NOTES

1 Adresse de l’hôtel Lutèce à Paris où Char séjournait dans les années 1950 à 1953.

2 Char a rencontré Staël par l’intermédiaire de Georges Duthuit, historien et critique d’art.

3 Le 22 mai 1946, à 32 ans, Nicolas de Staël se marie avec Françoise Chapouton qui en a 21. À son ami Jean Bauret, Staël se confie : « Me voilà dans la brume, un peu déchiqueté par les voyages, mais bien debout parce qu’amoureux comme je ne l’ai jamais été… Ceci est une confidence une vraie, elle est merveilleuse, ne le dites à personne. La vie coule comme de l’aluminium glacial et brûlant, et le pape ne l’arrêtera pas ».

4 En janvier 1947, Françoise et Nicolas de Staël s’étaient installés rue Gauguet, dans le 14e arrondissement, à quelques centaines de mètres du parc Montsouris. Le peintre décorateur Gaston André avait accepté de couper en deux son atelier et d’en louer une partie à Staël.

5 Exposition de dessins de Nicolas de Staël chez Jacques Dubourg, du 17 avril au 2 mai 1951. Jacques Dubourg, fils d’un marchand de tableaux, ouvre sa galerie entre les deux guerres. Expert, spécialiste de la peinture du XIXe siècle, il découvre Staël dès 1946 et devient son marchand en 1948.

6 La mère de René Char meurt le 27 juin 1951 et Char adresse le faire-part à Nicolas de Staël.

7 L’Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse est la ville natale de René Char. À l’époque de cette correspondance, la ville se dénommait Isle-sur-Sorgue.

8 Dès leur première rencontre Staël et Char ont un projet de livre en commun. Staël se jette avec ardeur sur un travail de gravure sur bois à coups de ciseaux (gouges). L’ouvrage intitulé Poèmes sera accompagné de quatorze bois gravés. Tout au long de l’année Staël s’acharne et suit minutieusement son exécution tout en relatant à Char, souvent impatient, les différentes étapes. Bien que ce ne fût pas son premier ouvrage de graveur, Staël considéra ce travail fait de pureté et de subtilité, comme de première importance.

9 Chez sa belle-sœur, Germaine Chapouton, à Saint-Jean-de-Maurienne.

10 À Jacques Dubourg, Staël écrira : « Char, je l’ai vu trois fois. … Dans l’ensemble cet homme est fait de dynamite dont les explosions seraient hâlées de douceur calme. Tous les pontes lui cavalent au froc sans retenue. Braque seul a de la discrétion. Il fait traîner Matisse qui lui envoie soixante aquarelles qui ne lui plaisent pas, choisit dans une liasse de plus de deux cents dessins de Miré et ainsi de suite… Mais je n’arrive absolument pas à savoir qu’est-ce qu’il va faire. Vingt poèmes ou soixante pages en prose ? Vous voyez tout cela tourne comme cela sans arrêt durant des heures où l’on a déjà fait six fois le tour du monde et admiré tous les talons des jolies filles pieds de biche qui se baguenaudent boulevard du Montparnasse »

11 Char a souffert de crises de rhumatismes durant tout l’été à Paris et part à la montagne pour se soigner.

12 Char essaye de se guérir de ses rhumatismes à 1 300 m d’altitude à Briançon où vit le couple Ded et Ciska Grillet. Tous deux anciens compagnons de Résistance. Ded, après la Libération, est devenu sous-préfet de Briançon et Ciska, encouragée par Char, développe ses talents de peintre. Amie de Char, elle le devint aussi de Staël qu’elle accompagna dans son périple à travers l’Italie et la Sicile.

13 Anne, née le 24 février 1942 est la fille de Jeannine Guillou, peintre, première compagne de Nicolas de Staël, morte le 27 février 1946. Staël, écrivant à sa fille en février 1950, s’adresse à elle ainsi : « Petite Annetonne, je voudrais que ton idéal soit aussi rude que toi tu étais douce le jour de ta naissance. Cela n ’a pas duré longtemps, mais tu as eu quelques heures où tu étais vraiment adorable, absolument adorable, oui quelques heures après qu ’on m’eut apporté le plus fragile des bébés du monde. »

14 Pierre Baudier, imprimeur typographe dont l’atelier se trouvait rue Falguière, derrière la gare Montparnasse.

15 Georges Bataille écrit en octobre 1951 dans la Revue Critique, un compte rendu sur À une sérénité crispée, intitulé « René Char et la force de la poésie ».

16 Bernard Courtin, poète, ami de René Char, dont le recueil Le Livre de la ressemblance fut édité par G.L.M. Staël réalisa pour cet ouvrage une gouache, ainsi que plusieurs lithos qui, néanmoins, ne furent pas publiées.

17 G.L.M. : initiales de Guy Levis Mano, éditeur, typographe et poète, qui fonde sa maison d’édition en 1933 et publie les grands poètes contemporains, souvent illustrés par leurs amis peintres. C’est ainsi qu’il publiera en mai 1936, Dépendance de l’adieu de Char, avec une illustration de Picasso.

18 Jérôme de Staël, né le 13 avril 1948, fils aîné de Françoise de Staël. La même année, Staël obtient la nationalité française.

19 Pierre Bérès, libraire et éditeur de livres d’art.

20 Après guerre, Staël comme Char sont devenus de grands amis du peintre Georges Braque, qui avait une maison à Varengeville, en Normandie.

21 Yvonne Zervos, galeriste, amie intime de René Char. Son mari, Christian Zervos, éditeur et critique d’art a fondé et dirigé la revue Cahiers d’art.

22 Graves inondations dans la région du Midi et en Italie, routes coupées et inondées à l’Isle-sur-Sorgue. René Char se confie dans une lettre à Camus le 21 novembre : « Je suis au milieu des eaux, mais à l’Isle presque encore gouvernables, bien que le parc soit transformé en lac et le sous-sol de la villa en rizière, alors que le Comtat fume des vapeurs de catastrophe. »

23 L’exposition de l’ouvrage Poèmes de René Char eut lieu le 12 décembre 1951 à la galerie Jacques Dubourg, 126, bd Haussmann à Paris. René Char écrivit pour cette occasion un long texte de présentation intitulé Bois de Staël. (À lire page suivante).

24 Guy Dumur, critique d’art, ami de Nicolas de Staël, consacre 2 articles à l’ouvrage. L’un dans Arts en décembre 1951, sous le titre « Le poète René Char et le peintre De Staël se rencontrent au centre des choses » ; le second dans Combat le 4 février 1952.

25 Exposition de Staël à la Matthiessen Gallery de Londres, inaugurée le 21 février 1952. Très déçu par l’accueil fait à son exposition, Staël écrira à sa fille Anne : « Tu sais, Londres, c’est les égouts de Paris en plein ciel, avec la majeure partie des maisons construites en poussière marine, pierres à coquillages, noires près de la terre et blanches là où le vent de la mer les lave suffisamment. Tout y est bizarre pour nous, parce que rien n’a quatre faces, quatre murs, quatre fenêtres, quatre temps : tu vois, il faut que tu saches un peu de géométrie, c’est très important, l’équilibre. »

26 C’est à cette époque, raconte Guy Dumur, que Staël comparait les plis des robes dessinées par Watteau à des cathédrales.

27 Arthur : Bruno Charmasson, chauffeur camionneur, compagnon de Résistance de René Char, surnommé « Arthur le fol » dans les Feuillets d’Hypnos.

28 Dtc. : De tout cœur.

29 Nicolas de Staël offre à René Char une huile sur carton (12 x 22), « Fontenay » (du nom d’un village près de Mantes-la-Jolie).

30 Nicolas avait assisté au Parc des Princes, le 26 mars 1952, au premier match international de football en nocturne à Paris, qui opposait la France à la Suède. Durant plusieurs semaines, il compose une vingtaine de toiles, tellement le choc visuel l’a bouleversé, et termine en apothéose avec une toile de 7 min 2 s (200 x 350), qu’il a tendue lui-même sur le châssis.

31 Il s’agit probablement d’André Ravaute, ami de René Char.

32 Expression inventée par René Char, reprise dans la réponse de Nicolas de Staël.

33 Rivière qui se jette dans la Seine et fait frontière entre la Normandie et l’île-de-France. Dans les années 50, Char séjourna souvent à Saint-Clair-sur-Epte, chez Mme Marion, mère d’Yvonne Zervos. Char écrivit le poème « Le bois de l’Epte » in La Parole en archipel.

34 Texte de René Char, inédit, publié dans la revue de poésie portugaise Arvore à l’été 1952. Char transformera le titre en Lettera amorosa, introduisant des variantes dans le texte, qui paraît le 21 janvier 1953, dans la collection « Espoir » dirigée par Albert Camus.

35 Pierre Guérin de Montgareuil, beau-frère de Françoise de Staël.

36 Nicolas de Staël rencontre Jacques Dupin, poète, ami intime de René Char.

37 Jean Grenier, professeur de philosophie à Alger en 1930, ayant eu Albert Camus pour élève. A exercé une grande influence sur Camus et lui a fait découvrir nombre d’écrivains.

38 En mai 1952, Francis Jeanson, à la demande de Jean-Paul Sartre, directeur de la revue Les Temps modernes, publie un article violent et insultant sur L’Homme révolté de Camus. Une polémique s’engage entre les deux hommes, suivie d’une rupture définitive.

39 Mort de Paul Éluard le 18 novembre à Charenton-le-Pont. Compagnon de Char durant la période surréaliste. Si des raisons politiques font s’éloigner Char d’Éluard, il dira combien son amitié lui fut précieuse lors d’un entretien en mars 1968 : « Vous me faites dire à un moment que “je dois tout à Paul Éluard”. On ne doit jamais tout à un seul homme. Et mes dettes se divisent entre plusieurs. Ce qu’il faut rappeler c’est qu’Éluard fut mon ami le plus cher. »

40 Guy Dumur, qui avait essuyé le refus de Char pour la rédaction d’un texte sur la mort d’Eluard.

41 Jean Vilar souhaitait adapter au TNP Le Soleil des eaux de René Char, édition illustrée par Georges Braque, dont Nicolas de Staël possédait un exemplaire. Char refusa, estimant que le texte n’avait pas assez de dialogues pour le théâtre.

42 Le projet de ballet « L’abominable Homme des neiges » s’inspire du texte -Bois de Staël », écrit par Char lors de l’exposition du 12 décembre 1951, évoquant la découverte d’empreintes « humaines » géantes sur les flancs de l’Himalaya. (cf p. 50-51). Char en confia les décors à Staël, qui réalisa de nombreux dessins et aquarelles préparatoires, puis se mit en quête d’un compositeur.

43 Probablement envoi de l’ouvrage de Char, Lettera amorosa, qui paraît en janvier 1953.

44 Staël conserva une carte du mausolée de Gallas Placidia à Ravenne (Ve siècle).

45 Il peut s’agir de W. Turner qui, pour peindre « Tempête de neige en mer », déclarait : « Je m’étais fait ligoter au mât par les marins afin de pouvoir tout observer et suis resté attaché 4 heures, sans penser en réchapper. Je me suis senti tenu d’en témoigner. »

46 Staël, qui cherche désespérément une musique pour le ballet, assiste à Carnegie Hall à un concert Stravinsky ; en outre, il réalisera de nombreuses études – encres de Chine, gouaches, crayons – pour les décors et personnages. Parallèlement, et à sa demande, Char envoie une copie du ballet à Camus, qui intervient auprès de Stravinsky par lettre, pour lui suggérer une rencontre possible avec l’œuvre de Char.

47 Staël, dès les années 50, se passionnait pour la musique et fréquentait assidûment les salles de concert.

48 Chez Ciska et Ded Grillet.

49 Laurence, fille de Françoise de Staël, est née le 6 avril 1947.

50 Photo de New York la nuit, par Bérénice Abbott.

51 Voir note 1.

52 Huile sur carton (14 x 22), « Face au Havre », 1952, peinte sur le motif, dédicacée : « Peint pour René ».

53 Staël travaille sur le portrait de René Char en lithographie à partir d’un papier collé, accompagnant L’Arrière-histoire du poème pulvérisé (reproduit ici en couverture). Ce livre paraît le 25 avril 1953, édité par Jean Hugues.

54 Toujours à la recherche d’une composition musicale pour L’abominable Homme des neiges, Staël rencontre Souvtchinsky, ami de Pierre Boulez. Char finalement intitulera son ballet L’Abominable des neiges.

55 Exemplaire de L’Arrière-histoire du poème pulvérisé. Staël a détruit le papier collé reproduisant le portrait de René Char.

56 Hugues, libraire-éditeur de livres d’art et de bibliophilie.

57 Il s’agit probablement de la propriété des « Névons », maison natale de René Char, communément appelée dans la ville le « château Char ». Char, après le décès de sa mère, en conflit avec son frère aîné, sera dans l’obligation de mettre les « Névons » en vente judiciaire.

58 En juin, la collection « Poètes d’aujourd’hui », de Pierre Seghers, publie un René Char par Pierre Berger.

59 René Char trouve une maison à louer à Lagnes, « Lou Roucas » où Staël s’installe avec sa famille. « Lou Roucas » est une ancienne magnanerie, entourée d’un verger, située au bas du village.

60 Sauveranne, nom du propriétaire de l’hôtel qui héberge la famille Staël à l’Isle-sur-la-Sorgue.

61 Marcelle Mathieu, amie proche de René Char, exploitante agricole. Propriétaire de la ferme des « Grands Camphoux » et de la bergerie du « Rébanqué » à Lagnes, où elle reçoit, avec sa famille, les amis de Char.

62 Jeanne, fille de Marcelle, mariée à Urbain, pharmacien. Mère de 2 enfants. Staël en tombe amoureux. Elle devient son modèle.

63 Lucien Mathieu, fils de Marcelle Mathieu.

64 En 1936, le Dr Roux, alors jeune médecin sauva René Char d’une septicémie. Médecin du maquis, il devient sous la plume de Char le Dr Grand Sec dans les Feuillets d’Hypnos, feuillet 149. Il achète une maisonnette à L’Isle-sur-Sorgue, sous le canal de Carpentras, dont Char fera l’acquisition en 1960 et qu’il baptisera – les Busclats », transformant le mot « Besclats », qui signifie broussailles en provençal.

65 Ernest Florent, marchand de meubles à L’Isle-sur-la-Sorgue, ami de René Char, se met en quatre et en quête de logements pour les amis de Char tels Camus, Staël, tout en le tenant informé des événements locaux.

66 Le cabanon « le Rébanqué » est sur les hauteurs de Lagnes. Char écrivit la plupart des poèmes du recueil Les Matinaux au Rébanqué.

67 Staël prépare un voyage en Italie et part pour Paris, afin de passer son permis de conduire.

68 Staël, après avoir aménagé sa camionnette et son permis de conduire en poche, part avec sa femme, ses enfants, Ciska Grillet et Jeanne. Ce « voyage d’Italie· leur fait découvrir Gênes, Naples, et enfin Palerme et Syracuse en Sicile.

69 Cretet, relieur.

70 Il s’agit de Françoise de Staël.

71 Staël s’est installé à Ménerbes, village situé à une dizaine de kilomètres de Lagnes. Staël le décrit comme un « lieu solitaire et hautain, au cœur de la plaine de vignes et de figuiers que barre le Lubéron ».

72 Le Castelet, maison fortifiée, construite au XVIIe siècle. Durant l’hiver et le printemps 1954, Staël l’aménage, commande des meubles espagnols, accroche quelques tableaux, et charge le peintre Louttre de couvrir les chambres de couleurs éclatantes et dures.

73 Char et Staël avait le même coiffeur, rue Delambre à Paris.

74 Le 3 avril 1954, naissance de Gustave, 3e enfant de Françoise de Staël. Dans une lettre à Pierre Lecuire, Staël le décrit ainsi : « Ma femme a terminé mon portrait en miniature. C’est un objet très vivant, le teint basané, l’œil qui monte à cheval et les nerfs à fleur de peau. Un nez impossible, une dentelle à l’oreille droite, la tête triste des penseurs dans le vide. »

75 Cet ouvrage ne vit jamais le jour.

76 Urbain, mari de Jeanne, pharmacien.

77 Il s’agit de Jeanne.

78 Char donne à son « Témoignage » le titre définitif de « IL NOUS A DOTÉS ».