Lagnes, 15 juillet 1953

Cher René,

J’ai réveillé le lion en personne, Arthur. Il possède une belle-sœur splendide, du feu au cœur d’une pomme verte. Le vent s’en occupe. On a pulvérisé le temps à tel point que lorsque nous avons fini de gonfler les pneus de la camionnette, charger les caisses au château, décharger à Lagnes, bâcher et rebâcher sur le tout par pluie torrentielle pour nous retrouver aux « Grands Camphoux », j’avais l’impression précise de n’avoir rien fait alors que cet excellent Arthur filait déjà sur la route du retour vers sa femme.

Il a le don de l’éclair en pleines mains, ce garçon. Impossible de saisir son mouvement. Un roi en vrai.

Ce matin j’ai vu Florent65, on a pris rendez-vous pour voir des maisons jeudi. Mais ce n’est pas très facile, il faut du temps.

Tu me demandes mon emploi du mois prochain et je n’en sais rien du tout. En principe j’ai une camionnette à la fin du mois mais pas de permis avant milieu août à Paris. Tout reste en question jusque-là. Arthur m’a dit que c’était excellent le moteur Citroën.

Je t’embrasse.

Nicolas

P.-S. J’ai reçu trois épreuves supplémentaires aux gravures que je t’ai passées, Il manque ton portrait.