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POUR UNE PSYCHOLOGIE HISTORIQUE

Une des idées maîtresses de la psychologie historique, telle que Meyerson l’a conçue et développée, est que l’homme doit être étudié là où il a mis le plus de lui-même : dans ce qu’il a continûment fabriqué, construit, institué, créé, siècle après siècle, pour édifier ce monde humain qui est son vrai lieu naturel. De Meyerson lui-même comme personne singulière et comme figure exemplaire de savant, nous pouvons dire aussi, dans la ligne de sa pensée, qu’il est tout entier dans ce qu’il a fait : sa vie, son œuvre.

Ignace Meyerson est né à Varsovie, dans une famille juive d’intellectuels, médecins et savants. En 1905, quand les premières secousses révolutionnaires ébranlent l’empire des tsars, Meyerson, jeune étudiant, ayant participé au mouvement en Pologne, est obligé d’abandonner son pays natal. Après six mois passés à l’université de Heidelberg, il arrive en France, où il se fixera. Il y rejoint son oncle Émile (1859-1933), philosophe et historien des sciences, dont l’ouvrage Identité et Réalité, paru en 1908, assurera la célébrité.

En même temps qu’une licence de sciences, Ignace Meyerson termine ses études médicales. Interne des hôpitaux psychiatriques, il est affecté à la Salpêtrière dans le service de Philippe Chaslin. Mais, plus que le métier de médecin – exercé déjà par son père –, c’est la recherche pure qui attire le jeune homme. En 1912, sous la direction et dans le laboratoire de Louis Lapicque, il entreprend des travaux de physiologie qui le conduiront à publier, conjointement avec son maître, trois articles sur l’excitabilité des fibres du pneumogastrique. Après la guerre, où il est mobilisé dans le service de santé, il assiste Henri Piéron à la direction du laboratoire de psychophysiologie de l’Institut de psychologie de Paris, organisme de recherche et d’enseignement créé en 1920 pour consacrer l’autonomie de la nouvelle discipline psychologique, qu’en raison de son orientation expérimentale on souhaite séparer nettement du domaine de la philosophie, auquel elle était jusqu’alors rattachée. A l’Institut, enseignent à cette époque, à côté d’Étienne Rabaud et de Georges Dumas, deux hommes, Pierre Janet et Henri Delacroix, qui marqueront durablement la pensée de Meyerson et qui contribueront à infléchir ses recherches vers les problèmes de psychologie humaine.

C’est en effet au cours des années vingt que les intérêts scientifiques de Meyerson se déplacent, s’élargissent, son enquête changeant de sphère et de plan pour le conduire de la physiologie à la psychologie proprement dite. Son interrogation portera désormais sur les traits spécifiques des activités mentales de l’homme, sur les conditions et la portée de ce qu’il a appelé « l’entrée dans l’humain », sur les discontinuités et les ruptures qu’impliquent, par rapport aux comportements animaux, les conduites, les actions et les œuvres du niveau humain, sur les méthodes particulières que requiert leur analyse scientifique.

Deux institutions joueront – dans cette orientation nouvelle qui conduira Meyerson à lier de plus en plus fortement la psychologie aux autres sciences de l’homme tout en maintenant son entière indépendance – un rôle de premier plan. D’abord, la Société française de psychologie, où se côtoient, pour confronter leurs découvertes, des savants de disciplines diverses : Meyerson en assure le secrétariat à partir de 1920, le médecin et biologiste Philippe Chaslin en étant alors le président ; le linguiste Antoine Meillet lui succède en 1922, pour céder lui-même la place en 1923 à Marcel Mauss, sociologue et ethnologue. Ensuite et surtout, le Journal de Psychologie normale et pathologique, fondé par Pierre Janet et Georges Dumas. Meyerson en est, dès 1920, l’animateur comme secrétaire de la rédaction. Il le dirigera à partir de 1938, avec Charles Blondel et Paul Guillaume, puis avec Guillaume seul après 1946, enfin comme directeur unique, après la mort de Guillaume, en 1962. Pendant soixante-trois ans, Meyerson a donc tenu la barre d’une des grandes revues françaises de psychologie, de renom international. Tout en ouvrant ses colonnes aux multiples courants de la psychologie, il a fait de ce périodique le lieu d’un constant dialogue entre les diverses disciplines humaines, le carrefour où se sont rencontrés et exprimés, dans la variété de leurs approches mais dans une même perspective d’enquête psychologique, tous ceux – historiens, sociologues, anthropologues, linguistes, esthéticiens – qui voulaient étudier, plutôt que l’homme en général, les hommes de tels lieux, à tels moments, engagés dans tel type d’activité, dans le contexte concret de leur civilisation. La collection du Journal, avec la série de ses numéros spéciaux sur des thèmes définis (« Le travail et les métiers », « Formes de l’art », « La construction du temps humain », « La vie psychique de l’enfant », « Modes et niveaux de la perception », « Le langage et les langues », « Thèmes de pensée religieuse », etc.), constitue, par la variété et la qualité des collaborateurs, venus de tous les horizons de la recherche en sciences humaines, un document d’une valeur exceptionnelle sur la vie intellectuelle française avant et après la Seconde Guerre mondiale. Lié de cœur et d’esprit avec la plupart des savants qui ont contribué, dans leurs secteurs respectifs, à construire une science de l’Homme et de la Société – Lucien Herr et Marcel Mauss, Charles Seignobos, Ernst Cassirer, Maurice Pradines et Charles Lalo, Antoine Meillet, Joseph Vendryes et Émile Benveniste, Marcel Granet, Maurice Leenhardt, Louis Gernet et Georges Dumézil, Louis Renou, Paul Masson-Oursel et Jules Bloch –, Meyerson a su mettre l’extraordinaire étendue de son savoir dans les champs les plus variés, ses curiosités multiples, sa passion même pour la peinture, au service de ce qui a été sa véritable vocation de recherche, le sillon qu’il a creusé droit et profond : établir les bases d’une psychologie qui étudierait dans l’homme ce qui est proprement humain, en se donnant pour objet d’enquête l’ensemble de ce que l’homme a créé et produit dans tous les domaines, au long de son histoire (outils et techniques, langues, religions, institutions sociales, système des sciences, série des arts). Pour Meyerson, comme nous l’avons dit plus haut, l’homme est dans ce qu’il a continûment, à travers les âges, construit, conservé, transmis : les œuvres qu’il a édifiées et où il a mis, en leur donnant une forme durable, achevée, ce qu’il avait en lui de plus fort et de plus authentique. Répertoriées par les historiens, elles constituent les grandes classes de faits de civilisation. Parce qu’ils sont variés et variables, ces faits se présentent toujours avec une date et un lieu. Impossible dès lors de continuer à poser, derrière les transformations des conduites et des œuvres humaines, un esprit immuable, des fonctions psychologiques permanentes, un sujet intérieur fixe. On doit reconnaître que l’homme est au-dedans de lui-même le lieu d’une histoire. La tâche du psychologue est d’en reconstituer le cours.

L’étude de psychologie animale que Meyerson publie, au cours des années trente, avec Paul Guillaume, sur l’usage de l’instrument chez les singes, va déjà dans cette direction et prépare les recherches postérieures sur « l’entrée dans l’humain ». Elle vise à distinguer les niveaux différents dans l’emploi de l’outil, à marquer les seuils, les plafonds qui limitent les conduites instrumentales chez les singes supérieurs et les distinguent fondamentalement des activités et de l’intelligence techniques chez l’homme. En ce sens, cette longue enquête expérimentale trouve comme sa conclusion dans un des derniers articles de Meyerson intitulé « Les singes parlent-ils ? ». Contre tout un courant de la pensée contemporaine, Meyerson, en collaboration avec Yveline Leroy, montre qu’il ne saurait être question, dans le cas des singes supérieurs, d’un langage au sens propre1.

Dans les années qui précèdent la Seconde Guerre mondiale, Meyerson prépare les matériaux pour le livre où il va fixer les principes de la psychologie historique, justifier les fondements de la nouvelle discipline, tracer le cadre des enquêtes futures et illustrer son projet en prenant l’exemple de la personne. Le livre ne paraîtra qu’en 1948, chez Vrin, sous le titre Les Fonctions psychologiques et les Œuvres2. Auparavant, chassé de l’Université par les lois raciales de Vichy, Meyerson fait front sur tous les plans : comme savant, comme citoyen. Il crée la Société toulousaine de psychologie comparative, centre de libre vie intellectuelle en zone non occupée. En juin 1941, cette société tient un colloque sur l’histoire du travail et des techniques, avec des rapports de Lucien Febvre, André Aymard, Paul Vignaux, Marcel Mauss, Marcel Bloch, André Lalande, Daniel Faucher, Georges Friedmann3. Après l’entrée des troupes allemandes en zone Sud, Meyerson assure la direction du journal clandestin de l’Armée secrète du Sud-Ouest.

A la VIe Section de l’École des hautes études (qui deviendra en 1975 l’École des hautes études en sciences sociales), où il est nommé directeur d’études en 1951, il tiendra ses séminaires jusqu’à son dernier souffle. Arrêter ses recherches, ne plus les transmettre, ne plus diriger le Journal, c’était cesser d’être lui-même. Dans sa pratique de savant, qu’il vivait à la fois comme une vocation et comme un métier, toute pause lui semblait abandon, tout écart trahison. Il s’est éteint, en pleine lucidité, le 18 novembre 1993, à l’âge de quatre-vingt-quinze ans.

Loin du bruit, des tréteaux, des honneurs, Meyerson a fait son travail. Il laisse une œuvre où ceux qui ont eu le bonheur d’avoir le savant pour maître et l’homme pour ami reconnaîtront, jusque dans la façon d’écrire, un style de pensée qui lui appartient en propre : concis, précis, dense, resserré à l’extrême, aussi rigoureux et ferme dans la construction que scrupuleux dans le respect des nuances, avec une conscience aiguë des complexités, le rejet de tout dogmatisme, du ton tranchant, le souci de ne jamais simplifier.

Ce lien intime entre la forme personnelle d’un auteur et son mode d’expression, Meyerson me l’avait fait toucher du doigt un jour que je l’aidais à préparer un numéro du Journal de Psychologie. Il nous fallait prévoir en gros comment se distribueraient, dans le volume, les articles que nous avions demandés et dont nous attendions la venue. Pour chacun des collaborateurs qu’il connaissait, Meyerson évaluait à l’avance le nombre de pages dont il allait accoucher. Comme si tous entretenaient avec leur texte un rapport particulier que Meyerson définissait en parlant du rythme de l’auteur, de son souffle, de sa « pulsion » d’écriture. Benveniste, disait Meyerson, ce serait de six à dix pages, pas plus, mais la question serait cernée et traitée au fond, sans bavure ; tel autre entre vingt et vingt-cinq, mais plus lâche, avec un peu de flou. Meyerson était lui aussi l’homme des études brèves. Il mûrissait lentement, sur des questions essentielles, des articles ramassés, synthétiques, qu’il rédigeait d’un jet, mais corrigeait ensuite sans complaisance pour leur donner une forme nette, pure, dépouillée. Il y avait chez lui comme un ascétisme de l’écriture, une esthétique du court et du dense qui n’excluait ni la subtilité ni la souplesse.

Le seul ouvrage qu’il a publié, Les Fonctions psychologiques et les Œuvres, ne fait pas exception à la règle. Deux cent vingt pages pour une thèse d’État qui établit les fondements d’une conception nouvelle, propose une méthodologie inédite en psychologie et en présente l’application pour un problème aussi vaste que celui de la personne, quelle leçon ! Pourtant, s’il faut tenir le plus grand compte de ce livre pour évaluer l’apport de Meyerson à la connaissance de l’homme, il n’en reste pas moins que son œuvre est faite, pour l’essentiel, de cette série d’articles où il a, tout au long de sa vie et jusqu’au dernier moment, donné, dans la forme qui convenait à son génie, le meilleur de sa pensée.

« LES FONCTIONS PSYCHOLOGIQUES ET LES ŒUVRES »

Meyerson avait donc soixante ans quand fut publié, en 1948 aux Éditions Vrin, Les Fonctions psychologiques et les Œuvres, son premier, son seul vrai livre. Il l’avait écrit d’un jet, en hâte, sans dételer, comme si le temps lui était compté. Pourquoi cette soudaine fébrilité chez un savant qui, aux gros ouvrages, préférait de courts articles, longtemps mûris, précis, denses, aussi brefs et dépouillés que possible, même quand ils traitaient de questions assez vastes et générales ?

La première raison tenait aux circonstances. On sortait de la guerre. En octobre 1940, Meyerson, qui avait, les années précédentes, suppléé son ami Henri Delacroix, malade, dans l’enseignement de psychologie à la Sorbonne, était nommé à la Faculté des Lettres de Toulouse. Mais, à peine installé dans son nouveau poste, les lois raciales de Vichy le chassaient de l’Université. Jusqu’à la fin de l’occupation allemande, Meyerson allait donc se trouver officiellement hors jeu : plus de cours ni de séminaires, plus d’étudiants à former, plus d’articles à rédiger, plus de revues scientifiques à animer et diriger, comme il l’avait fait depuis 1920 avec le Journal de Psychologie. Meyerson n’était pas homme à se soumettre, se résigner, plier. A peine exclu de l’Université, il crée la Société toulousaine de psychologie comparative, qui, jusqu’à l’entrée des Allemands en zone libre, constituera dans la France asservie un îlot de libre vie intellectuelle. Mais, après novembre 1942, l’urgence est ailleurs. Pour reprendre l’expression dont nous nous servions alors, Meyerson plonge dans le brouillard. Il a quitté depuis belle lurette son domicile toulousain quand les Allemands s’y rendent pour l’arrêter. D’après la fausse carte d’identité que la Résistance lui a fournie, il s’appelle désormais Monfort. C’est sous ce nom qu’il dirige le bulletin de liaison que l’Armée secrète de R4 (les neufs départements du Sud-Ouest) diffuse à ses combattants, et c’est le lieutenant-colonel Monfort qu’à la Libération (19 août 1944) on verra tous les jours et une bonne partie des nuits penché sans lever le nez sur son bureau de l’état-major régional des Forces françaises de l’intérieur : le travail ne manquait pas. L’Armistice signé, la guerre finie, le lieutenant-colonel laisse là galons et uniforme ; Monfort se retrouve lui-même : Meyerson, professeur et savant.

Mais, sur ce plan, l’homme n’est pas non plus conforme au modèle commun ; il n’a pas suivi le cursus universitaire normal ; il n’est ni agrégé, ni docteur en philosophie, comme il est de règle pour les titulaires d’une chaire de Psychologie dans les Facultés des Lettres. Quand, fuyant sa Pologne natale, il débarque en France, c’est pour entreprendre et terminer des études médicales. Interne des hôpitaux psychiatriques à la Salpêtrière dans le service de Philippe Chaslin, le jeune homme ne suit pourtant pas la voie droite d’une carrière de médecin ; d’autres curiosités le sollicitent : les mathématiques, les sciences, la philosophie.

Formation multiple, donc, un peu bigarrée et, pour l’essentiel, scientifique : médecine, psychiatrie, physiologie. Or, dans la perspective académique de l’entre-deux-guerres, la psychologie est partie intégrante des disciplines philosophiques et la maîtrise en ce domaine doit trouver sa consécration dans la soutenance d’une thèse d’État. Meyerson fait donc à cet égard figure d’irrégulier. Le paradoxe, c’est que ce statut universitaire marginal va de pair avec une position centrale dans le milieu scientifique et avec un rôle de premier plan dans le développement de la recherche, non seulement en psychologie mais dans l’ensemble des sciences humaines. De 1920 à la Seconde Guerre mondiale, Meyerson assure en effet la charge d’animateur dans deux institutions qui, en le situant au carrefour de toutes les grandes disciplines, vont le mettre en contact étroit avec les savants dont l’œuvre a marqué, en chaque domaine, le cours de la recherche pendant cette période : la Société française de psychologie, dont il est le secrétaire, le Journal de Psychologie, qu’il oriente et développe, comme secrétaire de la rédaction d’abord, comme directeur ensuite. A côté du monde des médecins, psychiatres, physiologistes, Meyerson pénètre peu à peu dans l’intimité de celui des mathématiciens et physiciens, des historiens, des linguistes, des sociologues et ethnologues, des spécialistes de l’Antiquité et des grandes civilisations « exotiques », comme l’Inde et la Chine. D’où plusieurs conséquences. D’abord, l’autorité du jeune savant, sa compétence, l’originalité de sa pensée et l’étendue de son savoir se trouvent reconnues dans le large cercle de ceux qu’il a été conduit à fréquenter et dont beaucoup, parmi les meilleurs, sont devenus des amis proches avec lesquels le dialogue et la confrontation d’idées n’ont jamais cessé. Ensuite et surtout, au cours de ces vingt années, l’horizon intellectuel de Meyerson s’élargit, se transforme ; ses intérêts scientifiques se déplacent. Au centre de ses réflexions désormais : l’homme, son fonctionnement psychique, les caractéristiques qui définissent, par opposition aux autres êtres vivants, son mode d’être et ses activités mentales.

Quand je l’ai connu, en 1940, Meyerson avait déjà en mains toutes les pièces de son dossier pour proposer de la psychologie humaine une conception entièrement nouvelle, à la fois historique et comparative, pour en dégager les fondements théoriques et pour entreprendre, sur quelques exemples, une démonstration de sa fécondité. Cependant, je ne suis pas sûr que, pour le faire, Meyerson aurait choisi d’écrire un livre, c’est-à-dire un exposé suivi, de forme nécessairement systématique. Si fort était son sentiment de l’inachèvement des choses humaines – de l’inachèvement de l’homme lui-même, toujours pris dans le temps et l’histoire – qu’il eût sans doute préféré réfléchir encore et, lecteur infatigable, dévorer des livres nouveaux, explorer comme il le fera par la suite dans ses séminaires, à travers les mémoires, les confessions, les journaux intimes, les aspects modernes et contemporains de la personne ou, à travers les œuvres de ses amis peintres et sculpteurs, les changements dont témoignent la vision et l’expression plastiques aujourd’hui.

Mais si sa notoriété scientifique lui avait valu, avant la guerre, d’être désigné pour remplacer dans l’enseignement de la psychologie à la Sorbonne le grand universitaire qu’était Henri Delacroix, il lui fallait en 1945, pour occuper de plein droit une chaire de Psychologie dans une Faculté des Lettres, avoir subi cette épreuve de la thèse d’État qu’il avait jusqu’alors soigneusement contournée.

Paradoxe encore. L’homme de la lente maturation, celui qui sans cesse remet en chantier un travail que tout autre eût jugé parfait et qui le publie en un court article, comme un bref rai de lumière dans une chambre noire, va rédiger à toute vitesse, sans se laisser le temps de souffler, le livre qui fera office de thèse et qui le consacrera docteur.

Pour une fois, il nous faut bénir cette corvée de la thèse, dont on a si souvent dénoncé le caractère artificiel : nous lui devons cet ouvrage dont on peut dire qu’il marque une date, qu’il inaugure un changement de perspective, non seulement en psychologie mais dans les disciplines historiques et les sciences de l’homme.

Rien de moins académique au reste que cette thèse. Aucun étalage d’érudition ; les notes, les références, la bibliographie réduites à l’essentiel. Pas de préalable ni d’introduction historique : dès la préface, on entre de plain-pied dans la pensée meyersonienne, avec ce qu’elle comporte d’abrupt, de radical dans sa façon de poser les problèmes du rapport entre le psychisme humain, les actes, les conduites, les œuvres, les faits de civilisation, avec aussi l’extrême souplesse des solutions proposées, le souci de ne pas simplifier ni trancher, le goût et même la passion de la nuance. Dans cette recherche de psychologie humaine qui ne se présente ni comme une somme de résultats acquis ni comme un exposé de méthode, mais comme une approche inédite du fonctionnement mental, on notera que, si les psychologues les plus souvent cités sont H. Delacroix et M. Pradines – qui l’emportent sur G. Dumas, P. Janet, Max Scheler, J. Piaget, A. Gelb et K. Goldstein –, la palme revient à l’anthropologue M. Mauss (18 fois cité), au philosophe et historien de la pensée L. Brunschvicg (16 fois), suivis par le sinologue M. Granet (12 fois), le mathématicien Gonseth (10 fois), l’historien des idées et des formes symboliques E. Cassirer (9 fois), l’helléniste L. Gernet (7 fois). L’équilibre général des références est instructif : les domaines de recherche les plus largement évoqués sont la sociologie et l’anthropologie, avec M. Mauss, É. Durkheim, L. Lévy-Bruhl, J.G.Frazer, A. Van Gennep, F. Boas, P. Rivet, M. Leenhardt ; la logique et les mathématiques, avec L. Brunschvicg, P. Boutroux, É. Meyerson, F. Goblot, J. Tannery, F. Gonseth, É. Borel, P. Langevin, J. Cavaillès et A. Lautman ; la linguistique, avec W. von Humboldt, F. de Saussure, A. Meillet, Ch. Bailly, J. Van Ginneken ; les mondes indien, avec P. Masson Oursel et P. Mus, chinois, avec M. Granet, grec ancien, avec L. Gernet, A. Delatte, V. Magnien, chrétien, avec A. Loisy, S. Schlossmann, A. Harnack.

C’est dire que, par rapport à la psychologie traditionnelle, l’angle d’attaque choisi pour aborder l’enquête sur l’homme est déplacé de l’étude expérimentale des comportements à l’analyse des œuvres qui, à travers le concret de l’histoire, ont le plus fortement exprimé et façonné le psychisme humain.

Comment l’ouvrage a-t-il été reçu ? Dans le long compte rendu qu’il lui consacrait dans le Journal de Psychologie, l’année même de sa publication, Étienne Souriau écrivait : « Je n’hésite pas à classer le livre d’I. Meyerson parmi ceux qui font espérer et peuvent opérer un de ces grands remaniements innovateurs. » Son souhait a-t-il été réalisé ? Dans le domaine des études classiques, il me semble que ce remaniement s’est en effet produit, avec une pleine conscience de la dette envers Meyerson et avec le sentiment de travailler dans la voie qu’il avait ouverte. Dans les disciplines historiques, par contre, le remue-ménage qui a conduit au développement d’une histoire des mentalités et aux enquêtes sur les formes qu’a pu revêtir, à diverses époques, l’imaginaire social s’est effectué, pour une large part, sans référence directe à l’œuvre du psychologue. C’est aujourd’hui que s’amorce, chez les plus jeunes et les plus exigeants de ces historiens, un retour à Meyerson pour y trouver une conception générale susceptible d’éclairer et de fonder en théorie les orientations nouvelles de la pratique historienne. Plusieurs faits témoignent de ce regain d’intérêt qui donne aux Fonctions psychologiques et les Œuvres une pleine actualité et comme une seconde jeunesse. En 1987, les Presses universitaires de France ont publié sous le titre Écrits, 1920-1983. Pour une psychologie historique, le recueil de tous les articles que Meyerson a publiés pendant plus d’un demi-siècle, en même temps que paraissait, aux Éditions Vrin, le volume regroupant la série d’études de Meyerson et Guillaume sur L’Usage de l’instrument chez les singes. Plus symptomatique encore : en cette même année 1987 se tiendra, à la mémoire d’I. Meyerson, un colloque interdisciplinaire réunissant psychologues, sociologues, historiens, anthropologues, sur le thème « Psychisme et histoire ».

La psychologie historique, dont Meyerson a été le fondateur, voit ainsi reconnues ses lettres de noblesse. A côté des neurosciences et en prenant l’activité mentale à l’autre bout, non plus dans son conditionnement neurophysiologique, mais dans ses produits, ses œuvres, de caractère toujours social et historique, elle constitue la contribution la plus neuve et la plus vivante qui ait été apportée, au cours du dernier demi-siècle, à la connaissance de l’homme.

L’INACHEVÉ ET LE CONSTRUIT

Certains d’entre nous – la vieille garde de ceux qui ont bien connu Meyerson, qui furent ses proches dans leur vie personnelle et dans leur travail scientifique – avaient pensé à un véritable colloque « Meyerson », consacré à l’homme et à l’œuvre. Notre réunion est différente. Elle a été placée sous le signe de Meyerson pour aborder, dans une perspective plus large et selon des orientations diverses, le thème « Psychisme et histoire ». Peut-être attend-on de moi, à l’ouverture de nos séances, un exposé sur « la pensée de Meyerson », comme il est prévu au programme. Je ne le ferai pas. Ce que j’avais à dire à ce sujet, je l’ai écrit. Je ne souhaite pas le répéter.

Peut-être aussi me suis-je, dans ma propre recherche, trop intimement nourri de cette pensée pour être capable d’y réfléchir et d’en parler « à distance ». Mais une autre raison suffirait à me faire renoncer. La pensée de Meyerson est très organisée, cohérente, systématique à sa façon. A s’en tenir cependant à cette armature générale, à résumer les grands traits de l’entreprise, on risque de laisser échapper un élément essentiel du style de réflexion propre à Meyerson : la conscience aiguë des complexités humaines, le respect des nuances, le souci constant de corriger et préciser les formulations anciennes, de reprendre, dans la même ligne, les questions déjà traitées pour en pousser plus loin l’analyse. Je me bornerai donc à quelques remarques.

Par sa formation, Meyerson était un scientifique : médecin, interne des hôpitaux psychiatriques, obliquant vers la recherche en physiologie sous la direction de L. Lapicque. Riccardo Di Donato me rappelait un jour une conversation où Meyerson exprimait devant lui sa conviction d’être absolument scientifique et positif dans son approche, de faire en quelque sorte une histoire naturelle de l’esprit humain. Cette exigence de scientificité allait de pair avec une méfiance congénitale à l’égard de la métaphysique et des grandes constructions à prétention universelle. Dans sa correspondance avec son oncle Émile Meyerson, on perçoit le moment où le doute s’installe, chez le neveu, devant un type d’interprétation qui ramène tout le travail scientifique de déchiffrement du réel à un processus d’identification. Le schéma lui apparaît trop simple. Il prend ses distances par rapport à une œuvre d’épistémologie où l’effort de la pensée semble se jouer tout entier entre identité et réalité. Meyerson était d’autre part radicalement agnostique. Le paradoxe, c’est que ce rationaliste convaincu s’est beaucoup intéressé aux religions, pas seulement judéo-chrétiennes mais à d’autres aussi, celles de l’Inde en particulier (Marinette Dambuyant le sait bien).

Il y avait donc chez lui une double attitude : l’assurance d’être un pur savant, de faire une histoire naturelle de l’esprit, et en même temps une curiosité passionnée pour ce que les hommes ont continûment poursuivi à travers leurs systèmes religieux, leurs rites, leurs croyances concernant l’au-delà. C’est qu’à ses yeux la quête spirituelle engagée dans les religions était aux antipodes de ce que j’appellerai volontiers, après lui, un spiritualisme vague. Je me souviens d’une phrase qu’il avait eue, qui m’avait marqué, peut-être même l’ai-je reprise un jour ; il disait qu’il y a deux sortes de gens, ceux qui s’exclament avec un soupir ravi : « Ah ! J’ai des états d’âme », et d’autres qui disent : « Pouah ! J’ai des états d’âme. » Se complaire dans les états d’âme, ce n’est pas seulement prendre son nombril pour le centre du monde, mais s’imaginer qu’on existe d’autant plus qu’on se laisse aller à ce qui, au-dedans de soi, relève du vague, du confus, de l’ineffable. Le ventre mou de la personne. A quoi Meyerson opposait la prévalence de ce qui a psychologiquement densité et consistance avec le souci de se donner à soi-même comme de conférer à ses sentiments, ses pensées et ses actes une forme précise, en s’orientant du même mouvement vers les autres par des conduites adaptées et vers la production d’œuvres singulières où chacun, en communiquant avec autrui, s’exprime et se construit lui-même.

Pour Meyerson, la chance des psychologues, c’est précisément que l’homme est créateur de formes, d’objets, d’œuvres qui peuvent être observés, répertoriés, analysés. Toute pensée s’incarne ; l’esprit ne peut fonctionner qu’en opérant par des signes, en s’objectivant à travers des médiateurs. D’entrée de jeu, les activités mentales sont orientées vers l’achèvement, l’accomplissement ; elles ne sont pas séparables de la série des langages que l’homme a édifiés pour communiquer et, en communiquant, construire un monde d’objets, une compréhension d’autrui, une expérience de soi.

Répondant à cette conception du psychique, il y avait chez Meyerson une esthétique ou une éthique de l’effectué, du construit, de la forme achevée : chaque article qu’il rédigeait, chaque entreprise où il s’engageait, chaque amitié qu’il nouait devaient, à ses yeux, présenter ce caractère de rigueur, d’unité, de plénitude. Cette prévalence du construit, du formé, de l’accompli s’accordait au sentiment très fort que tout dans l’homme est en cours d’élaboration, en train de se faire et de se transformer. L’homme n’est pas un être « terminé » ; aucune fonction psychologique n’est achevée. L’inachèvement qui constitue, selon Meyerson, une dimension fondamentale du psychisme humain est aussi bien un des traits caractéristiques de sa personnalité. « On ne cesse pas, écrit-il comme en conclusion au colloque sur la personne, de se fabriquer et de se défaire. »

A ce Meyerson, conscient de ne jamais cesser lui-même de se fabriquer et de se défaire, répondent pour nous les œuvres que vous voyez aujourd’hui empilées sur cette table. A tous ces volumes, il faut ajouter ce que Riccardo Di Donato est en train de classer et de mettre au point : tous les comptes rendus des séminaires à l’École des hautes études, les notes de ses cours, que Meyerson avait l’habitude d’entièrement rédiger, et enfin la correspondance.

A la direction du Journal de Psychologie et, auparavant, à la Société de psychologie qu’il a animée, Meyerson s’est trouvé pendant un demi-siècle au carrefour des sciences de l’homme telles qu’elles s’instituaient sous l’impulsion d’une pléiade de grands savants qui furent tous de ses amis. Ses lettres portent ainsi témoignage de ce que fut la vie intellectuelle dans la France des années 1925 à 1980.

A relire l’ensemble des textes que Meyerson a publiés après sa thèse, on discerne quelques thèmes qui, sans être absents des Fonctions psychologiques et les Œuvres, ont été repris, développés, précisés. Je me borne ici à les signaler. C’est d’abord la notion d’expérience que Meyerson s’est efforcé de mieux définir et à laquelle il a accordé une importance de plus en plus grande. L’homme est le seul animal qui fasse des expériences. Il est, peut-on dire, expérimentateur de part en part, qu’il s’agisse de constituer le réel physique ou le monde social.

En deuxième lieu, l’accent est mis plus résolument sur la spécificité des différents langages d’œuvres. D’où toute une série de problèmes. Chaque œuvre doit être située : l’œuvre d’un peintre ne se comprend que dans le cadre de sa langue spécifique, comme un moment d’une histoire de la peinture. Il y a un domaine d’expérience plastique qui a sa pleine originalité et sa ligne propre de développement. Mais, en même temps, chaque œuvre s’insère dans un ensemble synchronique, elle appartient à un contexte plus large : la vie sociale contemporaine. Comment s’articule cette nécessité de replacer toute œuvre dans la série relativement autonome de ce qui l’a précédée et par quoi elle fait sens, avec la prise en compte du fait que le créateur est aussi un homme de son temps, qui vit avec son époque, qui est confronté aux problèmes que lui posent d’autres secteurs de l’existence collective ? En d’autres termes, comment concilier cette spécificité des différents types de langues et ce que Mauss appelait l’homme total ?

Troisième thème, très important pour le présent colloque : Meyerson ne se contente pas de mettre en lumière le caractère historique des fonctions et activités psychiques. Il s’interroge sur l’histoire elle-même comme discipline scientifique, sur les conditions de sa naissance, sur la signification et la portée anthropologiques de son épanouissement. Il pose aussi le problème des rapports et des décalages entre l’élaboration par les individus de leur passé singulier et l’édification par le groupe d’un passé collectif répertorié et reconstruit suivant des normes scientifiques.

Dernier point : la personne. Par rapport au chapitre de la thèse, les Problèmes de la personne font un pas de plus. Au cours du colloque que Meyerson a organisé et pensé de bout en bout, les jalons sont posés d’une histoire de la personne, et même d’une histoire comparée puisque, en contrepoint au développement de la personne en Occident, les formes que cette catégorie a revêtues dans l’Inde font l’objet de plusieurs études. Meyerson n’a jamais cessé de réfléchir à ces problèmes, auxquels il a consacré le plus grand nombre de ses séminaires. Je me souviens d’une discussion avec l’historien Arnaldo Momigliano – qui nous a, lui aussi, quittés. Il s’étonnait de ce que, dans Les Fonctions psychologiques et les Œuvres, comme dans Problèmes de la personne, Meyerson n’ait pas fait état de la biographie et de l’autobiographie, telles qu’elles apparaissent déjà dans le monde antique. J’avais répondu que Meyerson n’avait ni la possibilité ni la prétention, au cours du colloque, d’envisager toutes les dimensions du problème. Je lui avais surtout signalé qu’un des thèmes auxquels Meyerson avait réservé la priorité dans son enseignement était celui de l’apparition de l’autobiographie, des mémoires, du journal intime, qu’il en avait analysé les formes et les significations diverses en montrant qu’il serait illusoire de considérer ces genres littéraires nouveaux comme une révélation de la personne authentique. Meyerson a mené ces analyses avec une finesse et une lucidité critiques qui n’excluaient pas la passion : dans l’interrogation meyersonienne sur la personne, ses aspects, son histoire, vient s’inscrire la question qui lui tient sans doute le plus à cœur, celle de l’inachèvement.

Qu’on relise la lettre qu’il écrit à Henri Delacroix en 1923, alors qu’il est interne à la Salpêtrière. Il livre à son ami, en confidence, ce dont sans doute il ne s’ouvrirait à nul autre et qui est une des clés de sa personne et de son œuvre : « Je songe à la Salpêtrière, parce que ces quatre années ont été la période de ma vie la plus monotone et la plus prévisible ; mais je crois que de tout temps j’ai souhaité l’imprévisible, non point l’extraordinaire par goût d’aventure ou ennui, mais bien proprement l’imprévu, par besoin d’échapper à la permanence des lois de la nature, par aversion pour le principe d’identité. » « Je crois, énonce-t-il en cette année 1923, que nous n’avons plus peur du mouvement, de l’irrationnel. »

Il ne s’agit certes pas, pour le jeune Meyerson, d’une vague aspiration mystique ou d’un spiritualisme bergsonien. « Nous essayons, écrit-il, de ne pas maintenir nos vieilles coutumes afin de voir si on pourrait ne pas maintenir le monde ; le mouvement est devenu trop lent pour nous. » Impatience de changement et d’imprévu dans les sciences, avec la nouvelle physique, comme dans la société et l’homme. Meyerson ajoute : « Mais je ne dirai rien de tout cela à mon oncle, j’aurais trop peur de me faire renier, sinon brûler. » On le comprend. On voit bien, à travers cette lettre, que la rupture avec la pensée de son oncle avait aussi pour soubassement le besoin d’aller toujours de l’avant, le sentiment que, si l’homme est dans ses œuvres parce qu’il vise à l’achèvement, il y a toujours aussi, au-delà de l’accompli, un nouvel accomplissement à rechercher.

Et ce texte, pour finir, qui est daté de 1928 : « Tristesse aussi de ce qu’il y a de social, donc d’achevé, dans ce que je fais. Ce qu’il y a d’anarchiste, de romantique, de révolutionnaire et de juif résiste un peu. Peur de devenir un bourgeois français. »

Meyerson ne l’est pas devenu.

LE « REGARD » D’IGNACE MEYERSON*1

On peut se demander quel était le public des séminaires d’Ignace Meyerson ? Y avait-il des étudiants ? Meyerson dirigeait-il des travaux ? Y avait-il une majorité de psychologues ?
C’était un public mélangé, plutôt plus hétéroclite que dans les séminaires habituels. Il y avait des étudiants, des chercheurs et aussi des gens qui étaient là parce qu’ils avaient vu l’affiche des Hautes Études et qu’ils étaient intéressés par le titre du cours ; de sorte qu’il a fait passer toute une série de diplômes et de thèses à des gens qu’il ne connaissait pas au départ. Un certain nombre de ces personnes, à mon avis, ont été désorientées par le type d’enseignement de Meyerson ; par ce qu’il avait de très abstrait, de très concentré, d’une part, et, d’autre part, sur le fond, parce que, très souvent, le cours ne correspondait pas à l’idée qu’elles s’en étaient faite. Ainsi, certains partaient en cours d’année, et d’autres, également surpris, mais intéressés, restaient. Meyerson demandait beaucoup à ses élèves, surveillait de près leurs travaux et les invitait régulièrement à faire des exposés. Il pouvait avoir la dent dure.
Il avait, par ailleurs, ses fidèles, ceux qui ont suivi depuis le début son enseignement… Marinette Dambuyant, Francès, Bresson, Malrieu, Chastaing, quand ils étaient à Paris, un noyau de psychologues et aussi des spécialistes de l’esthétique, Lamblin, Passeron et Revault d’Alonnes. Il y avait également B. Bravo, qui participa à l’élaboration du « Colloque sur la personne ». Detienne est venu un peu ; moi, j’y étais en permanence, ainsi que Gabrielle di Falco… Il s’agissait en somme d’un groupe hétéroclite, tant par les spécialités et les centres d’intérêt que par les niveaux de savoir en présence.

1.

Journal de Psychologie normale et pathologique, 1980.

2.

Il a été réimprimé en 1995 aux éditions Albin Michel.

3.

Le compte rendu du colloque a paru après-guerre, sous forme d’un numéro spécial du Journal de Psychologie intitulé « Le travail, les métiers, l’emploi » (1948, XL, 1).

*1.

Conversation avec Christian Jacob et Hélène Monsacré.