Les entrées rectangulaires des sépulcres disséminés par groupes au sommet de la montagne étaient si basses et étroites qu’un homme d’une taille à peine un peu plus grande que la moyenne ne pouvait y entrer. Il fallait grimper pour les atteindre et il valait mieux ne pas craindre le vertige pour garder son équilibre. Même à l’époque où il était maître de chacun de ses muscles, Eymerich avait souffert du vertige. Il ne pouvait cependant plus reculer : l’exploration de ces cavités était trop importante pour lui. Il savait qu’une chute lui serait fatale mais il ne s’en inquiétait pas outre mesure. Il fallait bien mourir de quelque chose.
Il fit attention à ne pas regarder vers le bas et à tester chaque fissure du schiste de la pointe de ses chaussures. Quand il trouvait une saillie solide où poser ses talons, il grimpait à la force des bras.
Il n’en était pas consolé pour autant, mais Guglielmo de Romagne et les trois hommes qui le suivaient peinaient encore plus que lui. Toute la ferraille qu’ils avaient sur le dos et les longues épées qui pendaient dans le vide les alourdissaient. Ils atteignirent par miracle la base du tombeau le plus proche sains et saufs. Ils s’appuyèrent à la roche pour reprendre leur souffle.
Les pieds bien calés sur un soubassement, Eymerich regarda vers le bas. La montagne était jaune et dépouillée, avec de minuscules traces de vert. La végétation paraissait avoir changé de couleur, mais c’était peut-être un effet dû au soleil. La vallée s’étendait à l’infini, et le pic de Mussomeli la dominait fièrement. Avec une grande méfiance, Eymerich leva les yeux vers le ciel, conscient que cela pouvait lui faire tourner la tête. Les disques lumineux étaient encore là mais n’étaient plus positionnés en formation. Certains se balançaient paresseusement, d’autres apparaissaient et disparaissaient. D’autres encore oscillaient et suivaient de curieuses trajectoires, comme s’ils voulaient tester leur liberté de manœuvre.
Eymerich détourna le regard de ces illusions discoïdales et s’adressa à Guglielmo de Romagne, qui venait d’arriver sur le soubassement. Il avait encore du mal à tenir sur ses jambes.
— Capitaine, vous avez emmené une torche ?
Il fallut une minute au condottiere à bout de souffle pour répondre.
— Un de mes hommes en a une. Attendez qu’il nous rejoigne… Voilà ! Gondrand, allumez le torchon !(18)
Après avoir récupéré, l’interpellé alluma une torche, le dos contre la roche. Il la passa à Guglielmo qui la tendit à Eymerich.
— À vous l’honneur, magister. L’entrée de la tombe la plus proche est un peu plus large que les autres, mais je crains que vous n’y trouviez que des objets guère intéressants. Je ne sais pas si les coups de cloche venaient de là. Je prendrai le relais pour les autres sépulcres. Attention à la tête : on m’a dit que le plafond était bas et incurvé.
Eymerich pénétra dans la plus proche ouverture, la torche au poing. Il dut se pencher et raser les murs. Et il eut sa première surprise : passé l’ouverture, l’accès s’élargissait. Deuxième surprise : la pièce n’était pas en berceau ou « en four », mais bien carrée, avec un plafond élevé. Les murs étaient peints en rouge. Au centre, une dalle de pierre avait dû soutenir un cadavre il y a plusieurs siècles. Il y avait maintenant deux gros vases de forme ovoïdale unis par l’embouchure et une statue.
Eymerich chercha un support quelconque, ou à la rigueur une fissure où pouvoir glisser sa torche. Il découvrit non seulement un anneau qui semblait avoir été prévu pour ça, mais il eut une troisième surprise, la plus curieuse de toutes : l’entrée de la tombe était pourvue d’une porte très robuste qui s’ouvrait vers l’intérieur. Elle présentait un plateau bien raboté et poncé, reposant sur des gonds brillants, donc presque neufs, et pourvu d’une serrure compliquée.
L’inquisiteur posa sa torche et examina les lieux plus en détail. Ils ne paraissaient pas particulièrement anciens, mis à part le sol de roche nue un peu irrégulier et le parallélépipède de pierre au centre. Il remarqua une fissure dans le plafond, longue et étroite, par laquelle passait un rai de lumière jaunâtre. Ce trou devait communiquer avec l’extérieur.
Il s’approcha des objets posés sur la dalle. La statue en terre cuite était le plus étrange. Elle représentait grossièrement deux femmes qui se tenaient enlacées. Un fragment et la position des bras laissaient penser qu’une troisième personne avait été enlacée aux deux autres. Eymerich frissonna, sans raison car ce qu’il avait entre les mains avait une explication rationnelle. La statue à deux têtes rappelait les représentations de la Déesse Mère typique des Crétois ; et les Crétois étaient passés en Sicile.
Il posa la statuette et s’intéressa aux deux vases soudés par l’embouchure. Il essaya de les séparer, sans succès : une colle résistante les assemblait. Il s’agissait de deux récipients en céramique peints en rouge, de forme ovale, plutôt lourds. En les faisant tourner, il découvrit qu’une lettre était gravée sur chacun d’eux, et il frissonna de nouveau. Il s’agissait de lettres de l’alphabet grec. Oméga sur un vase, alpha sur l’autre.
Il pensa que la meilleure chose à faire était de briser les deux outres pour voir ce qu’elles contenaient. Il n’en eut pas le temps. Il entendit un grincement dans son dos puis la porte s’abattit violemment. Le choc enclencha le verrou : lames et ressorts cliquetèrent. Une barre métallique s’enfonça dans une petite cavité du chambranle.
Eymerich s’élança vers la porte et la secoua, sans aucun résultat. Il essaya d’agir sur la serrure, mais il n’en comprenait pas le mécanisme. Il cria alors d’une voix angoissée :
— Capitaine Guglielmo, vous m’entendez ? La porte s’est refermée toute seule ! Vous pouvez l’ouvrir de l’extérieur ?
Il n’y eut aucune réponse.
Il continua de crier :
— Capitaine, la porte est en bois ! Vous pouvez la fendre d’un coup de hache ou d’épée ! Faites vite ! Ça ne doit pas être difficile de me sortir d’ici !
Toujours aucun bruit en provenance de l’extérieur. Puis, soudain, des coups sur une cloche. Un, deux… six en tout. Comme si quelqu’un sonnait Sixte avec trois heures d’avance. Une église ? Non, il n’y en avait pas d’aussi proches. Ces sons avaient pour Eymerich quelque chose de familier. Il ne savait cependant pas à quoi les associer.
Il se rendit compte qu’il avait le front emperlé de sueur. Il s’assit sur l’ancienne pierre tombale des Sicanes et essaya de réfléchir calmement. Ce n’était qu’une question de temps. En ne le voyant pas sortir, Guglielmo de Romagne allait défoncer la porte pour le libérer.
Il resta les mains sur les genoux, attentif au moindre signe capable d’alerter ses sens. Une odeur déplaisante chargée d’un vague arôme ferreux flottait dans la pièce. Cinabre ou sang frais ? Il n’aurait su le dire. Le rouge prédominant faisait penser aux deux substances. Il provenait essentiellement des deux vases collés par l’embouchure.
Le moment tant attendu arriva enfin. Une hache sectionna une portion de la porte. Un second coup fit sauter la serrure. Un rayon de soleil fit son apparition.
— Excellent, capitaine Guglielmo ! cria Eymerich, enthousiaste. Continuez comme ça ! La porte est sur le point de tomber !
Ce ne fut pas Guglielmo de Romagne qui lui répondit, mais Manfredi Chiaromonte.
— Éloignez-vous, père ! Attention aux échardes !
Un instant plus tard, au énième coup de hache, ce qui restait de la porte vola en éclats. Eymerich s’attendait à voir le flanc de la montagne et la nature environnante. Rien de tout cela. Il se trouvait dans un couloir qu’il connaissait bien : celui qui conduisait à sa chambre à coucher. Il sortait de la pièce du dessous, la chambre scellée. L’escalier pour grimper à l’étage supérieur était sur le côté. Il avait en face de lui Manfredi Chiaromonte et quelques ouvriers, armés de pioches et de haches.
Le feudataire était hilare.
— Elle est bien bonne, celle-là ! Je suis vos instructions en démolissant la porte d’une pièce que vous supposez secrète, et je tombe sur quoi ? Vous ! Passé de l’étage du dessus à celui du dessous. Je n’exige pas une explication détaillée, mais une explication tout de même. Vous la devez aux ouvriers qui ont sué pour vous libérer du sacellum.
Eymerich était sans voix. Il ne comprenait rien à ce qui se passait. Totalement désorienté, il posa la question la plus banale qui soit :
— Quelle heure est-il ?
— Juste un peu plus de Sixte. Midi. Vous n’avez pas entendu les cloches ?
Les coups qu’il avait entendus étaient donc ceux qui marquaient le temps à l’intérieur du château. Eymerich essaya de se souvenir combien il y en avait eu devant la nécropole. Impossible. Au début il ne les entendait même pas. En tout cas, il y en avait eu moins de six.
Il avait mal à la tête. Elle lui tournait un peu aussi, plus pour des raisons mentales que physiques. Encore un saut dans le temps et une rupture, comme sur les côtes sardes. Une brume noire avait alors annoncé le prodige. Cette fois-ci, il n’y avait eu aucun signe prémonitoire… Non, il se trompait. Il y avait eu les disques multicolores qui survolaient la montagne. Le mystère était lié à ces objets.
Il avait suffisamment retrouvé ses esprits pour demander :
— Amiral, Guglielmo de Romagne et ses hommes sont-ils rentrés ?
— Pas encore. Ils ne vont pas tarder. Les sentinelles les ont aperçus à proximité de Manfridia.
L’inquisiteur indiqua la pièce dont il venait de sortir.
— À quoi sert cet endroit ?
— À rien, répondit le feudataire. J’ai posé la question à mon frère Giovanni. C’est censé devenir une nouvelle chambre à coucher. Pour l’instant, sans mobilier, elle n’a aucune fonction précise.
— Comment se fait-il qu’elle soit aussi bien cadenassée ?
— Elle puait le cinabre mouillé, bien que ce genre de roche n’abonde pas dans la région. Une odeur écœurante.
— Uniquement pour ça ? J’ai du mal à le croire. Il doit y avoir une autre raison.
Manfredi haussa les épaules.
— S’il y en a une, je l’ignore. Peut-être pour la protéger des voleurs de vieux objets. Des poteries de valeur. Avant la construction du château, le pic de Mussomeli abritait un cimetière de Sicanes, comme les autres sommets environnants. Tout a été détruit, mais on a quand même récupéré quelques pièces archéologiques. Mais ce ne sont que des suppositions. Vous devriez poser la question à Giovanni.
Eymerich, maintenant calmé, se retourna vers la pièce aux murs rouges. Il était pratiquement certain qu’il ne resterait plus aucune trace des vases communicants et de la statuette. Les objets étaient pourtant là où il les avait laissés.
Il s’inclina devant Manfredi.
— Je vous remercie, amiral, de m’avoir libéré de cette pièce dont j’étais resté prisonnier. J’y étais entré par curiosité et j’avais imprudemment laissé la porte se refermer. Vous pouvez vous retirer avec vos ouvriers, leur travail est terminé. Je vais monter me reposer un peu.
— Vous serez des nôtres pour le repas ? Dans une heure environ. La cloche l’annoncera.
— Je ferai mon possible, mais je ne peux pas vous le garantir. Je suis très fatigué. Je risque de m’endormir. Nous nous verrons sûrement dans l’après-midi.
Manfredi Chiaromonte acquiesça en inclinant la tête. Il rappela ses ouvriers, qui se regroupèrent pour le suivre.
Avant qu’il ne disparaisse, Eymerich lui demanda :
— Amiral, pouvez-vous m’envoyer Nissim Ficira ? J’ai des ordres à lui donner.
— Le serviteur juif ?
Deux fossettes se dessinèrent sur les joues bouffies de Manfredi, à la commissure de ses lèvres charnues.
— Pas de problème, père. Je trouve cette association entre un juif et le plus redoutable représentant de l’Inquisition plutôt amusante.
Eymerich grimaça.
— Amusez-vous autant que vous le voulez, amiral. Vous déclarerez cette fatuité en confession. Ça vous coûtera quelque punition. En attendant, envoyez-moi le circoncis. Et sachez que supposer une complicité entre moi et lui est un péché mortel. Comme tout outrage envers l’Église de Rome, il peut donner lieu à une excommunication.
— Je ne voulais pas vous manquer de respect, magister, balbutia Manfredi, surpris par la véhémence de l’inquisiteur. J’envoie Nissim chez vous dès que je le trouve.
Eymerich fit mine de grimper l’escalier en bois qui conduisait à sa chambre à coucher. Dès que Chiaromonte et les ouvriers se furent éloignés, il redescendit et pénétra dans la chambre rouge. Il prit sous un bras les vases ovales, très lourds, et saisit de l’autre main la statuette aux femmes enlacées. Il eut du mal à remonter l’escalier. Il était obligé de faire des pauses pour reprendre son souffle. Une fois dans sa chambre à coucher, il posa le tout et s’agrippa aux colonnes du baldaquin pour retrouver son équilibre. Encore un étourdissement et une douleur à la tête. Il se laissa choir maladroitement sur le lit. Qui grinça. Il ferma les yeux et attendit le sommeil.
Son repos fut bref. Quelqu’un grimpait les escaliers d’un pas lourd. Nissim ? Déjà ? Eymerich se redressa. Avant qu’il puisse se lever, Guglielmo de Romagne apparut sur le seuil. Son corps, pas très grand mais massif, occupait l’entière découpe de la porte.
Il était manifestement tendu.
— Bien vu, père ! Je vous ai fait chercher tombe après tombe, y compris les plus difficiles à atteindre. Rien, vous aviez disparu. Et je vous retrouve là, tranquillement étendu sur votre lit. Ce qui est loin d’être mon cas. Un lit de camp m’attend dans un souterrain qui pue la pisse, à un empan des prisons.
Difficile de répondre à cela. Eymerich se lança :
— Je ne me suis pas éloigné volontairement des grottes, capitaine. La porte de la sépulture s’est refermée, et j’attendais votre aide. Ensuite…
— La porte ? Il n’y en avait pas. Uniquement de la roche et une profonde cavité. J’ai exploré la moindre anfractuosité de la nécropole. Je me suis dit que vous aviez dû trouver un tunnel. Les sacellums ne contenaient que de la vaisselle et des débris en tous genres, à part l’une d’entre elles où j’ai trouvé deux squelettes, un très grand et un plus petit, sur le même soubassement. Un homme et un enfant.
L’inquisiteur manifesta son intérêt.
— Il restait des traces de leurs vêtements ?
— Juste quelques fragments. De la toile blanche. Ils étaient là depuis des siècles.
Guglielmo retrouva le ton courroucé qu’il avait en arrivant.
— Comment avez-vous réussi à partir ? Et pourquoi ne m’avez-vous rien dit ?
— Prodiges, répondit Eymerich en manifestant un certain ennui. Enchantements. Vous devriez en avoir maintenant l’habitude. Nous marchons dans les pas de Satan, et c’est lui qui mène le jeu. Et il en sera ainsi tant que nous ne lui couperons pas les griffes.
En entendant nommer le diable, Guglielmo, bien qu’incroyant, fit un rapide signe de croix. Un instant plus tard, ses yeux ronds et peu expressifs luirent d’un reflet malicieux.
— Des prodiges, oui, mais ce n’est pas toujours le cas. J’avais été impressionné par les soldats démembrés rencontrés le long du chemin qui nous a conduits ici, juste après Palerme, mais vous aviez alors raison : l’explication n’était pas extraordinaire. J’ai découvert la vérité en revenant au château, grâce à un camarade de chambre à Mussomeli.
— Et quelle serait cette vérité ?
— Je suis désolé, père, mais je n’ai pas le droit de vous le dire. Cela mettrait en péril mes seigneurs, surtout en vue du rassemblement de tous les barons siciliens.
Eymerich se rembrunit.
— Parlez. Je vous l’ordonne !
— Au nom de quoi ?
Le condottiere était ironique.
— Au nom de Dieu !
— Je m’attendais à ce genre de réponse, mais ce n’est pas Lui qui me paie. Je reçois ma solde des Chiaromonte. Si on m’ordonne de me taire, je me tais.
Le mercenaire s’inclina et s’avança vers la sortie. Une fois sur le seuil, il ajouta :
— Vous méritez tout de même un indice, père. N’oubliez pas que Giovanni Chiaromonte est titulaire du comté de Modica. Une information qui peut vous être utile.
Eymerich ne dit rien. Il écouta les pas du militaire qui descendait l’escalier puis retourna s’allonger paresseusement sur sa paillasse. Il ne supportait pas ce Guglielmo. Il en appréciait uniquement la franchise. Cet homme aurait pu profiter des guerres interminables du Nord pour y gagner renommée et richesses, mais il avait préféré s’installer en Sicile. Tout comme les barons de l’île, il convoitait un butin rapide obtenu avec facilité. Mieux valait avoir pour ennemi des paysans ignorants et sans défense que des armées sur le pied de guerre.
L’inquisiteur se sentait fatigué et cependant il n’avait pas sommeil. Il resta éveillé, la tête posée sur son avant-bras. Il aurait pu briser les outres communicantes, mais il avait le temps. Quant à la statuette, abandonnée près de la cruche d’eau et du seau pour les déjections, elle lui rappela un souvenir désagréable. Une poupée en terre cuite brisée sous ses propres yeux, quand il était enfant, parce qu’elle n’était pas faite pour un garçon. Un souvenir flou et cependant douloureux. Il n’avait jamais eu d’autres jouets, et le sexe de cette marionnette n’avait aucune importance. Les pommettes de la poupée avaient été brisées, laissant une plaie en forme d’étoile. Le reste du corps avait été lancé contre le mur. Le seul interlocuteur qu’avait eu Eymerich enfant avait failli se briser en mille morceaux.
Ces divagations étaient non seulement confuses mais détournaient son attention. L’inquisiteur les repoussa bien qu’elles occupassent un coin attirant de son esprit. Il se concentra sur les problèmes du présent. Inutile, il était incapable de se concentrer. Il fut libéré de cette catalepsie mentale lorsqu’il entendit de nouveau grincer l’escalier et que Nissim apparut sur le seuil. Eymerich bondit de son lit en faisant preuve d’une agilité dont il se croyait désormais incapable. Il dévisagea calmement le juif et lui demanda :
— Sais-tu ce qui m’est arrivé ?
Le jeune homme baissa la tête en signe de respect.
— Mon père, il paraît que vous vous êtes déplacé d’une grotte au château en quelques instants. Vous êtes suspecté de nécromancie. De chevaucher d’un endroit à un autre sur les ailes d’un démon. Il y en a même qui proposent de vous brûler vif pour libérer Mussomeli de ses malédictions, y compris des Lestrygons.
Eymerich était atterré. Sa bouche s’était asséchée. Il essaya de déglutir sans succès. Il s’exprima péniblement.
— Qui profère ces calomnies ?
— Essentiellement le père Simone dal Pozzo. C’est l’inquisiteur de Sicile. Quand ça les arrange, les barons l’écoutent.
— Ma charge est cependant bien supérieure à la sienne.
— Elle vous a été accordée par un roi à qui personne ne prête obéissance. Fuyez pendant que vous êtes encore libre de le faire. Ici, ils veulent vous mettre en prison, pour ensuite vous tuer et maquiller ça en suicide.