

Eymerich, qui ne voulait pas assister au repas certainement vulgaire du condottiere, quitta la salle et descendit dans la cour. Quelque chose ne collait pas dans ce que lui avait dit Guglielmo. Le soldat ne s’intéressait certainement pas aux objets funéraires et aux vieux tessons de poterie. Il les avait sûrement évoqués pour appâter Eymerich. Le militaire était donc au courant des obsessions de l’inquisiteur, ou bien quelqu’un l’avait mandaté.

Cette invitation était probablement un piège. Eymerich décida de ne pas l’éviter. Tout élément nouveau était pour lui précieux. Il sortit dans la cour – où se croisaient des petits groupes de serviteurs et de lances qui finissaient d’enfiler leur armure en bâillant – et descendit dans la cour d’entrée.

Des remparts, il jeta un coup d’œil au panorama qui lui était maintenant familier. Le jaune ne dominait pas encore, mais il commençait peu à peu à dorer le paysage. Il y avait plusieurs montagnes autour de Mussomeli. Il connaissait le nom de l’une d’entre elles : le mont Raffe. Il ne pensait pas qu’ils iraient là-bas. Une autre, plus haute, entourée des rivières Fiumicello et Belice, était probablement celle que Guglielmo de Romagne prévoyait d’explorer. Elle exposait des flancs abrupts de rocaille entre des étendues de forêt.

— C’est un vieux sommet que vous êtes en train d’admirer, magister. Il a abrité des civilisations éteintes depuis des siècles. Il ne reste plus que leurs morts.

Eymerich ne s’était pas rendu compte que Manfredi Chiaromonte s’était approché silencieusement de lui. Ce qui ne le troubla point. L’obèse seigneur de Palerme boutonnait difficilement sa jaquette. Il était accompagné d’un unique serviteur qui se tenait à distance.

Les efforts du baron étaient comiques. Et il allait encore plus batailler pour enfiler son manteau, taillé pour lui comprimer le ventre. Sans parler des chaussures, qui allaient remplacer les babouches brodées qu’il portait pour l’instant.

— Bonjour, amiral, que Dieu soit avec vous, dit Eymerich. Comment se fait-il que vous soyez déjà levé ?

— En effet, c’est inhabituel. Mais nous sommes dimanche. J’espérais assister à une bonne messe dans ma chapelle, sans descendre au village, mais qui sait où se cache don Diego. J’ai cru comprendre que vous alliez vous éloigner d’ici. Il ne me reste même pas un prêtre.

— Il y a le père Simone dal Pozzo. Ce n’est pas un prêtre, mais il a le droit de célébrer la messe.

— Je voulais parler d’un prêtre digne de confiance.

Manfredi laissa soudain tomber son manteau et changea de sujet. Il tendit deux doigts chargés de bagues vers le paysage. Des collines, des plaines et des hauts plateaux s’étendaient jusqu’à l’horizon. On distinguait des agglomérations, qui étaient peut-être des villes vu leur étendue. La mer scintillait dans le lointain.

— Je vis sur une terre chargée de mystères, car tous ceux qui ont abordé ici, de tous les coins du monde, y ont apporté les leurs. Vers l’est vous pouvez voir sur un haut plateau les contours d’une très grande ville. C’est Castrogiovanni, un centre important et bien défendu. Tout à côté, il y a le lac de Pergusa. Les Latins disent que c’est là que Pluton, sorti d’une grotte, enleva à Cérès sa fille Proserpine et l’emmena avec lui pour en faire la reine des enfers. Alors que plus au sud, on ne peut pas la voir d’ici (Manfredi indiqua la masse du château derrière lui), se trouve une petite île au milieu de la mer. Là-bas vivaient les Sesi qui ont encore des réceptacles en pierre disposés en cercle. Ils s’enivraient avec des fumigations et pénétraient des réalités que nous ne pouvons aujourd’hui même pas imaginer.

— La Sicile n’est pas une exception en la matière, grommela Eymerich. Les légendes païennes se sont accumulées aux quatre coins du monde.

Manfredi ne releva pas la remarque et continua d’indiquer un point invisible masqué par la forteresse.

— Vers le sud-est il y a ensuite la ville de Raguse. Il paraît qu’elle subit encore des attaques féroces, moins fréquentes que par le passé, de reptiles aux dimensions surhumaines. Semblables à des lézards, mais plus grands qu’aucune bête connue de l’homme. Je ne le croirais pas si je n’avais pas vu le squelette d’un de ces animaux, qui faisait quatre ou cinq fois ma taille. Ne me dites pas, père, que la Sicile n’est pas une anomalie. Vous le constatez vous-même depuis plusieurs jours.

— Qui gouverne Raguse ?

— Mon frère Giovanni. La ville fait partie du comté de Modica, dont il est le comte. Moi, au contraire, je n’y ai aucune autorité. Modica et Palerme sont statutairement des entités totalement distinctes.

Eymerich trouvait cette discussion futile, au-delà de ce qu’il pouvait supporter. Il décida d’y mettre un terme, quitte à paraître discourtois.

— Oublions les lubies païennes, amiral. Vous, dans quelle mesure les partagez-vous ?

Si l’homme en face de lui n’avait pas été un Chiaromonte, il l’aurait déjà planté là.

— Je sais seulement que les dieux d’une religion vaincue peuvent devenir les démons d’une autre. Et se révéler dangereux.

— Ce n’est pas une réponse.

— Je crois à ce que je vois.

Manfredi avait encore son manteau déboutonné, mais il n’y accordait pas d’importance.

— La montagne la plus haute visible d’ici abrite le sacellum des Sicanes. Un peuple qui vécut à Mussomeli juste après les Lestrygons et les géants. Je commence à croire que les prodiges récents sont liés à quelque chose de beaucoup plus ancien.

Eymerich eut soudain une intuition lumineuse.

— C’est vous qui avez suggéré à Guglielmo de Romagne de me traîner là-haut ?

— Oui, inutile de le nier. Je fais confiance à votre intuition pour découvrir la vérité et écarter toute menace. Mais pour en être capable, vous devez connaître tous les éléments du décor. Les Sicanes et leur culture pourraient vous fournir d’excellents indices.

Eymerich croisa les bras et resta un moment silencieux. Il admit enfin :

— Oui, ça pourrait m’être utile. Cependant, amiral, il existe dans ce château des énigmes que vous pourriez m’aider à éclaircir. À condition que vous en ayez la volonté.

— Par exemple ?

— Sous la chambre qui m’a été attribuée, il y en a une identique à la mienne. Mais elle est condamnée et inaccessible. Que contient-elle ?

Manfredi parut perplexe.

— Je ne sais pas, il faudrait que je le demande à mon frère… Il était là plus souvent que moi, dernièrement… Vous pensez que cette pièce contient quelque chose de secret ?

— J’en suis convaincu, oui.

— Alors, je m’en occupe. Quand vous reviendrez de votre randonnée, magister, cette chambre n’aura plus de scellés et sera accessible. Rien ne doit vous rester secret. C’est bien dans ce but que je vous ai emmené ici.

Manfredi appela son serviteur, qui avait fini par s’asseoir sur un muret.

— Veni cca, scimunitu !(17) lui cria-t-il. Qu’est-ce que tu fais, tu prends le soleil ? Aide-moi à boutonner ce satané manteau !

Eymerich le salua, rejoignit la cour d’entrée et, de là, les écuries. Il trouva son cheval en bonne santé, vif et la tête plongée dans l’avoine. Un garçon d’écurie l’avait déjà sellé et lui avait mis son harnais. L’inquisiteur grimpa sur son dos sans faire rechigner l’animal.

— Ouvre les battants ! cria-t-il au palefrenier.

Le jeune homme comprit le message et s’exécuta.

Environ une heure plus tard, Eymerich chevauchait aux côtés de Guglielmo de Romagne. Ils traversèrent Manfridia et empruntèrent la route des campagnes, avec dix lances à leur suite. Comme d’habitude d’origines différentes : des hommes barbus, sinistres et silencieux, rescapés de nombreux combats. Certains d’entre eux avaient participé à la dernière attaque des Lestrygons, mais cette expérience ne paraissait pas les avoir marqués. Plutôt que de regarder le sentier, ils observaient souvent le ciel.

Eymerich fit de même puis se rapprocha de Guglielmo.

— Vous savez ce que sont ces lignes blanches ? Vous les avez déjà vues avant ?

Le capitaine leva à son tour la tête.

— Oui, je les ai vues. Je ne sais plus où ni quand. Elles sont inoffensives.

Ils contemplaient de très longues traînées curvilignes, blanches comme du lait, qui traversaient le ciel en donnant l’impression de transpercer les nuages. Elles paraissaient s’être formées depuis peu. Elles avaient tendance à s’effranger, et les moins récentes avaient déjà perdu leurs contours. Elles se confondaient avec le fond du ciel, gagné par le jaune du soleil. On n’entendait aucune cloche, mais la nature de la lumière et la diminution de la fraîcheur indiquaient qu’il devait être autour de Tierce.

Eymerich ignora les arcs-en-ciel blancs au-dessus de sa tête et demanda à Guglielmo :

— Si j’ai bien compris, vous redoutez des embuscades. Pourquoi ?

— Vous avez vu ce qui est arrivé à une de mes patrouilles. Je ne suis pas un spécialiste des explications irrationnelles, magiques ou religieuses. Tout ce que je sais, c’est que je ne veux plus voir certains de mes soldats avec des jambes et des bras arrachés.

— Vous pensez que ce risque existe ?

Guglielmo souleva la visière de son casque, qui avait tendance à lui tomber sur les yeux. Il portait des pièces de protection d’origines disparates. La cotte était rouillée en plusieurs endroits, tout comme les genouillères. Le plastron métallique accroché à la selle avait l’air étroit et mal forgé. Il restait cependant plus élégant que ses hommes, aux guenilles apparentes sous des lambeaux d’armure ou de cotte de mailles. Mais cela n’avait rien à voir avec la pauvreté.

Ces mercenaires, venus d’un peu partout en Europe, étaient équipés pour mener des guerres brèves et sans discipline où la victoire coïncidait avec l’assassinat et où le butin avait plus d’importance que la stratégie. Ils étaient, en somme, des bons à rien devenus prédateurs.

— Le risque existe, dit Guglielmo de Romagne. Les ennemis jurés des Chiaromonte ne manquent pas parmi les nobles convoqués à Mussomeli. Les Alagona, par exemple, mais ce ne sont pas les seuls. Certains, du même parti des Latins, redoutent le pouvoir d’une famille qui règne de Palerme à la côte méridionale. Trop riche et trop puissante. Ne pouvant l’affronter sur le champ de bataille, ils peuvent recourir à l’embuscade et au crime.

— Vous avez déjà eu probablement des affrontements directs.

— Dans le passé. Maintenant la pratique du tournoi prévaut. Les rencontres ont lieu dans un village et on fait semblant de se battre. Pour trancher la question, on organise un défi sans effusion de sang. Les villageois doivent participer à l’organisation du spectacle. En réalité les deux camps sont d’accord. Les vainqueurs ont, en théorie, le droit d’annexer les quatre baraques au fief de leur seigneur. Ils n’y pensent même pas. Une fois l’argent, le vin et l’huile partagés, tout le monde se sépare en attendant le prochain rendez-vous.

Eymerich haussa un sourcil.

— Capitaine, j’imagine que malgré votre jeune âge, vous avez eu un passé glorieux.

— La ville d’où je viens, Cesena, est un berceau de guerriers, répondit Guglielmo avec orgueil.

— Qu’est-ce qui vous a incité à devenir collecteur, ou bien… pardonnez-moi l’expression… bandit de grand chemin ?

Le condottiere ne parut pas offensé.

— Père, les chevaliers errants ont disparu depuis au moins deux siècles. Les grands guerriers s’affrontent en Europe du Nord. Ici, en Sicile, il n’y a pas de rois ou de seigneurs capables d’organiser une armée, de concevoir d’ambitieux projets, de récompenser ceux qui les servent par des titres de noblesse dignes de ce nom. Pour les barons, les bastonnades sont plus pratiques que les coups d’épée. Divisés entre eux, ils ont un ennemi commun : le créancier. Et ainsi les pauvres gens sont considérés comme une sorte d’humanité à part.

— Et vous vous êtes adapté…

— Qu’aurais-je pu faire d’autre ? En plus, je dois nourrir les bons à rien qui ont décidé de me suivre, dit-il en indiquant les lances. J’espère seulement que tôt ou tard éclatera une vraie guerre, de celles qui offrent richesse, réputation et satisfaction. J’ai confiance. Les lumières dans le ciel, les géants, les monstruosités sont déjà un bon ennemi. J’espère qu’un jour on parlera de moi pour un fait plus glorieux que la pendaison de baillis insolvables.

Eymerich ne répondit pas, peut-être aussi parce que son cheval commençait à fatiguer et avait besoin d’encouragements et de coups d’éperons. Ils étaient maintenant sur les pentes de la montagne qu’ils devaient gravir. La route demeurait suffisamment large mais devenait de plus en plus raide. Elle serpentait près du sommet entre des bosquets faméliques, des arbustes et des étendues d’herbe couleur paille.

La saison était déjà chaude et les eaux peu profondes. Si l’on faisait attention aux grosses pierres rondes qui risquaient de faire trébucher les chevaux, la Belice se traversait sans trop de difficulté. La petite armée se retrouva rapidement sur l’autre rive où la montée s’annonçait moins facile.

Les traînées blanches s’étaient quasiment dissoutes dans le ciel, laissant des taches floues à dominante bleue et aux nuances jaune paille. Au début de leur ascension, le paysage était dominé par les taches vertes de buissons touffus, d’arbres et de minuscules prés fleuris, puis revint la sécheresse des pentes exposées au soleil.

Le sentier se termina brusquement.

— Nous allons devoir poursuivre à pied, ordonna Guglielmo de Romagne. Attachez les chevaux aux troncs et aux arbustes. Notre destination est juste au-dessus de nos têtes, répéta le commandant en quatre langues différentes.

Eymerich fut content de se débarrasser de son canasson, fatigué et de plus en plus agité. Mais il avait sous-estimé la difficulté du dernier tronçon, abrupt et semé d’embûches. Quelques années plus tôt, ç’aurait été pour lui un jeu d’enfant. Il l’effectuait à présent en haletant, la tête basse. Ses jambes tremblaient, avaient du mal à soutenir son long corps mince. La moindre pierre lui faisait mal.

— Des cloches ? s’exclama Guglielmo. Il ne devrait pas y avoir de cloches là-haut ! Il ne devrait y avoir aucun habitant, en dehors des morts !

Eymerich avait entendu les coups provenant du cœur de la roche. Vu son état de fatigue, il n’avait pas tout de suite levé la tête de peur d’avoir un étourdissement. Il le fit lentement. N’éprouva aucun vertige.

Au-dessus des branches, il vit une nécropole semblable à celles qu’il avait déjà visitées : murs en pierre taillée dans la roche, couverts d’arbustes jaunissants ; ouvertures rectangulaires qui donnaient l’impression de s’ouvrir sur des profondeurs abyssales ; fenêtres obscures.

La cloche s’arrêta presque aussitôt, comme si elle s’était rendu compte qu’elle avait attiré une horde d’importuns. Le silence s’installa, uniquement brisé par les bruits de la nature : feuilles bruissant dans le vent, stridulations d’insectes, gazouillis d’oiseaux. Presque trop normal.

— Nous allons maintenant débusquer le carillonneur, dit Guglielmo de Romagne, et s’il a des intentions hostiles nous le pendrons à la corde de ses bronzes.

Les mercenaires escaladèrent les rochers en s’agrippant aux arbustes. Ils se positionnèrent, l’épée dégainée, devant l’entrée rectangulaire. Eymerich, arrivé en dernier, jeta un coup d’œil derrière lui, vers le ciel, pour voir s’il subsistait quelques traînées. Il n’y en avait plus. En revanche, quinze disques lumineux s’approchaient en formation triangulaire, suivant une trajectoire zigzagante.