CHAPITRE II
La Rolls bleue se traînait sur l’autoroute et Malko se demandait s’il n’allait pas rater le vol Air France de 17 h 25 pour Paris, ce qui lui ferait rater également sa correspondance pour Islamabad, capitale du Pakistan. Depuis leur départ du château de Liezen, ils avaient eu le temps de vider presque entièrement la bouteille de Taittinger Comtes de Champagne rosé 1991 posée sur la tablette d’acajou avec deux flûtes. Elko Krisantem, au volant, faisait de son mieux, mais il ne pouvait pas voler au-dessus des voitures... Amusée par son énervement, Alexandra jeta un coup d’oeil à sa Breitling Callistino, or, émeraude et diamants – un somptueux cadeau d’anniversaire de Malko – et se pencha à son oreille.
– On a encore le temps. Tu es si pressé d’aller dans ce pays pourri, alors que je reste ici  ?
La pointe de sa langue s’attarda sur son lobe en un érotique petit ballet. Malko eut l’impression qu’on lui versait du plomb fondu dans les veines. Automatiquement, il posa la main sur la jupe bleue, et sentit sous ses doigts le long serpent d’une jarretière. Aussitôt, il se glissa sous le tissu, trouva le nylon soyeux, puis la chair tiède de la cuisse.
– Viens avec moi, protesta-t-il.
Alexandra fit la moue.
– Tu sais bien que c’est impossible.
Ce qu’allait faire Malko au Pakistan requérait une cotte de mailles plutôt qu’une bombe sexuelle. Lorsqu’il vit l’expression trouble des yeux rieurs, Malko se sentit gonfler comme une montgolfière... Alexandra sourit.
– On dirait que tu n’as pas envie de me quitter... C’est dommage, on n’a pas beaucoup de temps.
De nouveau, elle jeta un regard à sa Breitling Callistino.
– Salope  ! souffla Malko.
Tout d’un coup, sa mission disparut dans un avenir très lointain. Tant pis s’il ratait son avion. Une brutale flambée de désir lui tordait le ventre. Il balaya la jupe vers le haut, découvrant les bas gris et les jarretelles blanches. Grâce à la vitre de séparation, ils se trouvaient dans un petit cocon intime. Elko Krisantem était trop stylé pour se retourner.
Alexandra arrêta les doigts de Malko en train de la violer.
– Ne m’excite pas  ! Tu n’auras pas le temps de me calmer. (Elle leva les yeux sur lui.) Tu veux que...
Déjà, délicatement, elle ouvrait son zip. Malko poussa un grognement ravi et eut l’impression que ses cheveux se dressaient sur sa tête. Avec une dextérité charmante, Alexandra venait de dégager son érection pour mettre sa promesse à exécution. Le contact chaud de la bouche habile était toujours aussi merveilleux. Tranquillement, la jeune femme s’installa à plat ventre sur la banquette de cuir, sa bouche rivée à Malko. Ce dernier était au paradis. Hélas, la circulation devint plus fluide et Elko Krisantem accéléra.
Alexandra aussi. Ils parvenaient en vue de Schwechat, l’aéroport de Vienne, lorsque Malko poussa un cri étranglé. Une main crispée sur la croupe merveilleuse qui le faisait fantasmer depuis si longtemps, il se vida dans la bouche de sa fiancée. Il était temps  : ils arrivaient. Alexandra se redressa, une lueur provocante dans ses superbes yeux gris, et soupira avec un sadisme raffiné.
– Quel dommage que tu t’en ailles, j’avais très envie que tu me sodomises.
Malko n’eut pas le temps de répondre. Elko lui ouvrait la portière. Alexandra acheva d’un trait la flûte de Taittinger posée sur la tablette.
– Votre Altesse risque de rater son avion, avertit le Turc.
Sans un mot, Malko entraîna Alexandra par la main, fonçant dans le vaste hall, bousculant même les gens. Laissant Elko Krisantem se charger de sa valise, il se précipita, au lieu de filer vers l’enregistrement, vers le fond de l’aérogare, là où se trouvaient les toilettes. Tirant toujours Alexandra, il entra dans la partie réservée aux hommes, et sous le regard effaré d’un Japonais en train de se soulager, il poussa Alexandra dans une des cabines et l’y suivit.
Il n’y eut aucun mot de prononcé. Alexandra, déchaînée par cette situation inattendue, soudée à Malko des épaules aux genoux, sa langue enroulée autour de ses amygdales, obtint un miracle de la nature. Au moment où un haut-parleur annonçait le départ du vol Air France pour Paris, Malko exhibait un membre triomphant. Alexandra n’eut guère le temps de l’admirer. Déjà, Malko la retournait, face à la cloison, et relevait la jupe bleue, muet d’extase devant la croupe magnifique.
Il posa son sexe directement sur l’ouverture de ses seins. Alexandra se cambra en arrière, les mains à plat sur la cloison. Du coup, Malko pénétra l’étroite porte de quelques millimètres. Le pouls à cent vingt, il saisit les hanches épanouies à deux mains et donna un formidable coup de reins, l’emmanchant d’un seul trait. Alexandra cria  :
– Ah  ! Tu me fais mal.
– C’est ce que tu voulais  ! souffla-t-il.
Depuis longtemps, il ne l’avait sodomisée avec cette brutalité. Fiché en elle jusqu’à la garde, il sentait ses parois les plus secrètes palpiter autour de son membre. Il se retira et la viola à nouveau. Une main à plat sur le mur, la croupe rejetée en arrière, Alexandra agitait négligemment les doigts de son autre main entre ses cuisses. Cela excita encore plus Malko. Il n’entendait plus le haut-parleur appelant son vol, il ne vivait que pour la sensation merveilleuse de ce brûlant fourreau si étroit. Le sang aux tempes, il allait et venait dans cette croupe somptueuse, souhaitant que cela ne s’arrête jamais. Soudain, la voix mourante d’Alexandra expédia une formidable décharge d’adrénaline dans ses artères.
– Je vais jouir  !
Il ignorait si c’était lui ou la caresse qu’elle s’administrait, mais l’effet fut immédiat. La sève monta comme un torrent et il se répandit au fond de la croupe violée avec un cri sauvage qui se confondit avec celui d’Alexandra.
Lorsqu’ils émergèrent de leur réduit, le Japonais se lavait toujours les mains d’un mouvement distrait, et ne se souciait même plus d’avoir probablement raté son avion. Tétanisé à vie. Ils récupérèrent Elko Krisantem en train de parcourir le hall, le billet de Malko à la main.
– Vite, Votre Altesse  ! dit-il d’une voix suppliante, vous êtes le dernier. Ils menacent de débarquer votre valise.
Malko parcourut les couloirs comme un zombie, en ayant encore l’impression d’être enfoncé dans la croupe d’Alexandra. A peine dans le Boeing 737 d’Air France, il se fit servir une coupe de Taittinger Comtes de Champagne, blanc de blancs 1988 qu’il but d’un trait. La récréation était bien finie. Chaque fois qu’il partait en mission, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’un jour, il reviendrait peut-être en soute, dans un cercueil plombé. Et même si la CIA lui décernait la Distinguished Medal of Intelligence réservée à ses héros, cela ne le ressusciterait pas. Alors, les petits plaisirs comme celui qu’il venait de s’offrir, il ne fallait pas les laisser passer.
Au Pakistan, il allait endosser son habit d’ombre et affronter les forces mauvaises qui cherchaient à semer la mort et la désolation.
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Franck Capistrano fixait d’un regard absent la ligne verte des Mugalla Hills, les collines qui limitaient Islamabad au nord. A travers la baie vitrée du bureau de Joe Hickerson, le chef de station de la CIA à Islamabad, elles semblaient toutes proches. L’Américain se leva et se regarda dans un miroir entouré de bois doré et d’enluminures, cadeau d’un homologue local. Il avait une mine de chien  : de grands cernes noirs sous les yeux, la peau grise, des bajoues pendantes, le regard éteint. Certes, il était arrivé de Washington le matin même. Un long voyage. Le shuttle de Delta Airlines, de la capitale fédérale à New York, puis le Concorde d’Air France jusqu’à Paris pour attraper sa correspondance sur PIA et débarquer à 5 h 23 du matin par une chaleur de bête. Mais le jet lag n’était pas responsable de son état physique. Il passa machinalement un doigt entre le col de sa chemise et son cou  : il flottait dans ses vêtements. En moins de deux mois, il avait perdu près de dix kilos. Même ses voisins de Mc Lean, en Virginie, s’en étaient aperçus. On le croyait atteint d’une maladie grave. Alors que simplement, il ne mangeait plus. Lui, célèbre dans tout le staff de la Maison-Blanche pour son appétit pantagruélique, n’avalait plus qu’un hamburger de temps en temps et un verre de lait.
Lève-tôt, il s’imposait de partir à 5 h 45 de sa maison pour être une demi-heure plus tard à son bureau, situé dans le coin nord-ouest de l’aile ouest de la Maison-Blanche. Juste à l’opposé de l’oval room du président. Special Advisor for National Security à la Maison-Blanche, c’était un homme respecté et brillant, qui avait eu l’oreille de trois présidents successifs. Il avait toujours été dans le renseignement. Soit à la Central Intelligence Agency, où il avait créé le département antiterroriste en 1988, soit à la Maison-Blanche, pour gérer les opérations les plus secrètes, celles ordonnées directement par un finding du président des Etats-Unis lui-même.
Très peu de gens connaissaient la véritable cause de son état dépressif. C’est pour se guérir qu’il avait traversé la moitié du monde. Tant qu’il ne se serait pas racheté à ses propres yeux, il savait qu’il ne retrouverait pas l’appétit.
Il alla se rasseoir. Il avait laissé passer l’heure du déjeuner sans même s’en rendre compte. Une fois de plus.
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La clim venait de tomber en panne et une chaleur poisseuse s’était abattue sur le club diplomatique de l’ambassade américaine d’Islamabad, le transformant en sauna. Modeste local mal éclairé où l’on ne servait qu’une nourriture spartiate, il donnait sur un jardin au gazon pelé, et n’avait guère comme avantage que de bénéficier des hauts murs protecteurs du compound de l’ambassade, hérissé de barbelés, de projecteurs et même de quelques miradors. Dans un pays comme le Pakistan, ce n’était pas à négliger. Quelques mois plus tôt, des malfaisants non identifiés avaient fait sauter l’ambassade d’Egypte voisine avec trois cents kilos d’explosifs, ne laissant derrière eux qu’un gigantesque tas de gravats et une vingtaine de morts.
Réaction épidermique à une extradition trop vite accordée par le gouvernement pakistanais à l’Egypte...
Malko tamponna discrètement son front avec son mouchoir. Dehors, il ne faisait que 43 degrés au soleil... Son hamburger, guère plus épais qu’une crêpe et de la couleur d’un vieil étron, ne l’inspirait pas. Il venait d’arriver après un voyage éprouvant. De Vienne à Paris et de Paris à Dubaï, après une confortable escale au hub de Roissy, cela avait été parfait sur Air France. Hélas, il avait mangé son pain blanc...
Douze heures d’attente à l’aéroport de Dubaï, véritable caverne d’Ali Baba pour tous les riches Arabes de la région. Sûrement le seul free-shop au monde où on pouvait acheter une Aston Martin DB 8 ou une Porsche Carrera... Malko avait tué le temps en léchant les vitrines les plus prestigieuses. Il se promit de prendre au retour du caviar et du saumon fumé à la Caucasienne Petrossian, offerts à moitié prix, de la boutique au 18, avenue de Latour-Maubourg à Paris. Des bijoux à la décoration. Il était resté rêveur devant un extraordinaire lit signé Claude Dalle, recouvert de tissu Versace, avec des incrustations de glaces. Il ne manquait qu’une somptueuse créature pour parfaire le tableau. Le soir, il avait enfin embarqué sur sa correspondance, un vol PIA avec deux stops  !
Il était arrivé à Islamabad à six heures du matin, hagard, réveillé sur son siège par un verset du Coran  ! C’était le prélude obligé à toute journée musulmane, dans un Etat islamique pur et dur comme le Pakistan, né de la scission de l’empire des Indes, entre bouddhistes d’un côté et musulmans de l’autre. Il avait dormi au Marriott avant de rejoindre l’ambassade américaine.
Islamabad n’avait guère changé depuis sa dernière visite. Une ville totalement artificielle s’étirant de part et d’autre d’une interminable et pharaonesque avenue, Khyaban-E-Azam, plus connue sous le nom de Blue Zone. Peu de buildings, des maisons dans la verdure, des rues se coupant à angle droit, une sorte de Californie un peu pouilleuse, rongée dans la terrifiante chaleur de l’été par l’humidité. Probablement la seule capitale du monde où on pouvait chasser le sanglier et qui ne possédait pas de gare. Bâtie, comme Brasilia, pour des raisons politiques, Islamabad était jumelée à Rawalpindi, la vraie ville, distante d’une douzaine de kilomètres. Le quartier des ambassades ressemblait à un parc en friche où les hauts murs surmontés de barbelés de l’ambassade américaine évoquaient plus le pénitencier que le corps diplomatique.
– Vous n’avez pas faim  ? demanda son vis-à-vis, Joe Hickerson, un géant aux cheveux gris en brosse, qui ressemblait à un bûcheron avec sa mâchoire carrée et ses traits rugueux.
Le chef de station de la CIA à Islamabad.
– Non, merci, dit Malko.
– OK, on va remonter. Mr Capistrano nous attend dans son bureau. Il n’avait pas faim non plus. Vous l’avez déjà rencontré  ?
– Jamais, mais je le connais de réputation.
Ils regagnèrent le second étage. Le bureau de Joe Hickerson se trouvait à côté de celui de l’ambassadeur. L’Américain s’effaça pour laisser entrer Malko. Franck Capistrano vint vers lui, la main tendue.
– Content de vous voir, prince Malko. J’ai beaucoup entendu parler de vous.
Avec quelques kilos de plus, il aurait ressemblé à un «  capo mafioso  », avec son abondante chevelure noire, ses traits lourds, ses yeux rusés et son costume aux rayures un peu trop apparentes. Il portait en plus, à la main gauche, une lourde chevalière ornée d’un gros brillant. Les trois hommes s’assirent autour de la table basse, tandis que Joe Hickerson réclamait du café à sa secrétaire. C’est alors que Malko remarqua l’air tendu, presque hagard, du conseiller spécial de la Maison-Blanche. Ce dernier lui adressa un pâle sourire.
– OK, ne perdons pas de temps. Vous savez pourquoi vous êtes ici  ?
– Non, avoua Malko.
– Vous avez entendu parler d’Osama Bin Laden  ?
– Un peu.
Franck Capistrano sortit un paquet de Gauloises blondes de sa poche et en alluma une avec un briquet Zippo gravé au sigle de la Maison-Blanche.
– Bin Laden fait partie d’une grande famille saoudienne originaire du Yémen, expliqua-t-il. Sa sœur et deux de ses frères vivent toujours en Arabie Saoudite. Il a amassé une fortune considérable dans les travaux publics et l’immobilier. En 1979, il a quitté l’Arabie Saoudite pour venir ici au Pakistan, à Peshawar, combattre aux côtés des moudjahidin afghans. Au départ, il a financé et armé des combattants. Puis, il a mis la main à la pâte en devenant combattant lui-même. Il s’est distingué dans deux batailles contre les Soviétiques à Jaji et à Shaban, gagnant ainsi l’estime de tous les moudjahidin. A l’époque, je m’occupais à la Company de la fourniture d’armes aux moudjahidin luttant contre les Soviétiques. J’ai rencontré à plusieurs reprises Bin Laden et les gens qui l’entouraient. Une sorte de brigade internationale musulmane. Il avait une sorte de secrétaire, un certain Abdul Basin Karim. Retenez bien ce nom. Un jeune Pakistanais.
– Je note, dit Malko, intrigué.
– OK. Après le départ des Soviétiques d’Afghanistan, Bin Laden s’est trouvé en panne de Djihad, de guerre sainte. Alors il a consacré son énergie à la propagande de l’Islam fondamentaliste à travers le monde, en créant un organisme d’aide aux soldats de la Foi, le Advice and Reform Committee. Très vite, nous avons découvert qu’il ne finançait pas que la construction de mosquées  : il versait des fonds à des groupes se livrant au terrorisme, comme le GIA algérien, le Hamas, ou les Frères musulmans égyptiens. Entre-temps, Bin Laden s’était installé au Soudan. Et, en 1991, lors de l’opération Desert Storm contre Saddam Hussein, il nous a déclaré la guerre.
– Officiellement  ? s’étonna Malko.
Franck Capistrano inclina la tête.
– Oui. Il a annoncé que la présence américaine en Arabie Saoudite était un crime contre l’Islam et que la dynastie wahabite trahissait la charia, la loi du Coran. Qu’il fallait chasser les Américains et le roi Fahd.
Joe Hickerson hocha tristement la tête devant une telle abomination.
Tirant à petits coups sur sa Gauloise blonde, Franck Capistrano continua  :
– Nous soupçonnons Bin Laden d’être derrière les deux attentats commis en Arabie Saoudite cette année, qui nous ont coûté vingt-quatre morts. Sans preuve, hélas. Nous avons fait pression sur les Soudanais pour qu’ils le virent. Ce qu’ils ont fait. En mai de cette année, il est allé s’installer en Afghanistan, avec sa famille.
– J’ai lu une interview de lui dans l’Independent de Londres, se rappela Malko.
Franck Capistrano approuva, le visage sombre.
– Ces enfoirés de «  Cousins  » 1 l’aiment bien. Il est venu à Londres à plusieurs reprises, ils ne nous l’ont jamais dit.
– Où se trouve-t-il en Afghanistan  ?
– Pas très loin de Jallalabad, sous la protection d’anciens du groupe Sayyaf, un de ses copains fondamentalistes afghans.
– Vous voulez que j’aille le chercher  ?
– Attendez  ! coupa le conseiller spécial de la Maison-Blanche. Je ne vous ai pas encore dit le principal. Vous vous souvenez de l’explosion du Boeing 747 de la TWA New York-Paris, juste après son décollage, au large du Long Island, le 17 juillet dernier  ?
– Evidemment.
– Deux cent trente morts, souligna, amer, Franck Capistrano. La Maison-Blanche m’a demandé de superviser l’enquête du FBI. J’ai reçu un certain nombre d’informations au fur et à mesure qu’on remontait du fond de l’océan les débris de l’appareil. L’une d’entre elles révélait qu’une explosion s’était produite à la hauteur du rang 23. Les dossiers des sièges du rang 22 étaient criblés d’éclats.
– Qui occupait ce rang  ?
– Sur le trajet New York-Paris, des gens insoupçonnables. Une famille de Peoria, Illinois. Mais, après la catastrophe, je me suis fait aussi communiquer la liste des passagers se trouvant sur le vol précédent effectué par ce même Boeing 747, Athènes-New York. Le 17 juillet dernier, ce 747 est arrivé d’Athènes vers quatre heures de l’après-midi pour repartir à vingt heures vers Paris. J’ai donc fait «  cribler  » par les ordinateurs les passagers de ce vol. Et j’ai découvert que la place 23 K, à la droite de la cabine, était occupée par un certain Richard Smith, de nationalité britannique.
– Et alors  ? demanda Malko, intrigué.
Franck Capistrano se pencha en avant, comme pour hypnotiser Malko, et annonça d’une voix tendue, en détachant chaque syllabe  :
– Richard Smith n’existe pas  ! Le passeport britannique à ce nom est un faux document, de très bonne qualité. Pour une fois, les «  Cousins  » ont collaboré. Ils m’ont révélé que Richard Smith était une des fausses identités d’un certain Abdul Basin Karim, fiché comme radical islamiste...
1. Les Services britanniques.