05.07.1929
Cher Monsieur Wittgenstein,
Je souhaiterais vous demander conseil sur l’affaire suivante :
Schlick a — comme vous le savez peut-être — décliné l’offre d’un poste à Bonn, et reste à Vienne. À cette occasion, ses amis et ses élèves voudraient lui être agréables et ils envisagent de publier un petit texte traitant de l’essence et de l’objectif de notre travail philosophique. Ce texte serait une sorte de compte rendu historique montrant que les activités développées par Boltzmann et Mach, justement à Vienne, ont tissé des liens étroits entre la philosophie et les sciences exactes, et que Schlick a hérité de cette tradition et l’a développée. Y seraient également expliquées les convictions philosophiques de notre cercle — rejet de la métaphysique, etc. — et seraient évoqués, en relation avec elles, tous les auteurs dont nous sommes proches ou qui ont influencé nos pensées. Il est clair que votre nom y figurera (et que devront aussi être mentionnés Russell et Ramsey, par exemple). J’en arrive ainsi au point sur lequel je souhaiterais votre avis. Pour la bibliographie qui constituera la conclusion d’ensemble de la brochure, les éditeurs (Hahn, Neurath, Carnap) m’ont demandé de préparer une très brève présentation du contenu de votre livre, mais je ne voudrais pas l’établir sans connaître d’abord votre point de vue. Naturellement, il ne peut s’agir que de donner au lecteur, à partir de quelques formules clés, une vague idée du type de problèmes dont traite le livre. Pour éviter tout malentendu, je vous redis clairement qu’il ne s’agit pas de vous présenter comme un membre de l’École de Vienne, mais comme un auteur dont la pensée a exercé une influence profonde sur notre Cercle. Étant donné que je dois terminer cet article pour le 15 juillet, je me permets de vous demander de bien vouloir me répondre rapidement, si cela vous est possible.
Je serais aussi très heureux que vous me donniez un signe de vie et me confirmiez la possibilité d’une rencontre à Vienne, à l’automne.
Je voudrais enfin vous faire une petite surprise à mon propre sujet : je me suis marié, il y a quelques jours. Mon épouse et moi nous connaissons et nous apprécions depuis des années. Nous venons de partir dans un lieu isolé du Boehmerwald, où je suis au calme et vis retiré, avec mon travail à terminer pour l’automne.
Avec tous mes meilleurs vœux de bonne santé et mes salutations les plus cordiales
F. Waismann
— Petit texte : Wissenschaftliche Weltauffassung, Der Wiener Kreis [Conception scientifique du monde, Le Cercle de Vienne], Publication de l’association Ernst Mach, 1929.
— Notre Cercle : Le Cercle de Vienne, l’école viennoise de philosophie qui s’est constituée dans la première moitié du XXe siècle et à laquelle appartenaient, entre autres, Moritz Schlick, Rudolf Carnap, Herbert Feigl, C. G. Hempel, Otto Neurath, Hans Hahn, Friedrich Waismann, lesquels fondèrent, en novembre 1928, l’association Ernst Mach, présidée par Moritz Schlick. La publication qui est ici annoncée sous le titre Wissenschaftliche Weltauffassung présente le programme du Cercle comme fondé sur le rejet de la philosophie traditionnelle et de son orientation métaphysique, et comme cherchant à lui substituer une science exacte dont l’unique objet est l’analyse logique des propositions : « L’association Ernst Mach est aujourd’hui le lieu qui permet au Cercle [de Vienne] de toucher un public plus large. Comme annoncé dans son programme, cette association souhaite “promouvoir et étendre la conception scientifique du monde. Elle souhaite aussi susciter des conférences et des publications portant sur l’état actuel de la conception scientifique du monde, en vue de montrer la signification que possède la recherche exacte dans les sciences sociales et les sciences de la nature. Ainsi l’empirisme moderne forgera-t-il les instruments de pensée nécessaires à la constitution de la vie publique et privée”. Le nom que s’est choisi cette association caractérise son orientation fondamentale : être une science libérée de la métaphysique » (Association Ernst Mach, 1929, p. 14).
— Présentation du contenu de votre livre : Voir, sur ce point, la lettre suivante (299). Le texte écrit par Waismann pour la brochure se termine par la présentation suivante du contenu du Tractatus : « Ce livre analyse les fondements logiques de notre langage, c’est-à-dire les fondements de tout système de signes capable d’exprimer des pensées. Entre les états de choses du monde et les propositions du langage, il existe une relation fondamentale, qui tient à ce que nos énoncés sont des tableaux (Bilder) logiques des états de choses. Toute pensée, toute parole, toute communication n’est rien d’autre qu’une telle opération logique de représentation (ein solches logisches Abbilden). Ce qui ne peut pas être représenté ainsi est retiré de l’expression par le langage — cela ne peut jamais être exposé, formulé, communiqué d’une manière naturelle. Le livre veut donc assigner une limite à la pensée — ou plutôt, non à la pensée, mais à l’expression des pensées. Car il y a de l’inexprimable (Unausdrückbares) qui “se montre” dans le langage (par exemple dans la construction logique des symboles). Et établir clairement le partage entre le dicible et l’indicible (Unaussprechlichen) est l’enjeu le plus important de ce livre. Cette connaissance est appliquée à une série de questions de logique et de théorie de la connaissance — questions qui se résolvent d’une façon étonnamment simple, une fois que l’essence du symbolisme a été clairement examinée. Ainsi est élucidée l’essence de la logique, ainsi est donnée la preuve qu’il n’y a qu’une logique, ainsi est mise à découvert l’essence interne de la probabilité, etc. Ce type de considération conduit à une nouvelle appréhension de la nature de la philosophie : il n’existe pas de connaissance philosophique pouvant être exprimée et formulée. “La philosophie n’est pas une doctrine mais une activité.” Son résultat ne consiste pas en des “propositions philosophiques”, mais en la clarification des propositions. La philosophie doit “délimiter le pensable et par là même, l’impensable” (Tractatus, 4.114). La résolution correcte des questions philosophiques consiste en une rectification du langage telle que la question qui avait été soulevée ne se laisse plus poser dans le langage rectifié. En ce sens, le livre n’est pas une théorie, mais un chemin qui conduit le lecteur au-delà du point où il se pose encore des questions philosophiques. Celui qui en comprend correctement les propositions reconnaît, à terme, qu’elles sont dépourvues de sens. Il doit les surmonter pour voir correctement le monde. Le Tractatus est un texte difficile à comprendre dont la présentation de Waismann permet de saisir aisément les pensées essentielles » (Association Ernst Mach, 1929, p. 58).
[Avant le 20.07.1929]
Cher Monsieur Waismann,
C’est une histoire délicate. Comme les autres amis de Schlick, j’estime que nous devons lui être agréables. Mais j’estime aussi que l’École de Vienne ne doit pas se prostituer à cette occasion, comme le font toutes les institutions viennoises dès que l’occasion se présente. Et il m’est très désagréable de penser qu’une fois encore, ce qui est en soi une bonne raison doive fournir l’occasion d’un traficotage. Schlick, justement parce qu’il n’est pas un homme ordinaire, mérite qu’on évite de le ridiculiser, lui et l’École de Vienne dont il est le représentant, par des discours grandiloquents tenus avec de « bonnes intentions ». J’entends par « discours grandiloquents » toutes les formes d’autoréflexion autosatisfaite. « Rejet de la métaphysique » ! Comme si cela était nouveau. L’École de Vienne doit montrer ce qu’elle fait, et non pas le dire. Je trouverais bien plus convenable que Schlick soit honoré par la publication d’un recueil qui ne bavarderait pas sur l’École de Vienne — et à partir d’elle —, mais qui réunirait une collection de petits essais écrits par des membres de l’École (entre autres, Carnap et vous-même), spécialement pour cette occasion. Ce recueil serait éventuellement accompagné d’une sorte d’anthologie de textes de Mach, Boltzmann et Schlick, et il montrerait ce qui fait la valeur de cette École. C’est à l’ŒUVRE de faire l’éloge de l’homme. Car, à l’instar de tous les discours d’auto-encensement, l’éloge qu’une école s’adresse à elle-même est puant. Et ce recueil serait précédé d’une préface honorant Schlick et célébrant ses mérites.
Cela étant dit, j’en viens à la présentation du contenu de mon livre : qu’ai-je à faire avec cette présentation ? Si elle est rédigée — à moins que je ne doive dire « était » — dans une disposition d’esprit convenable, c’est-à-dire avec OBJECTIVITÉ et MODESTIE, en ce cas, je n’ai — ou n’aurais — rien à objecter. En revanche, si elle n’allait pas dans ce sens, je l’interdirais, si cela était de quelque utilité !
À titre purement personnel, je vous prie de vous comporter de manière décente ; je ne vous le demande pas pour moi (car à moi il n’arrivera rien) mais pour vous ! Je veux dire, ne faites rien pour être agréable à une clique (Hahn, Carnap, etc.), dont il vous faudrait plus tard — avec un sourire pincé — vous excuser à votre propre égard et à celui d’autres personnes. Je vous entends déjà dire : « Mais vous m’avez tellement pressé et j’avais si peu de temps que je n’ai pas vraiment eu le temps de réfléchir à la question. » Si tel est le cas, refusez donc ! Croyez bien que l’idée qu’on commette une faute à laquelle vous auriez part pour honorer un homme que j’estime peut-être — et même vraisemblablement — ne me fait pas du tout sourire. Soyez rigoureux — je vous en prie —, et ne faites que ce dont vous estimez absolument pouvoir assumer la responsabilité.
Ces derniers temps, j’ai énormément travaillé, avec succès, et je me réjouis à l’idée de vous en dire quelque chose. Je regrette donc beaucoup que vous ne soyez pas joignable en ce moment. Je serai à Vienne autour du 20 juillet et repartirai fin septembre. Comme je viens de le dire, j’aimerais vous rencontrer. Écrivez-moi, s’il vous plaît, pour me communiquer vos plans.
Que vous vous soyez marié est une bonne chose. Je vous en félicite !
Je vous prie de bien vouloir accueillir cette lettre dans l’esprit où elle a été écrite, c’est-à-dire avec sérieux et bienveillance.
Ludwig Wittgenstein
Mon adresse : L. W. chez Stonborough
III Kundmanngasse 19, Vienne
Vienne
08.05.1930
Cher Monsieur Wittgenstein,
Grand merci pour votre carte ! Je vous écris aujourd’hui pour la raison suivante. J’ai été invité à parler devant notre cercle de la différence entre votre conception des fondements des mathématiques et celle de Russell. Ces derniers temps, j’ai beaucoup travaillé cette question et crois être parvenu, sur bien des points, à une plus grande clarté. Si j’accepte cette invitation, je devrai naturellement faire des recherches plus poussées et aussi évoquer des choses que vous avez exposées dans nos conversations. Je ne sais pas où vous en êtes avec la publication de votre manuscrit, et je voudrais donc vous demander si vous estimez correct que je traite de ce sujet-là devant notre cercle.
Tout va fort bien pour moi, et je travaille avec application.
Avec mes meilleurs vœux.
F. Waismann
— Cette carte de Waismann a été envoyée à Wittgenstein dans le même courrier que la lettre 278 de Schlick.
— Carte : Non retrouvée.
Trinity College
19.05.1936
Cher Monsieur Waismann,
J’ai reçu hier le tiré à part de votre essai sur l’identité ; je l’ai lu, et vous remercie de me l’avoir envoyé. Je considère qu’il est juste, et même qu’il est de mon devoir, de vous écrire ce qui suit. Je commencerai par une comparaison. Quand le compositeur A écrit des variations sur le thème du compositeur B, cela ne veut pas dire / il n’écrit pas / : « pour composer ce morceau de musique, j’ai reçu de précieuses incitations de B », mais : « thème de B ». Le thème lui-même peut être considéré comme une incitation appelant des variations. — Du reste, le fait que le thème est de B ne dit rien de la valeur des variations, valeur qui peut être considérable, voire supérieure à celle du thème.
J’en viens maintenant à l’application. Lorsque vous écrivez dans la note : « incitations précieuses, etc. », cela est certes vrai, mais n’est pas clair, et donne une image fausse des faits. Il vaudrait bien mieux dire : « La pensée développée aux pages 56-58 [c’est-à-dire “identique” n’a justement pas une mais toute une série de significations apparentées entre elles, selon les “critères d’identité” employés] provient de Ludwig Wittgenstein. » C’est là toute la vérité, et il importe que vous la reconnaissiez, car mes recherches qui sont au / forment le / fondement des vôtres ne sont pas publiées. — Je suis convaincu qu’il s’agit seulement d’une inadvertance de votre part, ou peut-être — pardonnez-moi — d’une certaine négligence, mais non de l’intention de me priver des fruits de mon travail. Et vous savez que ce travail est ardu. — J’ai la certitude que vous me comprendrez vraiment et que vous dissiperez ce malentendu inintentionnel de façon […] et parfaite. Ne ressentez pas ce que je dis là comme accablant, car votre propre travail ne perdra aucunement de sa valeur ainsi. (Si je parle de « malentendu », c’est parce que votre note donne l’impression, sans le vouloir, que nos conversations vous auraient conduit à réfléchir sur l’identité, mais elle ne donne pas à entendre que la pensée essentielle vient de moi.)
Je ne vous cacherai pas que cette affaire a éveillé en moi un certain nombre de pensées amères. Mais je ne les laisserai pas s’exprimer, car je suis convaincu que vous me rendrez justice et en supprimerez la cause.
Je vous prie de croire que cette lettre est écrite dans une disposition d’esprit amicale.
Avec mes meilleures salutations
Ludwig Wittgenstein
P. S. Je souhaite que ce malentendu soit dissipé, mais je ne veux pas qu’il le soit sous une forme que vous-même pourriez à bon droit ressentir comme humiliante ou indigne. Je me permets donc de vous suggérer / je vous prie donc / de demander conseil au Prof. Schlick. Il sera, je crois, en mesure de vous donner de précieux conseils en vue d’une juste résolution de cette affaire.
Je voudrais aussi vous dire ceci : placez-vous vous-même mentalement dans ma situation, s’il vous plaît. J’ai travaillé dur pendant des années et avec succès, mais je n’ai pour l’instant encore rien publié, et je continue à me demander si je parviendrai jamais à donner à mon travail une forme que j’estimerai publiable. N’est-il donc pas naturel que je souhaite que ceux à la disposition desquels j’ai mis les résultats de mes pensées le fassent savoir clairement et sans équivoque ? Et je n’ai pas simplement indiqué ces résultats « dans de nombreuses conversations » ; je les ai expliqués de façon extrêmement détaillée à vous et à d´autres, je les ai dictés, et j’ai mis mes manuscrits à votre disposition. Notez que je ne dis pas cela pour vous en faire reproche, mais seulement pour justifier ma requête.
L. W.
— Essai sur l’identité : F. Waismann, « Über den Begriff der Identität [Sur le concept d’identité] », Erkenntnis, vol. 6, 1936, p. 56-64.
— Aucune des variantes indiquées dans cette lettre n’est biffée.
— [C’est-à-dire « identique »…] : Cette remarque entre crochets est écrite dans l’interligne et aucune variante n’est raturée.
Vienne
27.05.1936
Cher Monsieur Wittgenstein,
J’ai reçu votre lettre et souhaite vous répondre ceci : par « incitations précieuses », j’ai voulu dire qu’il fallait qu’un lecteur non averti comprenne ce qui est dit au sens où je l’ai dit — c’est-à-dire comme la reconnaissance du fait que l’idée qui est au fondement de ma recherche provient de vous, tandis que son développement est de moi. Je n’ai jamais, au grand jamais, pensé que ce passage pouvait être entendu autrement, et ce n’est qu’en lisant votre lettre que je me suis aperçu qu’il pouvait être compris différemment. Je le regrette vraiment, et je souhaite présenter les choses de façon qu’aucun doute ne soit plus possible. Je me propose donc de faire ceci : étant donné que je dois prochainement envoyer à Erkenntnis un autre petit essai dans lequel je vous cite, je lui adjoindrai in fine une note qui rétablira cette remarque dans son contenu, à la façon dont vous l’indiquez dans votre lettre. Peut-être serait-il aussi possible d’introduire cette correction sous forme d’une notice proprement dite. Sur le conseil du Prof. Schlick à qui j’ai fait lire votre lettre, je préférerais la première solution, d’une part parce qu’une telle rectification semble bien plus naturelle, d’autre part parce que le second essai sera en gros lu par les mêmes lecteurs que le premier, mais aussi parce que j’aurais des tirés à part des deux que je pourrais envoyer aux mêmes personnes, et qu’il n’y a pas de tirés à part pour les notices.
Je voudrais aussi vous dire pourquoi j’ai rédigé ma note ainsi que je l’ai fait. Une fois terminé mon essai, j’ignorais dans quelle mesure vous seriez ou non d’accord avec son contenu. Et si j’avais écrit que l’essai (ou l’une de ses parties) reprenait vos idées, je l’aurais fait sans être certain que vous ne m’expliqueriez pas que je ne vous avais pas compris, ou avais repris vos pensées en les déformant ou les trahissant. Comprenez-moi, je vous en prie, et placez-vous, vous aussi, dans ma situation : je crois certes comprendre correctement vos idées, mais je ne serai vraiment sûr de mon affaire que lorsque vous aurez lu mon manuscrit et m’aurez donné votre accord. Aussi ai-je, maintenant encore, quelques doutes. Je me suis donc confié au Prof. Schlick et lui ai demandé conseil sur ce qu’il convenait que je fasse pour que justice vous soit rendue, mais que ne vous soit imputée aucune faute que j’aurais commise dans l’application de vos idées. Le Prof. Schlick n’a pas pu me conseiller vraiment sur ce point. Finalement, j’ai écrit une note explicative qui dit, en gros, ce que je viens de vous écrire. Comme je n’ai pas pu voir ensuite le Prof. Schlick qui n’en avait pas le temps, j’ai donné à lire à un ami l’essai accompagné de la note, en lui expliquant l’origine et l’histoire de ce travail. Il a jugé ma remarque maladroite et m’a déconseillé de la publier. J’ai donc cherché une expression plus concise et vous ai finalement crédité d’« incitations précieuses », en pensant que cela exprimait exactement ce que je voulais dire — à savoir que c’est à vous que je devais le point de départ décisif et l’orientation de ma recherche, et que seul le développement me revenait. J’ai alors consulté à nouveau mon ami et lui ai demandé : ces mots disent-ils clairement et sans équivoque ce que je veux dire ? Ne dois-je pas formuler les choses autrement ? Et, après avoir reçu de lui l’assurance que tout un chacun comprendrait correctement la remarque, j’ai remis mon manuscrit. Mais votre lettre m’a convaincu que cette expression n’était pas suffisamment bien choisie, et je vais donc réparer l’injustice.
Recevez les meilleures salutations de
Friedrich Waismann
— Petit essai à Erkenntnis : Non retrouvé. Le seul texte publié par Waismann dans la revue Erkenntnis en 1936 est l’essai qui provoqua la querelle : « Sur le concept de l’identité ».
La conférence de Waismann « La logique est-elle une théorie déductive ? » est publiée dans le volume 7 de la revue Erkenntnis (1937/1938), p. 274-281. En annexe (p. 375), on lit : « L’auteur doit à ses conversations orales avec M. Ludwig Wittgenstein la pensée fondamentale exprimée dans ce petit écrit — la pensée selon laquelle les axiomes de la logique sont des parties des règles de déduction. »
Les excuses proprement dites adressées par Waismann à Wittgenstein sont publiées dans Proceedings of Aristotelian Society, Supplementary Volumes 17, 1938, p. 54. Waismann y écrit, dans une note : « Je souhaite souligner ma dette à l’égard de Wittgenstein. Je ne lui dois pas seulement nombre d’idées présentées dans cet article, mais aussi ma méthode pour traiter les questions philosophiques. J’espère que les idées qui y sont développées s’accordent à celles du Dr Wittgenstein, mais je ne souhaite aucunement lui en imputer la responsabilité1. »
— Mon ami : Non identifié.
[Après le 22.06.1936]
Mardi
Cher Monsieur Waismann,
La mort de Schlick est vraiment un grand malheur.
Nous avons, vous et moi, beaucoup perdu en le perdant. Je ne sais comment exprimer ma sympathie à sa femme et ses enfants — sympathie que, vous le savez, je ressens vraiment. Si cela vous est possible, vous me rendriez un grand service en disant à l’un des enfants, ou à Mme Schlick, lorsque vous les verrez, que je pense à eux avec la plus chaleureuse sympathie, mais que je ne sais pas quoi leur écrire. S’il ne vous est pas possible (pour des raisons externes ou internes) de transmettre ce message, faites-le-moi savoir, s’il vous plaît.
Avec ma vive sympathie et tous mes vœux
Ludwig Wittgenstein
Je n’ai eu votre lettre qu’aujourd’hui, car j’étais en voyage.
1. En anglais, dans l’original. (N.d.T.)