35. |
L’art de traduire réside entre oser et doser. (Susanne de Lotbinière-Harwood, 1991 : 47) |
36. |
Pour bien traduire, il faut de l’art, et beaucoup d’art. (Joseph Joubert, 1938, II « 22 janvier 1807 » : 586) |
37. |
Traduire est une école de lenteur, et de solitude. C’est un art du silence. Traduire n’est pas passer d’une langue à une autre, c’est écrire dans sa langue à l’écoute d’une autre. (Dominique Grandmont, dans Seizièmes Assises…, 2000 : 145) |
38. |
L’art de traduire, qui est l’art de trouver le mot juste, est inséparable de « l’art de penser ». (Jean-Yves Masson, « Préface », dans Senécal, 2016 : XV) |
39. |
Impossible de bien traduire sans « ressentir », voir ou entendre. (Françoise Wuilmart, 2013b : 13) |
40. |
Être fidèle sans être servile, joindre aux entraves de l’esclavage l’essor de la liberté, quel problème à résoudre ! Mais tels sont les devoirs imposés au traducteur ; tel est le joug qu’il doit porter avec grâce : ainsi le veut la raison ; ainsi l’ont décidé les législateurs de l’art. (Jean Joseph Dussault, Annales littéraires [c1818], dans Chevrel, D’hulst et Lombez, 2012 : 53) |
41. |
Obéir, c’est là qu’éclate la puissance du traducteur. (Victor Hugo, dans Chevrel, D’hulst et Lombez, 2012 : 106) |
42. |
Le traducteur vrai, le traducteur prépondérant et définitif, étant intelligence, se subordonne à l’original, et se subordonne avec autorité. La supériorité se manifeste dans cette obéissance souveraine. (Victor Hugo, dans Chevrel, D’hulst et Lombez, 2012 : 106) |
43. |
La traduction est aussi un art, même si, ou justement parce qu’elle tente parfois l’impossible. (Ilma Rakusa, « Six lettres sur la traduction », dans Graf, 1998 : 124. Traduction : Ursula Gaillard) |
44. |
On peut, si l’on y tient, dire que, comme la médecine, la traduction reste un art – mais un art fondé sur une science. (Georges Mounin, 1963 : 16-17) |
45. |
La traduction n’est pas seulement un art, c’est un art supérieur. (Korneï Tchoukovski, 1984. Traduction) |
46. |
Il y a deux versants dans la traduction comme dans l’écriture : le versant obscur, inconscient, intuitif, cette nuit obscure où l’on avance en ne sachant pas où cela va mener, et puis le côté organisateur, rationnel, lucide. L’intérêt, c’est de faire que les deux se rejoignent, se concilient. (Claire Malroux, 1998 :16) |
47. |
La traduction est un art de l’approximation, où l’important est de ménager des effets analogues, même s’ils ne se trouvent pas exactement au même endroit. (Josiane Rieu, 1995 : 35) |
48. |
L’art de traduire est un art de l’équivoque et de l’ambivalence. Un art de la variation infinie, un art de vivre avec sa mémoire, rejoignant par là l’art de la mise en scène. Il faut conserver l’irréductible équivoque du texte avec le souci de la clarté. (Éloi Recoing, « Antoine Vitez ou l’esprit de traduction », dans Déprats, 1996 : 99) |
49. |
Traduire est aussi une disposition qui associe narcissisme et générosité : c’est tout à la fois s’exhiber et disparaître, simuler et dissimuler, sentir en l’autre sa propre voix et, en même temps, parler dans ou avec la voix de l’autre. (Massimo Raffaeli, « Quatre lettres sur la traduction », dans Graf, 1998 : 84. Traduction : Adrien Pasquali) |
50. |
Transposer les structures grammaticales n’est pas transposer le langage, encore moins une écriture. Le double parfait n’existe pas. La traduction n’est pas un double, en tout cas pas au sens de calque. (Céline Zins, dans Actes des deuxièmes Assises…, 1986 : 51-52) |
51. |
Il n’y a pas de progrès en traduction, pas plus qu’en art en général. (Henri Meschonnic, 1999 : 288) |
52. |
S’il y a bien entre texte traduit et texte traduisant un rapport d’« original » à version, il ne saurait être représentatif ou reproductif. La traduction n’est ni une image ni une copie. (Jacques Derrida, « Des tours de Babel » [c1985], 1998 : 215) |
53. |
Plus je traduis, plus je trouve cette occupation pathétique, une expérience limite en quelque sorte. (Christina Viragh, « Six lettres sur la traduction », dans Graf, 1998 : 121. Traduction : Ursula Gaillard) |
54. |
La traduction, art de l’effleurement et de l’approche, est une pratique de la trace. (Édouard Glissant, 1995 : 36) |
55. |
Traduire, c’est : dire bien, dans une langue qu’on sait très bien, ce qu’on a très bien compris dans une langue qu’on sait bien. (Jacques Olivier Grandjouan, 1971 : 227) |
56. |
Éternel frontalier, ni plus, ni moins libre que l’écrivain, le traducteur littéraire travaille dans l’intervalle entre un contenu qui le contraint, et une forme rebelle. (Marion Graf, « Nationalité : frontalier », dans Graf, 1998 : 8) |
57. |
Traduire, c’est en même temps relire et relier, mettre en dire et mettre en relation. (Édouard Glissant, dans Onzièmes Assises…, 1995 : 29) |
58. |
Je crois absurde de se cramponner au texte de trop près ; je le répète : ce n’est pas seulement le sens qu’il s’agit de rendre ; il importe de ne pas traduire des mots, mais des phrases, et d’exprimer, sans en rien perdre, pensée et émotion, comme l’auteur les eût exprimées s’il eût écrit directement en français, ce qui ne se peut que par une tricherie perpétuelle, par d’incessants détours et souvent en s’éloignant beaucoup de la simple littéralité. (André Gide, « Lettre à André Thérive » [c1928], 1931 : 195) |
59. |
À tout instant, le traducteur se retrouve écartelé entre une obligation de fidélité et une revendication de liberté. Entre la triste ornière du devoir et les pistes fraîches du plaisir. Sous peine de se décider, il crèvera comme l’âne entre l’eau et le foin. (Sylvie Durastanti, 2002 : 127) |
60. |
Traduire, c’est éprouver que les mots manquent. Continûment. Définitivement. (Sylvie Durastanti, 2002 : 9) |
61. |
La traduction de textes pragmatiques est un art de réexpression fondé sur les techniques de rédaction et sur la connaissance préalable de deux langues. (Jean Delisle, 1980 : 16) |
62. |
Traduire c’est se battre avec des mots pour leur faire rendre dans un idiome étranger un sentiment, une pensée, autrement exprimés, un son qu’ils n’ont que dans la langue de l’auteur. (François René de Chateaubriand, « Avertissement », Essai sur la littérature angloise [c1804], 1863, VI : 4) |
63. |
Oui, traduire c’est autre chose que répéter ou copier : autre chose aussi qu’écrire d’imagination. La matière sur laquelle travaille le traducteur n’est pas celle de l’écrivain. Elle n’est pas faite de mots, de phrases, d’idées. Elle est faite de rapports entre mots, phrases, idées, etc. (Edmond Cary, 1949 : 84) |
64. |
Le travail du traducteur se situe dans une zone située entre deux pôles : le pôle traduisant, le pôle trahissant. (Albert Bensoussan, dans Actes des deuxièmes Assises…, 1986 : 39) |
65. |
Tout l’art du traducteur consiste à se faire oublier sans pour autant oblitérer l’Autre en sa singularité. (Albert Bensoussan, 1995 : 118-119) |
66. |
Tout l’art de la traduction est dans cette difficile fidélité au texte original et dans ce nécessaire effacement de la plume traduisante. Et la réussite n’est au mieux qu’un compromis entre deux langages. (Albert Bensoussan, 1995 : 92-93) |
67. |
Traduire, c’est écrire accompagné. (Carlos Batista, 2003 : 14) |
68. |
Traduire, c’est croire que dans la beauté les humains peuvent se rejoindre. (Étienne Barilier, 1990 : 53) |
69. |
La traduction est un art, parce que l’exactitude est un idéal qu’elle ne peut atteindre : il n’y a pas de vrais synonymes. Rien ne donne une idée de sa relativité comme de comparer les diverses traductions d’une même œuvre. (Pierre Baillargeon, 1962 : 97) |
70. |
Traduire, ce n’est pas broder sur un thème connu ni saupoudrer des connaissances encyclopédiques ou des réminiscences culturelles dans la version traduite. (Jean Delisle, 2016a : 272) |
71. |
Traduire, c’est répondre simultanément à deux exigences apparemment contradictoires : la fidélité et l’élégance, la lettre et l’esprit. (Carlos Batista, 1998 : n. p. En ligne) |
72. |
Traduire, c’est faire violence. (Cyriel Verschaeve, dans Traduire, 1991, 148 : 1) |
73. |
Traduire, c’est se former… car, en adaptant son pas au pas des autres, le traducteur élargit ses ressources, déploie sa langue, dilate son univers après avoir surmonté la mise à l’épreuve de son identité. (Georges Banu, « Aujourd’hui, je traduis du grec », dans Déprats, 1996 : 16-17) |
74. |
Traduire, c’est entretenir une relation avec le langage d’une intensité assez rare. (Nicolas Dickner, dans Lessard, 2014a : A-11) |
75. |
Qu’est-ce que traduire, en somme ? C’est l’art et l’aptitude de prendre le lecteur par la main, de le conduire à travers des régions et des espaces où seul il n’aurait jamais pénétré, de lui faire découvrir des objets et des phénomènes qu’il n’aurait jamais vus autrement. (Ivo Andrić, 1967 : 63) |