2407. |
Le Traducteur ne se sauve que par une sage liberté. (Jacques de Tourreil, « Préface », 1721, II : 9) |
2408. |
À propos de ses traductions de Lucien : « Je ne m’atache pas tousjours aux paroles ni aux pensées de cét Autheur ; et demeurant dans son but, j’agence les choses à notre air et à nostre façon. » (Nicolas Perrot d’Ablancourt, « À Monsieur Conrart », Lucien [c1664], dans Zuber, 1972 : 186) |
2409. |
Il est difficile de faire un habit à la mode d’un autre fait à l’antique, sans y changer quelque chose : Et comme un homme libre qu’un malheur a rendu esclave, se sent toujours de sa liberté, l’esprit du Traducteur ne peut s’empescher d’éclater en quelques endroits. (Nicolas Perrot d’Ablancourt, « Préface », Les guerres d’Alexandre [c1646] d’Arrian, dans Zuber, 1972 : 139-140) |
2410. |
Les traductions libres, et même un peu les traductions soi-disant littérales, sont une suite d’altérations et d’arrangements. (George Sand, « À Monsieur Régnier » [c1856], 1860, III : 107) |
2411. |
J’ai suivi de l’Iliade ce qui m’a paru devoir en être conservé, et j’ai pris la liberté de changer ce que j’y ai cru désagréable. Je suis traducteur en beaucoup d’endroits, et original en beaucoup d’autres. (Antoine Houdar de La Motte, « Discours sur Homère » [c1714], 2002 : 222) |
2412. |
Le temps est révolu, malgré des survivances, où traduire signifiait s’emparer d’une œuvre, la dépecer, y tailler de fins morceaux, rejeter ceux qui étaient jugés inférieurs, puis recoudre, parer et disposer l’ensemble selon les exigences du client. Il fallait ôter aux auteurs ainsi « traduits » leur physionomie, leur saveur, leurs couleurs « barbares » pour ne pas choquer cette merveille de délicatesse et de pureté : le goût du public français et la sensibilité des familles. (Léon Bazalgette, dans « L’enquête des Cahiers du Sud », 1927 : 249) |
2413. |
Le traducteur libre ose se mesurer avec son modèle ; sans cesser d’être copiste, il devient original. (Jean-L. Ferri de Saint-Constant, 1811 [c1808], II : 265) |
2414. |
C’est la grâce, c’est l’harmonie, Les images, la passion, Non le mot, mais l’expression, Que doit rendre un libre Génie. (Ponce-Denis Écouchard, dit Le Brun, « Sur les traductions en vers », 1811, III : 176) |
2415. |
Le traducteur doit savoir s’émanciper de la tyrannie des parties du discours qui n’ont rien de sacré, pas plus que les mots. (Leonard W. Tancock, 1958 : 32. Traduction) |
2416. |
Tous les changemens qu’on fait dans une traduction libre sont particulièrement fondé sur cette maxime qu’il faut toujours faire parler dans notre Langue les Auteurs étrangers, comme il est à croire qu’ils auroient parlé eux-mêmes. (Étienne de Silhouette, 1737 : 266) |
2417. |
Plus on a voulu s’assujettir a la lettre, et plus on a gêné la liberté du style : pour le rendre plus agréable, on s’est permis de ne plus traduire, mais de composer de nouvelles périodes, ensorte que de traducteur, on s’est fait Correcteur et même Auteur. (Maximilien-Henri de Saint-Simon, 1771 : XV) |
2418. |
Bien souvent le Traducteur est libertin et l’Imitateur est servile. O imitatores servum pecus24 ! (Michel de Marolles, 1662 : 120) |
2419. |
J’ay pensé qu’il valoit mieux exprimer vigoureusement le Génie de mon Autheur, que de conter ses paroles. (Jules Pilet de La Mesnardière, « Préface » [c1638], Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan, dans Horguelin, 1981 : 89) |
2420. |
Une traduction s’écarte d’autant plus qu’elle aspire péniblement à la fidélité. (Wilhelm von Humboldt, « Sur la traduction… » [c1816], 2000 : 35) |
2421. |
La traduction libre est quelquefois une paraphrase et quelquefois une imitation. (Jean-L. Ferri de Saint-Constant, 1811 [c1808], II : 264) |
2422. |
Il faut entièrement abandonner la manière du texte qu’on traduit, quand le sens l’oblige pour la clarté, ou le sentiment pour la vivacité, ou l’harmonie pour l’agrément. (Charles Batteux, 1748, II : 78) |
24. « Ô imitateurs, troupeau servil ! » (Horace, Épîtres, I, XIX)