Catégories de traductions

262.

Ou bien le traducteur laisse l’écrivain le plus tranquille possible et fait que le lecteur aille à sa rencontre, ou bien il laisse le lecteur le plus tranquille possible et fait que l’écrivain aille à sa rencontre. (Friedrich Schleiermacher, « Des différentes méthodes du traduire » [c1813], 1999 : 49. Traduction : Antoine Berman)

263.

Je distingue deux sortes de traductions : la première est celle qui rend un auteur dans une telle perfection qu’elle puisse en tenir lieu, à peu près, comme une copie de tableau, faite d’une excellente main, tient lieu de l’original. La seconde n’est pas faite pour tenir lieu de l’auteur, mais pour aider seulement à en comprendre le sens ; pour préparer les voies à l’intelligence du lecteur. Ce sera à peu près une estampe. (Charles Batteux, 1748, II : 127)

264.

Il y a deux sortes de traductions. Les unes littérales, et c’est à celles-là que le nom de traduction semble être propre, les autres plus hardies, et qui doivent plutôt passer pour des imitations élégantes, qui tiennent le milieu entre la traduction simple et la paraphrase. (Antoine Houdar de La Motte, « Discours sur Homère » [c1714], 2002 : 224)

265.

Aux intelligences encore peu ouvertes, il faut des demi-traductions comme il leur faut des demi-religions. Aux intelligences adultes et arrivées à la complète croissance, il faut tout le texte, de même qu’en religion il leur faut tout le logos. (Victor Hugo, 1973 [c1864] : 429)

266.

Toutes les traductions, selon moi, se ramènent aux trois catégories suivantes : la première, la métaphrase, consiste à suivre un auteur mot à mot, ligne à ligne. La seconde, la paraphrase, mode de traduction qui s’exerce avec une certaine latitude, consiste à suivre l’auteur à distance sans jamais s’en écarter et à traduire le sens sans trop s’attacher aux mots. La troisième, l’imitation, consiste pour le traducteur (si tant est que l’on puisse encore l’appeler ainsi) à prendre la liberté de s’éloigner à la fois des mots et du sens comme bon lui semble, tout en s’inspirant vaguement de l’original. (John Dryden, Ovid’s Epistles [c1680], 1961, I : 237. Traduction)

267.

La traduction scolaire n’est qu’une méthode pédagogique destinée à faciliter l’acquisition de certaines langues ou à parfaire la formation générale. Elle n’est pas une fin en soi. L’enseignement se sert de la traduction, il ne la sert pas. (Edmond Cary, 1956 : 167)

268.

Peut-être nos petits-neveux rangeront-ils les unes à côté des autres les Belles Infidèles et les Infidèles qui n’ont pas voulu être belles, avec un même sourire pour Perrot d’Ablancourt et pour M. Leconte de Lisle. (Abraham-Henri Becker, 1969 [c1896] : 81)