Lagnes, 20 juillet 1953

Très cher René,

Merci de ta lettre.

J’ai une joie intense à voir tes fulgurances ici.

Jeanne est venue vers nous avec des qualités d’harmonie d’une telle vigueur que nous en sommes encore tout éblouis.

Quelle fille, la terre en tremble d’émoi. Quelle cadence unique dans l’ordre souverain.

Là-haut, au cabanon66, chaque mouvement de pierre, chaque brin d’herbe vacillaient au rythme libre, grave, et dont le souffle par instants suspendu une dureté de la matière éternellement dure, s’éternisait cet instant-là à son pas.

Quel lieu, quelle fille. Je ne pourrai pas te dire tout ce que je ressens mais on y est là et chacun t’y attend et t’y attendra toujours. Je suis content que tout ailleurs s’arrange pour toi, les traductions et la suite.

Je t’embrasse. Françoise va bien les enfants aussi.

De tout cœur.

Nicolas