29.
Rome, juin 1949

Charlotte passa le premier jour de juin au lit. Indiciblement fatiguée, dit-elle à Otto dans les premières lettres échangées au cours de ce mois. Elle s’était rendue la veille à un rassemblement pour un nouveau parti politique à Salzbourg, le Verband der Unabhängigen (Union des indépendants), le VDU1. « Un rappel du passé2 », écrivit-elle, car le parti comptait parmi ses militants beaucoup d’anciens nazis privés de leurs droits civiques, et il clamait qu’aucun pays au monde ne persécutait les anciens nazis plus cruellement que l’Autriche. Disparu depuis longtemps, le VDU s’est fondu en tant que tel dans le parti de la liberté (FPÖ)3 qui était entré récemment dans le gouvernement autrichien. Charlotte se sentait dévalorisée et épuisée, tout était pour elle source d’énervement – sauf le VDU.

Otto supportait mal la chaleur romaine. « Le soleil cogne et frappe comme une lame d’épée dès neuf heures du matin ; l’après-midi, la chambre est tellement humide que je dois m’allonger. » Il avait besoin de nouveaux vêtements et réclamait à Charlotte des chemises et des vestes. Il souhaitait en particulier qu’elle lui envoie sa veste unicolore en flanelle de Lanz4 – le magasin de Salzbourg qui comptait parmi ses clients Herbert von Karajan et Marlene Dietrich. Il voulait des chemises jaunes, car la couleur se mariait avec tout. Des tissus à carreaux lui iraient aussi, ajouta-t-il, ils ne laissent pas apparaître les taches.

Otto redit à sa femme qu’il ne ménagerait pas ses efforts pour trouver du travail et se procurer les papiers nécessaires pour partir à l’étranger. Le danger continuait à planer au-dessus d’eux. Il rappela à Charlotte qu’elle devait être prudente dans ses lettres : l’une d’entre elles avait été tamponnée par la censure, le moindre écart était risqué.

En juin, il lui écrivit deux fois par semaine pour lui parler de ses activités quotidiennes et de son état émotionnel et physique. Il avait contracté une affection mineure de l’estomac ; il suspendait temporairement le footing matinal car ses chaussures n’étaient pas adaptées. « Exténué », lui écrivit-il le 9 juin : les bavardages nocturnes de ses voisins monastiques l’empêchaient de dormir, les religieuses se plaignaient elles-mêmes du bruit.

Il voyait toujours ses vieilles connaissances. Le 12, il avait retrouvé « Leit », qui représentait désormais les entreprises allemandes et autrichiennes à Rome. Leur rencontre lui avait permis de séjourner dans un hôtel huppé et de prendre de vrais repas ; les deux hommes avaient partagé un bon dîner – des entrées, puis des asperges et du crabe servis avec un excellent Soave –, comme au bon vieux temps. Ils avaient évoqué les perspectives d’avenir, mais sans véritablement conclure. La femme de « Leit » était restée dans le Sud-Tyrol pour vendre du kitsch de luxe, mais son mari était tenté d’émigrer. Il craignait une nouvelle guerre en Europe, une crainte relayée par les journaux italiens.

« Je te désire tant », lui écrivit Charlotte à la mi-juin, dans une lettre où elle avouait aussi une « peur terrible » de ne plus jamais le revoir. « Plus que brisée », elle était désespérée face à cette situation sans issue, mais elle espérait qu’il pourrait rentrer un jour, vivre à ses côtés et lui insuffler une part de son optimisme. Elle songeait en particulier au temps de Lemberg. Y pensait-il parfois, lui demanda-t-elle, était-il lui aussi éperdu de chagrin ?

Dans sa correspondance, un rayon de lumière tempérait parfois sa morosité. Pour la plus grande joie et fierté de sa mère, Horst, maintenant âgé de dix ans, avait assisté, attentif comme un faucon, à son premier concert. Le 22 juin, il devait passer l’examen d’entrée dans une nouvelle école. « S’il te plaît, croise les doigts à huit heures du matin5. »

Otto s’efforça d’occuper son temps, qui s’étirait lentement. Il assista à la canonisation d’une religieuse du xixe siècle, célébrée par le pape Pie XII sur la place Saint-Pierre. En compagnie de « L » ou de « Pezzo Grosso » (le gros poisson) et de sa femme, il savoura le faste, les costumes médiévaux et les couleurs. Il fut attentif à l’avis de « Pezzo Grosso » selon qui la Syrie était une bonne destination s’il parvenait à résoudre les difficultés liées à l’obtention de papiers d’identité.

Il s’investit dans un gros projet de traduction, de l’allemand vers l’italien, assisté par la dame prussienne et un avocat italien qu’elle lui avait présenté. Le travail n’était pas payé, mais il pouvait ouvrir des « possibilités », même si l’espoir était mince et les perspectives incertaines. La tâche était exigeante – il abandonna donc la natation pendant une semaine, manqua la grande parade militaire du 1er juin et les avions qui rugissaient au-dessus de Rome.

Il rédigea également un texte, un manuscrit intitulé Quo vadis Germania ? : une réflexion sur la « catastrophe exceptionnelle » de 1945, sur la violation par les vainqueurs des principes de traitement équitable des Allemands et sur leur manque de « foi en la loi et la justice ». Selon Otto, « la loi cédait toujours au pouvoir » ; les vainqueurs n’avaient ni le « droit moral de juger le peuple allemand », ni le droit de « dénoncer les péchés de la politique raciale allemande », car eux-mêmes « exterminaient brutalement » et « maltraitaient les citoyens de couleur ». Il pensait néanmoins que l’Allemagne se tournerait vers l’Ouest et rejetterait le bolchevisme, et que l’Église, qui n’avait pas « condamné le peuple allemand dans sa totalité », jouerait un rôle important, car elle « offrait son assistance charitable » à tous. « Son soutien aux nationaux-socialistes et aux membres de la SS condamnés l’avait profondément impressionné », écrivait-il. S’il n’exprimait pas le moindre regret pour ce qu’avaient fait les Allemands en Europe occupée ou pour ses propres agissements, il reconnaissait néanmoins que des notions comme « race des maîtres » ou « sous-humains » étaient « absurdes ou moutonnières » et avaient généralement été réprouvées. La plupart des Allemands, la jeune génération en particulier, aspiraient à un avenir dans « une communauté européenne unie, libre et sociale ». C’était la conséquence, conclut Otto, des « millions de camarades morts ».

Ce type d’activité, c’était bien le problème, ne faisait entrer aucun salaire. « Il se pourrait – même si la probabilité est mince et incertaine – que je puisse gagner un peu d’argent en un seul coup6 », écrivit cependant Otto le 18. De son côté, Charlotte se montra plus optimiste ce jour-là, s’abandonnant à rêver de vacances d’été dans le Sud, en Italie. Elle lui demanda de lui écrire plus souvent.

La quête d’un travail salarié l’obligeait à des heures de marche dans la chaleur de Rome. L’une des options était de travailler comme commerçant indépendant, peut-être pour une entreprise allemande. Mais il n’avait ni capital, ni expérience, personne ne pouvait le recommander. Il n’avait pas non plus la possibilité de travailler dans l’hôtellerie : sans réseau, il était « dehors dans le froid7 ». « Je tente de me faire des relations, mais les choses ne se présentent pas bien », ajouta-t-il. Il gardait espoir, mais il ne comptait sur rien.

Soudain, six semaines après son arrivée à Rome, il réussit enfin à décrocher un travail grâce à l’aide de la dame prussienne. « J’ai réussi à lui trouver une place de figurant dans un film8 », précisa-t-elle plus tard à Charlotte. Cela le rendit « incroyablement heureux » ; pour la première fois, brûlé par le soleil, il se sentait « vivant ».

« J’ai gagné mon premier salaire comme figurant, écrivit Otto, 10 000 lires en trois jours9 ! » Il espérait davantage, peut-être même une situation permanente dans l’industrie du cinéma. Le scénario du film La Forza del destino (La Force du destin)10, dont l’acteur principal était le ténor Tito Gobbi, était fondé sur un opéra de Giuseppe Verdi. Comment Gobbi aurait-il pu imaginer que l’un des figurants était recherché pour meurtres de masse, fusillades et exécutions ?

J’ai trouvé une copie du film et l’ai regardé trois fois en essayant de repérer Otto parmi les centaines de figurants. Le réalisateur, Carmine Gallone, tournait des épopées historiques avec des milliers d’acteurs : Scipione l’Africano (Scipion l’Africain) par exemple, financé par Mussolini pour promouvoir les activités coloniales italiennes en Afrique du Nord. Je n’ai pas réussi à repérer Otto.

Otto pensait qu’une garde-robe plus recherchée lui apporterait plus de travail. S’imaginant déjà en « gentleman distingué » dans son prochain rôle, il demanda donc qu’on lui envoie ses smokings à Rome. « Envoie davantage de vêtements », écrivit-il à Charlotte. « Envoyez-moi les bottes militaires que j’ai laissées à Bolzano », demanda-t-il à Nora ; les gens du cinéma cherchent des militaires avec le « bon équipement ». La dame prussienne remarqua qu’il était plus agité que d’habitude en attendant l’arrivée des paquets.

Extrait du film, Femmes sans nom, 1949.

La nouvelle garde-robe fut utile. Il trouva un deuxième emploi de figurant dans Donne senza nome (Femmes sans nom) 11, réalisé par le Hongrois Géza von Radványi – le frère de Radványi, Sándor Márai, exilé en Italie, est devenu célèbre avec son roman Les Braises. Un journaliste romain m’a envoyé ce film muet, car il croyait avoir repéré Otto. Horst pensait que son père avait en effet interprété un policier militaire américain, mais nous n’en étions pas sûrs.

C’est bien lui à droite, sur la photo, raflant les habitants d’un appartement à Rome dans un rôle parlant – « Tutti nelle stanze ! » – « tous dans vos chambres ! »

Il fut payé 20 000 lires, une somme élevée qui lui permit de payer les papiers nécessaires pour la traversée, mais aussi sa première virée au bord de la mer, et, confessa-t-il, un nouveau pantalon de velours et deux paires de chaussettes basses. Il était heureux d’entrer dans le monde du cinéma, une « bande incroyable ».

Les emplois de figurant lui donnèrent d’autres idées. Le journaliste Franz Riedl lui présenta Luis Trenker12, le célèbre réalisateur autrichien qui tournait à Rome. Trenker s’était spécialisé dans des films de montagne. « J’ai tenté de me rapprocher de lui13 », écrivit Otto ; ils s’étaient vus. « Taux de succès ? Zéro. » « C’est un porc », répondit Charlotte, il devait l’oublier.

Otto eut donc une autre idée : écrire le scénario d’un film, une romance avec pour héroïnes quatre femmes. Il s’intitulerait « Bergluft macht frei » (L’air de la montagne rend libre), un titre choisi apparemment sans la moindre ironie. Il écrivit plusieurs scènes pour trois rôles féminins à qui il donna les noms de ses filles, Liesl, Traute et Heide, et un quatrième pour une certaine Lilo, une référence peut-être à Charlotte, ou à Luise Ebner, une ancienne amoureuse de Bolzano qui lui envoyait de temps en temps une boîte de cigares. Le film devait se dérouler dans un hôtel pour skieurs ; le héros – Otto – était un piètre skieur, épris d’une championne arrogante, Lilo. Otto persuadait Toni, un chimiste, de concocter une potion miracle pour augmenter ses capacités et le transformer en « Übermensch ». Et cela marchait ! Otto se muait en excellent skieur et l’emportait sur la dame.

Malgré l’évolution positive des événements, l’humeur de Charlotte se dégrada une fois de plus. La cause ? Une remarque terrifiante dans une des lettres d’Otto : « un ami a été arrêté il y a quelques jours14 » ; tout contact avec cette personne avait été perdu.

La peur provoqua un changement de cap. Leurs lettres parlaient désormais d’Otto à la troisième personne : il était question d’une femme, « Franzi ». « Ce serait terrible pour Franzi si elle perdait sa couverture15 », écrivit Charlotte. Otto la rassura, il ferait ce qu’il pouvait pour que toute la ville ne parle pas de Franzi, mais il était difficile de préserver le secret sur certaines choses. Pour obtenir des papiers par exemple, il fallait que « Franzi » fournisse des informations prouvant que son statut en Italie était légal.

Pour la première fois, Otto s’inquiéta d’un sujet particulier. « D’après mon expérience ici, les A finiront par localiser Franzi (s’ils ne l’ont déjà fait), et la même chose vaut pour les R. C’est inévitable16. » Il parlait des Américains et des Russes qui, on le savait, traquaient les nazis. Les deux camps sont certes des adversaires dans la nouvelle guerre froide, mais ils ont leurs oreilles partout, avertit Charlotte.

Au même moment, « Ladurner » envoya, de Bolzano, des nouvelles inquiétantes. Il informa Otto qu’un ancien camarade de la SS, Wilhelm Höttl, avait été retourné par les Américains17. Chef du service d’espionnage de la SD à Vienne, après l’Anschluss, il avait ensuite secondé Ernst Kaltenbrunner en Italie. Il mettait désormais ses talents au service des Américains, contre les Russes, et travaillait pour le bureau de contre-espionnage de l’armée – le CIC. « Ladurner » était peut-être au courant du témoignage de Höttl18, trois ans plus tôt, contre ses camarades – dont Kaltenbrunner – au procès de Nuremberg : c’est sa déclaration qui fut la principale source attestant la mort de six millions de Juifs, dont quatre millions dans « différents camps de concentration » ; les autres avaient été fusillés par des « escadrons opérationnels » durant la campagne de Russie.

Otto n’avait pas encore été repéré, mais il se méfiait désormais de ses compatriotes à Rome : certains sont en relation avec les alliés, écrivit-il-il à Charlotte à la fin du mois ; on dit même que d’autres ont des contacts avec « l’Est ». À qui faire confiance ? Il lui était pourtant difficile d’éviter les camarades qui possédaient des informations sur la voie d’émigration du Reich vers l’Amérique du Sud s’il voulait préserver ses chances de fuir. Les informations concernant les nouveaux arrivants circulaient, les « parties intéressées » pouvaient « vous repérer ». Otto décida d’être très prudent dans ses échanges avec ses compatriotes, certains pouvaient être dangereux.

L’humeur d’Otto souffrit de cette situation. « È troppo tardi », chantait Luciano Tajoli, crooner et star locale – « il est trop tard ». Il écrivit à Charlotte que son état d’esprit était à marée basse. « Si tu flirtes, tu ne sais jamais où cela te mène19. » « Sois très prudente dans tes lettres », la supplia-t-il. Des rumeurs sur « Franzi » finiraient sûrement par circuler.

Malgré les risques accrus, il continua d’explorer toutes les options. La filière argentine s’était momentanément tarie, mais « Ladurner » restait optimiste et pensait que le retour au calme en Argentine permettrait bientôt la remise en circulation de nouveaux embarcós libres. « Ladurner » lui demanda de lui transmettre une photo ainsi que des dates possibles pour la traversée.

Une lettre inattendue arriva d’un certain Anton Höller, sans doute une connaissance de l’un des contacts qu’Otto avait eus à Bolzano. Il écrivait depuis l’Argentine (« c/o Pablo Gindra, Belgrano 458, Buenos Aires ») pour féliciter le camarade Reinhardt de son passage en Italie et pour le conseiller. Entrer en Argentine était de plus en plus difficile, les passeports de la Croix-Rouge n’étaient plus acceptés. Les choses devraient s’améliorer dans les prochains mois, disait-il, mais la situation économique de l’Argentine était épouvantable, et il était préférable d’explorer d’autres pistes. Höller suggérait l’Union Sud-Africaine qui encourageait l’immigration de sujets « antibritanniques fiables20 ».

À Rome, les rumeurs grouillaient sur ces autres pistes, notamment le Brésil et le Chili : aucune n’était vraiment solide. Une connaissance insista sur le Moyen-Orient, mais la région n’avait pas les faveurs d’Otto : tout ce qu’il en avait entendu, de la part de Rauff notamment, était absolument négatif.

Dans les derniers jours de juin, il écrivit pour rassurer Charlotte – il essayait de rester optimiste. Il lui demanda d’envoyer un chausse-pied, des rosaires et un maillot de bain. Recevoir des lunettes Zeiss serait un véritable bonheur, car elles étaient extrêmement chères à Rome.

« Quelque chose se présentera en juillet21 », promit-il à sa femme. Il continuait de chercher un moyen peu onéreux de se rendre en Amérique du Sud par voie maritime, il ne retournerait pas en Autriche. « Les montagnes ici semblent trop petites et elles sont trop chaudes (en été) » – une allusion à sa crainte de se faire arrêter. Quelque chose marchera, dit-il, la question n’est pas « si », mais « quand ». Ce n’était qu’une affaire de chance et de timing, il fallait s’habituer à la situation. Improviser et se faire de nouvelles relations – ce qui en soi n’était pas si difficile – était le moyen de s’en sortir. Il avait eu plusieurs conversations téléphoniques prometteuses qui expliquaient ses allers et retours entre le monastère et la ville. « Une rencontre avec un dignitaire de l’Église, ou avec un homme qui avait peut-être des entrées dans le cinéma, ou avec un Arabe pour d’autres perspectives d’avenir, etc. » C’était ainsi, jour après jour.

Otto ne manquait pas d’idées pour tenter de gagner de l’argent, et il rencontra des gens qui pouvaient l’aider.

Il y avait d’abord le journalisme. Il fit signe à Lothar Rübelt, le photographe qui l’avait aidé lors de sa première fugue en 1934 à Vienne. « Renouons notre vieille relation22 », lui écrivit-il en lui proposant de monter une affaire ensemble. Il pourrait placer ses photos dans des publications italiennes friandes d’articles sensationnels. « Le mieux serait une série d’images avec du texte » sur la vie privée de grands hommes politiques, comme ceux que Lothar photographiait, la vieille hiérarchie. Sois discret, dit-il au photographe, il ne voulait pas que ses activités artistiques soient connues.

Il rendit visite à la veuve d’un ancien ministre qui avait été fusillé. Elle vivait bien ; elle s’était installée dans les quartiers des domestiques et louait son appartement de dix pièces.

Il rencontra « G » dont il avait été proche autrefois, mais qui semblait distant aujourd’hui. « G » était-il mécontent qu’Otto fasse désormais partie de son cercle d’amis ? Otto attendait peu de choses de lui.

Il dîna régulièrement avec un Arabe d’âge mûr qui aimait les Allemands. « Ne ris pas, écrivit-il ; l’Arabe est le compagnon le plus agréable de tous. »

Il contacta le Dr Ruggero Vasari23, un poète futuriste italien susceptible de lui permettre de travailler dans les « affaires de presse ».

Il écrivit enfin à Charlotte pour lui dire qu’il avait rencontré un « Süddeutscher meiner Couleur », un Allemand du Sud de même couleur, un « vieux camarade gentil » qui pourrait peut-être lui apporter son soutien. Il ne mentionna pas son nom, mais Charlotte comprit sans doute qu’il s’agissait d’un membre de la SD. Cet homme était « en quelque sorte l’ami » d’Otto, marié à une Italienne, aimable, sans doute pas un grand futé. Ils se virent de temps à autre, tous deux à la recherche d’un travail. Otto passa le premier week-end de juillet en compagnie de ce gentil vieux camarade qui en savait plus long qu’Otto sur l’Italie.