2735. |
Les traductions vieillissent plus vite que les textes originaux. C’est un fait. Comme si elles étaient un moulage, dans une matière moins noble et moins résistante que l’œuvre première. Les années passant, elles ternissent, se craquèlent, révèlent des défauts – alors que l’original n’a pas pris une ride ! (Bernard Lortholary, « Éditer la littérature allemande en France », dans Graf, 1998 : 208) |
2736. |
Je ne sais rien de plus émouvant que cette jeunesse éternelle d’un chef-d’œuvre qui voit mourir ses traductions, l’une après l’autre, de vieillesse. (Sacha Guitry, 1947 : 93) |
2737. |
La vie d’une traduction excède rarement cent ans. (John Michael Cohen, 1962 : 47. Traduction) |
2738. |
Je crains que nos Traductions ne se transmettent à nos survivans, ains meurent avec nostre vulgaire, qui se change de cent en cent ans. (Estienne Pasquier, « A Monsieur Tournebu », 1723, II : 293) |
2739. |
Le traducteur est toujours condamné à ne travailler que pour un public, en fonction d’un public. Il sait par avance que son œuvre est éphémère : ce sont les originaux qui ne vieillissent pas, alors que les meilleures traductions passent et se supplantent tour à tour. (Edmond Cary, 1963b : 120) |
2740. |
Les meilleures et les plus littérales des traductions modernes apparaîtront farcies d’anachronismes dès que nos coutumes et expressions auront vieilli à leur tour. (Edmond Cary, 1963b : 20) |
2741. |
On ne traduit pas « en soi », mais on traduit dans le temps. Que la temporalité soit un élément de sens constitutif à une traduction, cela devait être tenu en compte par les théories de la traduction, et explique le pseudo-phénomène de la « mort des traductions ». (Charles Le Blanc, 2009 : 54, n. 1) |
2742. |
Combien de traductions vieillissent vite pour finalement fixer l’original comme une momie. (Carlos Batista, 2003 : 61) |
2743. |
Les belles traductions vieillissent, comme les œuvres, au sens où elles continuent à être actives, à être lues. Même après que l’état de la langue où elles ont été écrites a vieilli : les Mille et une nuits de Galland. (Henri Meschonnic, 1999 : 22) |
2744. |
Les textes vieillissent. C’est-à-dire qu’ils durent. Les traductions, elles, sont seulement caduques. Oubliées. Du moins le plus grand nombre. Mais pas celles qui ont « réussi ». Et qui vieillissent, comme les textes. (Henri Meschonnic, 1986b : 77) |
2745. |
Plus une traduction révèle une tendance propre au traducteur ou à un courant littéraire inscrit dans une période donnée, plus elle court le risque de dater rapidement. (Mathilde Vischer, 2003 : 56) |
2746. |
Je ne crois pas aux traductions écrites pour l’éternité, tout simplement parce que la traduction n’est pas de l’écriture. On ne réécrit pas Euripide. (Heinz Schwarzinger, dans Sixièmes Assises…, 1990 : 64) |
2747. |
La traduction ne vieillit pas quand elle rend la sensation que donne l’original. (Nathalie Sarraute, dans Cinquièmes Assises…, 1989 : 112) |
2748. |
La plus belle traduction n’a qu’un temps ; il y a une sorte d’usure de la traduction, d’historicité, de perte, de qualité non définitive dans le travail du traducteur. (Jacqueline Risset, dans Cinquièmes Assises…, 1989 : 20) |
2749. |
Toute traduction tend à s’historiciser et à vieillir immédiatement. (Massimo Raffaeli, « Quatre lettres sur la traduction », dans Graf, 1998 : 84. Traduction : Adrien Pasquali) |
2750. |
Les traductions vieillissent parce qu’elles sont des œuvres secondes, et que toutes les œuvres secondes et toutes les interprétations vieillissent. On pardonne à l’œuvre d’être liée à une époque et l’on trouve cela tout à fait normal, mais on attend toujours de la traduction qu’elle soit de notre époque. (Gilbert Musy, dans Lenschen 1993 : 48) |
2751. |
Les traductions, comme les performances, sont éphémères. Les œuvres littéraires originales durent alors que leurs traductions se démodent. (Susanne de Lotbinière-Harwood, 1991 : 48) |
2752. |
Si les traductions vieillissent, c’est parce qu’elles sont vivantes. Car ne vieillissent pas les textes qui sont dans le marbre. Il y a ce que les êtres humains portent avec eux. Le traducteur traduit, avec sa culture, avec sa subjectivité, cette langue incorporée dans sa vie. (Jacques Lacarrière, dans Actes des deuxièmes Assises…, 1986 : 159) |
2753. |
Quand l’auteur écrit (quelle que soit sa nationalité), il écrit dans une langue qui est définitivement la sienne. La traduction, elle, est toujours assujettie à un certain phénomène de mode. Ce n’est pas une langue. (Jean-Paul Manganaro, 1997 : n. p. En ligne) |
2754. |
Une traduction qui a joué son rôle cesse de fonctionner en tant que traduction au bout de, disons, cent ans. Mais elle reste un monument de la culture. (Irina Mavrodin, dans Septièmes Assises…, 1991 : 76) |