Paris, 22 novembre 1952

Cher René,

 

Merci de ta carte. Je n’ai pas vu Gu401, je lui ai écrit un mot vague et il m’a téléphoné, pas content, mais gentil.

Et moi il y a le mot « mort » au sujet des générations d’autres peintres, qui m’agace comme une mouche en plein hiver. Car non seulement personne n’a besoin de sentir ou de savoir un collègue mort pour pouvoir faire quelque chose, mais cela me semble incongru et ridicule d’autant plus que, si cela m’arrive de traiter tel ou tel peintre de nullité, je me demande toujours si je n’en suis pas une au même titre.

Et si l’on pense un peu plus à cela on finit par être tout à fait persuadé de l’efficacité d’autrui sur soi-même pour aiguiser une inquiétude engourdie, ou raffermir la confiance, ou je ne sais quoi.

C’est en tout cas aussi réconfortant que désolant de savoir, à la fin d’une bonne journée, qu’ils sont tous là les gars à barbouiller à leur façon. Ceci dit, c’est sans importance pour le texte en question.

Je te salue, les enfants et Françoise t’embrassent.

 

Bien, bien à toi.

Nicolas