CHAPITRE 8

UNE RÉPUTATION JUSTIFIÉE ?


Unités d’élite composées de femmes et d’hommes extrêmement compétents et motivés, les services israéliens ont enregistré de nombreux succès depuis leur création. Mais ils ont également connu une série d’échecs et d’errements retentissants. À y regarder de près, on découvre que la communauté israélienne du renseignement s’est trompée souvent et s’est fourvoyée parfois. Malgré les efforts de communication – de propagande ? – entrepris par les services de renseignement israéliens afin d’apparaître comme omniscients et infaillibles, dans le but légitime de faire douter ses adversaires et de les paralyser, les échecs sont une constante de leur histoire, qu’il s’agisse d’erreurs d’analyse ou de fiascos opérationnels. Ils ne se distinguent pas, en cela, des autres services du monde.

Erreurs d’analyse et de prévision

Dans leur ensemble, les services israéliens se caractérisent par leurs excellentes capacités de collecte et d’évaluation du renseignement. Toutefois, la qualité de leurs analyses a été plusieurs fois prise en défaut, ce qui n’a pas manqué d’exposer l’État hébreu à des situations parfois très délicates. Ces échecs, souvent médiatisés, ont été principalement le fait d’Aman – dont la prévision est l’une des principales fonctions –, qui a commis au cours de son histoire de multiples erreurs d’évaluation.

Le 18 février 1960, pour la première fois, Aman se voit pris en défaut. La quasi-totalité de l’armée égyptienne se concentre le long de la frontière israélienne, dans le désert du Néguev, sans que cette manœuvre soit détectée. S’il l’avait voulu, Nasser aurait pu envahir l’État hébreu et occuper le Néguev car les Forces de défense israéliennes (FDI), n’ayant reçu aucune alerte, n’étaient absolument pas prêtes. Aman ne détectera la présence des forces du Caire que quatre jours plus tard.

Un autre échec est l’évaluation erronée des intentions égyptiennes dans les dix-huit mois précédant la guerre des Six Jours. Les experts d’Aman étaient convaincus que Nasser ne s’engagerait pas dans une confrontation avec l’État hébreu tant que son armée serait engagée au Yémen, où elle faisait face à une situation difficile. En février 1967, le renseignement militaire alla plus loin : il affirma que l’Égypte ne pourrait envisager aucune guerre contre Israël avant 1970. Malheureusement, ces différentes évaluations se révéleront fausses, car en mai 1967 Nasser masse les troupes égyptiennes dans le Sinaï après avoir demandé à la force des Nations unies d’évacuer la zone, conduisant irrémédiablement au déclenchement des hostilités par Israël.

La plus grave erreur d’analyse et de prévision – et la plus célèbre – reste celle qui conduisit à la suprise stratégique dont fut victime Israël en octobre 1973, lors du déclenchement de la guerre de Yom Kippour. En cette occasion, Aman se révéla incapable de détecter les intentions belliqueuses de l’Égypte et de la Syrie, d’interpréter correctement la masse de renseignements dont il disposait et de déjouer la subtile tromperie mise au point par ses adversaires pour dissimuler leurs préparatifs. Les conséquences faillirent en être désastreuses pour la survie même de l’État hébreu. Les raisons de cet échec majeur sont aujourd’hui connues.

Après la guerre de Six Jours de 1967, les analystes d’Aman développent la thèse que l’Égypte n’est pas prête à une guerre contre Israël. Leur théorie, connue sous le nom du « Concept » (Konseptzia), reposait sur l’idée qu’en raison de la victoire israélienne écrasante lors de la guerre des Six Jours, les armées arabes ne lanceraient pas de nouvelle offensive avant un certain temps puisque, selon les renseignements communiqués par une source égyptienne de très haut niveau, Marwan Ashraf, l’état-major du Caire n’envisageait pas de reconquérir les territoires perdus lors de la guerre des Six Jours, tant qu’il n’aurait pas reçu d’armes offensives livrées par l’Union soviétique. Aman estimait donc que, tant que ces armes n’étaient pas reçues et prêtes à l’emploi, Israël était à l’abri. Toujours selon le « Concept », les Arabes ne s’engageraient pas dans une guerre totale contre Israël, mais lanceraient seulement, quand ils le pourraient, des attaques coordonnées contre les aérodromes israéliens, afin de réduire la supériorité aérienne de l’État hébreu. En conséquence, les experts d’Aman considéraient que la Syrie n’attaquerait pas sans l’Égypte. Leurs convictions d’invulnérabilité étaient renforcées par la construction de la « Ligne Bar-Lev », une série de solides positions défensives érigées le long du canal de Suez afin de détecter et de ralentir toute offensive terrestre égyptienne et de permettre à Tsahal de mobiliser et d’intervenir. Aussi, à leurs yeux, aucun risque de conflit ne pouvait prendre corps avant au moins deux ans – soit 1975 –, sans même prendre en compte les éventuels retards de livraisons d’armes de Moscou à la Syrie et l’Égypte.

Le « règne » du Concept – et l’influence d’Aman auprès des sphères dirigeantes – a profondément affecté la perception objective de la situation par les chefs politiques et militaires. Au sein même du renseignement militaire, il conduisit à la négligence voire au rejet de tout autre renseignement apportant des éléments contradictoires.

Ainsi, à l’automne 1972, Aman ne détecte pas le changement de position du président égyptien Anouar el-Sadate, qui est, dans un premier temps, considéré comme un pâle successeur de Nasser et un personnage sans envergure. Les services israéliens ne perçoivent pas que Sadate, conscient qu’il lui sera très probablement impossible de vaincre militairement Israël, cherche à obtenir un succès qui, même limité et temporaire, lui permettrait de redorer le blason de son pays après la débacle de 1967 et surtout d’aborder en position moins inconfortable les négociations pour la restitution du Sinaï à laquelle il espère que l’URSS et les États-Unis contraindront Tel-Aviv. Or, pour parvenir à cet objectif, Sadate n’a pas besoin d’attendre les chasseurs Sukhoi et les missiles Scud que doit lui livrer Moscou. C’est une des hypothèses de base du Concept qui s’effondre sans que les services israéliens ne le perçoivent ! Marwan Ashraf, la source haut placée dans l’entourage immédiat du Rais, n’informe pas Israël de ce changement de stratégie, soit parce qu’il n’est pas au courant, soit parce qu’il a été retourné ou intoxiqué par le contre-espionnage égyptien.

En Israël, lorsqu’il devient enfin évident pour les autorités que Le Caire et Damas ont des intentions agressives, les analystes du renseignement militaire refusent de croire pour autant que les États arabes sont effectivement prêts à attaquer. Les mouvements des troupes égyptiennes vers la frontière sont dûment repérés et signalés mais Aman, prisonnier intellectuellement du Concept, persiste à ne les analyser que comme des manœuvres militaires d’intimidation. Pourtant, les renseignements sur la mobilisation simultanée de l’armée syrienne sont très préocuppants : des renforts syriens sont envoyés sur le Golan, les permissions sont annulées et les réservistes sont rappelés. Le commandement Nord de Tsahal s’en inquiète. Mais, parce qu’Aman estime toujours que la Syrie n’attaquera pas sans l’Égypte – qui selon lui n’a pas l’intention d’entrer en guerre –, les intentions syriennes ne sont pas considérées comme agressives. Cet aveuglement du renseignement militaire persiste malgré l’avertissement du roi Hussein de Jordanie au Premier ministre Golda Meir, le 25 septembre 1973, et celui de la CIA le 29, annonçant la très forte probabilité d’une attaque coordonnée égypto-syrienne. Jusqu’à l’offensive simultanée du 6 octobre, qui prit totalement Israël au dépourvu, Aman considéra qu’il ne servait à rien de s’inquiéter, illustrant la maxime selon laquelle « il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ».

Devant la violence et les premiers succès de l’offensive syro-égyptienne, les dirigeants israéliens, désorientés, se réunirent et envisagèrent un instant de recourir à l’arme nucléaire : des bombes atomiques furent installées sur des aéronefs et des missiles Jericho armés sur ordre de Moshé Dayan. Seule l’intervention du chef d’état-major de Tsahal, le général David Eleazar, homme d’une solidité et d’une confiance à toute épreuve, parvint à les convaincre que la victoire militaire était possible1. En effet, l’armée israélienne réussit à retourner in extremis la situation.

La guerre de 1973 eut toutefois deux conséquences fâcheuses sur le plan du renseignement. D’une part, les commandos syriens s’emparèrent de la station d’écoute du mont Hermon et d’un officier de l’Unité 8200, qu’ils firent parler. Ils purent ainsi obtenir des informations capitales sur les systèmes d’interception et les codes secrets de Tsahal. D’autre part, cet événement conduisit la population israélienne, pour la première fois, à perdre confiance dans sa communauté du renseignement.

Et, pour Aman, le cauchemar ne s’arrête pas avec la guerre du Kippour. En effet, échaudé par son aveuglement précédent, le service va commettre une autre énorme erreur d’analyse. En effet, entre la fin de 1973 et 1975, il alerte à plusieurs reprises les autorités quant à l’intention de l’Égypte ou de la Syrie de reprendre les hostilités, mais toutes se révèlent infondées. Par ailleurs, obnubilé par le risque potentiel d’un nouveau conflit, Aman ne saura pas évaluer correctement l’évolution de la position du président égyptien Sadate. Considérant que Le Caire n’était pas encore décidé à faire la paix, ses estimations ne permirent pas aux autorités israéliennes de se préparer à l’initiative de paix de Sadate, en 1977 ; elles furent totalement surprises de ce geste.

En 1980, c’est cette fois la communauté du renseignement israélien dans son ensemble qui n’a pas été capable de détecter l’imminence du conflit entre l’Irak et l’Iran. À la fin des années 1980, Aman n’a pas détecté non plus l’accroissement des capacités nucléaires de l’Irak, pas plus qu’il n’a anticipé l’invasion du Koweït par les forces de Saddam Hussein, en août 1990. Au contraire, ses experts estimaient que l’Irak aurait besoin de plusieurs années pour reconstruire et réorganiser son armée après la fin du conflit contre l’Iran, avant de pouvoir lancer une autre guerre dans la région.

Puis, au cours des années 1990, la vision apocalyptique – et erronée – qu’avait Aman de la situation au Liban, n’a pas permis le retrait de Tsahal du pays. Les experts du renseignement militaire ont surestimé la réaction militaire du Hezbollah au retrait unilatéral d’Israël, et ont recommandé au gouvernement de maintenir une présence militaire dans le sud du Liban pour défendre les populations israéliennes vivant dans le nord du pays. Ces préventions se révélèrent infondées, mais le prolongement de l’occupation de la zone de sécurité du Sud-Liban aura un coût élevé en pertes humaines pour les troupes demeurées sur place, jusqu’à leur retrait définitif en 2000.

Le renseignement israélien n’a pas prédit non plus l’évolution de la stratégie palestinienne lorsqu’une nouvelle politique a été adoptée par le Conseil national palestinien, proposant une solution au conflit israélo-arabe sur la base de la résolution 181 des Nations unies, qui préconisait de diviser la Palestine mandataire en deux États, l’un juif, l’autre arabe. Comme leurs homologues occidentaux, ils furent également surpris par les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Puis, au cours des mois précédant l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, Aman surestima les capacités irakiennes en matière d’armes de destruction massive et l’intention de Saddam Hussein d’utiliser ces armes contre Israël si son régime se trouvait dos au mur.

Mais l’une des plus grandes surprises récentes que connut le renseignement israélien eut lieu au cours de l’été 2006, à l’occasion du déclenchement d’une campagne militaire contre le Hezbollah, au Sud-Liban. Au grand étonnement des Israéliens – mais aussi des experts –, le Hezbollah a réussi à résister aux assauts de Tsahal. Ce fait s’explique en grande partie par la tactique que le mouvement chiite libanais a développé, sous l’impulsion de son secrétaire général Hassan Nasrallah, depuis l’évacuation du Sud-Liban par les forces israéliennes, en 20002. Le commandement militaire du Hezbollah a en effet soigneusement examiné les raisons des défaites subies par les armées des pays arabes lors des derniers conflits contre Tsahal. Il a en particulier su tirer les leçons de l’invasion rapide du Liban par les Israéliens en 1982. Forts de ces enseignements, le mouvement a adapté son dispositif afin de tenir les Israéliens en échec lors des hostilités à venir.

Ainsi, le Sud-Liban avait été aménagé très discrètement avec des bunkers, des stocks d’armes enterrés, des souterrains de liaison, des réseaux de transmission sophistiqués, etc. Les caches et les tunnels aménagés permirent aussi aux combattants chiites de se laisser dépasser par les forces israéliennes avant de réapparaître sur leurs arrières pour les attaquer. Par ailleurs, le terrain rocailleux n’étant pas favorable à la progression de forces mécanisées déployées par Tsahal, les routes et chemins empierrés avaient été repérés afin de préparer des pièges et des embuscades. Le Hezbollah est en effet aussi passé maître dans l’utilisation des mines et des engins explosifs improvisés, grâce à l’expérience irakienne.

En matière d’armements lourds, le Hezbollah disposait de 10 000 à 12 000 roquettes Katiousckha de 122 mm (portée : 20 kilomètres), fournies majoritairement par la Syrie, et de missiles de fabrication iranienne Raad-2, Raad-3, Farj-3 (portée : 45 kilomètres) et Farj-5 (portée : 75 kilomètres). La défense antiaérienne était assurée par des missiles portables SA-7 et des canons ZU-23. Il est fort probable que des missiles plus sophistiqués ont été utilisés avec l’aide de pasdarans iraniens.

Surtout, l’état d’esprit des combattants du Hezbollah était totalement différent de celui des soldats israéliens. En effet, le commandement de Tsahal tente, par tous les moyens, de minimiser les pertes au sein de ses troupes et d’évacuer au plus vite les blessés, ce qui ralentit souvent le déroulement des opérations. À l’opposé, les hezbollahis sont prêts à se sacrifier, mourir en « martyrs » étant pour eux une gloire, ce qui les différencie profondément des armées classiques syrienne ou égyptienne, que Tsahal a coutume d’affronter.

Autant d’éléments qui échappaient donc aux armées de terre et de l’air israéliennes avant le début de leur offensive. Sur le plan du renseignement, les services israéliens ont été incapables de pénétrer les cellules opérationnelles du Hezbollah qui appliquent des consignes de sécurité draconiennes. En revanche, le parti chiite libanais bénéficiait d’excellents renseignements sur les déplacements des unités israéliennes. Tous les « civils » étaient les oreilles et les yeux du mouvement, ce qui explique en grande partie pourquoi Tsahal s’est efforcé de repousser ces populations plus au nord. Quelques agents de renseignement avaient été également infiltrés en Israël, à l’exemple d’un citoyen canado-israélien arrêté pour espionnage alors qu’il photographiait des installations militaires au nord du pays.

À l’occasion de ce conflit, le Hezbollah a aussi révélé sa maîtrise de la communication, de la manipulation des médias et de l’action psychologique. Les images de civils libanais tués par les forces israéliennes parvenaient très rapidement à toutes les chaînes de télévision mondiales qui les passaient en boucle, illustrant les « bavures » israéliennes. Peu importe si l’on apprenait après coup que l’objectif visé était un camion qui venait de tirer des roquettes sur Israël depuis le garage d’un immeuble abritant de nombreux civils, l’objectif de propagande était atteint : à l’indignation des Occidentaux venait s’ajouter la haine des populations musulmanes, naturellement très sensibles à ces images surmédiatisées3.

Échecs opérationnels

En plus de ces erreurs d’analyse, la communauté du renseignent israélienne a connu un certain nombre d’échecs opérationnels, provenant aussi bien des forces spéciales du Mossad que du Shin Beth. Comme les erreurs d’analyse, la plupart d’entre eux ont été fortement médiatisés car ils ont souvent provoqué de véritables scandales politiques et diplomatiques.

Outre l’affaire Lavon (1954), déjà évoquée à propos de l’Unité 131*1, c’est au tour des forces spéciales de connaître un échec à l’occasion de la bataille de Karameh, quelques mois seulement après la fin de la guerre des Six Jours, alors que Tsahal est auréolée de sa victoire écrasante sur les armées arabes4.

Le 21 mars 1968, l’armée israélienne engage ses unités spéciales dans une opération militaire contre les fedayin de l’OLP, dans ce village de la vallée du Jourdain, où se trouve un camp de réfugiés palestinien dans lequel Yasser Arafat a établi son quartier général. Trois jours plus tôt, le 18 mars, un bus de ramassage scolaire israélien a sauté sur une mine déposée par des Palestiniens : deux écoliers ont été tués et vingt-neuf autres blessés. L’État hébreu décide de riposter en frappant directement la tête de la résistance palestinienne. Les généraux de Tsahal planifient une vaste opération commando qui doit détruire le camp de Karameh, neutraliser le plus grand nombre possible de fedayin et capturer les chefs de la résistance palestinienne.

Moshé Dayan, alors ministre de la Défense, confie au général Shmuel Gonen – qui sera plus tard sévèrement mis en cause par la commission Agranat pour son rôle dans les opérations pendant la guerre du Kippour – le commandement d’une force comprenant plusieurs sayerot, un bataillon parachutiste, des unités détachées des 7e et 60e brigades blindées et de la 80e brigade d’infanterie appuyés par cinq bataillons d’artillerie, et des moyens du génie. Cette force compte 6 500 hommes – dont un tiers appartient aux forces spéciales ou à des unités d’élite –, 120 chars et 80 pièces d’artillerie.

De leur côté, les Palestiniens comptent tout au plus 400 fedayin, parmi lesquels beaucoup sont des adolescents, équipés seulement d’armes légères. Mais, plutôt que de suivre les conseils du roi Hussein de Jordanie qui lui a recommandé de se replier, Yasser Arafat a décidé de montrer au monde que la résistance palestinienne est prête à se battre jusqu’au bout et il organise la défense du camp retranché. Les combattants de l’OLP peuvent compter sur le soutien de la 1re division d’infanterie jordanienne, forte de 7 000 hommes, plusieurs centaines de commandos, 80 chars et une centaine d’obusiers. Ses combattants, dont certains ont appartenu à la fameuse Légion arabe de Glubb Pacha, sont très motivés et désireux de venger l’affront subi en juin 1967. Les forces en présence, de part et d’autre du Jourdain, sont donc finalement à peu près équilibrées.

Le 21 mars, l’opération israélienne est déclenchée en présence de nombreux journalistes conviés par Moshé Dayan à filmer en direct l’écrasement rapide des forces de l’OLP. Mais l’attaque de Tsahal s’effectue dans de mauvaises conditions : l’effet de surprise ne joue pas, le brouillard empêche les hélicoptères de débarquer les parachutistes israéliens à l’est de Karameh, tout en limitant l’action des chasseurs bombardiers devant appuyer la progression des troupes au sol. Puis l’artillerie jordanienne ouvre le feu, prenant violemment à partie les unités israéliennes.

Suite à l’amélioration des conditions météorologiques, les parachutistes de Tsahal sont héliportés à proximité du camp palestinien. Ils sont cependant immédiatement pris sous le feu des défenseurs et progressent difficilement vers leur objectif. L’aviation entre alors en action, appuyant la progression des forces israéliennes et ciblant les blindés et l’artillerie jordaniens. Puis, en fin de matinée, un millier de soldats israéliens se lancent à l’assaut du camp de Karameh, qui abrite trois cents fedayin épaulés par une compagnie d’infanterie jordanienne. Les Israéliens se heurtent à une résistance inattendue : des commandos-suicide du Fatah se jettent sur les blindés avec des charges explosives individuelles. Les parachutistes doivent conquérir le village maison par maison, dans des combats au corps à corps extrêmement violents. Ce qui devait être une victoire facile se transforme en un affrontement farouche.

En milieu de journée, les forces israéliennes parviennent finalement parvenu à conquérir Karameh, grâce à la jonction entre l’infanterie mécanisée, les parachutistes et les unités spéciales. En revanche, les deux unités blindées doivent faire face à une violente contre-attaque des forces jordaniennes. En début d’après-midi, l’état-major de Tashal, conscient du fait que la poursuite de l’opération risque de provoquer des pertes importantes, ordonne le repli des unités. Avant de se retirer, les forces israéliennes dynamitent les bâtiments publics de Karameh et le camp palestinien est rasé.

Au soir de cette action, vient alors l’heure du bilan : 232 combattants palestiniens et jordaniens ont été tués, plus de 200 autres sont blessés et 128 fedayin ont été faits prisonniers ; 13 chars jordaniens ont été détruits, une vingtaine d’autres sont endommagés et une quarantaine de véhicules blindés ont été mis hors de combat. De leur côté, les Israéliens ont subi de lourdes pertes : 28 tués, 3 disparus et 69 blessés ; 15 véhicules détruits, 30 chars endommagés ou détruits, abandonnés sur le terrain, un avion abattu et plusieurs autres gravement touchés. Surtout, les forces spéciales ne sont pas parvenues à capturer Yasser Arafat et les Israéliens n’ont pas réussi à se maintenir sur la rive orientale du Jourdain. Les combattants palestiniens ont fait preuve d’une ardeur et d’un acharnement auxquels n’étaient plus habitués les soldats de Tsahal ; la sous-estimation de la combativité adverse semble être l’une des causes principales de ce revers.

S’il ne s’agit pas à proprement parler d’une défaite militaire pour Tsahal – les pertes palestiniennes ont été nettement supérieures aux pertes israéliennes –, la bataille de Karameh est un succès pour l’OLP. Pour la première fois, des combattants palestiniens moins nombreux, moins bien équipés et moins entraînés que leurs adversaires, vont parvenir à résister une journée entière à l’armée israélienne trop sûre de son fait. Yasser Arafat, qui parvient à échapper à Tsahal, saura en tirer parti et son organisation, jusqu’alors quasiment anonyme, se targuera dès lors d’avoir « vaincu » l’armée israélienne, réputée invincible. Ainsi, cette bataille marquera durablement l’imaginaire arabe, provoquant le ralliement de milliers de Palestiniens aux diverses organisations de résistance. De plus, plusieurs États arabes reconnaissent le Fatah de Yasser Arafat comme principal représentant du mouvement palestinien, ce qui permettra à ce dernier de prendre le contrôle de l’OLP dès l’année suivante5.

L’opération Colère de Dieu est l’occasion d’un nouveau fiasco majeur des opérations spéciales israéliennes. Le 21 juillet 1973, à Lillehammer, en Norvège, dans le cadre de la traque impitoyable des commanditaires des attentats de Munich (1972), des opérateurs du Mossad sont convaincus d’avoir identifié et « logé » Ali Hassan Salameh, l’un des cerveaux de Septembre noir et décident alors de l’éliminer. Mais les exécuteurs du Kidon vont en réalité abattre Ahmed Bouchiki, un réfugié politique marocain. Pire, ils se font arrêter par la police norvégienne et seront jugés et condamnés pour ce meurtre. En outre, les hommes du Mossad ayant utilisé de faux passeports canadiens pour cette opération, une crise diplomatique éclatera entre Ottawa et Tel-Aviv. Finalement, en 1996, Israël versera, en dédommagement, une somme importante à la famille de Bouchiki, mais refusera de reconnaître officiellement sa responsabilité. À ce jour, la bavure de Lillehammer reste l’un des plus grands fiascos du Mossad. Mais il n’est pas le dernier.

Le 25 septembre 1997, deux agents du Mossad sont capturés à Amman, alors qu’ils viennent d’essayer d’assassiner Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas. Les deux kidonim sont parvenus à s’approcher de leur cible et à lui administrer un poison mortel – dérivé de la toxine botulique – dans l’oreille. Mais ils sont immédiatement repérés par le garde du corps de Mechaal, qui les prend en chasse, et appréhendés par la foule qui les livre à la police jordanienne. Interrogés par celle-ci, ils révèlent qu’ils appartiennent au Mossad. Devant la tournure que prennent les événements, six autres membres du commando se réfugient à l’ambassade d’Israël. Cette tentative d’assassinat rend furieux le roi Hussein. En effet, Israël et la Jordanie ont conclu en 1994 un accord de paix. Cette opération crée donc un incident grave entre les deux capitales. Sous la pression du souverain hachémite, et afin d’éviter la rupture des relations diplomatiques et d’obtenir la libération de ses deux officiers, Israël se voit contraint de fournir l’antidote au poison et de libérer plusieurs prisonniers palestiniens, dont le chef spirituel du Hamas cheikh Ahmed Yassine. Cette affaire a significativement affaibli la position d’Israël dans le processus de paix. En effet, à la suite de ce fiasco, les relations entre Tel-Aviv et Amman se refroidirent considérablement. De plus, Khaled Mechaal, qui n’était encore qu’un personnage mineur au moment de l’opération, ressortit grandi de cette affaire et devint l’un des principaux chefs du Hamas. Par ailleurs, une nouvelle fois, les opérateurs du Kidon ont été capturés en possession de faux passeports canadiens, ce qui provoque une autre crise diplomatique avec Ottawa6. En conséquence, le Mossad est sur la sellette tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Son directeur, Danny Yatom, démissionera cinq mois plus tard, suite à un nouvel échec : l’arrestation d’une de ses équipes alors qu’elle essayait de placer des écoutes sur le téléphone d’un membre du Hezbollah.

Confronté à l’impossiblité de continuer à utiliser des faux passeports canadiens pour leurs opérations clandestines, le Mossad envoie, en juillet 2004, deux de ses opérateurs – Uriel Kelman et Eli Cara – se procurer frauduleusement des passeports néo-zélandais. Mais l’opération échoue, les deux hommes sont pris sur le fait et les autorités de Nouvelle-Zélande prendront des sanctions diplomatiques à l’égard de l’État hébreu.

Enfin, le dernier échec connu date du 20 février 2008, à Damas. Le Mossad s’apprête une nouvelle fois à éliminer Khaled Mechaal, onze ans après la tentative d’Amman. Mais le chef du Hamas se sait traqué et vit caché dans une galerie souterraine. Alors qu’il a rendez-vous avec son adjoint, Hisham Faiz Abu Libda, Mechaal décide au dernier moment d’annuler la rencontre. Bien lui en prend : la voiture qui devait l’y conduire était piégée et le kidonim qui guettait sa venue, la télécommande des explosifs à la main, finit par disparaître, dépité, dans les rues de la capitale syrienne.

Démantèlement des réseaux du Mossad

Au-delà des seuls échecs opérationnels, le Mossad a également été confronté à la découverte et à la capture de certains de ses agents et au démantèlement de plusieurs de ses réseaux de renseignement.

En mai 2005, à Vienne, Peter Zichrowski est interpellé, accusé de travailler pour le Mossad. Ancien secrétaire général du Parti de la Liberté, également ancien eurodéputé, il reconnaît, dans un entretien avec l’hebdomadaire autrichien Profil, avoir collaboré pendant plusieurs années avec le service israélien. Il déclare en outre que le Mossad utilisait l’ancien leader du parti, Jorge Haider, pour approcher les pays musulmans avec lesquels Israël n’entretenait pas de relations officielles.

Fin mai 2006, le contre-espionnage de l’armée libanaise annonce le démantèlement d’un réseau manipulé par le Mossad. Il accuse le service de renseignement israélien d’être complice d’attentats au Liban, notamment celui qui a tué, le 26 mai, Mahmoud al-Majzoub, un des chefs du Djihad islamique palestinien. Israël dément catégoriquement toute implication dans cet attentat. Néanmoins, les services libanais affirment que le réseau démantelé a livré des explosifs à Beyrouth et dans d’autres villes du pays. Le chef du réseau, Mahmoud Rafeh, aurait même reconnu lors des interrogatoires, avoir participé à plusieurs assassinats dont celui de Mahmoud al-Majzoub et de son frère, mais aussi celui de Jihad Djibril, fils du secrétaire général du FPLP, et ceux de nombreux activistes du Hezbollah. L’implantation de ce réseau d’espionnage du Mossad au Liban daterait du début des années 1990, c’est-à-dire qu’il aurait été pleinement opérationnel pendant seize années.

L’année suivante, c’est au tour des services de sécurité égyptiens de mettre au jour plusieurs opérations d’espionnage israéliennes au Caire. En février 2007, Mohammed Essam Ghoneim al-Attar, un Canadien possédant la double nationalité égyptienne, est arrêté au Caire et accusé d’espionnage au profit d’Israël. Il aurait été recruté par le Mossad en Turquie avant d’émigrer au Canada, en 2003. Cet employé de banque de Toronto est accusé par le contre-espionnage égyptien d’avoir recueilli des informations sur la communauté égyptienne et arabe du Canada. Puis, en avril, un ingénieur de l’Agence égyptienne pour l’énergie atomique (AEEA) est arrêté, accusé de travailler pour Israël. Mohamed Saïd Saber aurait transmis au Mossad des documents classifiés concernant le développement du programme nucléaire de son pays. Les services de sécurité égyptiens accusent également deux autres hommes, de nationalités japonaise et irlandaise, d’avoir payé l’ingénieur 17 000 dollars pour cette mission. En juin, Mohamed Saïd Saber est condamné à vingt-cinq ans de prison par la haute cour de sûreté de l’État. Une nouvelle fois, les autorités israéliennes démentent toute implication dans cette affaire. Enfin, en juin 2007, le journal Al-Masriyoun rappporte que, selon des responsables égyptiens, le Mossad aurait tenté d’installer des équipements d’écoute commandés par infrarouge à l’occasion d’une réunion entre groupes palestiniens et autorités égyptiennes au Caire.

Puis, fin janvier 2009, intervient l’arrestation, au Liban, de Marouane Faquih, homme d’affaires de Nabatiyeh, directeur d’un magasin de matériel automobile et concessionnaire officiel du Hezbollah. Or, dans l’ombre, Faquih travaillait pour le Mossad. Pendant quatre ans, cet homme que l’organisation considérait comme un fidèle de la première heure a vendu des pièces de rechange automobiles pourvues de micros, de caméras et de systèmes espions permettant aux Israéliens de suivre leurs ennemis depuis l’espace.

L’arrestation du concessionnaire de Nabatiyeh fait suite au démantèlement, en 2008, du réseau libanais des frères al-Jarrah par le contre-espionnage du Hezbollah et les Moukhabarat syriens, et à l’envoi, la même année à Beyrouth, par le VEVAK – le renseignement extérieur iranien – d’une unité technique afin de former les hezbollahis aux contre-mesures électroniques. Les spécialistes iraniens découvrent alors que la quasi-totalité des véhicules des leaders du mouvement chiite sont piégés depuis des années : ils envoient des messages codés à un satellite de télécommunication, à raison de trois signaux par minute. Ainsi, les Israéliens peuvent déterminer le parcours des dirigeants, localiser leurs bunkers secrets, leurs quartiers généraux, leur caches d’armes, leurs convois de ravitaillement en armes et leurs lieux de rendez-vous. Le Mossad peut littéralement suivre son adversaire et anticiper chacun de ses mouvements.

Il s’agit de la plus grave infiltration de l’histoire du Hezbollah, lequel a dû modifier en catastrophe son organisation, la localisation de ses infrastructures et ses filières de ravitaillement, quand il a réalisé que tous ses mouvements étaient observés par l’ennemi. L’exemple du cheikh Nabil Kaouk, leader de la branche militaire du Hezbollah ayant échappé de justesse à trois frappes aériennes en 2006, a marqué les esprits. Son bunker secret de Ghaziyeh, au sud de Sidon, a plusieurs fois été visé par l’aviation israélienne. Personne, au sein du mouvement chiite libanais, n’était alors en mesure d’expliquer comment le Mossad obtenait des informations aussi précises en temps quasi réel. Or il s’est avéré que le véhicule de Kaouk avait été acheté chez Marouane Faquih. Cette affaire n’a fait qu’accroître l’inquiétude, la suspicion et la paranoïa dans les rangs du Hezbollah.

En mai 2010, un nouvel homme d’affaires égyptien, Tareq Abdul Razzak, est arrêté par les services de sécurité syriens. Il aurait recruté plusieurs de ses compatriotes travaillant dans des entreprises de télécommunication en Syrie et au Liban, et transmis au Mossad des informations sur le programme nucléaire syrien. Au cours de l’été 2012, un nouveau réseau du Mossad au Liban est démantelé. Trois personnes sont arrêtées par l’appareil de sécurité et de contre-espionnage du Hezbollah. Elles étaient chargées, depuis plusieurs années, d’espionner les activités du mouvement chiite dans la zone sud de Beyrouth et, dans ce but, entretenaient des liens étroits avec des cadres dirigeants du parti. Quelques mois plus tard, en janvier 2013, le Hezbollah arrête un nouvel agent israélien, Rafic Ali Yaghi. Il était l’un des meilleurs agents du Mossad au Liban, en activité depuis vingt ans.

Les activités d’espionnage – et les déboires – du Mossad ne se limitent pas aux pays voisins de l’État hébreu. En février 2012, un couple d’Israéliens est expulsé d’Inde en raison de leur conduite suspecte. Le rabbin Sheneor Zalman et sa femme Yaffa Shenoi, membres de la secte Chabad, résidaient dans l’État du Kerala depuis 2010. Le service de renseignement indien, le Research and Analysis Wing (RAW), les soupçonne d’être impliqués dans une opération secrète ayant des liens avec l’attaque terroriste de 2008, à Bombay, lors de laquelle six membres de la secte Chabad avaient trouvé la mort dans une fusillade. L’incident avait été présenté comme une attaque terroriste, mais les enquêteurs indiens découvrirent rapidement qu’il s’agissait en fait d’un règlement de comptes entre des trafiquants de drogue pakistanais et les membres de la secte Chabad, cette dernière s’intéressant d’un peu trop près aux activités des premiers. Selon les adversaires de l’État hébreu, les maisons Chabad du monde entier seraient, sous couvert d’activités religieuses, des bases de renseignement utilisées par le Mossad.

Mais tous ces échecs illustrent, en creux, les efforts – et les succès – des services israéliens pour pénètrer les organisations et les pays hostiles. N’oublions jamais que le renseignement est un art hautement risqué dans lequel le succès n’est jamais sûr, car toutes les missions ne se déroulent pas toujours selon les plans prévus.

Infiltration par les services hostiles

Les services étrangers sont parfois parvenus à recruter des sources au sein des institutions israéliennes les plus secrètes, malgré la vigilance du Shin Beth, à l’image de l’affaire Marcus Klingberg. Avraham Mordecai/Marcus Klingberg est un communiste convaincu, né en Pologne en 1918. Il rejoint l’URSS lors de l’invasion de ce pays par l’armée allemande et s’engage en tant que médecin dans l’armée rouge. Il terminera le conflit avec le grade de capitaine. À la fin de la guerre, il émigre en Suède avec sa femme, puis, en 1948, s’installe en Israël. Il s’enrôle dans le service médical de Tsahal avant de revenir à la vie civile, en 1957. Il entre alors à l’Institut de recherche biologique de Nes Tziona, où il restera pendant vingt-cinq ans – il en deviendra même directeur-adjoint – jusqu’en 1982. Cet institut ultraprotégé est un véritable secret d’État : il est spécialisé dans les recherches chimiques et bactériologiques et fabrique, entre autres, les poisons pour le Mossad. Directement rattaché au Premier ministre, il n’apparaît nulle part sur les organigrammes, ni dans les annuaires, ni sur les cartes jusqu’au début des années 19907. C’est également en 1957 que Klingberg reprend contact avec les services soviétiques auxquels il fournira, pendant plus de vingt ans, des renseignements sur la recherche bactériologique israélienne. Grâce à ses activités scientifiques, il participe pendant cette période à de nombreux congrès et conférences à travers le monde, ce qui lui permet de rencontrer régulièrement ses officiers traitants du GRU – le service de renseignement militaire d’URSS – à qui il communique ses informations. Le Shin Beth eut toutefois un doute sur Klingberg au cours des années 1960, mais son enquête ne donna rien, pas plus que le passage au détecteur de mensonges que Klingberg parvint à tromper. L’homme ne sera finalement démasqué qu’en 1983, grâce aux informations d’un agent double infiltré – surnommé « le Samaritain » – dans les services soviétiques.

Klingberg est sans conteste l’espion qui a occasionné le plus de dégâts à la défense nationale israélienne, en révélant au GRU plusieurs de ses projets de recherche les plus secrets en matière de guerre bactérologique et chimique offensive et défensive. Le Shin Beth est par ailleurs convaincu que les Soviétiques ont transmis tous les renseignements qu’il leur a communiqués à leurs partenaires arabes, mettant ainsi l’État hébreu en grand danger8. Klingberg mit également en lumière les lacunes du système de sécurité israélien. Il ne fut pas repéré car il ne travailla jamais pour de l’argent mais pour une cause en laquelle il croyait. Il sera condamné dans le plus grand secret en 1983 à vingt ans de prison. Les médias et l’opinion israéliens ne furent jamais informés de son procès ni de son nom. Officiellement, le scientifique incarcéré était soigné dans un hôpital psychiatrique « quelque part en Europe ». En prison, il reçut même un faux nom – Avraham Greenberg – afin que personne ne puise l’identifier. Ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard que les autorités israéliennes autoriseront la révélation de cette affaire.

Le 18 septembre 1998, à 80 ans, après avoir purgé quinze ans de prison, Klingberg est remis en liberté. Depuis 2003, il vit à Paris avec sa fille et a écrit ses mémoires en 2007. Étrangement, l’homme continue de percevoir sa retraite de lieutenant-colonel de Tsahal…


*1. Cf. chapitre 3, p. 80-81.