Lagnes, Juillet 1953
Cher René,
Tout le monde ici est bien inquiet. Cela fait huit jours que Lucien63 ne quitte plus le lit. J’ai vu Roux64 hier soir chez eux. Il dit que cela évolue. En attendant on n’arrête pas les suppositoires à la morphine et, après quatre jours de pénicilline, on commence l’auréomycine ce matin. Le pauvre n’en mène pas large. On a passé dix minutes hier soir sans voir sa mère, qui ne vit littéralement plus, rivée au lit de son fils ; en les quittant, on avait envie de bien pleurer Françoise et moi.
Quelle horreur tous ces antibiotiques, on finira par tuer les garçons sur place avec cela. Montaigne se contentait des eaux en Italie.
Écris un mot aux « Camphoux ». Je te donnerai des nouvelles demain soir.
Soigne-toi. Je t’embrasse.
Nicolas