Louis XIV n’eut qu’une femme, Marie-Thérèse d’Autriche, née comme lui en 1638 ; fille unique de Philippe IV, roi d’Espagne, de son premier mariage avec Élisabeth de France ; et sœur de Charles II et de Marguerite-Thérèse, que Philippe IV eut de son second mariage avec Marie-Anne d’Autriche. Ce second mariage de Philippe IV est très remarquable. Marie-Anne d’Autriche était sa nièce, et elle avait été fiancée en 1648 à Philippe-Balthazar, infant d’Espagne ; de sorte que Philippe IV épousa à la fois sa nièce et la fiancée de son fils.
Les noces de Louis XIV furent célébrées le 9 juin 1660. Marie-Thérèse mourut en 1683. Les historiens se sont fatigués à dire quelque chose d’elle. On a prétendu qu’une religieuse lui ayant demandé si elle n’avait pas cherché à plaire aux jeunes gens de la cour du roi son père, elle répondit : « Non, il n’y avait point de rois. » On ne nomme point cette religieuse ; elle aurait été plus qu’indiscrète : les infantes ne pouvaient parler à aucun jeune homme de la cour ; et lorsque Charles Ier, roi d’Angleterre, étant prince de Galles alla à Madrid pour épouser la fille de Philippe III, il ne put même lui parler. Ce discours de Marie-Thérèse semble d’ailleurs supposer que, s’il y avait eu des rois à la cour de son père, elle aurait cherché à s’en faire aimer. Une telle réponse eût été convenable à la sœur d’Alexandre, mais non pas à la modeste simplicité de Marie-Thérèse. La plupart des historiens se plaisent à faire dire aux princes ce qu’ils n’ont ni dit ni dû dire.
Le seul enfant de ce mariage de Louis XIV qui vécut fut Louis, dauphin, nommé Monseigneur, né le 1er novembre 1661, mort le 14 avril 1711. Rien n’était plus commun, longtemps avant la mort de ce prince, que ce proverbe qui courait sur lui : Fils de roi, père de roi, jamais roi. L’événement semble favoriser la crédulité de ceux qui ont foi aux prédictions ; mais ce mot n’était qu’une répétition de ce qu’on avait dit du père de Philippe de Valois, et était fondé d’ailleurs sur la santé de Louis XIV, plus robuste que celle de son fils.
La vérité oblige de dire qu’il ne faut avoir aucun égard aux livres scandaleux sur la vie privée de ce prince. Les Mémoires de madame de Maintenon, compilés par La Beaumelle, sont remplis de ces ridicules anecdotes. Une des plus extravagantes est que Monseigneur fut amoureux de sa sœur, et qu’il épousa Mlle Chouin. Ces sottises doivent être réfutées, puisqu’elles ont été imprimées.
Il épousa Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière, le 8 mars 1680, morte le 20 avril 1690 ; il en eut :
1° LOUIS, duc de Bourgogne, né le 6 août 1682, mort le 18 février 1712, d’une rougeole épidémique ; lequel eut de Marie-Adélaïde de Savoie, fille du premier roi de Sardaigne, morte le 12 février 1712 :
LOUIS, duc de Bretagne, né en 1705, mort en 1712 ;
Et LOUIS XV, né le 15 février 1710.
La mort prématurée du duc de Bourgogne causa des regrets à la France et à l’Europe. Il était très instruit, juste, pacifique, ennemi de la vaine gloire, digne élève du duc de Beauvilliers et du célèbre Fénelon. Nous avons, à la honte de l’esprit humain, cent volumes contre Louis XIV, son fils Monseigneur, le duc d’Orléans son neveu, et pas un qui fasse connaître les vertus de ce prince, qui aurait mérité d’être célèbre s’il n’eût été que particulier ;
2° PHILIPPE, duc d’Anjou, roi d’Espagne, né le 19 décembre 1683, mort le 9 juillet 1746 ;
3° CHARLES, duc de Berry, né le 31 août 1686, mort le 4 mai 1714.
Louis XIV eut encore deux fils et trois filles, morts jeunes.
Louis XIV eut de Madame la duchesse de La Vallière, laquelle, s’étant rendue religieuse carmélite le 2 juin 1674, fit profession le 4 juin 1675, et mourut le 6 juin 1710, âgée de soixante-cinq ans :
LOUIS DE BOURBON, né le 27 décembre 1663, mort le 15 juillet 1666 ;
LOUIS DE BOURBON, comte de Vermandois, né le 2 octobre 1667, mort en 1683 ;
MARIE-ANNE, dite Mademoiselle de Blois, née en 1666, mariée à Louis-Armand, prince de Conti, morte en 1739.
De Françoise-Athénaïs de Rochechouart-Mortemar, femme de Louis de Gondrin, marquis de Montespan (comme ils naquirent tous pendant la vie du marquis de Montespan, le nom de la mère ne se trouve point dans les actes relatifs à leur naissance et à leur légitimation) :
LOUIS-AUGUSTE-DE-BOURBON, duc du Maine, né le 31 mars 1670, mort en 1736 ;
LOUIS-CÉSAR, comte de Vexin, abbé de Saint-Denis et de Saint-Germains des Prés, né en 1672, mort en 1683 ;
LOUIS-ALEXANDRE DE BOURBON, comte de Toulouse, né le 6 juin 1678, mort en 1737 ;
LOUISE-FRANÇOISE DE BOURBON, dite Mademoiselle de Nantes, née en 1673, mariée à Louis III, duc de Bourbon-Condé, morte en 1743 ;
LOUISE-MARIE DE BOURBON, dite Mademoiselle de Tours, morte en 1681 ;
FRANÇOISE-MARIE DE BOURBON, dite Mademoiselle de Blois, née en 1677, mariée à Philippe II, duc d’Orléans, régent de France, morte en 1749.
Deux autres fils morts jeunes, dont l’un de Mlle de Fontange.
LOUIS, dauphin, a laissé une fille naturelle. Après la mort de son père, on voulut la faire religieuse ; Madame la duchesse de Bourgogne, apprenant que cette vocation était forcée, s’y opposa, lui donna une dot, et la maria.
JEAN-BAPTISTE-GASTON, duc d’Orléans, second fils de Henri IV et de Marie de Médicis, né à Fontainebleau en 1608, presque toujours infortuné, haï de son frère, persécuté par le cardinal de Richelieu, entrant dans toutes les intrigues, et abandonnant souvent ses amis. Il fut la cause de la mort du duc de Montmorency, de Cinq-Mars, du vertueux de Thou. Jaloux de son rang et de l’étiquette, il fit un jour changer de place toutes les personnes de la cour à une fête qu’il donnait, et prenant le duc de Montbazon par la main pour le faire descendre d’un gradin, le duc de Montbazon lui dit : « Je suis le premier de vos amis que vous ayez aidé à descendre de l’échafaud. » Il joua un rôle considérable, mais triste, pendant la régence, et mourut relégué à Blois, en 1660.
ÉLISABETH, fille de Henri IV, née en 1602, épouse de Philippe IV, très malheureuse en Espagne, où elle vécut sans crédit et sans consolation. Morte en 1644.
CHRISTINE, seconde fille de Henri IV, femme de Victor-Amédée, duc de Savoie. Sa vie fut un continuel orage à la cour et dans les affaires. On lui disputa la tutelle de son fils, on attaqua son pouvoir et sa réputation. Morte en 1663.
HENRIETTE-MARIE, épouse de Charles Ier, roi de la Grande-Bretagne, la plus malheureuse princesse de cette maison ; elle avait presque toutes les qualités de son père. Morte en 1669.
Mademoiselle DE MONTPENSIER, nommée la Grande Mademoiselle, fille de Gaston et de Marie de Bourbon-Montpensier, dont nous avons les Mémoires, et dont il est beaucoup parlé dans cette histoire. Morte en 1693.
MARGUERITE-LOUISE, femme de Cosme de Médicis, laquelle abandonna son mari et se retira en France.
FRANÇOISE-MAGDELEINE, femme de Charles-Emmanuel, duc de Savoie.
PHILIPPE, Monsieur, frère unique de Louis XIV, mort le 9 juin 1701. Il épousa Henriette, fille de Charles Ier, roi d’Angleterre, petite-fille de Henri le Grand, princesse chère à la France par son esprit et par ses grâces, morte à la fleur de son âge en 1670. Il eut de cette princesse : Marie-Louise, mariée à Charles II, roi d’Espagne, en 1679, morte à vingt-sept ans, en 1689 ; et Anne-Marie, mariée à Victor-Amédée, duc de Savoie, depuis roi de Sardaigne. C’est à cause de ce mariage que, dans la plupart des Mémoires sur la guerre de la succession, on nomme le duc d’Orléans oncle de Philippe V.
Ce fut lui qui commença la nouvelle maison d’Orléans. Il eut de la fille de l’électeur palatin, morte en 1722 :
PHILIPPE D’ORLÉANS, régent de France, célèbre par le courage, par l’esprit et les plaisirs, né pour la société encore plus que pour les affaires, et l’un des plus aimables hommes qui aient jamais été. Sa sœur a été la dernière duchesse de Lorraine. Mort en 1723.
HENRI, prince de CONDÉ, second du nom, premier prince du sang, jouit d’un crédit solide pendant la régence, et de la réputation d’une probité rare dans ces temps de trouble. Possédant environ deux millions de rente selon la manière de compter d’aujourd’hui, il donna dans sa maison l’exemple d’une économie que le cardinal Mazarin aurait dû imiter dans le gouvernement de l’État, mais qui était trop difficile. Sa plus grande gloire fut d’être le père du grand Condé. Mort en 1646.
LE GRAND CONDÉ, LOUIS II du nom, fils du précédent et de Charlotte-Marguerite de Montmorency, neveu de l’illustre et malheureux duc de Montmorency décapité à Toulouse, réunit en sa personne tout ce qui avait caractérisé pendant tant de siècles ces deux maisons de héros. Né le 8 septembre 1621, mort le 11 décembre 1686.
Il eut de Clémence de Maillé de Brézé, nièce du cardinal de Richelieu :
HENRI-JULES, nommé communément Monsieur le Prince, mort en 1709.
Henri-Jules eut d’Anne de Bavière, palatine du Rhin :
LOUIS DE BOURBON, nommé Monsieur le Duc, père de celui qui fut le premier ministre sous Louis XV. Mort en 1710.
Le premier prince de CONTI, ARMAND, était frère du grand Condé ; il joua un rôle dans la Fronde. Mort en 1666.
Il laissa d’Anne Martinozzi, nièce du cardinal Mazarin :
LOUIS, mort sans enfants de sa femme Marie-Anne, fille de Louis XIV et de la duchesse de La Vallière, en 1685 ;
Et FRANÇOIS-LOUIS, prince de La Roche-sur-Yon, puis de Conti, qui fut élu roi de Pologne en 1697 ; prince dont la mémoire a été longtemps chère à la France, ressemblant au grand Condé par l’esprit et le courage, et toujours animé du désir de plaire, qualité qui manqua quelquefois au grand Condé. Mort en 1709.
Il eut d’Adélaïde de Bourbon, sa cousine :
LOUIS-ARMAND, né en 1695, qui survécut à Louis XIV.
Il n’y eut de cette branche que Louis, comte de Soissons, tué à la bataille de la Marfée, en 1641.
Toutes les autres branches de la maison de Bourbon étaient éteintes.
Les COURTENAIS n’étaient reconnus princes du sang que par la voix publique, et ils n’en avaient point le rang. Ils descendaient de Louis le Gros ; mais leurs ancêtres ayant pris les armoiries de l’héritière de Courtenai, ils n’avaient pas eu la précaution de s’attacher à la maison royale, dans un temps où les grands terriens ne connaissaient de prérogative que celle des grands fiefs et de la pairie. Cette branche avait produit des empereurs de Constantinople, et ne put fournir un prince du sang reconnu. Le cardinal Mazarin voulut, pour mortifier la maison de Condé, faire donner aux Courtenais le rang et les honneurs qu’ils demandaient depuis longtemps ; mais il ne trouva pas en eux un grand appui pour exécuter ce dessein.