« La plante que vous avez chez vous, l’avez-vous jamais regardée ? Avez-vous laissé cet être familier mais mystérieux, que nous appelons une plante, vous enseigner ses secrets ? Avez-vous remarqué sa paix profonde ? Son champ de calme ? Dès que vous prenez conscience de l’émanation calme et paisible d’une plante, celle-ci devient votre maître. »
Eckhart Tolle1
Je porte en moi les forces de la Nature. Elle m’habite intensément, et il est parfois de curieuses concordances. D’ailleurs, mon prénom ne signifie-t-il pas « esprit de la forêt » et mon nom de famille ne désigne-t-il pas le jeune chêne vert ? Bien nommée je suis.
Enfant, je n’aimais être ni vêtue ni chaussée. Gambader nue et les pieds nus dans l’herbe, le sable me plaisait et me rendait heureuse. Je ressentais une indicible légèreté et une appartenance viscérale à la Terre. Élevée à la campagne dans mes premières années, près d’un bois, entourée d’animaux (chat, chien, poules, oiseaux), j’ai grandi heureuse et libre.
Je me nourrissais peu, car je ne ressentais pas la faim. L’air, la nature, les oiseaux me nourrissaient grandement. Mais il a fallu me « civiliser », cela fut une déchirure intense. Redevenue citadine malgré moi, j’ai survécu tant bien que mal. Il m’a fallu du temps pour accepter cette existence urbaine. Malgré tout, j’y ai découvert de petits trésors grâce à mon père qui a su me montrer la beauté dans la ville : un arbre en fleurs, les jardins, les pépiements des oiseaux malgré le brouhaha citadin. Il m’a conté la vie, le silence de la Nature et ses murmures. Mon père était un contemplatif, j’ai puisé dans ses instants de contemplation ma force et ma capacité à m’émerveiller. Très bon marcheur, photographe de génie, découvreur, il m’a initiée aux joies du jardinage (il avait la « main verte »), au respect et à l’écoute de la Nature. Je m’abreuve à sa source chaque jour. Aujourd’hui, je retransmets cet intense supplément d’âme qu’il m’a laissé en quittant cette Terre.
Alors, semons des jardins sur le chemin de nos existences.
1. L’Art du calme intérieur, J’ai lu, 2011.