Dans ce chapitre :
J’ai mal au cou
J’ai mal entre les omoplates
J’ai mal au thorax
J’ai mal aux « reins »
J’ai mal au bras
J’ai mal aux jambes
Je n’ai mal nulle part mais je prends soin de moi !
L’ostéopathie s’adresse à tous ; la principale raison pour aller consulter est la dysfonction d’une ou de plusieurs régions du corps qui apparaît lorsque les capacités d’adaptation de l’organisme aux diverses contraintes de la vie sont perturbées, voire dépassées.
Le mal de cou est une douleur parfois isolée, parfois associée à d’autres maux de dos. Pour l’évoquer, on utilise généralement le terme cervicalgie (du latin cervix, le cou, et du grec algos, pour la douleur).
Les mécanismes à l’origine des cervicalgies sont nombreux (faux mouvement, port de charge, antécédent de coup du lapin, etc.). En outre, ces douleurs apparaissent en général sur une colonne cervicale déjà fragilisée par des contraintes mécaniques anormales.
Le cou se situe à la jonction du thorax et de la tête. À ce niveau, on retrouve le passage de nombreuses artères ou veines, des nerfs, des muscles, et plusieurs autres organes occupent également cette région (la glande thyroïde, les glandes parathyroïdes, le larynx, l’œsophage, etc.).
Et surtout, en arrière du cou, se trouve l’ensemble des vertèbres cervicales qui participent à la constitution de la colonne vertébrale. Les vertèbres cervicales permettent les mouvements de la tête dans l’espace, en rotation (tête qui tourne sur le côté), d’inclinaison (tête qui se penche sur un côté), de flexion (tête qui se penche vers l’avant) et d’extension de la tête (tête qui se penche vers l’arrière).
Ces mouvements sont permis par des groupes de muscles situés de chaque côté afin d’orienter la tête. Précisons également qu’entre chacune des vertèbres cervicales passent de gros nerfs qui vont transmettre des informations nerveuses à destination ou en provenance de la tête ou des bras.
En résumé, la région du cou joue de nombreux rôles. Elle participe au regard en orientant la tête, à la respiration, au langage
mais aussi à la mobilité de votre mâchoire, de vos épaules et
de vos bras, de votre cœur et de vos poumons. On retrouve
également à ce niveau le passage des informations nerveuses
provenant de votre corps vers votre cerveau (par la moelle
épinière) et aussi le passage du sang artériel et veineux à destination et en provenance de votre cerveau.
La cervicalgie mécanique se manifeste à des moments particuliers de la journée. Elle est de nature progressive : plus importante le soir, calmée par le repos, elle augmente lors du maintien prolongé de certaines positions (assis devant un bureau par exemple). Généralement, elle apparaît comme une tension musculaire et donne envie de s’étirer ou de se masser soi-même.
En règle générale, lorsque l’on change de position, que l’on se repose ou que l’on mobilise cette région cervicale, la sensation douloureuse diminue. C’est bon signe !
Par ailleurs, il est important de noter qu’il existe des douleurs d’apparition récente, que l’on qualifie d’aiguës, et d’autres plus anciennes qui durent et que l’on qualifie de chroniques.
La douleur aiguë est une expérience nouvelle pour
l’organisme, à laquelle il n’est pas habitué.
La douleur chronique est, en général, associée à des
facteurs qui fragilisent la colonne du cou, innés ou acquis.
De nombreuses structures anatomiques qui constituent le cou peuvent potentiellement être à l’origine d’une sensation douloureuse, ainsi aucune cervicalgie ne ressemble à une autre. Des douleurs peuvent se manifester en tournant la tête, en penchant la tête, en étant allongé, en s’étirant vers le haut, en appuyant à l’endroit douloureux avec son doigt, en profondeur, en superficie ou encore être associée à une gêne qui craque, qui grince, qui nous bloque dans nos mouvements ou qu’on appréhende…
Concernant la cervicalgie mécanique, même si les horaires de survenue de la douleur sont spécifiques, elle peut se manifester de nombreuses manières. Il est important de la reconnaître, de comprendre quel(s) mouvement(s) soulage (nt), et quel(s) mouvement(s) déclenche (nt) la douleur.
C’est cette enquête que mène l’ostéopathe si son patient le consulte pour des douleurs du cou. Il mobilise ses connaissances du fonctionnement et de l’anatomie de cette région afin de comprendre la situation et proposer une prise en charge. Après avoir évalué l’intensité de la douleur et l’avoir localisée, il est possible que l’ostéopathe recherche le mouvement qui les déclenche.
Pour ce qui concerne les douleurs chroniques de la région du cou, l’ostéopathe tente de comprendre les mécanismes à l’origine de la récurrence de ces douleurs. Quand apparaissent-elles ? Comment apparaissent-elles ? Pourquoi surviennent-elles fréquemment ?
Un certain nombre de troubles ou malformations sont souvent évoqués comme étant à l’origine de plusieurs types de douleurs : la scoliose, l’arthrose, la raideur cervicale ou encore les accidents de la voie publique, le coup du lapin, les chutes sur la tête, une mauvaise ergonomie au travail, etc.
L’ostéopathe part à la recherche de toutes ces circonstances dans le passé de son patient. Elles peuvent parfois être très anciennes et dater de l’enfance, c’est la raison pour laquelle il est possible que l’ostéopathe vous interroge à ce sujet.
Éric, 37 ans
« Après mon accident de voiture, mon ostéopathe a réussi, grâce à ses mains, à libérer les tensions présentes dans ma nuque et à soulager mon dos. Il a posé ses mains sur mon crâne et sur mon dos et j’ai ressenti tout de suite un bien-être. Dès la fin de la première séance, je me sentais déjà mieux ! »
Ces douleurs, liées à des phénomènes irritatifs sur le trajet d’un nerf, peuvent être causées par des mécanismes différents. Parmi ces cervicalgies, on distingue les névralgies cervico-brachiales (qui se manifestent par des douleurs ou des fourmillements dans le bras), les douleurs référées (des douleurs apparaissant à un endroit différent de la zone où l’irritation du nerf à lieu), les troubles du système nerveux autonome (système nerveux qui fonctionne indépendamment de la volonté), etc.
Au niveau des vertèbres cervicales, les racines des nerfs sont
issues de la moelle épinière et passent par un espace situé
entre deux vertèbres adjacentes nommé foramen intervertébral
autrefois appelé trou de conjugaison. Ensuite, elles passent
dans le cou, s’associent avec d’autres racines nerveuses
pour former des troncs, ces troncs deviennent des nerfs qui
assurent l’essentiel de la motricité et de la sensibilité des bras
et des épaules. L’ensemble de ces racines, troncs et nerfs va
former un plexus (réseau de filets nerveux), passant sous la
clavicule et prenant le nom de plexus brachial (plexus étendu
vers le bras). Lors de leurs trajets vers le bras, ces racines,
troncs et nerfs vont traverser des muscles, passer à proximité
d’articulations, de ligaments, d’os et tout un ensemble d’autres
tissus. Chacune de ces structures anatomiques est mobilisée
naturellement lors des mouvements, et, en cas, de « faux-mouvements », de sursollicitations, de perte de mouvements,
elles peuvent être irritées et provoquer une douleur.
Lorsque le fonctionnement du plexus brachial est perturbé, le trouble est nommé névralgie cervico-brachiale (NCB) et correspond à l’irritation d’un ou de plusieurs nerfs situés au niveau du cou et pouvant se manifester au niveau de l’épaule et du bras.
La névralgie cervico-brachiale se manifeste souvent par l’augmentation de la douleur lorsque la tête est mobilisée, ou encore, moins souvent, en position allongée ou lors de la toux. Les sensations sont décrites comme des enraidissements, des contractures ou des limitations des mouvements de tête. Parfois, la douleur survient lors d’un mouvement en particulier et conduit à une sensation douloureuse qui suit le trajet du nerf (vers l’épaule ou le bras).
Dans certains cas, il est possible que survienne une diminution de la force dans le bras, ou une sensibilité différente de
la peau d’un bras à l’autre. Si c’est le cas, il est nécessaire
de consulter d’abord un médecin et de faire des examens
complémentaires.
Lorsque d’éventuels critères de gravité de l’atteinte ont été considérés par le praticien, il évalue en général le fonctionnement global et spécifique de la région. Parmi les éléments que le praticien évalue, on distingue :
L’analyse de la posture (port de tête inadapté, position
antalgique causée par une autre souffrance, etc.) ;
L’analyse des structures anatomiques (malformation(s)
cervicale(s), scoliose, fusion de vertèbres entre elles,
arthrose, ostéoporose, etc.) ;
L’analyse du passé traumatique (coup du lapin, entorse
cervicale, ancienne hernie discale traumatique, choc sur
la tête ou sur le cou, etc.) ;
L’analyse de troubles musculo-squelettiques associés
(dérangement intervertébral mineur, troubles des
articulations entre les vertèbres, etc.).
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation de la clavicule
La clavicule est un os de la partie supérieure du thorax, placée entre la pointe supérieure du sternum et le dessus de l’épaule. Sa fracture est fréquente (environ 5 % des consultations aux urgences hospitalières), principalement causée par des chutes sur le bras ou directement sur l’épaule.
Pour la palper, placez vos index et majeur au niveau de la partie supérieure du sternum et déplacez-les légèrement vers l’épaule (respectivement à droite puis à gauche). Il est possible, à ce niveau, de percevoir la contraction d’une partie du muscle sterno-cléido-mastoïdien (voir chapitre 2) en tournant la tête à gauche et en l’inclinant sur la droite, puis en effectuant le mouvement de l’autre côté pour percevoir la contraction du muscle situé de l’autre côté.
Poursuivez ensuite la palpation de la clavicule avec la pulpe de l’index au-dessus et celle du majeur en dessous en se déplaçant lentement vers l’épaule et en suivant le relief osseux.
Vous pouvez ainsi palper sur la partie inférieure de la clavicule et à ce niveau le muscle grand pectoral. Pour cela, il suffit d’élever, à droite, votre bras droit vers l’avant et vers la gauche.
La cervicalgie musculaire est aussi une cervicalgie mécanique. En revanche, ce ne sont plus les nerfs qui sont directement responsables de la douleur mais les muscles. Ces douleurs d’origine musculaire sont parfois qualifiées de tendinopathies (pathologie du muscle ou du tendon) de la région cervicale. La plus célèbre d’entre elles, celle dont presque tout le monde a déjà entendu parler, est le torticolis.
Le torticolis est une contracture réflexe d’un ou de plusieurs
muscles situés entre la tête et le haut du thorax. Le torticolis
se manifeste par une douleur de la région cervicale, le plus
souvent le long du trajet d’un muscle. Plusieurs muscles sont
régulièrement contractés ; parmi eux, on distingue :
Le muscle sterno- (sternum) cléido- (clavicule) occipito-(occiput, au niveau du crâne) mastoïdien (mastoïde
qui est une expansion osseuse de l’os temporal située
sur le côté du crâne). Ce muscle sterno-cléido-occipito-mastoïdien, ou SCOM, forme un relief à l’avant du cou ;
Le muscle trapèze qui dessine en partie le galbe du haut
des épaules ;
Le muscle élévateur de la scapula (qui s’étend des
vertèbres cervicales jusqu’à l’omoplate, qu’on appelle
aujourd’hui la scapula).
Comme pour la cervicalgie nerveuse, parmi les facteurs favorisant les tensions musculaires, on distingue :
Des troubles posturaux (lorsque le corps recherche son
équilibre) ;
Des troubles structuraux (une malformation de naissance) ;
Des pathologies dégénératives (de l’arthrose par exemple) ;
Des antécédents de traumatisme(s) (un coup du lapin) ;
Des troubles musculo-squelettiques locaux (un trouble
articulaire local entre deux vertèbres par exemple).
Lors d’une contracture réflexe d’un des muscles responsables, la mobilisation du cou est douloureuse, voire impossible, ces états apparaissent souvent au réveil, le matin. Lorsqu’il palpe son cou, le patient perçoit d’importantes tensions musculaires. Seul le repos et l’immobilisation permettent un soulagement.
Du chaud !
Afin de favoriser la détente du muscle contracté, vous pouvez très rapidement appliquer quelque chose de chaud (mais pas brûlant), une serviette trempée dans de l’eau chaude par exemple, sur la zone douloureuse de la tension musculaire.
L’évaluation de ces douleurs par l’ostéopathe est assez spécifique pour identifier le muscle atteint et la nature du trouble. Les possibilités d’étirement et de contraction du muscle ainsi que la sensibilité lors de la palpation orientent le praticien vers le type de prise en charge.
Lorsque cette région est douloureuse, le terme de scapulalgie ou douleur scapulaire sera utilisé. Ces douleurs scapulaires peuvent être localisées au niveau même de la scapula (os de forme triangulaire), ou entre les deux scapulas, dans une zone anatomique appelée zone interscapulaire.
L’os de l’omoplate, étymologiquement, est tiré du grec
omoplaté, que l’on pourrait traduire par « os plat de
l’épaule ». Ce nom est aujourd’hui désuet et, pour le
remplacer, on utilise le mot scapula (du latin scapulae qui
signifie « épaule »).
Les douleurs scapulaires et interscapulaires peuvent se manifester lors du mouvement (douleur mécanique) ou bien être la conséquence d’un processus inflammatoire (douleur inflammatoire). Les douleurs mécaniques peuvent être causées par une atteinte des articulations, des muscles, des ligaments ou encore des nerfs situés dans cette région. Le long de la colonne vertébrale, entre les deux scapulae, se trouvent des muscles profonds appelés muscles paravertébraux (de part et d’autre des vertèbres). Ces muscles permettent certains mouvements de la colonne vertébrale. La contracture de ces muscles peut parfois être douloureuse entre les deux scapulae.
Lorsque la douleur se situe entre les deux scapulae (région délimitée en haut par les épaules et en bas par le sommet inférieur du triangle formé par les pointes des scapulae), on parle alors d’interscapulalgie.
Cette douleur est principalement causée par l’état de tension d’un ou de plusieurs muscles ou par certaines articulations (au niveau des vertèbres thoraciques entre elles ou entre les vertèbres et les côtes).
La douleur peut être punctiforme (un point douloureux) ou plutôt diffuse. Elle peut être lancinante, pulsatile, comme une décharge électrique, ou se présenter simplement comme une gêne douloureuse. Elle peut être située au centre d’une ligne tracée entre les deux scapulae, être déportée d’un côté ou des deux côtés en même temps. Elle peut suivre le trajet d’un muscle ou se manifester lorsque le muscle en question est mobilisé dans des mouvements du dos ou des bras par exemple (mettre son manteau, ranger son porte-monnaie, accrocher son soutien-gorge, faire du jardinage, accrocher une ampoule, peindre, etc.).
Alexandre, 48 ans
« À force de garder une position statique au travail (je travaille devant un ordinateur toute la journée), j’ai commencé à ressentir des douleurs au niveau du cou et dans le dos, entre les omoplates. Je me suis renseigné auprès de mon entourage pour trouver un bon ostéopathe et je le consulte maintenant trois fois par an pour ces problèmes. Il m’a aussi expliqué comment adapter ma posture au travail et m’a proposé des exercices pour soulager les douleurs dès leur apparition. »
La démarche de l’ostéopathe est la suivante : comprendre votre douleur par des questions, puis l’évaluer par des tests cliniques. Il tire ainsi un bilan du terrain favorisant et du facteur déclenchant.
Étirez-vous et respirez !
Vous pouvez, vous-même, utiliser quelques astuces pour vous soulager :
Des étirements, que vous retrouverez dans le chapitre 16.
Des exercices respiratoires ; en
inspirant et expirant profondément,
cela permet de mobiliser les côtes
et de relâcher certaines structures
musculaires.
La cage thoracique est une structure formée par de nombreuses structures osseuses et articulaires, et de nombreux muscles.
Étymologiquement, le mot thorax vient du grec ancien et
signifie « cuirasse ». La définition a été modifiée par Hippocrate
pour évoquer le « torse », puis le « poitrail » ou la « poitrine ».
Tout comme une cuirasse qui protégerait un soldat au combat,
le thorax protège tout ce qu’il contient, en particulier les structures anatomiques essentielles à la vie, que sont le cœur et les
poumons. Une des fonctions principales du thorax est donc
d’assurer ce rôle de protection. Parmi les mouvements qui
s’exercent à ce niveau un des plus importants est celui de la
respiration.
La cage thoracique est formée par douze vertèbres en arrière, douze paires de côtes sur les côtés et par le sternum en avant.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation du rebord costal
Pour palper le rebord costal, commencez par repérer l’ombilic (le nombril) puis remontez jusqu’à sentir de l’os, il s’agit du sternum. Une fois l’extrémité inférieure du sternum repérée, déplacez vos mains de chaque côté et longez le rebord costal qui s’oriente latéralement vers le bas et l’arrière.
Le fait de porter un sac à main trop lourd ou de manière
prolongée peut aussi être « traumatisant » pour le corps. En
maintenant votre sac, que ce soit sur l’épaule, sur le bras ou
à la main, vous luttez contre son poids par votre force musculaire. Observez-vous dans une glace… Vous soulevez l’épaule
et inclinez légèrement la tête du même côté, fermant ainsi la
zone située entre le cou et l’épaule. Vous contractez ainsi,
inconsciemment bien sûr, des muscles qui ne sont pas forcément destinés à produire un effort de longue durée, et qui en
réaction finissent par se spasmer. Des troubles locaux, comme
des tendinopathies, et parfois même des réactions à distance,
comme des douleurs cervicales ou des maux de tête, peuvent
en découler.
Voici quelques astuces pour éviter l’apparition de tels troubles :
Ne soyez pas un escargot : trimbaler votre maison avec
vous ne vous rend pas service… Allégez donc votre sac
au maximum en ne gardant que les objets indispensables.
Et n’oubliez pas de le vider le soir. Demain est un autre
jour.
Idéalement, un sac à main ne devrait pas peser plus de
2 kilos. S’il est plus lourd, privilégiez un second sac pour
mieux répartir le poids… ou passez au sac à dos !
Changez d’épaule toutes les 15 minutes pour équilibrer
les tensions des 2 côtés.
Plutôt que de porter un sac à main ou une sacoche à bout
de bras, portez-les en bandoulière en plaçant la lanière
sur l’épaule opposée au sac.
Lorsque vous faites vos courses, répartissez la charge de
manière égale des deux côtés du corps, plutôt que de tout
porter du même côté.
Sur un plan osseux et articulaire, le thorax en arrière est constitué des parties postérieures des arcs costaux (la côte forme un arc entre le sternum en avant et les vertèbres en arrière) et les vertèbres thoraciques.
Les douleurs les plus communes se situent dans la région interscapulaire. Ces douleurs typiques sont décrites plus haut (voir « La douleur mécanique interscapulaire : le mal de l’omoplate ! » p.151).
Le reste des douleurs ressenties peut apparaître sous la forme d’un point électif ou de rachialgies (douleur du rachis) diffuses s’étendant verticalement ou horizontalement comme des barres. Elles peuvent s’installer comme des points de tension douloureux répartis de la région cervicale à la région lombaire en passant par le thorax. Les muscles paravertébraux, dont on retrouve le relief marqué dans le dos de part et d’autre des vertèbres, jouent un rôle de tuteur musculaire pour le rachis afin de maintenir le dos droit.
Ainsi, lorsqu’un ostéopathe prend en charge votre douleur ressentie à l’arrière de votre thorax, il cherche à mettre en évidence un type mécanique en premier lieu. Puis, il recherche un terrain fragilisant et des facteurs déclenchant. La procédure ostéopathique s’apparente à celle mise en place au niveau de la région cervicale, en complément de laquelle, il intègre les pistes de réflexion énoncées pour des douleurs en avant du thorax.
Les douleurs en arrière du thorax présentent la particularité
d’être souvent liées à une mauvaise posture. Plus d’une
fois, vous avez ressenti un trouble qui s’accentuait en fin de
journée, ou à la suite de postures que vous auriez maintenues
pendant une certaine durée. Chaque jour, vous recherchez des
solutions pour affiner votre ergonomie au travail, améliorer
votre posture et lutter contre ces troubles. Vous vous dites :
« Ce n’est pas normal », « Pourtant, j’ai changé ma façon de
m’asseoir », « Alors, je crois qu’il m’a dit de m’asseoir sur les
ischions et plus en avant sur ma chaise ». Des remarques et
conseils souvent bons et pourtant qui peuvent être insuffisants pour vous soulager. La réadaptation fonctionnelle
posturale basée sur le renforcement et l’adoption de postures
correctrices peuvent améliorer une symptomatologie, mais la
symptomatologie peut malgré tout faire de la résistance.
En effet, les muscles extenseurs du rachis remplissent un rôle anti-gravitaire (luttent contre la gravité) pour nous maintenir debout correctement. Ces muscles sont soumis à un grand nombre de contrôles moteurs, car la position debout est vitale pour un homme. On distingue : un contrôle moteur au niveau de la moelle épinière (la moelle s’étend de votre cerveau jusqu’à la moitié de vos vertèbres lombaires), un contrôle au niveau d’une structure appelée tronc cérébral (qui appartient au cerveau), un autre au niveau du cortex (ce qu’on visualise lorsqu’on imagine un cerveau) et encore un autre au niveau du cervelet (petit cerveau fortement impliqué dans le contrôle de votre posture situé en arrière du cerveau principal).
Chacune de ces structures représente un musicien qui, avec d’autres musiciens, deviennent un orchestre. L’objectif de cet orchestre est de fournir une composition harmonieuse. Cette mélodie est celle du contrôle moteur commun de vos muscles extenseurs du rachis.
Maintenant, grâce à vos nouvelles compétences neuroscientifiques, vous imaginez bien qu’il vous faudra réfléchir plus globalement. Vos muscles extenseurs du dos sont liés à vos nerfs. Cette jonction se nomme jonction neuromusculaire (entre le nerf et le muscle). Lorsqu’elle est défaillante, votre muscle va se débattre pour à nouveau assurer une contraction correcte sous l’égide du contrôle moteur décrit ci-dessus.
Le muscle peut devenir douloureux pour l’ensemble de ces raisons. Si on récapitule : il peut y avoir un trouble au niveau, du nerf, du muscle, de la jonction neuromusculaire et du contrôle fourni par votre cerveau, votre moelle épinière ou votre cervelet.
Si votre cerveau reçoit une mauvaise information de votre environnement, il va transmettre un message à vos muscles extenseurs du dos afin de les corriger. Il reçoit son information de tout un tas de régions anatomiques comme : l’œil (l’œil est chargé d’assurer un regard strictement horizontal), le pied (le pied donne l’information de vos appuis étant debout, par ce qu’on appelle un polygone de sustentation), l’oreille interne (l’oreille interne est, entre autres, chargée de votre équilibre), la peau (votre peau est sensible aux vibrations, aux pressions d’une manière très fine), l’occlusion, qui est permise par l’articulation temporo-mandibulaire (il s’agit d’une articulation au niveau de votre tête qui permet d’ouvrir et de fermer votre bouche).
Bien d’autres structures de votre anatomie renseignent votre cerveau, comme vos ligaments, vos muscles, vos articulations (certaines plus que d’autres), mais aussi certains de vos viscères et organes. Le but étant d’assurer un travail musculaire adapté des muscles extenseurs du rachis.
Lorsqu’une douleur liée à une mauvaise posture se manifeste en arrière de votre thorax, il n’est pas toujours aisé d’en comprendre la cause. En présence d’un thorax qui bouge peu, cette piste est fondamentale afin de comprendre au mieux des douleurs musculaires survenant au niveau de votre thorax. L’ostéopathe va puiser dans ses connaissances en matière de dysfonctionnement vertébral thoracique pour en comprendre la cause : articulaire, musculaire, nerveux, vasculaire, viscéral (cardio-pulmonaire ou digestif), postural (ergonomie ou contrôle moteur), respiratoire ou associée à une pathologie.
Les douleurs nerveuses du thorax sont appelées névralgies intercostales. La sensation d’irradiation nerveuse se produit sous le trajet d’une côte en suivant son arc. L’irradiation démarre au niveau de l’émergence nerveuse située entre deux vertèbres. Le nerf émergent va suivre un trajet dans une gouttière osseuse formée au-dessous des côtes pour venir suivre le même arc. De ce fait, lorsqu’un nerf est comprimé, la douleur nerveuse suit le même trajet que la côte. Elle peut s’étendre jusqu’au sternum en faisant le tour de votre thorax. Elle est ressentie comme un filet nerveux douloureux, pouvant s’associer à des contractures réflexes des muscles intercostaux et donc se présenter avec des douleurs augmentées par la respiration ou par des pertes d’amplitude du mouvement des côtes ou des vertèbres thoraciques.
Ce type de douleur nerveuse n’est possible que dans le
segment des vertèbres thoraciques. Au niveau des segments
lombaire et cervical, les racines nerveuses plongent vers le
bas pour former des plexus nerveux : plexus brachial, plexus
lombaire. À ce niveau, il n’y a pas de côtes.
La mise en évidence d’une névralgie intercostale n’est pas très compliquée. Cela dépend de son modèle d’apparition, si le trajet douloureux suit l’ensemble du nerf ou seulement une petite partie, mais aussi ce qui est à l’origine du trajet névralgique.
Toute la réflexion de l’ostéopathe est portée sur la mise en évidence de cette origine. Elle peut être causée par de nombreuses affections : des antécédents de fracture de côte ou vertébrale, la présence de malformations congénitales (scoliose, hypercyphose et autres formes de malformations vertébrales ou costales), des antécédents d’infection au niveau des disques intervertébraux (situés entre les vertèbres thoraciques) ou au niveau pulmonaire. Plus classiquement, des pathologies dégénératives comme l’arthrose vertébrale ou costo-vertébrale (entre les vertèbres elles-mêmes ou entre les vertèbres et les côtes) peuvent impliquer la racine nerveuse émergente et créer l’irradiation nerveuse sous la côte.
La stratégie thérapeutique principale va être de restaurer les amplitudes normales du mouvement afin de libérer les racines nerveuses intercostales et de diminuer les contraintes mécaniques.
Lorsqu’on évoque les douleurs « non-mécaniques » de la région thoracique, on parle d’une douleur référée, transportée par un mauvais message nerveux provenant d’une structure plus lointaine. Les plus connues sont les douleurs ressenties au niveau de la mandibule et du bras gauche lors d’affections cardiaques graves. Un autre exemple est celui de la pyélonéphrite, infection qui affecte le rein. Dans cette pathologie, la souffrance se place sur la cage thoracique inférieure de chaque côté, vive et aiguë sur le trajet du muscle oblique externe qui fait partie des muscles abdominaux.
Vous avez déjà ressenti des douleurs abdominales qui apparaissent, comme leur nom l’indique, au niveau de l’abdomen. Il en est de même pour certaines souffrances viscérales, sauf qu’elles apparaissent au niveau du thorax. La majeure partie du temps, les souffrances sont vécues à proximité de l’émergence du nerf qui se dirige de la moelle épinière vers le viscère. La douleur se propage comme un message nerveux qui remonte, depuis le viscère, le long de ce nerf et cause des sensations désagréables sur son chemin. Il s’agit de cette douleur référée.
Par exemple, les nerfs se dirigeant vers l’estomac proviennent de la région des vertèbres thoraciques moyennes, soit entre les scapulas. Il s’agit d’un nerf splanchnique (nerf du système nerveux autonome innervant les viscères de l’abdomen et du pelvis) qui contrôle l’activité du viscère et informe le cerveau de cette activité. En cas de souffrance, l’information sera la douleur. C’est de cette manière qu’une sensation désagréable ressentie entre les deux scapulas peut s’apparenter à une souffrance de l’estomac. Il est donc inutile pour l’ostéopathe de se focaliser sur une souffrance musculaire ou articulaire de la région, car c’est bien le viscère qui est en cause.
« J’ai mal aux reins ! », « Mes reins me font souffrir ! », « J’ai mal dans la chute des reins ! », voici des expressions bien approximatives qui ne sont pas totalement dénuées de sens mais qui décrivent cette région en bas de votre dos de manière incorrecte.
Il s’agit en réalité de votre région lombaire qui s’étale du thorax au bassin. La région lombaire donne en avant l’abdomen et en arrière une courbure lordotique (la lordose lombaire).
Le mal du siècle
Les douleurs ressenties au niveau des reins, ou douleurs lombaires ou encore lombalgies (signifiant une douleur des « lombes »), sont de loin les douleurs les plus fréquentes de l’organisme. Elles représentent à elles toutes seules un accident de travail sur cinq, une maladie professionnelle sur vingt, une consultation généraliste sur vingt et la moitié des séances d’ostéopathie et de kinésithérapie. La lombalgie est très variable, elle peut être très épisodique ou continue dans une journée, peu intense jusqu’à handicapante. Elle évolue au gré des mobilisations et des postures prolongées car elle implique les muscles et les articulations du dos. Lorsqu’elle se prolonge dans le temps, elle peut rendre toute activité difficile. Elle est souvent bénigne et évolue positivement avec le repos. Lorsqu’elle est aiguë et qu’elle ne présente pas de critères de gravité inflammatoire ou tumorale, l’ostéopathie apporte du soulagement avec une prise en charge adaptée. Lorsqu’elle est chronique et sans inflammation, l’apport de l’ostéopathie va être multiple : aussi bien dans le traitement que dans les conseils de fin de séance.
Les lombes représentent la partie basse de votre colonne vertébrale. Dans la région lombaire, les muscles sont puissants et très nombreux afin d’assurer résistance et mobilité. La résistance musculaire est nécessaire pour maintenir une cohésion dans la cavité abdominale. Cette cohésion est prévue pour que la pression qui règne dans la cavité abdominale soit suffisamment importante pour contenir tous les viscères et organes. La musculature abdominale ou ceinture abdominale est tout aussi nécessaire pour limiter les conséquences des mécanismes de compression et de cisaillement qui se produisent sur vos vertèbres lombaires.
La région lombaire est aussi le point d’ancrage de vos membres inférieurs, elle est fortement sollicitée lors des activités impliquant vos cuisses et vos jambes (marche, course, station debout) par un ensemble de muscles attachés à la colonne lombaire qui, elle, va diriger vos membres inférieurs comme un marionnettiste.
Lorsque les lombaires sont trop sollicitées, le système articulaire qui relie une vertèbre lombaire à une autre peut développer des troubles. Comme au niveau cervical, ce système articulaire est composé de trois articulations, deux en arrière appelées articulations zygapophysaires et une devant appelée disque intervertébral. Chacune de ces structures associe deux vertèbres et peut créer des conflits articulaires donnant lieu à une douleur. Ainsi, la vertèbre peut se retrouver désaxée par rapport à celle située au-dessus et celle en dessous. On parle alors de dysfonctionnement vertébral, d’instabilité rachidienne.
L’explication est simple : le disque intervertébral joue un rôle d’amortisseur pneumatique, il absorbe et répartit les forces tout le long de l’axe des disques intervertébraux entre chacune des vertèbres. Il permet d’assurer une cohésion de l’axe rachidien et de limiter en partie la mobilité.
Lorsque vous bougez, marchez, courez et mobilisez votre région lombaire, vous exercez des contraintes sur l’ensemble des ligaments, des muscles de vos vertèbres. Ces mouvements vertébraux sollicitent, entre autres, les articulations zygapophysaires (aussi appelées articulaires postérieures). Plus la mobilisation est importante (fréquence, intensité, etc.), plus les structures anatomiques peuvent être sollicitées et endommagées.
Figure 10-1 : Le disque intervertébral en charge et en décharge.
Au fil du temps, vous mobilisez régulièrement vos vertèbres. Ces contraintes, souvent en compression et en cisaillement répétés, sont à l’origine des principales douleurs survenant au niveau de vos vertèbres, et particulièrement celles du bas du dos. En effet, tout le complexe vertébral va s’adapter. Les articulations, les muscles et les ligaments vont compenser les troubles musculo-squelettiques sous le contrôle de nerfs. Eux aussi peuvent, à la longue, déclarer des troubles et des douleurs face à des contraintes.
Figure 10-2 : Flexion-Extension de la colonne vertébrale.
Au final, la douleur lombaire peut être de différentes origines :
Articulaire : par exemple à la suite d’une dysfonction
ostéopathique des articulations apophysaires
postérieures (situées à l’arrière des vertèbres), ou en
lien avec de l’arthrose entraînant une dégénérescence
du cartilage entourant l’os ;
Musculaire : par exemple après une contracture des
muscles psoas, carré des lombaires ou paravertébraux ;
Ligamentaire ou discal : par atteinte ligamentaire lors
d’un traumatisme, comme après un accident de voiture,
ou par une déformation discale entraînant un syndrome
inflammatoire local et un spasme musculaire régional ;
Nerveuse : en raison d’une compression nerveuse lors
d’un syndrome radiculaire (par compression de la racine)
ou tronculaire (par compression du tronc nerveux) ;
Viscérale : à la suite de la souffrance du tissu viscéral qui,
consécutivement à son inflammation, peut entraîner des
douleurs référées ou des tensions musculaires.
Les douleurs lombaires sont difficiles à entreprendre thérapeutiquement. Les thérapeutiques paraissent souvent limitées tant l’origine de la douleur peut être multiple. D’où la nécessité d’une prise en charge pluridisciplinaire. Toutefois, en dehors des signes et symptômes évoquant un aspect inflammatoire ou d’autres critères de gravité, l’action d’un ostéopathe est efficace. Il va suivre une démarche similaire aux douleurs mécaniques du rachis : anamnèse, examen clinique et traitement (sur les étapes de la consultation, voir la quatrième partie).
Cependant, dans le cadre de lombalgies, il est important d’introduire en priorité le lien entre les membres inférieurs et les vertèbres lombaires, notamment dans le fait que les lombaires appartiennent, en partie, à la ceinture pelvienne (structure osseuse dans laquelle est contenu l’ensemble des viscères et organes du petit bassin) qui intervient dans les mécanismes de la marche et de la station debout.
En présence d’une douleur lombaire, l’ostéopathe va fréquemment explorer les membres inférieurs. Il cherchera à comprendre de quelle façon vous avez grandi et si votre croissance s’est bien passée.
La croissance des membres inférieurs et celle de votre rachis
sont sensibles à beaucoup de facteurs :
Le sport que vous pratiquez ou que vous avez pratiqué
pendant votre croissance ;
Votre hygiène de vie pendant votre croissance ;
Vos caractéristiques génétiques (votre patrimoine
génétique possède des caractéristiques qui contribueront
à construire votre morphologie musculo-squelettique) ;
Vos antécédents médicaux (un jeune asthmatique
peut développer des déformations thoraciques ou
rachidiennes) ;
Vos antécédents traumatiques (des luxations, des
fractures ou encore des entorses de cheville ou de genou
par exemple, des accidents de la voie publique avec
des mécanismes de coup du lapin sont susceptibles de
conduire à des compensations porteuses de troubles
musculo-squelettiques pendant votre croissance).
Tous ces éléments vont faire varier vos caractéristiques
morphologiques. Ils peuvent conduire à des déformations
mineures ou majeures de votre rachis vertébral et faciliter
l’apparition de désordre musculo-articulaire au niveau de vos
vertèbres. Les dysfonctionnements ostéopathiques peuvent être
plus réguliers et exiger davantage de séances d’ostéopathie.
Par la suite, toutes les atteintes affectant de près ou de loin la statique rachidienne, la ceinture pelvienne ou la musculature du rachis deviennent un terrain favorisant. Il suffit d’un élément déclencheur pour amorcer un trouble musculo-squelettique de la région lombosacrée (entre les vertèbres lombaires et le sacrum appartenant à la ceinture pelvienne).
Les plus connus de ces éléments déclencheurs appartiennent à la famille des discopathies (pathologies du disque intervertébral). On en retrouve sous deux formes principales : les discopathies dégénératives dues à une dégénérescence des tissus et les discopathies traumatiques.
Vous avez dit discopathie ?
La discopathie est la pathologie d’un disque intervertébral pouvant survenir à n’importe quel âge. Elle est généralement causée par une perte de souplesse et de l’élasticité des disques, qui perdent alors leurs capacités d’absorption des chocs. Certains ligaments entourant les disques peuvent eux aussi être atteints.
Parmi les pathologies dégénératives qui touchent le disque intervertébral, on peut citer :
La discarthrose (dégénérescence du disque
intervertébral) ;
L’ostéoporose (perte de la résistance des os, qui les
fragilisent) ;
Les ostéophytes (excroissance osseuse entourant une
articulation) ;
Tandis que parmi les discopathies traumatiques, on trouve principalement la hernie discale (saillie d’une portion du disque intervertébral).
La souffrance articulaire discale ou facettaire est à l’origine de
la majorité des lombalgies.
L’affection touche la plupart du temps le complexe tri-articulaire vertébral (disque intervertébral en avant et les articulations zygapophysaire en arrière). Les blocages ou perturbations de la mobilité entrainent souvent une adaptation des autres vertèbres. Ces dernières peuvent, à leur tour, être bloquées dans certains mouvements et être le siège de douleurs. On obtient ainsi un trouble généralisé au niveau des lombaires, désordre qui entraine l’adaptation de la ceinture pelvienne au-dessous et le reste du rachis au-dessus, pour toujours répondre aux lois biomécaniques (équilibre, répartition du poids du corps, confort et mobilité).
Pour s’adapter, elle utilise les articulations aux alentours ainsi que le système musculaire pouvant, grâce à des stratégies de contraction, décharger les lombaires de contraintes.
Un nombre important de muscles intervient afin de limiter les contraintes mécaniques sur les lombaires :
Le muscle psoas (permet la flexion de hanche) ;
Le muscle carré des lombes (permet l’inclinaison du
tronc) ;
Le muscle diaphragme (muscle inspirateur principal) ;
Le muscle grand droit de l’abdomen (permet la flexion du
tronc) ;
Les muscles obliques (permettent notamment la flexion
du tronc) ;
Les muscles paravertébraux (jouent un rôle dans la lutte
contre la gravité).
Philippe, 54 ans
« Je souffre depuis l’enfance de problèmes musculaires récurrents au dos et à la hanche, parfois douloureux à la marche. Après consultation, mon médecin m’a envoyé faire quelques radios sur lesquelles il ne voyait pas de problème et m’a donné des antidouleurs pour me soulager. En complément de ce traitement, j’ai décidé de consulter un ostéopathe pour avoir son avis. Suite à un bilan, il a su m’indiquer pour quelles raisons je souffrais de ces problèmes et a réalisé un traitement qui s’est vite avéré efficace. Il m’a aussi proposé de consulter un podologue pour éviter que les douleurs ne reviennent. »
Pour faciliter l’analyse de ces muscles, votre praticien cherche à localiser la structure qui souffre.
Il identifie ainsi la région douloureuse, en lombalgie haute, moyenne ou basse. Lorsqu’il s’agit d’une lombalgie basse, la réflexion de l’ostéopathe va se porter préférentiellement sur votre ceinture pelvienne. La ceinture pelvienne est formée sur les deux côtés des os iliaques, à l’arrière l’os sacrum et à l’avant le pubis qui unit les deux iliaques l’un à l’autre en avant.
Lorsque la douleur est ressentie comme une barre horizontale très basse, ou encore comme des points douloureux localisés dans vos fesses, ou de manière centrée sur votre rachis, le travail ostéopathique présentera des différences avec celui effectué dans le cadre d’une lombalgie haute.
Il existe tout autour du sacrum des articulations capitales
pour la stabilité de votre colonne vertébrale :
Les articulations sacro-iliaques ;
L’articulation lombosacrée.
Ces articulations sont chargées d’un double rôle : celui de transférer les forces provenant des membres inférieurs vers la colonne vertébrale, ainsi que celui de répartir la charge pondérale appliquée sur la colonne vertébrale vers les membres inférieurs. En parallèle de quoi ces articulations doivent assurer une liberté biomécanique pour équilibrer constamment votre corps aux postures que vous adoptez toute la journée.
En reprenant ces principes de force, les terrains qui exercent des contraintes sur votre ceinture pelvienne et vos lombaires basses peuvent être répertoriées en plusieurs catégories :
Asymétrie des membres inférieurs qui modifie les zones
de contraintes articulaires et provoque des stratégies
adaptatives pour permettre à la tête de garder un regard
droit ;
Inclinaison pelvienne qui perturbe les forces provenant
du rachis et risque de conduire à des troubles articulaires
ou musculaires ;
Malformations congénitales comme les dysplasies
de hanches touchant vraisemblablement les Bretons
et certaines populations des États-Unis du fait d’une
prédisposition génétique ;
Usure progressive des articulations, comme l’arthrose,
qui provoque des douleurs et qui peut perturber le
système nerveux à proximité, créant ainsi des syndromes
bien connus (par exemple : canal lombaire étroit ou
radiculalgie) ;
Traumatismes survenant sur les membres inférieurs ou
sur la ceinture pelvienne qui perturbent les mouvements
des articulations et peuvent entraîner des douleurs ;
Traumatismes impliquant votre colonne vertébrale,
comme des coups du lapin ;
Pathologies affectant votre colonne vertébrale, comme
des pathologies auto-immunes (la spondylarthrite
ankylosante est une pathologie auto-immune qui
développe une inflammation au niveau des articulations
sacro-iliaques et des vertèbres lombaires).
Il suffit d’un faux mouvement, d’un port de charge ou d’une activité physique intense mal contrôlée pour déclencher une lombalgie nécessitant une suite thérapeutique.
Bien ramasser un objet à terre s’apprend… Rapprochez-vous
de l’objet en question, faites-lui face pour ne pas avoir à vous
incliner ou à tourner, puis pliez les genoux et inclinez le tronc
vers l’avant.
Si vous avez des douleurs de genoux, utilisez la position dite « du balancier » : prenez appui sur une jambe et baissez-vous, jambe tendue, en levant l’autre jambe en arrière pour maintenir votre équilibre.
Ne pliez jamais le dos : c’est souvent le geste de trop qui déclenche les lumbagos.
Rapprochez-vous au maximum de l’objet en plaçant, si possible, vos pieds de part et d’autre. Puis pliez les genoux en penchant le corps vers l’avant.
Si la position vous est douloureuse, posez un genou au sol, mais évitez de vous accroupir car, si l’objet est vraiment lourd, vous aurez du mal à vous relever.
Utilisez la force des cuisses et des jambes pour vous redresser.
Si nécessaire, faites reposer l’objet sur vos genoux, puis sur votre ventre, et si besoin sur votre poitrine, vos bras ou avant-bras.
Commencez par vous mettre à la hauteur de l’objet (grâce à un escabeau), puis plaquez-le contre vous pour éviter de cambrer le dos.
Denis, 42 ans
« En tant que déménageur, mon dos est essentiel à la bonne conduite de mon métier. Porter des charges souvent très lourdes n’est possible qu’avec un dos en pleine forme et sans blocages. Je consulte donc régulièrement mon ostéopathe pour qu’il traite et corrige les blocages et tensions afin d’éviter les lumbagos et pouvoir exercer sans problème. »
Lorsque le nerf est comprimé ou lésé, il déclenche une douleur ressentie comme un courant électrique pouvant descendre des lombaires au pied. On parle ainsi d’une irradiation nerveuse.
Généralement, les compressions du nerf sciatique peuvent être causées :
Soit de l’arthrose située sur les articulations
zygapophysaires ;
Soit par une discopathie qui entraine une compression
de la racine nerf lors de sa sortie de la moelle épinière
(on parle de radiculalgie) ;
Soit par un système musculaire et aponévrotique trop
contraint perturbant le passage du nerf (on parle alors de
névralgie tronquée ou de neuropathie tronculaire).
Il existe bien entendu d’autres raisons mais ces trois points sont ceux qui sont le plus souvent rencontrés dans les cabinets d’ostéopathie.
Radiculalgie et neuropathie tronculaire
La radiculalgie est la douleur issue
de la compression d’une racine nerveuse. Cette compression peut être
due à de l’arthrose vertébrale, à une
hernie discale créant un conflit discoradiculaire ou même à des affections
d’origine inflammatoire, infectieuse
ou tumorale.
La neuropathie tronculaire est une
souffrance nerveuse provenant de la
compression d’un nerf sur son trajet.
Elle peut être la conséquence d’une
pathologie organique se développant à proximité du nerf ou de lésions
traumatiques, voire microtraumatiques. Parmi ces compressions,
on retrouve des compressions nerveuses. Ce trouble est fréquent et on
parle alors de syndrome canalaire
(dont les plus connus sont le canal
carpien pour le nerf médian, le syndrome du piriforme pour le nerf sciatique et le syndrome de la traversée
cervico-thoraco-brachiale).
Pour s’aider à mieux les différencier, l’ostéopathe utilise les informations provenant de l’interrogatoire et affine ainsi son étiologie.
Si la douleur, aiguë, est apparue brutalement, à la suite d’un traumatisme ou d’un effort de port de charge important (comme un déménagement), il suspectera d’abord une discopathie ou une compression musculaire. A contrario, si la douleur, chronique, est apparue progressivement, sans facteurs déclenchant, a une évolution lente et est accompagnée d’un dérouillage matinal (temps nécessaire au réveil pour « dérouiller » des articulations « enraidies »), il suspectera plutôt un phénomène arthrosique.
Attention, l’étiologie et la compréhension du phénomène douloureux ne sont pas nécessairement si évidentes et peuvent parfois être mixtes ou trompeuses.
L’ostéopathe part alors à la recherche de critères de gravité lui indiquant que la prise en charge ostéopathique peut-être déconseillée. Pour cela, il réalise un examen des fonctions neurologique afin d’évaluer la force de vos membres inférieurs, leurs sensibilités ainsi que leurs réflexes. Lorsque cet examen neurologique s’avère négatif (signe que l’ostéopathe n’a pas trouvé de critères de gravité et qu’il peut effectuer son traitement), sa conduite va être de mettre en évidence la région où le nerf sciatique est comprimé.
En cas de doute, il n’hésite pas à renvoyer le patient chez son médecin afin qu’il lui prescrive des examens complémentaires.
S’il suspecte que la compression est due à de l’arthrose,
l’ostéopathe veillera à soulager les contraintes
mécaniques qui ont pu entraîner ou aggraver le
phénomène arthrosique avec le temps et ainsi participer
à drainer l’inflammation locale qui irrite le nerf.
S’il suspecte que la compression est due à une
discopathie : il prendra en charge les dysfonctions
ostéopathiques et ainsi diminuera les contraintes
s’exerçant sur le disque abîmé.
S’il estime que la compression est réalisée par un système
musculaire trop contracté, il travaillera sur les régions
dysfonctionnelles en rapport avec ce muscle et le libérera
de ses contraintes mécaniques.
Marie, 41 ans
« Pendant ma dernière grossesse, j’ai commencé à ressentir une douleur dans la fesse qui pouvait même descendre dans la cuisse, jusqu’au pied. J’ai consulté mon ostéopathe qui m’a expliqué que je souffrais d’une sciatique due à la compression d’un nerf dans le bas de mon dos. Grâce à des manipulations douces, il a réussi à soulager mes douleurs et à faciliter la fin de ma grossesse. »
Le bras doit remplir plusieurs fonctions, parmi elles :
Précision ;
Force ;
Coordination.
C’est autour de ces trois fonctions principales que la biomécanique du membre supérieur se construit.
Un grand nombre de muscles prennent insertion sur la scapula (autre nom de l’omoplate). Ils se disposent en direction de l’épaule et du bras, des cervicales, de la clavicule, des côtes, des vertèbres à proximité, et vont même en direction du bassin pour certains.
Ils interviennent dans les mouvements du bras et de la colonne vertébrale. Lorsque vous sollicitez trop la musculature de votre épaule ou de votre dos, vous pouvez développer des troubles musculo-squelettiques aux environs des os de la scapula et des muscles correspondants.
Les muscles impliqués dans les mouvements du bras se dirigent vers votre épaule et votre bras rendant ainsi possibles les mouvements de l’épaule. Ils forment ensemble la coiffe des rotateurs. Cette dernière participe aux mouvements de rotation de l’humérus (os principal du bras). Elle se compose des muscles supra-épineux, infra-épineux, petit rond et sous-scapulaire. Avec les muscles deltoïdes, grand rond, grand pectoral et grand dorsal, elle participe aux mobilisations très intriquées de l’épaule dans les trois plans de l’espace.
Chacun de ces muscles, en cas de forte sollicitation, peut développer un trouble de sa contraction, et par la suite une pathologie tendineuse, appelée tendinopathie.
Tendinopathies
Parmi les tendinopathies, il existe : la bursite (inflammation d’une bourse permettant le glissement du tendon musculaire – la bourse est une petite pochette contenant du lubrifiant permettant de limiter les frictions de structures anatomiques voisines), le conflit tendinopathique lui-même (que l’on appelle aussi syndrome d’accrochage, préféré au terme tendinite, car il existe peu d’inflammation dans le tendon directement), la rupture du tendon (pouvant être partielle, complète ou massive) et les calcifications tendineuses qui sont, en règle générale, la conséquence d’une cicatrisation tendineuse après une tendinopathie.
L’architecture de l’épaule est tellement complexe qu’il est difficile d’analyser simplement une douleur. Toutefois, il est intéressant, dans votre démarche, de prendre note des mouvements qui révèlent la douleur, aussi bien lors d’une contraction que lors d’un étirement. Vous pouvez aussi tenter d’identifier une zone douloureuse à la palpation.
La plupart du temps, une tendinopathie de l’épaule nécessite
du repos dans les premiers jours. Dans la mesure où vous
percevez une douleur moins importante, vous pouvez réaliser
des exercices de renforcement de votre épaule, conseillés par
votre kinésithérapeute ou votre ostéopathe.
Dans un deuxième temps, quand les symptômes ont disparu, la démarche pluridisciplinaire est la plus efficace : en accord avec vos médecin, kinésithérapeute et ostéopathe. Il convient de récupérer rapidement les amplitudes articulaires des différentes articulations de votre épaule. Dans cette étape, un ostéopathe est essentiel.
Pour finir, il faut reconditionner votre organisme. Afin de diminuer le risque de récidive, le renforcement musculaire, les exercices cardio-respiratoires et les conseils en ergonomie sont tout indiqués.
L’ostéopathe vous accompagne dans votre rémission :
Pendant la consultation, en réalisant un examen
clinique précis pour mettre en évidence l’origine
locale de la symptomatologie ainsi que les terrains qui
favorisent l’inflammation. Sa démarche va être d’isoler
les fragilités de votre organisme pouvant conduire
à une douleur d’épaule. Par exemple : les douleurs
cervicales chroniques, des antécédents de tendinopathie,
antécédents de capsulite, antécédents d’arthrose, mais
aussi des troubles viscéraux et organiques favorisant
l’inflammation. L’ostéopathe analyse tous les mouvements
responsables de la douleur.
Après la consultation, en vous communiquant une
batterie d’exercices qui pérennisent votre soulagement,
limitent les récidives et les adaptations de votre corps.
Les conseils sont hygiéno-diététiques, ergonomiques, à
vocation articulaire, à vocation musculaire et d’autres
à vocation proprioceptive (notion de votre corps dans
l’espace) pour limiter l’attitude instable de votre épaule
dans vos mouvements.
Le but de cette analyse est de trouver toutes les solutions pour soulager la douleur en faisant intervenir votre organisme comme principal acteur de votre soulagement.
Chaque articulation du complexe de l’épaule est sollicité pour permettre le mouvement. Chacune de ces articulations est susceptible d’être perturbée dans son amplitude et de causer un dysfonctionnement en engageant tout l’appareil musculo-articulaire associé.
Les dysfonctions articulaires sont aussi bien des causes de
pathologies chroniques que des conséquences. Une restriction
ou un effort trop soutenu sont deux mécanismes engageant
l’appareil musculo-articulaire dans un mécanisme d’adaptation
jusqu’à déclarer une incapacité de compenser et donc une
douleur. C’est précisément le cas sur le complexe de l’épaule.
L’arthrose, les tendinopathies, les antécédents de luxation, de fracture de clavicule, d’entorse acromio-claviculaire, les instabilités de l’épaule, les hernies du bourrelet glénoïdien (projection de la capsule articulaire en dehors de l’articulation), mais aussi l’ostéoporose, les capsulites, les atteintes auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde, la pseudo-polyarthrite rhizomyélique (atteinte auto-immune des ceintures) ou encore la périarthrite scapulo-humérale sont autant d’affections pouvant atteindre l’épaule et causer des dysfonctions ostéopathiques et ainsi des désordres biomécaniques.
C’est à ce moment que l’ostéopathe va analyser l’ensemble de ces événements afin de proposer un traitement ostéopathique et de prendre en charge votre douleur.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation de l’humérus
La tête de l’humérus, située au niveau de l’épaule, s’articule avec l’omoplate. Lieu de nombreuses insertions musculo-ligamentaires dont la fonction est de maintenir l’articulation et d’empêcher les mouvements de trop grande amplitude, elle est souvent sursollicitée – lors de pratiques sportives (comme les sports de lancer), au travail (répétitions des mouvements et microtraumatismes répétés) ou dans la vie de tous les jours (par exemple lorsque l’on repeint une pièce ou un plafond). Cette activité excessive de l’épaule peut avoir comme conséquences une inflammation de certains muscles ainsi qu’une position anormale de la tête de l’humérus. C’est pourquoi vous pouvez parfois sentir des petits craquements au niveau de l’épaule lors de mouvements. Ces craquements ne sont pas graves mais peuvent faire apparaître, à la longue, des douleurs.
Heureusement, quelques petits exercices simples peuvent permettre d’éviter des douleurs parfois handicapantes, en complément d’un traitement ostéopathique.
Avant toute chose, il vous faut localiser cette articulation. Pour cela, vous allez repérer la tête de l’humérus : tâtez votre clavicule depuis la base du cou avec la main opposée. Faites glisser latéralement vos doigts vers l’épaule jusqu’au bout de la clavicule. En articulant votre bras de bas en haut, vous percevez le mouvement de la tête humérale sous vos doigts. Saisissez-la entre le pouce et l’index (ou le majeur). Faites des mouvements de rotation (amenez votre poing, coude fléchi, vers votre ventre) et ressentez la tête de l’humérus glisser sous vos doigts.
Maintenant que vous visualisez mieux comment bouge cette articulation, vous allez pouvoir amorcer une technique d’autotraitement dans le but de recentrer la tête de l’humérus dans son articulation avec l’omoplate en suivant les exercices adaptés à l’épaule présents dans l’ostéobox (chapitre 16).
Plus à distance, des dépôts toxiques issus des produits de dégradation de l’activité digestive et métabolique et circulant dans les liquides du corps tels que le sang ou la lymphe peuvent affecter la musculature scapulaire par des dépôts en amas au sein des fibres musculaires. Tout ce qui altère la relation entre le muscle et le nerf, des cervicales jusqu’au muscle cible, va favoriser et maintenir une affection musculaire.
Il est communément admis que la plupart des troubles
affectant l’épaule prennent aussi source dans des troubles
psychosociaux, certains surviennent par exemple en préopératoire ou postopératoire, ou sont consécutifs d’un traumatisme
physique (dans la région de l’épaule ou ailleurs) ou d’un
traumatisme psychique, souvent complexe à interpréter.
Beaucoup des réactions consécutives à un traumatisme
seraient à prédominance neurovégétative (il s’agit du système
nerveux inconscient de notre organisme chargé de la motricité
vasculaire et digestive par exemple).
Tout le travail de l’ostéopathe va être un travail de reconnaissance, afin de trier l’ensemble de vos mésaventures. Ce n’est pas chose aisée et cela nécessite expérience et remise en question de l’analyse de l’ostéopathe en cas d’échec d’une première consultation.
Les douleurs dues aux troubles musculo-squelettiques survenant au niveau du bras sont causées par des gestes répétés et des actions musculaires soutenues.
L’ensemble du membre supérieur constitue une biomécanique très précise qui permet de réaliser des mouvements coordonnés d’une haute précision. Épaule, coude, poignet et doigts s’associent par des liens articulaires et musculaires afin de fournir un geste commun. Dès lors qu’un mouvement est perturbé, l’ostéopathe évalue l’ensemble de ces associations afin de mettre en évidence la région lésée et restreinte.
Tout l’objet de sa démarche : déterminer une correspondance entre les jeux musculo-squelettiques contraints et la douleur que vous ressentez. En effet, si vous ressentez une douleur au niveau de votre bras, où se trouve votre biceps, votre praticien pense aux articulations et os pouvant être mis en cause. Pour votre biceps, il s’agit de l’os radial, un des deux os de votre avant-bras et la région articulaire entre votre humérus et votre scapula. Ainsi de suite.
Les douleurs ressenties au niveau du membre supérieur peuvent être typiquement musculaires (myalgies), articulaires (arthralgies) ou aponévrotico-ligamentaires.
Mieux connaître son anatomie : autopalpation du coude
Le coude est composé de trois os et de trois articulations : l’humérus qui constitue le squelette du bras, le radius et le cubitus (ulna) qui constituent l’avant-bras. À l’articulation entre humérus et radius, on repère aisément, coude à 90 degrés, l’épicondyle latéral, petite protubérance osseuse au-dessus de l’articulation où s’insèrent muscles, ligaments et tendons.
Beaucoup d’entre vous ont pu ressentir une douleur sur le côté du coude après avoir pratiqué du tennis. Ce syndrome fréquemment retrouvé dans la littérature médicale correspond au tennis elbow, elbow signifiant coude en anglais. Il s’agit d’une inflammation douloureuse survenant au niveau d’une saillie du coude où s’attache en grand nombre des muscles de l’avant-bras intervenant dans l’extension du poignet en particulier.
Cette douleur peut apparaître violemment lors de mouvements communs du coude et du poignet, comme le fait de visser. Ces douleurs survenant dans le creux du coude peuvent être augmentées par des mouvements de rotation de l’avant-bras contrariés par une force opposée. En effet, elle apparaît lors de la contraction des muscles de l’avant-bras qui s’attachent sur la saillie osseuse extérieure du coude. Contrairement au golf elbow, qui, lui, survient sur la saillie osseuse intérieure du coude orientée vers le thorax notamment après la pratique importante du golf.
Mieux connaître son anatomie : autopalpation du radius
Pour repérer la tête radiale, coude toujours plié, après avoir perçu l’épicondyle, légèrement en arrière du coude, faites des mouvements de rotation de main vers le haut ou le bas (comme si vous vouliez tourner une clé dans une serrure). La pièce osseuse qui vient rouler sous les doigts est la tête radiale tandis que la partie fixe au-dessus est l’épicondyle latéral de l’humérus.
Revenez sur l’épicondyle latéral et faites successivement des mouvements d’extension de la main (rapprochez le dos de la main de l’avant-bras) afin de ressentir la contraction des muscles épicondyliens latéraux.
Figure 10-4 : Autopalpation de la tête radiale.
D’autres mécanismes sont fréquents et interviennent dans les chutes où vous vous réceptionnez sur les mains.
Il s’agit des entorses et fractures traumatiques dont les conséquences peuvent être douloureuses et gênantes à long terme. Les entorses de poignet se produisent lorsque vous tombez sur votre main vers l’intérieur ou vers l’extérieur. Il est nécessaire d’avoir une approche médicale immédiate, voire chirurgicale, afin de préserver l’ensemble des structures, surtout lors de l’apparition d’une douleur vive. La fracture survient lorsqu’un os vient à être lésé. Dans ces deux cas, il est essentiel d’être accompagné médicalement, aussi bien pour la réparation, l’immobilisation, la contention et la rééducation.
Après la résorption osseuse et ligamentaire, un ostéopathe peut intervenir afin de restituer une biomécanique harmonieuse de votre poignet, mais aussi de corriger l’ensemble des conséquences du traumatisme sur votre membre supérieur.
Dans ces deux cas, l’utilisation de techniques ostéopathiques peut être conseillée. Elles sont indiquées en l’absence de poussées inflammatoires importantes et à distance de traumatismes directs comme les entorses et les fractures du poignet. L’ostéopathe, tout comme pour les troubles musculo-squelettiques du corps, va libérer les contraintes articulaires et musculaires en présence afin de restituer une biomécanique harmonieuse et non douloureuse. Les techniques utilisées peuvent être à prédominance structurelle ou fonctionnelle, l’objectif étant le soulagement des douleurs et la restitution de l’ensemble des gestes physiologiques du membre supérieur.
D’autres douleurs, plus sourdes et diffuses, dans vos bras peuvent conduire l’ostéopathe à effectuer une prise en charge différente. En effet, certaines douleurs ne sont pas associées directement à des désordres musculo-squelettiques du membre supérieur. Elles peuvent provenir de troubles fonctionnels neurologiques et vasculaires.
Il vous est peut-être déjà arrivé de dormir sur l’un de vos bras. Au matin, vous sentez des fourmillements et engourdissements sur une grande partie du bras. La douleur est ici provoquée par une contrainte vasculaire.
Vous avez peut-être déjà été victime d’une névralgie cervico-brachiale (NCB). Cette dernière se manifeste généralement par des douleurs cervicales associées à une douleur ou des douleurs le long d’un trajet d’un nerf du bras, de l’avant-bras et du poignet. Il s’agit ici d’une douleur liée à une contrainte nerveuse.
Bien entendu, ces douleurs font l’objet d’une investigation toute particulière qui nécessitera, d’une part, l’évaluation des critères de gravité de votre douleur, et d’autre part, l’évaluation des contraintes mécaniques pouvant s’exercer sur les vaisseaux et les nerfs.
Cindy, 23 ans
« J’étais en pleine préparation d’examens, après avoir arrêté mes études pendant quelques années. La reprise de l’écriture manuelle a été pour moi difficile et j’ai peu à peu ressenti des douleurs au poignet qui m’ont inquiétée pour des épreuves de plusieurs heures d’écriture. Une séance d’ostéopathie m’a suffi et mon poignet ne m’a plus jamais lâchée depuis. Je ne pensais pas qu’en si peu de temps il était possible de soigner ce problème, qui aurait pu me condamner à renoncer à mes études. »
Les membres inférieurs sont en relation étroite avec le bassin. Sans arrêt, ils entrent en interaction avec le sol pour informer le cerveau de la position du corps dans l’espace.
Les membres inférieurs ont plusieurs fonctions, parmi elles :
Équilibre postural et répartition du poids du corps ;
Support du poids du corps ;
Coordination motrice et locomotion ;
Force.
Les douleurs des membres inférieurs peuvent être ressenties sur chaque muscle, ligament, articulation, os et aponévroses. La biomécanique et la survenue des douleurs musculo-squelettiques sont dépendantes des fonctions des membres inférieurs. La biomécanique des membres inférieurs est organisée autour de ces rôles. Toute atteinte de la biomécanique peut mettre en cause chacun de ses rôles.
Les muscles et articulations réalisent un travail en synergie afin de remplir pleinement chacune des fonctions des membres inférieurs.
Dès que cette synergie biomécanique est perturbée, elle donne lieu à des mécanismes de compensation. Ce sont ces derniers qui sont à l’origine d’une grande partie des manifestations douloureuses. Elles peuvent se présenter comme des douleurs musculaires (myalgies) et articulaires (arthralgies).
L’ostéopathe va prendre en considération tous les troubles musculo-squelettiques, douloureux ou pas, afin de restituer une biomécanique conforme aux rôles des membres inférieurs. En premier lieu, il va décortiquer les mécanismes responsables de votre douleur, puis, en second lieu, va analyser le fonctionnement des différentes structures anatomiques de chacun des membres inférieurs. Il va ainsi pouvoir réaliser un traitement global et prévenir les récidives musculo-squelettiques adaptatrices. L’objectif est de restaurer une physiologie optimale des membres inférieurs ainsi que de la colonne lombaire, dont le rôle est de maintenir la posture mais aussi de permettre la locomotion.
Ainsi, tout antécédent médical survenant au niveau du système musculo-squelettique des membres inférieurs ou au niveau du bassin peut causer des altérations de la biomécanique des membres inférieurs et, par la suite, des sensations douloureuses.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation du bassin
L’os coxal, ou os iliaque, est l’os de l’articulation de la hanche sur lequel s’attachent les muscles fessiers et iliaques. Il comprend trois parties : l’os iliaque, l’ischion et le pubis.
Son bord supérieur, ou crête iliaque, s’étend de l’épine iliaque antéro-supérieure (EIAS) à l’avant à l’épine iliaque postéro-supérieure (EIPS) à l’arrière.
Son bord supéro-antérieur est limité par l’EIAS, assez facilement repérable. Posez vos mains à hauteur de la taille jusqu’à toucher, vers le bas, le relief osseux. Vous êtes sur la crête iliaque. Déplacez vos mains vers l’avant jusqu’à la saillie osseuse proéminente. Vous avez atteint l’EIAS sur laquelle s’insèrent des muscles importants à la mobilité de la hanche.
Le bord inférieur est limité à l’arrière par l’ischion (tubérosité ischiatique) qui sert de zone d’insertion de nombreux muscles (dont les ischio-jambiers). Posez vos doigts au milieu du pli sous fessier. L’ischion est la partie osseuse que vous percevez.
Le bord inférieur est limité à l’avant par le pubis. La symphyse pubienne relie les deux branches de l’iliaque (voir exercices du chapitre 16).
En tête de liste des traumatismes du membre inférieur, on retrouve l’entorse de cheville.
L’entorse est un traumatisme qui se caractérise par une élongation ou une déchirure ligamentaire. La gravité de l’atteinte ligamentaire est dépendante de l’intégrité du ligament après le traumatisme. Dès lors, il existe des entorses bénignes et d’autres plus graves. Une entorse bénigne est aussi appelée foulure. Au niveau de la cheville, elle se caractérise par une distension des ligaments latéraux (sur la malléole, du côté des petits orteils) ou médiaux (malléole, du côté des gros orteils). Elle ne présente pas de rupture ni d’arrachement ligamentaire mais reste tout de même douloureuse au niveau de l’articulation de la cheville. L’entorse peut donner lieu à un œdème mais n’empêche pas forcément les mobilités.
À ce niveau, un ostéopathe peut intervenir et prendre en
charge les conséquences à court, moyen ou long terme de
votre entorse de cheville. Cette dernière peut conduire, au
fil du temps et de la laxité de la cheville, à des adaptations
biomécaniques du genou, du bassin puis des lombaires. Il est
donc essentiel d’aller voir un ostéopathe afin de limiter les
conséquences du mécanisme de compensation.
La rupture du ligament croisé antérieur de genou est fréquemment vécue lors de la pratique d’une activité physique à risque comme le rugby, le football, et les sports sollicitant les membres inférieurs comme le ski, le skate, etc. Au départ, il s’agit d’une entorse qui résulte d’une torsion de l’articulation du genou. En règle générale, le pied reste bloqué au sol et la force exercée sur le genou va entraîner une traction brutale des ligaments. Lorsque le ligament croisé antérieur ne parvient pas à résister aux forces exercées, il peut rompre. Sa rupture provoque une instabilité du genou, qui cherche ses repères. Comme les entorses graves et fractures, cela nécessite une prise en charge et un suivi médical sur une durée définie par votre médecin.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation du grand trochanter
Le grand trochanter est la saillie osseuse du fémur, l’os de la jambe. Il est le lieu d’attache de nombreux muscles du bassin, dont le piriforme. Pour palper le grand trochanter, positionnez-vous face à un miroir et mettez les doigts au milieu du pli sous fessier. Vous pouvez y sentir une partie osseuse appelée « tubérosité ischiatique ». Une fois perçue, déplacez les doigts latéralement vers la cuisse pour rechercher un relief osseux assez facilement palpable (il peut se trouver parfois quelques centimètres plus haut). Vérifiez votre bon positionnement en élevant la jambe puis en la reposant au sol. Vous devez sentir l’os se déplacer sous vos doigts. Vous êtes sur le grand trochanter.
Un ostéopathe pourra intervenir pendant et après la rééducation au sein d’un traitement pluridisciplinaire avec le médecin et le kinésithérapeute. Il intervient afin de libérer les structures anatomiques en cause des douleurs et les structures anatomiques qui compensent.
Le syndrome de l’essuie-glace appartient à la famille des tendinopathies du membre inférieur. Beaucoup d’entre vous, passionnés de course à pied, ont pu un jour ressentir ces douleurs typiques au niveau de l’extérieur du genou. Lors de la marche ou bien de la course, le tendon du muscle tenseur du fascia lata (ou TFL) vient se déplacer d’avant en arrière en fonction des sollicitations biomécaniques sur une saillie osseuse du fémur. Cette mobilisation répétée vient compromettre l’intégrité du TFL et déclenche une inflammation locale qui peut s’étendre progressivement.
Ce syndrome est fréquent dans les cabinets d’ostéopathie
puisque les amateurs de course à pied sont fortement demandeurs de soins ostéopathiques.
Ce syndrome montre bien que le conflit mécanique d’un tendon musculaire peut entraîner une inflammation douloureuse. Il est possible donc d’obtenir une multitude de pathologies du tendon au niveau du membre inférieur en raison de la sollicitation quotidienne, plus ou moins soutenue, de la marche. Que ce soit entre une bourse (petite pochette contenant du lubrifiant permettant de limiter les frictions de structures anatomiques voisines) et un tendon, un os et un tendon, un cartilage et un tendon, chaque fois qu’un mouvement sollicite une zone conflictuelle, il y a la possibilité de développer une tendinopathie.
Un autre exemple est celui de l’aponévrose plantaire, située au niveau de la plante du pied, qui, dans des poses de pied répétées, peut venir s’enflammer et déclencher un type de tendinopathie : l’aponévrosite.
Marcher avec des chaussures à talons est un art… qui a un
prix !
Les troubles qui en découlent sont multiples. Douleurs cervicales, tensions dans trapèzes ou entre les omoplates, lombalgies, arthrose de genou, entorses de chevilles, oignons, cors et durillons aux pieds, aponévrosites plantaires et parfois même des maux de tête en sont les principaux maux.
Pourquoi ? Le port de talons modifie l’appuie plantaire et l’équilibre du corps. En temps normal, votre poids est réparti sur toute la surface du pied, mais lorsque vous portez des talons, l’essentiel du poids du corps repose exclusivement sur l’avant du pied. Pour résister à cette nouvelle répartition du poids, le corps va adapter sa posture en inclinant légèrement le bassin et la colonne vertébrale vers l’avant.
Cette inclinaison conduira à une hyperlordose lombaire (exagération de la courbure située au niveau des cinq vertèbres lombaires), tant appréciée esthétiquement, responsable de la souffrance de cette région : la lombalgie. En effet, les facettes articulaires des vertèbres lombaires subiront un phénomène d’hyperpression souvent douloureux et pourront conduire à d’autres troubles comme des spasmes musculaires (des muscles ilio-psoas et carrés des lombes, situés dans la région lombaire et des muscles situés au niveau des fesses comme le piriforme ou les fessiers) ou des douleurs d’origine nerveuse comme des sciatiques.
Il va sans dire que plus les talons seront hauts, plus le poids sera concentré sur l’avant du pied et votre corps pourra plus facilement déclarer ces différents problèmes.
N’oubliez pas vos jolies chaussures à talon pour autant ! Pendant vos soirées, pour éviter de rester debout trop longtemps et/ou de marcher sur de longues distances, prenez avec vous de petites chaussures plates et changez-les discrètement une fois arrivée sur place.
Glace et repos sont évidemment de rigueur dans la prise en
charge médicale et paramédicale des tendinopathies. D’autres
méthodes médicales et paramédicales pourront être sollicitées
en fonction de la gravité de la tendinopathie et de la capacité
naturelle du corps à cicatriser.
Les conflits mécaniques s’accompagnent régulièrement de pertes de mobilité fonctionnelle des articulations ainsi que d’une perte d’élasticité musculaire. L’ostéopathe va venir les entreprendre, les évaluer et les corriger, pour contribuer à vous soulager de vos douleurs après une période de repos.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation de la cheville
La cheville est constituée des deux malléoles, saillies osseuses situées de part et d’autre de la cheville (extrémité des os de la jambe, du tibia – malléole interne, et du péroné – malléole externe) et d’un troisième os appelé astragale. Descendez le long de la jambe en suivant du doigt les « coutures de pantalons » interne puis externe, jusqu’à ces saillies osseuses. Une fois les malléoles repérées, faites des mouvements de flexion/extension de la cheville afin de sentir se contracter sous vos doigts les tendons des muscles de la jambe passant en avant et surtout en arrière des malléoles.
Les articulations du membre inférieur sont soumises à la gravité et à la charge pondérale de tout un chacun. Les forces s’exerçant sur elles sont intenses et soutenues pendant une grande partie de la journée. La qualité des articulations est étroitement liée à votre âge et votre histoire de santé.
La plus courante des affections articulaires survenant avec le temps est l’arthrose. Elle touche le plus souvent les articulations en charge, comme la colonne vertébrale, les hanches, les genoux et les chevilles. Elle peut se développer aussi au niveau des extrémités des membres dans les doigts et orteils. L’arthrose est très fréquente après 65 ans.
Mesures à prendre en cas d’arthrose
La perte de poids peut être bénéfique,
notamment pour les articulations en
charge.
La pratique d’une activité physique
régulière (voir chapitre 5), en dehors
des poussées inflammatoires.
Adapter son environnement avec des
moyens ergonomiques au quotidien
et se servir au maximum du poids du
corps pour soulever des objets lourds.
Demander conseil à votre podologue
pour la mise en place de semelles
orthopédiques.
Certaines structures présentes dans les membres inférieurs
permettent de diminuer, grâce à une force de résistance
élastique, l’impact de la charge pondérale sur les articulations. Par ailleurs, la sollicitation biomécanique intense de la
musculature des membres inférieurs en lutte contre la charge
pondérale peut s’enflammer et créer tout autant des tendinopathies associées à des conflits articulaires. C’est le cas du
syndrome fémoro-patellaire où la patella (rotule) guide l’appareil extenseur du genou en centralisant les forces des quatre
chefs du quadriceps vers le tendon commun. Si l’articulation
entre le fémur et la patella est perturbée, alors elle peut causer
une tendinopathie du muscle quadriceps. Les forces s’exerçant sur la patella peuvent énormément varier d’une activité
physique à une autre. Le simple fait de monter les escaliers
multiplie par trois le poids du corps. L’articulation entre le
fémur et la patella (rotule) est, comme toutes les articulations, stabilisée par des ligaments et des muscles. Parmi eux,
au niveau de l’articulation fémoro-patellaire, on peut isoler
le muscle quadriceps. Si ce dernier est perturbé dans son
fonctionnement, il peut conduire à un épisode inflammatoire
de la région et donc une douleur.
Chaque complexe articulaire possède des stabilisateurs statiques (capsule articulaire, ligaments, aponévroses) et des stabilisateurs dynamiques (muscles, tendons.). Si un composant du complexe est altéré par une histoire de santé le compromettant, alors l’ensemble du complexe cherchera à compenser pouvant donner lieu ainsi à des manifestations articulaires et musculaires.
À long terme, ces souffrances non traitées peuvent contribuer à l’apparition de douleurs articulaires avancées. L’ostéopathe possède les connaissances anatomiques du système musculo-articulaire pour appréhender ces différents complexes articulaires. Il évalue les troubles fonctionnels et, en dehors de poussées inflammatoires douloureuses, les corrige pour soulager et prévenir l’apparition de troubles musculo-articulaires.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation du tubercule du naviculaire
À partir de la malléole interne, dirigez-vous en oblique vers la voûte plantaire jusqu’à un nouveau petit relief osseux – appelé tubercule naviculaire – qui sert de point d’insertion de tendons et ligaments importants au maintien de la voûte plantaire.
Figure 10-5 : Autopalpation du tubercule du naviculaire.
Au même titre que les douleurs nerveuses et vasculaires du membre supérieur, des douleurs similaires peuvent être ressenties dans vos membres inférieurs.
Pour ce qui est du modèle d’apparition des douleurs nerveuses, l’exemple le plus concret est celui de la sciatique, qui se présente comme un filet nerveux douloureux allant de la fesse au pied. Sur le plan vasculaire, vous avez pu ressentir des engourdissements dans votre jambe après une position assise maintenue comme au cinéma. Dès que vous croisez et décroisez vos jambes, vous ressentez parfois des sensations de fourmillement dans votre jambe.
L’ostéopathe localise les zones exerçant des contraintes sur vos vaisseaux et nerfs et tente de les corriger afin de limiter les sensations désagréables vasculaires ou nerveuses éprouvées au niveau de vos membres inférieurs.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation de la trochlée fibulaire
À partir de la malléole externe, dirigez-vous vers le bas pour trouver la trochlée fibulaire et amenez le pied vers l’extérieur pour ressentir la contraction de deux muscles qui participent à la stabilisation de la cheville en externe : le court fibulaire et le long fibulaire.
Figure 10-6 : Autopalpation de la trochlée fibulaire.
Le maintien prolongé de postures de travail peut parfois être nocif pour le corps.
Ces postures peuvent générer des contraintes physiques locales (assis devant un ordinateur, lors du maintien prolongé d’une posture accroupie ou le dos penché en avant, par exemple…) et globales (comme dans le cas d’une station statique prolongée). Ces contraintes ont alors des répercussions sur tous les tissus du corps et sont bien souvent la cause de consultation chez l’ostéopathe.
Elles débutent généralement par de l’inconfort, de la fatigue et conduisent à l’apparition de troubles musculo-squelettiques (TMS), perturbant ainsi l’équilibre du corps et conduisant plus tardivement à des douleurs.
Les TMS sont un ensemble de troubles touchant les tissus présents autour des articulations. Ils sont liés à des contraintes mécaniques qui se combinent (comme la force, la répétitivité, les trop fortes amplitudes de mouvements, le maintien en position statique prolongé) et sont aggravés par d’autres facteurs comme les températures extrêmes (chaud et froid), les vibrations… ou même par le stress. Ils peuvent toucher aussi bien l’épaule (où l’on retrouve des tendinopathies de la coiffe des rotateurs et des capsulites rétractiles…), le coude et le poignet (avec des atteintes de type tennis elbow, syndrome du canal carpien…), les genoux (avec des tendinopathies de la patte d’oie, des syndromes fémoro-patellaires…), le pied (pouvant donner des aponévrosites et des tendinopathies achilléennes…) que le rachis (dont les cervicalgies et le lumbago sont les dignes représentants).
Un ostéopathe pourra, pour mieux évaluer l’origine de vos douleurs, rechercher certains de ces facteurs et identifier les contraintes pour adapter son traitement.
Pour éviter ces douleurs, rien de tel que la prévention ! En
adaptant au mieux votre position de travail, en fonction de
la durée, de la répétitivité des postures et du type de travail
réalisé, vous échapperez à bien des désagréments ! Une visite
une à deux fois par an chez un ostéopathe, dans une optique
préventive, aura aussi pour but de traiter et de corriger les
troubles et dysfonctions installées dans votre corps, évitant
ainsi l’apparition de la douleur.
À présent, voyons ensemble comment améliorer votre posture.
Vous cherchez le secret d’une bonne posture ? Désolés de
vous décevoir, mais il n’y en a pas… car la posture parfaite
n’existe pas ! Elle est dépendante de chacun et surtout du
type d’activité réalisée. Selon que vous travailliez à une caisse
de grande surface, que vous soyez déménageur, ingénieur ou
même photographe, chacun aura ses astuces pour éviter de
trop forcer en maintenant sa posture. Une enquête montre
que 27,2 % des travailleurs français travaillent debout plus de
20 heures par semaine. Et ce chiffre grimpe jusqu’à 49 % chez
les ouvriers.
Pour identifier les facteurs prédictifs de situations à risque, l’ostéopathe analyse votre activité professionnelle. Pour faciliter sa compréhension de vos symptômes et son évaluation clinique, il se pose quelques questions :
Est-ce que vous sollicitez vos bras dans votre quotidien ?
Si oui, est-ce sur un plan de travail ou en dehors d’un plan
de travail ?
Votre travail exige-t-il l’utilisation d’une force particulière
pour déplacer des objets lourds ? Exige-t-il une répétition
importante d’un mouvement en particulier ? À quelle
fréquence ?
Est-ce que vos jambes jouissent d’un espace de confort
suffisant ?
Le travail s’effectue assis, semi-assis, debout ?
Quelles sont les conditions ergonomiques du travail,
siège, hauteur où s’effectue le travail ?
Quelles sont les conditions de santé du patient ?
Quelles sont les conditions environnementales du
travail ? Quels en sont les risques biologiques ? Quels en
sont les risques psychosociaux ?
Finalement, quels sont les troubles musculo-squelettiques
ressentis et quelle est la solution ostéopathique adaptée ?
De cette façon, il est possible de se faire une idée de vos conditions de travail, de comprendre les mécanismes en cause de vos douleurs et de trouver une solution adaptée et préventive pour limiter vos TMS.
La prise en charge des troubles musculo-squelettiques par l’analyse des sollicitations biomécaniques.
La sédentarité est un problème de santé publique, qu’elle soit marquée par l’absence notoire d’activité physique hebdomadaire, ou le résultat d’une position statique en milieu professionnel (transport routier, travail sur ordinateur, etc.).
Avant de détailler chacune des positions statiques de travail,
il doit être admis qu’en plus d’être à l’origine de TMS, les
postures statiques participent également à l’apparition de
troubles circulatoires.
C’est particulièrement le cas dans la posture debout
prolongée, qui développe rapidement des sensations de
jambes lourdes associées à des maux de dos. Par ailleurs,
elle permet un champ d’action biomécanique plus large et
donne la possibilité de se servir du poids du corps dans
les ports de charge lourde.
La posture assise est la posture typique de bureautique.
Elle permet de réaliser un ensemble de tâches manuelles
sollicitant tout le membre supérieur : de l’épaule aux
doigts. Cette coordination est nécessaire pour effectuer
des gestes précis comme taper sur un clavier ou utiliser
la souris. Les champs d’action des membres supérieurs
sont relativement restreints, ce qui limite les forces
exercées au quotidien. Le dos se fatigue moins vite,
mais il se fatigue tout de même. Par ailleurs, l’utilisation
intense des doigts et des mains contribue à développer
des TMS gênants à ce niveau.
Gérer au mieux sa posture devant un ordinateur
La tête doit être maintenue droite au-dessus des épaules.
Le regard doit se porter légèrement vers le bas sans incliner le cou
(30 degrés).
Le dos doit être soutenu par le dossier
du fauteuil, de manière à favoriser la
courbure naturelle du bas du dos.
Les poignets doivent être en position
neutre (droits).
Les coudes doivent être fléchis à un
angle de 90 degrés ; les avant-bras
sont en position horizontale. Les
épaules doivent être détendues, mais
non affaissées.
Les cuisses sont en position horizontale à un angle de 90 à 110 degrés par
rapport aux hanches.
Les pieds sont complètement appuyés
et posés à plat sur le sol. Si ce n’est
pas possible, ils doivent être posés
sur un repose-pieds.
La posture assise en hauteur, elle, compromet davantage
les libertés des membres supérieurs, région dans laquelle
elle peut créer des conflits musculo-squelettiques.
Le confort est comparable à celui de la posture assise.
La posture semi-debout, elle permet de limiter les
enraidissements du dos propre aux changements de
position après une posture assise ou une posture debout.
Elle compromet, dans une moindre mesure que la posture
assise en hauteur, le champ d’action des membres
supérieurs. Le centre de gravité vient se placer en regard
du bassin et met en jeu la musculature postérieure des
cuisses dans laquelle pourra être retrouvée, au même
titre que la posture debout, des troubles circulatoires et en
particulier veineux.
Les postures statiques ne sont pas physiologiques.
C’est-à-dire qu’elles ne sont pas ce pour quoi le corps est
fait. Pour limiter les contraintes musculo-squelettiques
des postures statiques, il suffit d’adopter des postures
dynamiques. L’utilisation des cuisses, la hauteur du
siège, le temps de repos, les temps de posture statique,
les exercices à faire au travail sont tous des éléments
qu’il est possible de faire varier pour garder une liberté
biomécanique, du dos comme des membres supérieurs.
La suractivité est liée à des sollicitations biomécaniques trop rapides compte tenu de la physiologie du corps. Elles peuvent conduire à des TMS particulièrement musculaires par une sursollicitation musculaire. Les temps de repos sont essentiels pour prévenir de ce genre d’atteintes. Pour mettre au clair la cause de l’apparition douloureuse, l’ostéopathe décortique le mouvement répété avec excès.
La mauvaise activité constitue une biomécanique qui ne répond pas à une physiologie effectuée par le corps humain. Il s’agit de sollicitations biomécaniques qui sont perturbées dans leur parcours ou dans leur objectif. Par exemple, un membre supérieur qui ne parvient pas correctement à saisir une souris car la hauteur du bureau est trop importante. Si la réalisation du mouvement au cours d’une posture d’inconfort est perturbée alors, lorsque le mouvement est répété, les TMS apparaissent.
L’ajustement des conditions de travail doit être un travail
supplémentaire de tous les jours. Le moyen d’assise, le
matériel de bureautique, l’utilisation de matériel de protection
et la mise en place de mesures de protection contre des conditions environnementales doivent faire partie d’un tout. Le tout
est de préserver votre santé.
L’enjeu ostéopathique est double :
Analyser vos sollicitations biomécaniques dans
un environnement de travail, de comprendre les
mécanismes en cause dans vos TMS et relâcher les zones
de contraintes anatomiques contribuant à leur apparition
et leur maintien ;
Vous fournir une vision d’ensemble de vos conditions de
travail et vous donner des solutions pour prévenir vos
TMS.
L’ostéopathe cherche à réunir des éléments qui concourent à l’apparition de vos douleurs pour optimiser sa solution de traitement. En revanche, il ne peut pas intervenir au sein de votre environnement de travail ni en changer les conditions. Il est donc à votre charge d’aménager votre lieu de travail suivant les conseils de vos professionnels de santé.
L’environnement a une place essentielle au sein des conditions
de travail. Parmi les risques environnementaux, on considère :
Les risques biologiques et chimiques (allergies, gaz et
matériaux toxiques…) ;
Les risques physiques (bruits, vibrations, ondes…) ;
Les pratiques addictives (l’ostéopathie peut améliorer
les conséquences somatiques d’un stress professionnel,
mais certaines pratiques addictives sont du domaine
de l’addictologie) ;
Les risques psychosociaux (au même titre que les
pratiques addictives, l’ostéopathie peut agir sur les
conséquences d’un stress. En revanche, les causes
nécessitent une prise en charge médicale).
Ces différents risques environnementaux sont considérés par votre ostéopathe. Malgré tout, l’ostéopathe possède des compétences limitées pour les prendre en charge de façon appropriée. Il est préférable de consulter votre médecin personnel ou celui du travail.
Il existe cependant quelques règles générales communes qui permettent de prévenir les TMS :
Il est important d’avoir assez d’espace pour vous
déplacer et changer de position. Privilégiez les tables
de travail et les sièges réglables, adaptez-les à la tâche
à effectuer et à votre taille. Bien régler votre espace de
travail vous permettra d’exécuter vos tâches dans des
positions moins contraignantes et pénibles pour le corps.
Les appui-pieds fixes ou amovibles peuvent vous
permettre de transférer le poids du corps d’une jambe à
une autre.
Un soutien du coude pour le travail de précision aide à
réduire la tension dans les bras et le cou et la partie haute
du dos. N’hésitez pas à utiliser des chaises ayant des
appuis-bras et réglez-les à hauteur du coude.
L’organisation spatiale du plan de travail doit permettre
d’éviter tout mouvement de torsion, de flexion ou
d’extension du tronc et des avant-bras.
Adaptez votre poste de travail. Si vous en avez, mettez
les manettes de commande, outils et autres éléments
nécessaires à la tâche directement à votre portée.
Organisez des rotations de postes pour ne pas vous
ankyloser dans une posture prolongée.
Réduisez la durée des postures statiques, et si c’est
impossible, variez les postures à votre poste de travail :
alternez entre la position debout, assise et assise-debout
(cette dernière est la plus adaptée à un travail physique
et nécessite une chaise adaptée).
Faites de courtes pauses pour marcher un peu et profitez-en pour faire des petits étirements.
Beaucoup d’entre vous ont déjà entendu leur praticien dire : « Même si vous n’avez pas mal, il est tout de même intéressant de faire un bilan ! »
En effet, l’usure du corps est silencieuse et peut ne pas être démonstrative. Pour cette simple raison, il est intéressant de passer sous le « scan » de la main d’un ostéopathe.
L’ostéopathe va enquêter et déceler des signes avant-coureurs d’une atteinte ou d’un trouble fonctionnel. Son attitude va être sensiblement la même que celle qu’il adopterait si vous aviez une douleur : prendre le corps dans son ensemble, déceler des pertes de mobilités ou des trop-pleins de mobilité, déceler des muscles qui, ici et là, sont spasmés, tendus, contracturés, ou qui ne remplissent pas leur fonction comme ils le devraient. Tout simplement, comprendre les dysfonctionnements du corps dans sa globalité ! Les outils utilisés restent les mêmes, aussi bien l’anamnèse, l’évaluation clinique que le traitement (voir la quatrième partie sur le déroulement d’une consultation).
D’après René Leriche, physiologiste et chirurgien vasculaire du début du XXe siècle : « La santé est la vie dans le silence des organes. » Le silence n’est pas uniquement une douleur qui se tairait, c’est aussi le silence d’une physiologie qui se produirait correctement et confortablement. De ce fait, examiner une douleur est une chose, mais examiner un organisme pour comprendre sa physiologie en est une autre. C’est ainsi que l’ostéopathe va mettre à profit toutes ses compétences pour comprendre votre corps et lui redonner, au mieux, ses propres capacités afin qu’il s’adapte quotidiennement aux contraintes exercées par l’environnement.
Le bilan est une consultation ostéopathique à visée préventive.
En moyenne, il est conseillé de faire un ou deux bilans par an.