Ménerbes, 6 mars 1954
Très cher vieux,
Merci pour ton mot et excuse-moi pour le téléphone. J’avais envie en raccrochant de te faire un essai sur la poésie de la couleur, de ma couleur de droguiste, mais le cœur n’y était pas. Je voulais aussi te dire que si tu voulais une plaquette avec une ou trois lithos pour ton ballet, ce n’est pas bien difficile, il te suffira d’accepter mes humbles talents à ce faire.
Pour les poèmes que j’ai, je ferai un grand bouquin et il sera bleu, blanc, rouge, parce qu’il y a deux ans que j’ai ces couleurs dans la tête. Mais tu auras tout le temps de refuser les bois si quelque chose ou l’ensemble te blesse. C’est un travail long, mais je m’applique régulièrement deux heures par jour, ne pouvant plus à cause des yeux, ayant choisi un trait très fin et voulant m’y tenir75.
Nicolas